Colonie calcifiée, fine, blanche, en forme de disque
Tubes zoïdaux bien séparés et de deux tailles (nanozoïdes et autozoïdes)
Petites colonies (habituellement quelques mm de diamètre, 12 mm maximum)
Disque bordé d'une fine et étroite lame calcaire sans zoïde
Petits gonozoïdes arrondis en périphérie
Tubulipora obelia Johnston, 1838
Berenicea obelia Johnston, 1838
Diastopora obelia Johnston, 1838
Diplopora obelia Jullien & Callet, 1903
Diplosolen obelium (Johnston, 1838) est également utilisé dans certaines publications et WoRMS accepte les deux noms sous le même auteur (2012). Il semble qu'il y ait confusion avec une autre espèce arctique Diplosolen obelium arcticum Waters, 1904.
Atlantique Nord (Est et Ouest), Méditerranée, Pacifique Nord
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ● Caraïbes, ● Atlantique Nord-OuestEspèce tempérée boréale, Diplosolen obelia est présent en Atlantique Nord-Est de la mer de Barents aux côtes africaines et en Méditerranée.
Elle semble aussi signalée en Atlantique Nord-Ouest, dans le golfe du Saint Laurent et le golfe du Mexique, ainsi que dans le Pacifique Nord, de l'Alaska à la basse Californie, et au Japon.
Diplosolen obelia se développe sur différents substrats* durs, en particulier sur les coquilles de bivalves vivants ou morts et le bryozoaire érigé Pentapora fascialis (au moins dans l'Adriatique).
Présent dès les premiers mètres ce bryozoaire a été récolté à plus de 100 m sur les côtes sud de la Méditerranée.
Diplosolen obelia forme des colonies blanches, encroûtantes, fines, habituellement adhérentes avec une mince lame marginale, dépourvue de zoïde*, de moins d'1 mm de largeur. Les colonies sont discoïdes et de taille variable, petites (habituellement quelques mm de diamètre) à étendues (un peu plus de 10 mm). Certaines grandes colonies peuvent être lobées.
Les zoïdes normaux, nommés autozoïdes*, sont de petite taille et couvrent toute la surface frontale de la colonie. Ils sont régulièrement alternés dans les deux dimensions longitudinale et latérale avec et de minuscules zoïdes nains nommés nanozoïdes*. Les autozoïdes et les nanozoïdes bien séparés les uns des autres sont distribués en quinconce avec une grande régularité. Il n'y a pas d'alvéoles ou d'autres structures extra-zoïdales.
Le diamètre des autozoïdes est réduit, leur partie terminale tubulaire (péristome*) est libre, dirigée vers l'extérieur de la colonie. Les péristomes libres, à l'allure d'aiguille, sont harmonieusement orientés comme leurs voisins.
Les péristomes peuvent être très longs, ressemblant à des petites aiguilles, sur certaines zones de la colonie en particulier celles situées dans des dépressions.
Les péristomes du centre de la colonie peuvent être fracturés et obturés par un diaphragme ; dans ce cas ces autozoïdes ne semblent plus fonctionnels.
Voir la description microscopique dans la rubrique "divers biologie".
Parmi les nombreux petits bryozoaires discoïdes de couleur blanche Plagioecia sarniensis est celui dont l'apparence in situ est la plus proche. Mais cette espèce ne possède pas de nanozoïdes.
Diplosolen obelia, comme tous les bryozoaires, est un filtreur suspensivore* microphage*. Il se nourrit principalement d'algues unicellulaires planctoniques* (diatomées*) et de particules organiques en suspension. Les cils des lophophores* sont capables de créer des micro-courants permettant l'acheminement des particules alimentaires vers la bouche située au centre du lophophore (dont les fonctions sont aussi celles de respiration et de nettoyage de la colonie).
La croissance de la colonie se fait par bourgeonnement* périphérique de nouveaux autozoïdes et nanozoïdes en alternance. La reproduction est sexuée et la colonie est hermaphrodite*. Les œufs fécondés produits par un zoïde femelle sont incubés dans les gonozoïdes* (petites chambres incubatrices développées en périphérie du disque).
Après maturation, il va y avoir émission de larves*, qui vont être expulsées par l'ooéciostome* et dispersées par les courants. Après une courte vie dans la colonne d’eau, la larve va se fixer sur un substrat* adéquat et se métamorphoser en un zoïde primaire ou ancestrule*. Celui-ci bourgeonnera deux à trois zoïdes, qui bourgeonneront eux-mêmes en formant petit à petit la colonie encroûtante discoïde.
Les lophophores* incolores à 10 tentacules* sont plus courts vers la marge de la colonie.
Les nanozoïdes bourgeonnent régulièrement au niveau de la lame basale en alternance avec les autozoïdes lors du développement de la colonie. Les péristomes des nanozoïdes sont plus courts et d'un quart plus petits en diamètre que ceux des autozoïdes. Les nanozoïdes portent un fin et unique tentacule transparent dont la taille est la moitié de ceux des lophophores des autozoïdes. Ce tentacule se positionne horizontalement par rapport à la surface de la colonie et semble avoir un rôle dans le nettoyage de cette dernière.
Les gonozoïdes, de taille constante, forment une chambre incubatrice gonflée, à la forme arrondie à légèrement ovale mais jamais très allongée ou très étendue. Les gonozoïdes peuvent être nombreux au sein d'une même colonie. Ils se situent en périphérie du disque et sont traversés par les péristomes des autozoïdes et des nanozoïdes sous-jacents. L'ooéciostome* unique et légèrement courbé se trouve à peu près au centre de la chambre incubatrice, le diamètre de son tube est de 2/3 celui des péristomes des autozoïdes (taille intermédiaire entre celui des péristomes des autozoïdes et des nanozoïdes).
La paroi frontale des zoïdes est perforée par des pseudopores (pores bouchés par des formations calcifiées secondaires) circulaires ou allongés, la paroi des chambres incubatrices plus densément perforée de petits pores.
Quelques notions de taille :
Diplosolen à aiguilles est une traduction du nom scientifique.
Diplosolen : du grec [diplo] = double et [solen] = tube, tuyau, relatif aux deux types de zoïdes tubulaires,
obelia : du grec [obelos] = broche à rôtir, dans le sens d'aiguille.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Bryozoa / Ectoprocta | Bryozoaires / Ectoproctes | Petits animaux coloniaux filtreurs aquatiques fixés à un substrat. Tous les zoïdes sont en continuité physique et issus de bourgeonnement à partir d’un individu unique. Chaque zoïde porte un lophophore rétractile et est abrité dans une logette. |
Classe | Stenolaemata | Sténolèmes | Leur lophophore est cylindrique, les zoïdes sont bien calcifiés et ils sont majoritairement marins. La classe des Stenolaemata est constituée d’un seul ordre vivant (et de trois fossiles) : l’ordre des Cyclostomatida ou cyclostomes qui sont formés d’un assemblage de tubes rigides. |
Ordre | Cyclostomatida | Cyclostomes | Tous marins. Les zoïdes sont tubulaires avec des parois calcifiées qui peuvent fusionner avec celles des zoïdes adjacents. |
Sous-ordre | Tubuliporina | Tubuliporinés | Zoécies tubuleuses, disposées sur la face frontale des rameaux ou des lobes, en une file unisériée ou en plusieurs séries placées côte à côte très régulièrement. |
Famille | Plagioeciidae | Plagioeciidés | Zoécies tubulaires en cercle ou série mais toujours bien séparés les unes des autres, gonozoïde percé par plusieurs tubes péristomiaux, diaphragme (membrane calcifiée obturant le péristome) portant un petit tube centrale. |
Genre | Diplosolen | ||
Espèce | obelia |
Caractéristique de l'espèce : deux types de zoïdes (normaux et nains)
Intercalé entre les zoïdes tubulaires de taille normale (autozoïdes), de tout petits zoïdes nains (nanozoïdes) en nombre identique caractérisent Diplosolen obelia.
Diamètre maximal de la colonie 10 mm.
Barge de Carro, Côte Bleue (13), 35 m (prélèvement)
01/08/2009
Colonie fertile avec 7-8 gonozoïdes
Colonie encroûtant la face interne d'une valve morte d'une grande nacre Pinna nobilis.
Les gonozoïdes de Diplosolen obelia sont bien visibles sous la forme de petits mamelons internes et perforés par les zoïdes tubulaires, ils sont situés proches de la périphérie de la colonie.
Diamètre du disque : 12 mm, diamètre moyen des gonozoïdes : 1,2 mm.
Barge de Carro, Côte Bleue (13), 35 m (prélèvement)
01/08/2009
Petites colonies in situ sur une bouteille en verre
La colonie de droite porte un gonozoïde vers le bas de forme et de position typique pour l'espèce. Le petit tube calcaire en son centre appartient à un petit ver tubicole, ici en épibionte.
Grotte à Corail, rade de Villefranche-sur-mer (06), 15 m
03/03/2007
Colonies fusionnées
Plusieurs petites colonies se sont développées côte à côte jusqu'à former une belle plaque.
Largeur de l'encroûtement 17 mm.
Barge de Carro, Côte Bleue (13), 35 m (prélèvement)
01/08/2009
Péristomes parfois très longs
Quand ce bryozoaire Cyclostome est installé dans une zone en dépression, les fins péristomes peuvent s'allonger de façon importante, semblables à des aiguilles ; ils restent tous orientés vers l’extérieur (= en direction distale).
Largeur maximale de la colonie : 7 mm.
Barge de Carro, Côte Bleue (13), 35 m (prélèvement)
01/08/2009
Sur un débris d'amphore à Cerbère
La petite colonie à droite peut, sans certitude, appartenir à Chorizopora brongniartii.
Cerbère, Côte Vermeille (66)
07/1993
Petite plaque encroûtante et tubes courts
Cette petite colonie blanche de 8 mm de diamètre a été trouvée sous une pierre couverte d'autres espèces de bryozoaires. Elle a été prélevée pour examen microscopique.
(échantillon n° FA3F)
STARESO, Calvi (2B), prélèvement
10/2008
Observation au microscope électronique à balayage
La périphérie de la colonie visible à droite est bordée par une lame calcaire sans zoïde qui est la marge de croissance.
Les petites flèches indiquent les nanozoïdes.
(échantillon n° FA3F)
STARESO, Calvi (2B), (photo au MEB)
12/06/2009
Nanozoïdes
Les autozoïdes* et les nanozoïdes* bien séparés les un des autres sont distribués en quinconce avec une grande régularité. Il n'y a pas d'alvéoles ou d'autres structures extra-zoïdales.
La paroi frontale des zoïdes est perforée par des pores bouchés par des formations calcifiées secondaires (nommés pour cela "pseudopores") circulaires ou allongés.
Les petites flèches indiquent le péristome* des nanozoïdes.
(échantillon n° FA3F)
STARESO, Calvi (2B), (photo au MEB)
12/06/2009
Vieux péristomes
Les péristomes des autozoïdes les plus anciens, ceux du centre de la colonie, sont souvent fracturés et obturés par un diaphragme calcifié.
(échantillon n° FA3F)
STARESO, Calvi (2B), (photo au MEB)
12/06/2009
Gonozoïde et ooéciostome
Ce dessin ancien illustre la forme d'un gonozoïde* de Diplosolen obelia avec son petit ooéciostome* proche du centre et par où sont expulsés les larves matures. Les péristomes, petits et grands, sont totalement entourés par le gonozoïde.
Notez que ce dessin a été réalisé à partir d'un spécimen issu du Pacifique Nord et où l'on peut noter que les autozoïdes* sont accolés aux nanozoïdes*, ce qui n'est pas le cas sur les spécimens européens.
La taille habituelle des gonozoïdes chez Diplosolen obelia est de l'ordre de 1,2 mm de diamètre.
Dessin extrait de OSBURN R. C., planche n°73, page 804
Reproduction de documents anciens
1953
Rédacteur principal : Frédéric ANDRÉ
Vérificateur : Sylvain LE BRIS
Responsable régional : Frédéric ANDRÉ
Hayward P.J., McKinney F.F., 2002, Northern Adriatic bryozoa from the vicinity of Rovinj, Croatia, Bulletin of the American Museum of Natural History, 270(1), 1-139.
La page de Diplosolen obelia dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN