Colonies relativement charnues
Toujours orange
Consistance de cuir
Surface verruqueuse
Leptoclinum commune Della Valle, 1877
Méditerranée nord
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]Méditerranée occidentale nord et Adriatique nord.
Didemnum commune est une espèce qui apprécie particulièrement les zones bien éclairées (photophile*) et donc peu profondes (5-15 m le plus souvent). Elle affectionne les petites anfractuosités et les faces verticales des rochers, les grottes ou tunnels exposés aux ressacs, ainsi que les rhizomes des posidonies et la face cachée des pierres. Didemnum commune fréquente les mêmes zones que la gorgone blanche Eunicella singularis.
Didemnum commune est une ascidie coloniale qui forme des colonies encroûtantes relativement charnues. Son épaisseur est de l'ordre du centimètre et la surface couverte par une colonie peut atteindre plusieurs dizaines de décimètres carrés.
La couleur de cette espèce est toujours orange.
Chez D. commune chaque zoïde* est caractérisé par une protubérance au niveau de l'ouverture buccale, ce qui confère à la surface de la colonie un aspect verruqueux typique de l'espèce.
La forte densité de spicules* calcaires présents dans les tissus donne une consistance de cuir à la surface de la colonie et marque de blanc les siphons cloacaux ainsi que certaines zones limitrophes sans zoïde.
Les zoïdes, bien visibles chez D. commune, sont densément et régulièrement répartis à la surface de la tunique calcifiée, hormis au niveau des quelques veines blanches évoquées ci-dessus.
Toutes les ascidies de la famille très homogène des Didemnidés sont très difficiles à identifier avec certitude sous l'eau ou sur photo. Sachant qu'aucune colonie n'a été prélevée pour identification microscopique, toutes les photos des fiches traitant ces espèces sont à considérer comme "pouvant ressembler in situ à cela".
D. commune peut facilement être confondu avec les formes orange de Didemnum coccineum (colonie plus rouge et plus petite), Didemnum fulgens, Didemnum pseudofulgens (sans protubérance pour les 2 espèces) et Polysyncraton lacazei (siphons buccaux clairement étoilés).
Ces animaux sont des filtreurs microphages*. Ils se nourrissent de petites particules, depuis les molécules en suspension jusqu’aux débris et micro-organismes animaux et végétaux.
Les ascidies génèrent un courant d’eau (rentrant par les orifices inhalants individuels) pour capturer les particules en suspension. Les particules digérées et les déchets sortent ensuite par le siphon exhalant. Le regroupement de plusieurs de ces siphons forme un cloaque commun qui débouche, via un réseau de veines, à la surface de la colonie par une grosse ouverture.
La reproduction peut être asexuée et sexuée.
Reproduction asexuée : formation et extension de la colonie par bourgeonnement à partir de l’individu souche.
Reproduction sexuée : les représentants de la famille des Didemnidés sont hermaphrodites*, la fécondation est interne et le développement indirect.
Les gonades* se trouvent dans le post-abdomen et c’est là qu’a lieu la fécondation. Le développement embryonnaire amène à la différenciation des organes internes, de la chorde* et de la queue pour former une larve* nageuse ressemblant à un têtard. Ces larves nageuses sont libérées dans le milieu par le siphon cloacal des zoïdes. La vie pélagique est très courte et les larves se fixent au substrat par des papilles adhésives. A partir de là commence la métamorphose* qui donnera un individu adulte.
Les ascidies coloniales de la famille des Didemnidae (Didemnidés) sont souvent parasitées par des copépodes de la famille des Notodelphyidae. L'espèce Brementia balneolensis, notamment, est parasite de l'ascidie Didemnum commune.
Description microscopique de Didemnum commune :
Les spicules sont étoilés avec moins de 15 rayons. Leurs extrémités sont parfois tronquées, parfois non, selon les colonies. Leur distribution dans la tunique* est très dense.
Les organes spiculogéniques (responsables de la fabrication des spicules), situés au niveau de la quatrième rangée de stigmates*, sont surmontés d'un tube (rectangulaire ou cylindrique) et en position verticale.
Chaque zoïde est caractérisé par une protubérance au niveau de son ouverture branchiale.
Détermination des Didemnidés :
Une dissection est toujours nécessaire pour une détermination fiable des ascidies. Pour les représentants de la famille des Didemnidés (Didemnidae), elle est basée sur la morphologie des larves et la forme des spicules calcaires étoilés présents le plus souvent dans la tunique. La seule observation des spicules n'est pas suffisante. Effectivement, leur forme proche d'une espèce à l'autre et leur densité parfois très variable au sein d'une même espèce rend ce critère insuffisant pour une bonne identification.
Les ascidies de la famille des Didemnidés sont caractérisées par les critères suivants :
- ascidie toujours composée (coloniale) dont les zoïdes sont inclus dans une tunique commune (cormus*),
- le corps est divisé en deux parties : branchie d'un côté (thorax) et tube digestif avec gonades de l'autre (abdomen),
- le tube digestif est situé sous la branchie,
- la totalité des gonades est incluse dans l'anse intestinale,
- la branchie est plane sans papilles internes ni sinus longitudinaux,
- estomac sans diverticules hépatiques,
- pas de vésicule rénale,
- le bourgeonnement se fait par la fusion de deux bourgeons œsophagiens (l'un est à l'origine de la branchie, l'autre de l'abdomen, voir le schéma dans la fiche Didemnum coriaceum).
Les espèces du genre Didemnum sont caractérisées par les critères suivants :
- quatre rangs de stigmates*,
- spermiducte courbé,
- 1 ou 2 testicules,
- siphon branchial à 6 lobes,
- présence de spicules calcaires (sauf exception).
Les espèces du genre Polysyncraton présentent les mêmes caractéristiques que celles du genre Didemnum, sauf :
- plus de deux testicules,
- languette bifide bien développée au siphon cloacal (le plus souvent).
Les espèces du genre Trididemnum sont caractérisées par les critères suivants :
- trois rangs de stigmates,
- spermiducte courbé,
- un testicule,
- nombreuses ouvertures cloacales communes surmontées d'un tube.
Les espèces des genres Diplosoma et Lissoclinum (très proches) sont caractérisées par les critères suivants :
- spermiducte droit,
- siphon cloacal avec simple trou, sans tube ni appendice (languette).
Didemnide commun est une proposition du site DORIS et la traduction du nom scientifique.
Néanmoins, il faut noter que cette espèce n'est pas, dans l'absolu, la plus "commune". Sur les côtes catalanes, où elle est très présente, il est à noter que les deux espèces les plus communes sont Didemnum coriaceum et Polysyncraton bilobatum.
Didemnum : [di-] = deux et [demnion] = matelas, lit, dans le sens ici de "logette". En effet, dans le premier de ses "Mémoires sur les animaux sans Vertèbres", Savigny, le créateur de ce nom, décrit ainsi le genre Didemnum : "Polype occupant deux loges, abdomen pédiculé", par opposition au genre Aplidium : "Polype occupant une seule loge, abdomen et ovaire sessiles".
commune : commun.
Numéro d'entrée WoRMS : 103564
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Urochordata / Tunicata | Urochordés / Tuniciers | Chordés marins fixés (ascidies) ou pélagiques (thaliacés), solitaires ou coloniaux. Epaisse tunique cellulosique. Deux siphons, pharynx bien développé, la chorde larvaire régresse chez l'adulte (sauf chez les Appendiculaires). |
Classe | Ascidiacea | Ascidies / Ascidiacés | Tuniciers fixés. Solitaires ou coloniaux (seuls capables de bourgeonnement). Chorde uniquement au stade larvaire. Siphon inhalant au sommet, proche du siphon exhalant latéral. Souvent en eau peu profonde. |
Ordre | Aplousobranchia | Aplousobranches | Ascidies coloniales. |
Famille | Didemnidae | Didemnidés | Aplousobranches avec thorax et abdomen. Zoïdes très petits et courts formant de fines colonies encroûtantes. Incrustations calcaires étoilées. (Ce n'est pas le cas du genre Diplosoma). |
Genre | Didemnum | ||
Espèce | commune |
Surface verruqueuse et ouverture cloacale
Chez D. commune chaque zoïde est caractérisé par une protubérance au niveau de l'ouverture buccale ce qui confère à la surface de la colonie un aspect verruqueux typique de l'espèce.
Les ouvertures cloacales correspondent à plusieurs zoïdes, elles sont plus ou moins cerclées de blanc.
Escala, Costa Brava (Espagne), 6 m
24/08/2005
Colonie charnue
Didemnum commune est une ascidie coloniale relativement charnue.
Grotte Ste Marguerite, Giens (83), 12 m
01/06/2009
Grande colonie
Décrite comme mesurant le plus souvent 2 à 3 cm (publication de Lafargue F., 1987), cette espèce est souvent observée en larges plaques.
Iles Medes, Costa Brava (Espagne), 10 m
10/2006
Détails des siphons
Ce recadrage sur un siphon cloacal (exhalant) montre la forte densité des spicules calcaires (zones blanches) présents dans la tunique de ce didemne commun.
Les petits siphons buccaux (inhalants) montrent une ouverture étoilée (6 languettes, dont 3 grosses et 3 petites).
Escala, Costa Brava (Espagne), 6 m
20/07/2006
Siphons cloacaux
Les siphons cloacaux sont régulièrement répartis à la surface de la colonie. De forme ronde, ils sont tous de taille similaire.
L'anse au Blé, presqu'île de Giens (83)
04/05/2008
Toujours de couleur orange
Pour une fois (!), la couleur de ce didemne est constante : orange.
Mongo, Escala, Costa brava (Espagne), 8 m
10/07/2007
Colonie en Côte d'Azur
Cette espèce semble plus fréquente vers l'Espagne, mais nous avons néanmoins rencontré cette colonie dans le Var. La surface verruqueuse et la couleur orange sont caractéristiques de Didemnum commune.
Sec du Gendarme, Porquerolles (83), 23 m
20/05/2007
En compagnie de la gorgone blanche Eunicella singularis
Didemnum commune est une espèce qui apprécie particulièrement les zones bien éclairées et les faces verticales des substrats qu’il encroûte. Il est aussi décrit comme souvent associé à Eunicella singularis.
Jetée du Laboratoire Arago, Banyuls (66), 8 m
19/08/2007
Une préférence pour les substrats verticaux
C'est uniquement sur le haut d'un beau tombant partant de 22 m jusqu'à la surface que cette espèce a colonisé la paroi. Didemnum commune est une espèce qui apprécie particulièrement les zones bien éclairées et les faces verticales des substrats encroûtés.
Escala, Costa Brava (Espagne), 4 m
17/07/2006
Espèce particulièrement photophile
Didemnum commune est une espèce qui apprécie particulièrement les zones bien éclairées et les faces verticales des rochers.
Anse au Blé, Giens (83), 5 m
01/08/2010
Colonie sur le fond
Cette ascidie coloniale encroûtante s'adapte au substrat, et ici le résultat est surprenant !
Mongo, Escala, Costa brava (Espagne), 12 m, de nuit
11/07/2007
Didemne très calcifié et à l'aspect de cuir
Dans le précoralligène, cette colonie semble illuminer le logis de cette petite langouste.
Mongo, Escala, Costa brava (Espagne), 18 m
08/07/2007
Zones blessées ou broutées ?
Les zones blanches semblent correspondre à des nécroses ou des zones broutées par un prédateur non identifié.
Mongo, Escala, Costa brava (Espagne), 7 m
08/07/2007
Colonie contractée
Cette colonie a été photographiée au même endroit que la colonie du cliché précédent, mais moins profond et dans une zone où les eaux sont chaudes en été.
On peut observer que la colonie présente maintenant un aspect singulièrement différent : la surface de la tunique est luisante, lisse, les entrées siphonales sont closes.
Il s'agit d'une période de "repos" observée par diverses espèces de Didemnidés. Il est possible que ce phénomène estival vise à prolonger la durée de vie des zoïdes.
Mongo, Escala, Costa brava (Espagne), 4 m
10/07/2007
Rédacteur principal : Frédéric ANDRÉ
Vérificateur : Alain-Pierre SITTLER
Responsable régional : Michel PEAN
Lafargue F., Wahl M., 1987, The didemnid ascidian fauna of France, Ann. Inst. océanogr., 63 (1), 1-46.
La page de Didemnum commune dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN