Six points blancs autour du siphon cloacal
Grosse masse basale gélatineuse et dure
Coloration légèrement opaque, blanchâtre à verdâtre
Zoïdes (thorax) en bouquet serré, sans ordre
Liseré blanchâtre (inconstant) souligne endostyle et siphons
Zone des 30 m et plus avec de forts courants
Estouffat (Catalogne), ascidie glauque, "grande claveline", "claveline géante" (mais il ne s'agit pas d'une vraie claveline)
Diazona, football sea squirt, football ascidian (GB), Diazona, cavolo fiore (choux-fleur) à Naples (I), Diazona, ascidia balón (E), Koloniebildende Seescheide (D), Diazona (NL, P)
Il n'y a pas de synonyme récent, le nom actuel a près de 200 ans. Parmi les anciens noms du début du XIXème siècle, on peut citer :
Diazona (Synthethys) hebridica
Diazona mediterranea
Méditerranée, Atlantique Nord-Est, Manche Ouest
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Son aire de distribution est assez étendue depuis les îles Hébrides, l'ouest de l'Ecosse, l'Irlande, la Manche occidentale (jusqu'au Sept-îles à l'est), des îles Anglo-Normandes jusqu'à l'Espagne, le Portugal, la Méditerranée et l'Adriatique.
En Bretagne son abondance est maximale en Manche occidentale.
Cette ascidie est rencontrée fixée sur des fonds rocheux et autres substrats durs (cailloux à proximité du sable) à partir de 25 à 30 m de fond (de 15 à 200 m pour les extrêmes). La diazone affectionne les lieux traversés par des courant violents. Son habitat est assez profond contrairement aux clavelines qui sont présentes dès les premiers mètres.
Cette ascidie coloniale forme de grosses masses ovoïdes, gélatineuses et semi-transparentes relativement dures au toucher. La coloration relativement uniforme, plutôt opaque ou vitreuse, est blanchâtre, jaunâtre à vert pâle. Une colonie mesure de 5 à 40 cm de diamètre et dépasse de 5 à 20 cm du substrat* sur lequel elle est fixée. Ces masses volumineuses peuvent atteindre 2 kg.
Diazona violacea ressemble à un bouquet de clavelines (Clavelina lepadiformis) dont les individus, disposés sans ordre et jusqu'à plus de 100 par colonie, auraient fusionné à mi-hauteur. En effet, le thorax libre de chaque individu se détache plus ou moins perpendiculairement (serrés sur les colonies jeunes ou en pleine activité et éparses sur les colonies anciennes ou en période de bourgeonnement), de la masse basale compacte et gélatineuse, alors que les abdomens y restent inclus.
Chaque individu libre (thorax émergeant de la base) mesure de 10 à 50 mm. Sa forme est globalement cylindrique, légèrement renflée à mi hauteur (alors que la claveline marque un angle entre le siphon inhalant et le reste du corps).
24 filets tentaculaires couronnent l'entrée de la branchie, 6 tentacules plus longs correspondent aux 6 lobes (plus 6 moyens et 12 petits). Les siphons* buccaux et cloacaux*, terminaux et contigus, sont soulignés d'un liseré crème ou blanc. Une autre ligne est présente de chaque côté du rectum, la gouttière branchiale (endostyles*). Il existe, de plus, un cercle branchial inférieur. Le cercle buccal et le cercle cloacal sont ordinairement réunis par une courte ligne. Il faut noter qu'il existe des diazones qui ne présentent aucune ligne pigmentaire et aucun cercle coloré, d'autres diazones n'en possèdent qu'une partie.
Le siphon exhalant est marqué de six points blancs à la jonction des 6 lobes. Ces six lobes ne sont visibles que si le siphon se contracte, et dans ce cas le liseré blanc dessine non plus un cercle parfait mais une étoile à six branches. Notez que lorsque le liseré est absent, les 6 points blancs apparaissent alors plus clairement. La contraction du grand siphon buccal, qui possède également six lobes, se fait en s'écrasant dans le sens transversal et son liseré dessine alors un ovale aplati.
Les branchies sont lisses (fin tamis) et sans côtes (fentes), ce qui distingue nettement la diazone de la claveline.
Certains ouvrages décrivent la diazone avec des reflets violets, sans doute pour justifier son nom d'espèce, violacea, qui signifie violette. L'explication est d'une toute autre nature et remonte à près de 200 ans ! (voir "Origine du nom scientifique").
C'est principalement avec la claveline Clavelina lepadiformis aux zoïdes* également marqués de liserés blancs, que peut être confondue Diazona violacea. La claveline n'a pas de masse basale volumineuse et ses zoïdes ne sont réunis à leur base que par de fins stolons. La diazone possède des zoïdes (thorax émergent) plus gros et cylindriques et les six petits points blancs autour du siphon cloacal sont caractéristiques de l'espèce.
Clavelina oblonga est une ascidie originaire de l'Atlantique Est (des Bermudes au Brésil). Elle ressemble beaucoup à la diazone, en plus vaporeux.
Clavelina dellavallei possède une partie du zoïde bleue et les lignes blanches sont beaucoup plus vaporeuses. Elle peut se rencontrer en bouquet serré mais plus rarement que Clavelina lepadiformis
La diazone se nourrit par filtration de particules organiques en suspension dans l'eau et de plancton*. Les zones de forts courants qu'elle affectionne lui permettent un apport important de nourriture.
La reproduction sexuée de cette espèce hermaphrodite* et ovipare* a lieu en été en Bretagne. Particularité notable, Diazona violacea serait la seule ascidie coloniale ovipare*. Le développement des larves* n'est possible que dans des eaux à moins de 15 °C. Cette caractéristique explique sans doute, au moins en partie, le biotope profond de cette espèce (zone des 30 m et plus).
Au début de l'hiver les thorax régressent et la colonie prend l'aspect d'une boule lisse et dure, c'est la phase de bourgeonnement interne pendant laquelle les abdomens se scindent en huit nouveaux bourgeons qui donneront à partir du mois de janvier huit nouveaux individus complets (et donc huit thorax émergeant à la surface où il n'y en avait qu'un seul l'année précédente). Ainsi, en divisant plusieurs fois par huit le nombre de thorax présent à la surface d'une colonie en activité, on peut estimer son âge car, contrairement à la majorité des ascidies qui ont un cycle de vie annuel, les diazones peuvent vivre plusieurs années (a priori, 4 ans au maximum). Vous les retrouverez donc d'une année sur l'autre au même endroit puisque c'est un animal fixé.
Les colonies sont généralement très propres, seuls quelques petits hydraires rampants, de petits bryozoaires et autres petits invertébrés (ascidies, éponges) arrivent timidement à s'installer à la base de Diazona violacea dans la zone dépourvue de zoïdes*.
Trivia arctica, la porcelaine grain de café, est régulièrement retrouvée en grand nombre sur la diazone dont elle se nourrit. Les autres prédateurs des diazones sont, en autres, des vers plats, en particulier le ver plat blanc Prostheceraeus vittatus qui peut occasionner de profondes érosions bien visibles sur la masse basale graisseuse. Notez que la distribution de ces 2 principaux prédateurs est logiquement la même que la diazone (Manche, Atlantique et Méditerranée).
C'est au début du 19ème siècle aux Baléares que fut découvert ce genre. Savigny l'a décrit et lui a donné le nom de Diazone.
La préparation rouge soudan III est un réactif des lipides des cellules (coloration rose/rouge). Il a permis dès le 19ème siècle de mettre en évidence la forte teneur en lipides de la diazone, et en particulier de la masse basale.
La forte similitude des caryotypes* de Ciona intestinalis et de Diazona violacea semble indiquer que ces 2 espèces devraient être placées dans la même famille. Il est à noter qu'une grande confusion règne dans la classification de ce groupe des urochordés.
Diazone : est issu directement du nom scientifique.
Estouffat : est le nom donné par les pêcheurs catalans à la masse gélatineuse dépourvue de zoïdes* (thorax émergents) des vieilles colonies en phase de bourgeonnement et chargées de matière graisseuse remontée dans les filets.
Ascidie glauque : lié à la coloration blanchâtre à verdâtre et semi-transparente (un peu opaque) des colonies.
Diazona : signifie "ceinture transversale" en grec, en référence à la base lisse de la colonie que forme la masse commune gélatineuse et dure.
violacea : signifie "violette", relatif à la "belle coloration violette" (Remy Perrier, 1930) qui est retrouvé dans les littératures anciennes au sujet de cette ascidie qui bizarrement ne présente manifestement pas de coloration violette marquée à l'état vivant sous l'eau ! Voici l'explication de Fernand Lahille dans son ouvrage sur "Les Tuniciers des côtes de France" de 1890 : "... Les Diazones ne peuvent vivre en captivité dans les aquariums même les mieux établis. Dans un temps plus ou moins court, leur branchie et la partie supérieure de leur corps tombe en diffluence*, et à leur couleur, qui au début était légèrement jaunâtre, succède la coloration bleuâtre ou violacée observée par Savigny, et que l'action directe de l'alcool produit plus rapidement encore. ..."
Numéro d'entrée WoRMS : 103733
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Urochordata / Tunicata | Urochordés / Tuniciers | Chordés marins fixés (ascidies) ou pélagiques (thaliacés), solitaires ou coloniaux. Epaisse tunique cellulosique. Deux siphons, pharynx bien développé, la chorde larvaire régresse chez l'adulte (sauf chez les Appendiculaires). |
Classe | Ascidiacea | Ascidies / Ascidiacés | Tuniciers fixés. Solitaires ou coloniaux (seuls capables de bourgeonnement). Chorde uniquement au stade larvaire. Siphon inhalant au sommet, proche du siphon exhalant latéral. Souvent en eau peu profonde. |
Ordre | Phlebobranchia | Phlébobranches | Le sac branchial* a des sinus longitudinaux qui portent ou non des papilles internes mais qui ne sont jamais plissés. Ascidies essentiellement solitaires. Gonades* situées sur l’anse du tube digestif ou à proximité. |
Famille | Diazonidae | Diazonidés | Seuls Phlébobranches à posséder un thorax et un abdomen. Le coeur n'est pas en forme de "V". Ascidies solitaires ou coloniales. |
Genre | Diazona | ||
Espèce | violacea |
Colonie ovoïde
Cette belle colonie semble en pleine forme au mois de février dans les eaux hivernales marseillaises (13 °C). Le diamètre de ce « ballon de football » est de l’ordre de 20 cm.
Farillons, île Maire, Marseille, 28 m
06/02/2007
Colonie bretonne
Cherchez bien, vous trouverez son principal prédateur, le ver plat blanc Prostheceraeus vittatus, caché entre les zoïdes*. Sur cette colonie, le cercle blanc du siphon cloacal* (exhalant) est absent.
Le Four, Trébeurden (Bretagne nord), 35 m
11/08/2006
Jeune colonie bretonne
Cette diazone de taille moyenne (15 cm) doit être à sa deuxième année d'existence. Les liserés blancs sont peu marqués. Elle s’est installée dans la limite haute (20 m de fond) de son biotope habituel.
Ploumanach (Bretagne nord), 20 m
15/08/2006
Biotope profond
Dans la zone des 40 m, même si l'eau est relativement claire sur les Côtes d'Armor en été, la luminosité est déjà très faible, ce qui donne à cette ascidie une apparence glauque. Par contre les courants peuvent y être encore soutenus, ce qui plait à la diazone. Sur cette colonie, le cercle blanc du siphon* cloacal* (exhalant) est absent, les six points blancs autour de ce siphon sont plus faciles à observer. Au pied de la colonie s'est développée une autre ascidie coloniale Botryllus schlosseri, ici de couleur jaune à point rouge. La masse blanche en haut à gauche n'est sans doute pas une éponge, mais un alcyon aux polypes rétractés, Alcyonium digitatum. Son principal prédateur, le ver plat blanc Prostheceraeus vittatus, est aussi présent au centre.
Le Four, Trébeurden (Bretagne nord), 38 m
11/08/2006
Colonie méditerranéenne
Cette belle colonie installée sous un petit surplomb est en parfaite santé.
Îlot du Planier, Marseille, 25 m
23/10/2005
Diazone et caulerpe
Sur un fond de graviers grossiers au pied d'un sec rocheux, cette diazone s'est installée au milieu d'une prairie formée par l'algue verte envahissante Caulerpa racemosa caractérisée par ses frondes en grappe. Nous sommes ici à la sortie de la petite passe de la rade d'Hyères, les courants y sont soutenus et réguliers, ce qui convient bien à Diazona violacea.
Sec du Langoustier, Porquerolles (Var), 36 m
19/05/2007
Grande colonie vieillissante
Cette colonie à la dominante verdâtre, montre de grandes zones sans zoïdes*. Compte tenu de la grande taille de cette diazone et du nombre important des zoïdes encore présents à la surface, on peut imaginer qu'elle est âgée de 4 ans, âge présumé maximal pour cet animal.
Cap Caveau, Marseille (13), 36 m
07/03/2004
Jeune colonie
La base gélatineuse est encore peu développée sur cette jeune (dans sa seconde année) diazone qui montre une dizaine de zoïdes* de tailles très différentes.
Frioul, Marseille (13), 25 m
06/2003
Semi transparente
Variante plus translucide de la diazone.
Rosas, Costa Brava, Espagne , 20 m
10/10/2004
Liseré et cercle blanc
Un liseré blanc souligne les siphons et les gouttières branchiales. Notez la forme en étoile du liseré du siphon exhalant lorsqu'il est contracté.
Port-Cros (83), La Gabinière
25/05/1995
Zoïdes* cylindriques
La couleur blanche vitreuse de cette jeune colonie méditerranéenne tranche avec celle de gorgones pourpres, Paramuricea clavata.
Impériaux, Riou, Marseille (13), 35 m
04/2007
Prédation en Méditerranée
Un petit ver plat blanc Prostheceraeus vittatus (?) est visible sur la base de cette diazone méditerranéenne.
Farillons, île Maire, Marseille, 35 m
11/11/2004
Prédateur en Manche
Le prédateur de la diazone Prostheceraeus vittatus peut être rencontré en grand nombre sur une colonie. Notez le nombre réduit des zoïdes* émergeant sur cette colonie.
Le Four nord, Trébeurden (Bretagne nord), 30 m
10/08/2006
Boule lisse et dure : repos hivernal
Au début de l'hiver les thorax régressent et la colonie prend l'aspect d'une boule lisse et dure, c'est la phase de bourgeonnement interne pendant laquelle les abdomens se scindent en huit nouveaux bourgeons qui donneront à partir du mois de janvier huit nouveaux individus complets (et donc huit thorax émergeant à la surface où il n'y en avait qu'un seul l'année précédente).
Cale de ploumanac'h (22), 21 m
N/A
Cicatrice profonde
Les prédateurs des diazones sont, en autres, des vers plats, en particulier le ver plat blanc Prostheceraeus vittatus, qui peut occasionner de profondes érosions bien visibles ici sur la masse basale graisseuse. Notez la taille réduite des zoïdes* sur cette colonie en phase de régression.
Château Toreau, Baie Morlaix, 28 m
2005
Sac branchial lisse
Les branchies sont lisses (fin tamis que l'on peut distinguer à travers l'ouverture du siphon buccal) sans côtes (fentes), ce qui distingue nettement la diazone de la claveline.
Sec du Langoustier, Porquerolles (Var), 36 m
19/08/2007
Claveline, diazone ?
Il s'agit incontestablement d'un individu souche de diazone, issu d'une larve qui est venue se fixer sur du coralligène près du sable.
Pourquoi une diazone et pas une claveline ?
Parce que le zoïde* est bien cylindrique, qu'il n'y a pas de pédoncule étroit, que les branchies sont bien lisses (sans côtes), que le siphon* cloacal* porte six points blancs, que l’anus (chapelet de fèces) est bordé de 2 lignes blanches.
Epave du Reggio, Estartit, Costa Brava (Espagne), 32 m
20/07/2006
Rédacteur principal : Frédéric ANDRÉ
Vérificateur : Michel PEAN
Responsable régional : Michel PEAN
Responsable régional : Frédéric ANDRÉ
La page de Diazona violacea dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN