Couleur rouge caractéristique, forme générale globuleuse
Tunique ferme, translucide, fine, lisse et luisante
Siphons apicaux, courts, rapprochés, de section circulaire
2 formes : solitaire, ou agrégée en tapis ou en bouquets
25 mm de haut maximum
Groseille de mer (Attention : ne pas confondre cette ascidie avec Pleurobrachia pileus, le cténaire du même nom !)
Baked-bean ascidian (GB), Zeebes (NL)
Ascidia grossularia Van Beneden, 1846
Cynthia grossularia (Van Beneden, 1846)
Styela grossularia (Van Beneden, 1846)
Styelopsis grossularia (Van Beneden, 1846)
Styelopsis sphaerica Alder & Hancock, 1907
Mer du Nord, Manche, océan Atlantique Nord
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]L'aire de répartition de Dendrodoa grossularia est nettement discontinue, ses populations seront toujours localisées. On pourra l'observer globalement depuis les côtes arctiques au nord, d'où elle semble être originaire, jusqu'au sud de la Bretagne. Elle est aussi présente en mer Baltique, en mer du Nord et en Manche.
Les populations françaises les plus importantes sont observées en rade de Brest, sur la côte de granit rose (Trégastel, Trébeurden), dans l'estuaire du Trieux (près de Paimpol), à Saint-Cast, et en baie de Concarneau. La baie de Quiberon semble être la limite sud de répartition de cette espèce, au moins pour la forme agrégée.
Agrégée, la groseille de mer affectionne les substrats durs rocheux (rochers, blocs, surplombs, tombants...) ombragés, mais aussi parfois les crampons de laminaires, depuis la surface jusqu'à la zone infra-littorale, rarement plus bas. Solitaire, elle se fixe sur les coquilles de mollusques, vivants ou morts, et sur les cailloutis. Localement, et le plus fréquemment, les groseilles de mer forment de vastes populations.
Lors des grandes marées, il est possible de les observer sous les surplombs rocheux de l'estran.
Cette espèce tolère une salinité réduite et sera très souvent observée en estuaire.
Dendrodoa grossularia porte bien son nom de groseille de mer : en plus de sa forme, globuleuse, elle arbore une couleur rouge caractéristique, plus rarement brun rougeâtre. Ses deux siphons sont apicaux et rapprochés (environ un tiers du corps les sépare). Ils sont courts et de section à peu près circulaire, d'un rouge un peu plus soutenu que le reste du corps, le diamètre du siphon buccal étant légèrement supérieur. La tunique,de consistance moyennement ferme, est translucide, fine, lisse et brillante. Elle est parfois colonisée par certains épibiontes, souvent recouverte de vase ou de sable.
En plongée, on pourra observer la groseille de mer sous deux formes : une forme agrégée, et une forme solitaire.
La forme agrégée est la plus fréquente. Contrairement aux apparences, il ne s'agit pas dans ce cas d'une ascidie coloniale, mais d'une ascidie grégaire. Elle atteint alors 20 à 25 millimètres de haut maximum pour 10 millimètres de large. Elle possède une forme dressée, haute, cylindrique. L'ascidie forme ainsi de vastes tapis et des bouquets plus ou moins denses d'individus qui adhèrent légèrement les uns aux autres.
La forme solitaire est plus rare. L'ascidie est alors ramassée, déprimée, plus petite, plus discrète.
On pourra confondre Dendrodoa grossularia avec :
- l'ascidie varioleuse, Distomus variolosus, elle aussi de couleur rouge, mais sa taille est inférieure (1 cm maximum), son profil beaucoup plus ramassé, plus large que haut, sa tunique est bien plus coriace, et ses siphons sont plus courts,
- la mirabelle de mer, Stolonica socialis, qui est la copie quasi conforme de l'ascidie groseille, mais toujours de couleur orange, plus rarement jaune ou brune. La mirabelle de mer colonise l'espace grâce à un stolon qui rampe sur le substrat. Ce stolon ne sera jamais observé chez l'ascidie groseille.
Comme toutes les ascidies, Dendrodoa grossularia a un régime filtreur suspensivore et se nourrit de particules organiques et de micro-organismes planctoniques. L'eau est aspirée par le siphon buccal (ou inhalant), équipé de tentacules qui empêchent le passage des trop grosses particules. Elle est ensuite filtrée au niveau d'une grille pharyngienne. Le bol alimentaire retenu au niveau du pharynx est ensuite aggloméré dans du mucus produit par l'endostyle*, une gouttière glandulaire, puis le tout est dirigé vers le raphé* dorsal cilié qui permet le transfert des aliments dans l'estomac, via un très court œsophage. Les particules non digérées sont rejetées par un anus qui débouche dans le siphon cloacal.
La groseille de mer est, comme l'ensemble des ascidies, hermaphrodite*. Cet hermaphrodisme n'est pas simultané, ce qui empêche toute autofécondation. L'ascidie est de plus vivipare*.
Les spermatozoïdes des ascidies en phase mâle sont émis en pleine eau, puis captés par les ascidies en phase femelle au sein de la cavité péribranchiale (fécondation croisée). C'est à ce niveau qu'a lieu la fécondation. Les œufs sont incubés au sein des individus femelles.
La larve* qui s'en échappe mène une courte vie pélagique* au sein du plancton*. Elle a la forme d'un minuscule têtard, muni d'une queue mobile que soutient une chorde* mésodermique. Cette chorde, qui chez les Ascidiacés n'est visible qu'à l'état larvaire, témoigne de la proximité des Tuniciers et des Vertébrés, d'ailleurs récemment regroupés au sein d'un embranchement commun, celui des Chordés.
La larve finit par tomber et se fixer sur la tunique d'une groseille adulte puis la larve subit une importante métamorphose*, au cours de laquelle chorde et queue régressent, pour finalement donner un jeune individu adulte en forme d'outre.
Il est ainsi fréquent d'observer sur la tunique des groseilles de mer de jeunes individus. Attention à ne pas confondre la fixation des larves sur les adultes avec du bourgeonnement !
La tunique de l'ascidie-groseille est en général "propre", mais on observe parfois à sa surface des hydraires, des bryozoaires, des spirorbes, et des leucosoléniales (éponges calcaires).
Au toucher, l'ascidie-groseille réagit et se contracte, et ses siphons se referment.
Ascidie groseille, groseille de mer : la couleur et la forme globuleuse de cette ascidie évoquent le fruit du même nom.
Attention : ne pas confondre cette ascidie avec le cténaire du même nom (Pleurobrachia pileus) ! Nous avons choisi de mettre le premier nom vernaculaire en avant (bien que le second soit tout aussi utilisé dans la littérature naturaliste) afin d'éviter cette confusion.
Dendrodoa : du grec [dendron] = arbre, racine, ramification,
grossularia : du latin [grossularia] = groseille.
Contrairement à ce que laisse présager le nom de genre, Dendrodoa grossularia ne se reproduit jamais grâce à un stolon.
Numéro d'entrée WoRMS : 103882
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Urochordata / Tunicata | Urochordés / Tuniciers | Chordés marins fixés (ascidies) ou pélagiques (thaliacés), solitaires ou coloniaux. Epaisse tunique cellulosique. Deux siphons, pharynx bien développé, la chorde larvaire régresse chez l'adulte (sauf chez les Appendiculaires). |
Classe | Ascidiacea | Ascidies / Ascidiacés | Tuniciers fixés. Solitaires ou coloniaux (seuls capables de bourgeonnement). Chorde uniquement au stade larvaire. Siphon inhalant au sommet, proche du siphon exhalant latéral. Souvent en eau peu profonde. |
Ordre | Stolidobranchia | Stolidobranches | Ascidies pleurogones sans division du corps en thorax et abdomen. |
Famille | Styelidae | Styélidés | Stolidobranches avec un maximum de 4 fentes allongées de chaque côté du sac branchial. Pour les styélidés composés, zoïdes* en une seule partie. |
Genre | Dendrodoa | ||
Espèce | grossularia |
Siphons
Les siphons de Dendrodoa grossularia sont apicaux, peu éloignés l'un de l'autre. Ils sont courts et de section à peu près circulaire. Le siphon buccal (ou inhalant) a un diamètre légèrement supérieur.
Lézardrieux, Trieux (22), 8 m
20/06/2009
Des groseilles de mer
Une population d'ascidies-groseilles caractéristiques, à la tunique rouge luisante et à la forme globuleuse : elles portent bien leur nom !
Cap Fréhel, Saint-Cast (22), 6 m
11/06/2006
En Manche, zoïde isolé
Ce bel individu a été photographié à la limite septentrionale des côtes françaises. Il est partiellement incrusté de sable.
Les Ridens, Boulogne-sur-Mer (62), 20 m
14/06/2008
Sur une épave
Cette colonie d'ascidies-groseilles a complètement recouvert l'épave du Charbonnier dans un estuaire, près de Paimpol. Elles se partagent la surface de cette barre métallique avec quelques bryozoaires.
Lézardrieux, Trieux (22), 12 m
08/2008
Epibiose
La tunique de l'ascidie-groseille est en général "propre", mais on observe parfois à sa surface des hydraires, des bryozoaires, et des leucosoléniales (éponges calcaires ici en blanc).
Cap Fréhel, Saint-Cast (22), 7 m
05/06/2005
Reproduction
Observez les petites ascidies fixées sur la tunique des individus adultes. Attention à ne pas confondre : il ne s'agit pas contrairement aux apparences d'un bourgeonnement mais de la fixation secondaire des larves issues d'une reproduction sexuée !
Cap Fréhel, Saint-Cast (22), 6 m
11/06/2006
En estuaire
Dendrodoa grossularia tolère une baisse de salinité et est fréquemment observée en eau saumâtre. Dans cet estuaire près de Paimpol, cette espèce d'ascidie est de loin la plus abondante, au point qu'un faciès porte son nom : le faciès à Dendrodoa grossularia, typique du Trieux.
Lézardrieux, Trieux (22), 12 m
08/2008
Une habituée des surplombs rocheux
Dans une faille obscure, à quelques mètres de profondeur, des milliers de groseilles de mer se disputent quelques mètres carrés de roche...Il ne s'agit pas d'une ascidie coloniale, mais d'une ascidie grégaire dont les individus adhèrent faiblement les uns aux autres.
Presqu'île Renote, Trégastel (22), 4 m
27/03/2009
Sur l'estran
Quelques groseilles de mer attendent patiemment le retour de la marée. Emergées, elles se vident de leur eau et adoptent un port encroûtant.
Landrellec (22), estran
06/2009
Zoïde isolé, qui suis-je ?
Une groseille de mer ou une mirabelle de mer isolée?
Il pourrait plus probablement s'agir de Stolonica socialis.
Lézardrieux, Trieux (22), 7 m
05/2009
Rédacteur principal : Frédéric ZIEMSKI
Vérificateur : Frédéric ANDRÉ
Responsable régional : Frédéric ZIEMSKI
Responsable régional : Frédéric ANDRÉ
La page de Dendrodoa grossularia dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN