Petite limace d'environ 10 mm
Cérates gonflés, blanc translucide et parfois bordés de digitations blanc opaque à brunes
Quelques mouchetures blanches sur les cérates
Rhinophores enroulés et biramés
Vit sur les algues dont elle se nourrit
Cierce greca (I)
Méditerranée & Macaronésie
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]Principalement méditerranéenne, l'espèce Cyerce graeca a été observée initialement en mer Ionienne (Grèce) puis en mer Adriatique (Croatie). En France, elle a également été rapportée sur la Côte d'Azur. Signalée aussi aux Baléares et en Catalogne (Espagne).
Dans l'Atlantique proche, l'espèce a été signalée en deux occasions dans deux archipels de Macaronésie* : Madère et les Açores.
L'espèce peut être trouvée entre 1 m et 25-30 m sur les algues qui poussent sur des substrats* durs et exposés à la lumière. Ces algues constituent sa nourriture.
Les spécimens observés dans la description initiale mesuraient jusqu'à 11 mm de longueur.
La couleur générale du corps est blanc translucide. Les cérates* sont assez développés, ovoïdes et gonflés. Ils sont mobiles, d'un blanc translucide avec des mouchetures blanches superficielles. Ils se terminent généralement par une rangée de digitations brunes à l'aspect un peu émoussé. La couleur brune semble plus présente sur les cérates les plus inférieurs.
Lorsque la face dorsale de l'animal est visible, celle-ci semble montrer un motif pigmenté brun-chocolat à partir de l'arrière des taches oculaires. La glande digestive foncée est également parfois perceptible par transparence.
Le pied comporte un sillon longitudinal et se termine dans sa partie antérieure par un propodium* bilabié qui pointe sous les tentacules* oraux. Ceux-ci sont blanc pâle.
Les rhinophores* enroulés s'organisent en deux paires car ils sont biramés. La rame supérieure est parfois plus foncée que la rame inférieure. La partie frontale de la tête porte deux taches oculaires noires bien visibles en arrière des rhinophores.
Dans la zone de distribution méditerranéenne, nous pouvons citer deux espèces :
La cyerce grecque appartient à l'ordre des sacoglosses et, comme l'écrasante majorité d'entre eux, est herbivore. On peut ainsi la rencontrer sur l'udotée (Flabellia petiolata) ou la monnaie de Poséidon (Halimeda tuna).
Sa radula* lui permet de percer la paroi des cellules végétales pour en aspirer le contenu. Cela leur a valu le surnom anglais de "sap-sucking sea-slugs" : limaces de mer suceuses de sève.
La papille génitale est classiquement localisée sur la partie postérieure droite de la tête.
Les œufs sont minuscules, de couleur nacrée et forment un ruban qui sera disposé (en spirale ?) sur le thalle* de l'algue de prédilection de la cyerce grecque, probablement à l'automne.
La radula*, sorte de langue râpeuse, comporte une seule file de dents (formule* radulaire généralement rencontrée : 16 à 17 x (0-1-0)) en forme de scalpel dont la première est utilisée pour percer la paroi des cellules des algues. Les dents usées tombent dans un sac buccal où elles sont stockées. Le terme sacoglosse (ordre taxonomique de cette espèce) dérive de cette particularité de la radula (glosse = langue) dont l'extrémité antérieure plonge dans ce sac de récolte. La taille de ce sac augmente donc avec l'âge de l'animal.
La papille anale, courte et pâle, est située latéro-dorsalement sur le côté droit, au niveau des cérates les plus antérieurs. Elle n'est généralement pas visible par le plongeur.
Sous les zones brunes des cérates, des sortes de petites formes opalescentes peuvent parfois aussi être observées et correspondent probablement à des glandes à caractère défensif.
La cyerce grecque peut perdre ses cérates par autotomie*. Cela implique qu'ils ne contiennent pas de glandes digestives ou de structures de réserves alimentaires. Les cérates perdus ou largués semblent animés d'une vie propre pendant plusieurs heures et changent constamment de forme ! Cela aurait pour effet de distraire d'éventuels prédateurs.
L'animal est capable de régénérer les cérates perdus.
Cyerce grecque : traduction du nom scientifique.
Cyerce : l'origine du nom de genre est incertaine, Bergh, descripteur de ce genre, n'ayant pas donné d'indication. Le mot Cyerce pourrait être issu du latin [circius] = vent du nord-ouest, les mots cyerce ou cers désignant le vent d'ouest soufflant dans le sud-ouest de la France et particulièrement violent sur le bas Languedoc. Bergh, habitué à créer des noms de genre d'après des personnages de la mythologie ou des légendes, aurait pu être séduit par la consonance mythologique de ce mot, circius.
graeca : grecque, de Grèce. Le nom fait allusion à l'origine géographique des premiers spécimens décrits et qui avaient été collectés en mer Ionienne (Grèce).
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Heterobranchia | Hétérobranches | |
Super ordre | Sacoglossa | Sacoglosses | Coquille à paroi fine et en forme d’œuf ou de 2 valves, ou absente. Les espèces sans coquille sont pourvues de parapodies ou de cérates. 2 paires ou pas de tentacules sur la tête (rhinophores en tube). |
Famille | Hermaeidae | Hermaeidés | |
Genre | Cyerce | ||
Espèce | graeca |
Blanc translucide
Animal blanc translucide, aux épais cérates gonflés, margés de blanc et brun.
Cap d'Antibes (06), 15 m, de nuit
21/10/2008
Vue de profil
Les pigments bruns semblent plus présents sur les parties basses de l'animal, notamment au niveau des cérates inférieurs.
Saint-Raphaël, baie d'Agay (83), 8 m
22/06/2013
Partie antéro-ventrale et rhinophores
Sur cette vue d'en dessous, nous pouvons observer l'avant du pied constitué de deux lobes (propodium), surplombé par les courts tentacules oraux, blanc pâle. Au-dessus, les rhinophores enroulés et bifides sont des organes chimiosensoriels de l'animal.
Cap d'Antibes (06), 15 m, de nuit
21/10/2008
Vue dorsale
A la base des rhinophores, les deux points noirs correspondent aux
taches oculaires. Ces organes offrent à l'animal des informations
principalement sur la luminosité.
Derrière ces taches oculaires et lorsque l'on peut distinguer la partie dorsale, celle-ci semble contenir un motif caractéristique de couleur brun-chocolat.
En arrière encore, sur cette photo, une zone verdâtre dont la couleur émane probablement de la glande digestive.
Cap d'Antibes (06), 15 m, de nuit
21/10/2008
Biotope
C'est le plus souvent sur les végétaux qui lui servent de nourriture que nous pouvons rencontrer la cyerce grecque. Ici, elle se prélasse sur un article de monnaie de Poséidon Halimeda tuna.
Cap d'Antibes (06), 12 m
15/10/2009
Bathymétrie
Cette cyerce couvre une large bathymétrie puisqu'on peut la rencontrer dans de faibles profondeurs, depuis les premiers mètres, comme ici, jusqu'à 25 à 30 m de profondeur.
Saint-Raphaël, baie d'Agay (83), 8 m
22/06/2013
Moment de ponte
Pour une raison inconnue (stress, courant, mouvement d'un plongeur...) l'animal a quitté son support. Il y reste néanmoins attaché par le fil de ponte qu'il était en train de produire ! Nous en voyons d'autres segments, fil pointillé, sur le thalle de l'algue qui le recevait.
Cap d'Antibes (06), 15 m, de nuit
21/10/2008
Méditerranéenne, mais...
Principalement méditerranéenne, cette jolie cyerce a initialement été observée en mer Ionienne (d'où son nom de graeca) puis en Croatie, en France, en Espagne...
Deux uniques signalements laissent à penser que Cyerce graeca est également présente à Madère et dans les Açores.
Antibes (06), 10 m
05/2009
Dans le Var
Petite promenade sur le substrat dur, à la recherche des algues dont elle se nourrit. L'udotée (Flabellia petiolata) ou la monnaie de Poséidon (Halimeda tuna) seront ses mets de choix dans cette région.
Saint-Raphaël, baie d'Agay (83), 8 m
22/06/2013
Rédacteur principal : Jacques COVES
Vérificateur : Alain-Pierre SITTLER
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER
Thompson T.E., 1988, Eastern Mediterranean Opisthobranchs: Oxynoidae, Polibranchiidae, Stiligeridae (Sacoglossa), Journal of Molluscan Studies, 54, 157-172.
Medrano S., Krug P.J., Gosliner T.M., Biju Kumar A., Valdés A., 2019, Systematics of Polybranchia Pease, 1860 (Mollusca: Gastropoda: Sacoglossa) based on molecular and morphological data, Zoological Journal of the Linnean Society, 186, 76-115.