Bryozoaire encroûtant unilamellaire
Couleur blanchâtre, plus ou moins translucide et dorée
Grandes ouvertures rectangulaires ou en forme de cloche (aspect de râpe à fromage)
Principalement observé sur l'estran ou dans les ports
Cryptosule de Pallas
Eschara pallasiana Moll, 1803
Lepralia pallasiana (Moll, 1803)
Smittina pallasiana (Levinsen, 1909)
Mer du Nord, Manche, Atlantique Nord-Est, Méditerranée, mer Noire et de nombreux ports de la planète
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ○ [Méditerranée française], ● Atlantique Nord-Ouest Cryptosula pallasiana s'observe principalement en mer du Nord, en Manche, en Atlantique Nord-Est et plus rarement en Méditerranée et en mer Noire. En Méditerranée française il a été observé avec certitude dans le port de Marseille et dans différents étangs littoraux (Berre, Gloria, Thau).
Bryozoaire du biofouling*, natif de l'Atlantique Nord-Est, on le rencontre dans différents ports de la planète (Atlantique Nord-Ouest et Sud-Ouest, Pacifique Nord et Sud).
Ce bryozoaire encroûtant s'installe sur et sous les pierres, sur les ascidies, les algues (laminaires), les coquilles et diverses surfaces libres en milieu portuaire (quais, pontons, coques de navires, verre, plastiques, ciment,...). Présent dès la surface (estran*), il est retrouvé beaucoup plus rarement jusqu'à 30 à 50 m de profondeur.
De par sa résistance à différents facteurs (apport d'eau douce, proximité de sable fin...), ce bryozoaire persiste presque seul dans plusieurs stations littorales et portuaires dessalées.
Cryptosula pallasiana forme des colonies encroûtantes unilamellaires (une seule couche) de quelques centimètres de diamètre. Dans certains cas, mais c'est rare, on observe des extensions légèrement redressées. Les colonies vivantes montrent une couleur blanchâtre ou dorée, parfois teintée de rose ou d'orange. L'aspect de la colonie est brillant et translucide. Les échantillons secs sont de couleur grisâtre, mate et plus opaque. Les autozoïdes* s'organisent en rangées parallèles, ils sont de forme rectangulaire à hexagonale, convexes et séparés par des sutures (des sillons) bien visibles.
Les grandes ouvertures rectangulaires en forme de cloche au bout de chaque autozoïde* donnent à ce bryozoaire, sur une vue rapprochée, un aspect de râpe à fromage.
Voir la description microscopique dans "divers biologie".
Cryptosula pallasiana est le seul représentant du genre sur les côtes françaises de métropole. Néanmoins, plusieurs bryozoaires encroûtant les pierres de l'estran des côtes françaises atlantiques et de Manche lui ressemblent fortement, dont principalement :
Oshurkovia littoralis (Hastings, 1944) : plaque unilamellaire bien plus calcifiée et régulièrement rugueuse avec un même aspect de râpe à fromage mais plus marqué. Ce bryozoaire orange terne, virant parfois au vert, vit dans l'estran et les petits fonds. Sa distribution est limitée au nord de l'Europe. Il ne possède pas non plus d'ovicelles*, mais ses embryons rougeâtres sont visibles par transparence en automne et hiver.
Schizoporella unicornis (Johnston in Wood, 1844) : bryozoaire encroûtant de l'estran de couleur blanchâtre orangé à rosé translucide ou brun jaunâtre chez les vieilles colonies. Il présente très souvent de larges zones granuleuses plus claires correspondant aux ovicelles externes. Ses ouvertures sont plus petites que celles de Cryptosula pallasiana ou de Oshurkovia littoralis.
Ce bryozoaire est un filtreur* suspensivore* microphage* actif ; il consomme des bactéries, des diatomées* ainsi que d'autres algues unicellulaires.
La nutrition des zoécies* est assurée de manière individuelle par chaque polypide* de la colonie. Lors de la prise de nourriture, l'opercule s'ouvre et le lophophore* est érigé en entonnoir. Les cils des tentacules*, capables de créer des microcourants, permettent l'acheminement des particules alimentaires vers la bouche au centre du lophophore.
Chez les bryozoaires, les deux types de reproduction, sexuée et asexuée, concourent au développement.
Au sein d'une même colonie, des zoïdes* mâles et femelles existent, mais on connaît aussi des zoïdes hermaphrodites*.
La fécondation (reproduction sexuée) conduit à la formation d'embryons* de couleur orange, incubés dans une poche membraneuse interne. Les ovicelles* sont effectivement absents chez Cryptosula (d'où le nom du genre). Une fois expulsées, les larves* libres et nageuses, assurent la dissémination spatiale de l'espèce. Elles ont une vie planctonique*. Puis, ces larves se fixent et se transforment en zoïdes primaires isolés appelés ancestrules*.
Chaque ancestrule forme une nouvelle colonie (reproduction asexuée) par bourgeonnement*, ce qui assure la croissance de la colonie. La croissance des colonies est rapide chez cette espèce (ex : 40 à 45 mm de diamètre en moins de 4 mois dans l'étang de Berre dans les Bouches du Rhône).
Tous les brouteurs comme les oursins et les poissons sont susceptibles de consommer cette espèce. Même des nudibranches comme par exemple en Asie Okenia eolida (Quoy & Gaimard, 1832), et en Europe Acanthodoris pilosa (Abilgaard in Müller, 1789) et Palio dubia (M. Sars, 1829).
Cette espèce, comme les autres bryozoaires encroûtants est également soumise à la concurrence et la prolifération des éponges, des algues et des tuniciers.
Description microscopique :
Paroi frontale faiblement calcifiée, à nombreux pores et recouverte de nombreux nodules mamelonnés donnant un aspect fripé à la surface. Parois verticales avec septula* (septules*) multiporeuses.
Umbo* suboral médian réduit, souvent présent.
Taille des zoïdes* jusqu'à 0,9 mm sur 0,6 mm.
Ouverture caractéristique allongée rectangulaire ou en forme de cloche, arrondie en distal*, légèrement resserrée au tiers proximal* et presque plate en mésial*. Opercule* brun foncé.
Aviculaire* suboral petit, arrondi et inconstant.
Ovicelles* et épines absentes.
Lophophore* discret à 16-17 tentacules.
Des stérols oxygénés cytotoxiques ont été extraits de Cryptosula pallasiana.
Cette espèce est connue à l'état fossile depuis le Miocène (-23 Millions d'années).
Crytosule est la simple reprise du nom de genre pour ce bryozoaire. "Cloche" se réfère à la forme caractéristique de l'ouverture. Il s'agit d'une proposition des auteurs du site DORIS.
Cryptosula : du grec [crypto-] = se cacher et du latin [-ulus] ? = suffixe diminutif ? (recherche en cours). En rapport avec le fait qu'il n'y a pas d'ovicelle externe dans ce genre, l'embryon se développe dans une poche membraneuse interne.
pallasiana : en l'honneur de Dr. Peter Simon Pallas, ( 1741-1811), biologiste allemand qui enseigna surtout à St Pétersbourg, il a décrit de nombreuses espèces de la faune et de la flore de la Russie des tsars (Oural, Sibérie, lac Baïkal, Crimée, mer Noire).
Numéro d'entrée WoRMS : 111343
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Bryozoa / Ectoprocta | Bryozoaires / Ectoproctes | Petits animaux coloniaux filtreurs aquatiques fixés à un substrat. Tous les zoïdes sont en continuité physique et issus de bourgeonnement à partir d’un individu unique. Chaque zoïde porte un lophophore rétractile et est abrité dans une logette. |
Classe | Gymnolaemata | Gymnolèmes | Colonies polymorphes. Les zoïdes sont cylindriques ou aplatis, les lophophores circulaires. Les parois peuvent être calcifiées ou non. Presque tous marins. |
Ordre | Cheilostomatida | Cheilostomes | Bryozoaires calcifiés, zoïdes* en forme de boîte obturée par un opercule à charnière. Gymnolèmes les plus nombreux et les plus diversifiés des régions littorales, souples à rigides. Groupe au polymorphisme marqué où l’on trouve des individus différenciés (aviculaires, vibraculaires, ovicelles globuleux…). |
Sous-ordre | Flustrina | Flustrine | |
Famille | Cryptosulidae | Cryptosulidés | |
Genre | Cryptosula | ||
Espèce | pallasiana |
Sous une pierre en bas de l'estran
Cryptosula pallasiana est un bryozoaire encroûtant, peu calcifié et marqué par de nombreux "trous" (les ouvertures) bien visibles.
Sainte-Marie-sur-Mer, Pornic (44), bas de l'estran (grande marée)
16/03/2014
Croûte rugueuse unilamellaire de couleur crème
Croûte translucide formée d'une seule couche d'individus. Paroi frontale fripée et ouverture allongée.
La colonie voisine barrée (X) correspond à Schizoporella unicornis.
Bretagne, estran
23/08/2009
Vieille colonie sous une pierre
Observée sous une pierre immergée (ici provisoirement retournée), cette colonie ancienne et étendue montre un aspect moins translucide. La petite crevette qui fait la morte est Athanas nitescens.
Saint Malo (35), estran
30/10/2011
Sur une moule
Vu de loin, ce bryozoaire encroûtant ressemble à beaucoup d'autres.
Ile Grande, Côtes d'Armor (22), estran
23/01/2017
Croûte faiblement calcifiée
Notez en haut à droite le squelette blanchâtre d'une colonie de Cryptosula pallasiana morte. Les ouvertures larges et les pores de la paroi frontale y sont bien visibles.
Ile Grande, Côtes d'Armor (22), estran
23/01/2017
Parois frontales à l'aspect fripé
Les parois frontales faiblement calcifiées sont recouvertes de nombreux nodules mamelonnés donnant un aspect fripé à la surface.
Ile Grande, Côtes d'Armor (22), estran
23/01/2017
Cryptosula pallasiana vs schizoporella unicornis
Ces deux jeunes bryozoaires encroûtants et translucides s'affrontent pour la conquête de l'espace. A gauche Cryptosula pallasiana avec ses grandes ouvertures en forme de cloche et à droite Shizoporella unicornis avec ses ouvertures orbiculaires plus petites, ses umbo* et ses aviculaires* latéraux.
Raguenes, Névez, Bretagne Sud-Ouest, Finistère (29), estran
23/08/2009
Autozoïdes au microscope
Notez les grandes ouvertures, les parois frontales à l'aspect fripé et les sillons marqués entre chaque autozoïde.
Sur le lophophore déployé en haut à droite on compte 16 tentacules.
Ile Grande, Côtes d'Armor (22), estran
32/01/2017
Dans l'étang de Berre
Cryptosula pallasiana est bien présent dans les lagunes méditerranéennes.
Port des Heures Claires, Istres, étang de Berre (13), 1 m
25/07/2021
Colonie séchée au microscope
Notez l'aspect plus opaque des colonies séchées.
Port du Havre (76)
2014
Nodules mamelonnés (vue à l'épiscope)
Les parois frontales sont recouvertes de nombreux nodules mamelonnés donnant un aspect fripé à la surface.
Port du Havre, Manche (76), épiscope
2014
Pores nombreux (microscope)
Notez sur la paroi frontale les nombreux petits pores.
Ile Grande, Côtes d'Armor (22), estran
23/01/2017
Dessin ancien
Paroi frontale faiblement calcifiée, à nombreux pores et recouverte de nombreux nodules mamelonnés donnant un aspect fripé à la surface. Ouverture caractéristique allongée en forme de cloche, arrondie à l'extrémité et presque plate en bas.
Rq : les barres d'indication de taille sont en pouce (0,01 pouce = 0,254 mm).
BUSK, 1852, planche 83, figures 1 & 2
Reproduction de documents anciens
1852
Rédacteur principal : Frédéric ANDRÉ
Vérificateur : Yves MÜLLER
Responsable régional : Frédéric ANDRÉ
Faasse M., De Blauwe H., 2004, Faunistisch overzicht van de mariene mosdiertjes van Nederland (Bryozoa: Stenolaemata, Gymnolaemata), in Nederlandse faunistische mededelingen, 21, 17-54.