Éolidien de petite taille
Corps allongé, translucide, blanc
Cérates jaune-orangé, orange, rouges, bruns ou verts
Extrémité des cérates, des rhinophores et des tentacules oraux blanche
Rhinophores lisses
Flabelline gracile
Slender eolis (GB), Grazile Fadenschnecke (D), Slanke waaierslak (NL)
Eolis gracilis Alder & Hancock, 1844
Flabellina gracilis (Alder & Hancock, 1844)
Microchlamylla gracilis (Alder & Hancock, 1844)
Eolis smaragdina Alder & Hancock, 1851
Atlantique Nord-Est et Nord-Ouest
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ● Atlantique Nord-OuestCe nudibranche se rencontre dans l'océan Atlantique, du nord de l’Europe (Islande, Norvège) à la France (golfe de Gascogne) et en Amérique du Nord (côte est).
La coryphelle gracile est observée sur les fonds rocheux de l’infralittoral* dans des zones semi-abritées mais exposées aux courants de marées. De la surface jusqu’à 35 m environ.
La coryphelle gracile est un éolidien de 8 mm à 18 mm. Le corps est blanc, translucide, avec des cérates* en bouquets disposés normalement en 5 à 7 rangées transversales de chaque côté du dos chez les adultes. Les rhinophores* sont fins, lisses et à peu près de la même longueur que les tentacules oraux.Entre les tentacules oraux, la tête porte une légère entaille en forme de V. Les cérates contiennent une extension de la glande digestive, généralement de couleur orange à rouge vif, parfois verte (variété smaragdina). Une partie des rhinophores et des tentacules oraux ainsi que la pointe des cérates est blanche. Les bords antérieurs du pied s’étendent latéralement en tentacules pédieux pointus, qui sont de largeur égale à celle du pied. La queue est longue, fine et pointue et porte souvent des taches blanches. Chez les adultes (10 à 12 mm) on peut observer, par transparence, de petites boules blanches au centre du dos (ovotestis*).
La coryphelle gracile peut être confondue avec Coryphella verrucosa ou Fjordia browni ainsi qu’avec des juvéniles d’autres espèces proches.
- Fjordia browni (Picton, 1980) : les cérates se terminent par un plus large anneau blanc. Sa taille adulte peut être le double de celle de M. gracilis.
- Coryphella verrucosa (M. Sars, 1829) : les cérates sont disposés en bouquets obliques. Elle possède une très longue queue avec des points blancs. Les anneaux blancs à l’extrémité des cérates sont très fins.
- Carronella pellucida : cette espèce pourrait être confondue avec M. gracilis mais sa distribution est essentiellement boréale (Ecosse). De plus, ses cérates sont assez longs avec une apparence hirsute.
- Calmella cavolini (Verany, 1846) : corps blanc et cérates rouges mais cette espèce est endémique de la Méditerranée.
La coryphelle gracile se nourrit d’hydraires (Eudendrium arbuscula, E. ramosum au printemps et de Halecium spp. et Clytia johnstoni en automne, aux Pays-Bas).
Comme les autres éolidiens l'espèce est hermaphrodite*. Les pontes ont lieu au printemps (mai-juin). Elles ont la forme d’un cordon blanc torsadé posé de façon irrégulière sur sa nourriture préférée. Déposé sur une surface plane, le cordon forme un motif cranté (frise grecque) et est enroulé en une spirale lâche. L’éclosion a lieu après une quinzaine de jours à une température de 12 °C et produit des larves* planctoniques* planctotrophes (qui se nourrissent de plancton cf. planctotrophique*) qui peuvent rester de quelques jours à quelques semaines dans la colonne d’eau.
Comme la plupart des éolidiens, C. gracilis récupère les cnidocytes* embryonnaires (les cellules urticantes) des cnidaires qu’elle consomme. Ces cellules sont conservées, intactes, dans des cnidosacs* situés juste sous l’extrémité des cérates* où elles terminent leur maturation. L’animal peut les éjecter en cas d’attaque par un prédateur. Compte tenu de l’efficacité de cette défense, on ne connaît pas de prédateur à la C. gracilis adulte.
Les opisthobranches qui, comme C. gracilis, utilisent des moyens de défense très efficaces (recyclage de cnidocytes, sécrétions d’acides puissants, etc.) présentent souvent des colorations très vives, que leurs prédateurs apprennent à associer aux désagréments subis lors d’un premier contact et à éviter ensuite.
Ce mécanisme de défense (dissuasion) par couleurs voyantes est appelé aposématisme (cf aposématique*). Il bénéficie parfois aussi à des espèces inoffensives mais très ressemblantes.
L’animal possède, dans la bouche, une radula*, sorte de râpe dentelée mobile, munie de denticules acérés, qui lui sert à attaquer les polypes d’hydraires lui servant de proies.
L’anus se trouve en dessous de la première rangée du deuxième bouquet de cérates. Les pores génitaux se trouvent sur le flanc droit, en dessous et en arrière de la première ligne de bouquets de cérates. Le pénis est long avec une extrémité conique.
C'est une espèce commune dans le sud des Pays-Bas (Zélande) entre mars et juillet, mais aussi présente de novembre à juillet de l’année suivante.
Sa présence est liée à celle de ses proies.
Coryphelle gracile : le nom commun devrait logiquement être la francisation de « Coryphella » mais pour des raisons d’habitudes, nous conservons aussi son ancienne appellation française « Flabelline », toujours très usitée.
Coryphella : du latin [coryphella]. Dans la mythologie grecque, Coryphé était la fille de l'Océan.
gracilis : du latin [gracilis] = gracile, mince.
Numéro d'entrée WoRMS : 139981
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Heterobranchia | Hétérobranches | |
Super ordre | Nudipleura | Nudipleures | |
Ordre | Nudibranchia | Nudibranches | Cavité palléale et coquille absentes chez l’adulte. Lobes pédieux souvent absents aussi. Respiration cutanée, à l’aide de branchies, de cérates ou d’autres appendices. Tête portant une ou deux paires de tentacules, les tentacules postérieurs ou rhinophores peuvent parfois être rétractés dans des gaines. Principalement marins ou d’eau saumâtre. |
Sous-ordre | Cladobranchia | Cladobranches | |
Famille | Coryphellidae | Coryphellidés | |
Genre | Coryphella | ||
Espèce | gracilis |
Adulte en Zélande
Chez les adultes on peut observer, par transparence, de petites boules blanches au centre du dos : les ovotestis.
Zélande (Pays-Bas), 8 m
06/05/2008
Sur Eudendrium sp.
Eudendrium sp. est leur proie habituelle. « sp. » car sans un échantillon de la colonie, il est impossible de déterminer avec certitude l’espèce (seulement le genre).
A droite sur la photo, une ponte posée sur son substrat normal d'Eudendrium et qui de ce fait présente sa forme naturelle plus ou moins irrégulière (la plupart des photos de ponte sont faites en laboratoire sur substrat plat).
Zélande (Pays-Bas), 8 m
19/03/2006
Implantation des cérates
C’est un critère de détermination important. Chez C. gracilis, les cérates sont directement implantés sur la surface du dos sans l’intermédiaire d’un pédoncule.
Zélande (Pays-Bas), 8 m
25/02/2009
Confusions possibles
Peut être confondue avec F. verrucosa ou F. browni ainsi qu’avec des juvéniles d’autres espèces de Flabellina.
- Flabellina browni : les cérates se terminent par un plus large anneau blanc. Sa taille adulte peut être le double de celle de M. gracilis.
- Flabellina verrucosa : les cérates ne sont pas distinctement alignés en groupes. Très longue queue avec des points blancs. Les anneaux blancs à l’extrémité des cérates sont très fins.
- Flabellina pellucida : cette espèce pourrait être confondue avec C. gracilis mais sa distribution est essentiellement boréale (Ecosse). De plus ses cérates sont assez longs avec une apparence hirsute.
Zélande (Pays-Bas), 8 m
06/05/2008
Sur Tubularia cf. indivisa
Elle est posée sur un autre hydrozoaire, Tubularia cf. indivisa. « cf. » car cela y ressemble plus qu'à Ectopleura larynx, mais il faudrait une photo de toute la colonie pour en être certain.
Remarque : il n'est pas du tout certain qu'elle s'en nourrisse.
Zélande (Pays-Bas), 8 m
19/03/2006
Variante smaragdina
Les cérates contiennent une extension de la glande digestive, généralement de couleur orange à rouge vif sauf la variante smaragdina de couleur verte.
Zélande (Pays-Bas)
06/2006
Tentacule pédieux pointu.
Gros plan sur l'avant de la coryphelle gracile où l'on discerne bien un tentacule pédieux pointu
Zélande (Pays-Bas), 8m
18/06/2023
Rédacteur principal : Miria ROSSI
Vérificateur : Alex VANHAELEN
Correcteur : Yves MÜLLER
Responsable régional : Jean-Pierre COROLLA
Gmelig Meyling A.W., de Bruyne R.H., 2003, HET DUIKEN GEBRUIKEN 2. GEGEVENSANALYSE VAN HET MONITORINGSPROJECT ONDERWATER OEVER, FAUNA-ONDERZOEK MET SPORTDUIKERS IN DE OOSTERSCHELDE EN HET GREVELINGENMEER. PERIODE 1978 T/M 2002, , Stichting ANEMOON, 93p.
Gosselck F., & al., 2009, Trivialnamen für Mollusken des Meeres und Brackwassers in Deutschland 'Polyplacophora, Gastropoda, Bivalvia, Scaphopoda und Cephalopoda), Mollusca, 27(1), 3-32.
Korshunova T., Martynov A., Bakken T., Evertsen J., Fletcher K., Mudianta W., Saito H. Lundin K., Schrödl M., Picton B., 2017, Polyphyly of the traditional family Flabellinidae affects a major group of Nudibranchia: aeolidacean taxonomic reassessment with descriptions of several new families, genera, and species (Mollusca, Gastropoda), ZooKeys, 717, 1-139.
Kuzirian A.M., 1979, Taxonomy and biology of four New England coryphellid nudibranchs, Journal of Molluscan Studies, 45, 239-261.
Swennen C., Dekker R., 1987, De Nederlandse Zeenaktslakken, Wetenschappelijke Mededeling van de Koninklijke Nederlandse Natuurhistorische Vereniging, n° 183, Uitgeverij KNNV, Hoogwoud (NL), 53p.
Anonyme, 2009, Flabellina gracilis, soortinformatie, disponible ici
Anonyme, 2009, Flabellina gracilis (Alder & Hancock, 1844), NLBIF biodiversiteitsportaal, Marine Species Identification Portal
La page sur Flabellina gracilis dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN