Taille maximale 8 cm
Cinq larges barres verticales noires sur fond blanc sur le corps
Marque noire étroite dans l’axe vertical du museau
Occasionnellement, petites taches bleu électrique en fin de dorsale et sur la tête
Pelviennes de grande taille, noires à liseré bleu électrique
Demoiselle footballeur
Footballer demoiselle (GB), Voetbalspeler, footballer (Afrique du Sud)
Pomacentrus annulatus Peters, 1855
Abudefduf annulatus (Peters, 1855)
Glyphidodon westermani Bleeker,1863
Ouest de l’océan indien
Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge]La frange ouest de la distribution va, pour cette espèce, de la mer Rouge à la côte nord de l’Afrique du Sud (KwaZulu Natal) en passant par l’Afrique de l’Est. Plus à l’est, on trouve l’espèce à Mayotte, à Madagascar, à La Réunion, aux Seychelles et à Maurice.
On rencontre cette espèce de 0 à 2 mètres, sur des champs d‘algues, dans des zones sablo-détritiques* favorables aux gazons algaux, mais aussi parfois dans les herbiers de phanérogames*, comme à Madagascar.
Le corps est ovale, sa hauteur (distance entre base du 3e rayon dur de la dorsale et base du 1er rayon des pelviennes) entre environ 1,7 fois dans la longueur standard (longueur sans la queue). Il est comprimé latéralement. Sa taille peut aller jusqu’à 8 cm.
Cette demoiselle est blanche et porte cinq larges barres verticales noires. La partie supérieure du corps, de la bouche à la fin de la nageoire dorsale, peut être jaunissante. On trouve une marque noire étroite dans l’axe vertical du museau allant de la zone interorbitale au menton en traversant la bouche. Cette marque est reliée à la première barre par une fine ligne noire sous le menton. La première barre dessine un V inversé sur la nuque et descend jusqu’au menton en englobant les yeux, la deuxième, qui chevauche le dos derrière la nuque en englobant le premier rayon de la dorsale, passe par les pectorales et va jusqu’aux pelviennes en fusionnant avec la troisième barre à ce niveau. La troisième barre, généralement la plus large, part du milieu de la dorsale et va jusqu’à la partie abdominale où elle fusionne avec la deuxième barre. La quatrième part de la base des rayons mous de la dorsale et va jusqu’aux deux tiers postérieurs de l’anale. La dernière barre, la moins large, marque la partie postérieure du pédoncule* caudal.
Les écailles sont de grande taille.
La tête est petite, avec une bouche oblique de petite taille et de grands yeux traversés ou englobés par la première barre noire. Son profil dorsal est nettement convexe. La marque noire qui va de la lèvre supérieure au front peut avoir les bords bleuissants, voire être intégralement gris bleuté. On peut aussi observer de minuscules taches bleu électrique parsemées sur le museau, la première bande noire et les yeux.
La nageoire dorsale est longue, ses rayons mous sont plus hauts que les derniers rayons durs et forment une sorte de lobe arrondi en fin de nageoire. Elle est blanche et plus ou moins nettement marquée par de larges zones noires dans le prolongement des deuxième, troisième et quatrième barres ornant le corps. On peut parfois observer un amas de petites taches bleu électrique dans la quatrième zone noire à la limite des rayons durs et mous, à l’emplacement où le juvénile présente un ocelle bleu à large bordure noire. Un fin liseré turquoise borde la membrane dans la partie des rayons durs. La nageoire anale est courte avec une large partie noire correspondant à la quatrième barre. Un liseré bleu électrique est présent sur le bord de cette partie, et les rayons qui lui succèdent peuvent être bleutés.
Les pectorales sont longues et translucides. Les pelviennes, de grande taille, sont noires à liseré bleu électrique.
La nageoire caudale est légèrement échancrée à lobes arrondis, ses rayons peuvent être bleuissants.
Le patron de couleur des juvéniles est décrit dans la partie "Reproduction" de cette fiche (voir infra).
Il existe un certain nombre de demoiselles blanches à barres verticales noires dans les eaux tropicales du domaine indo-Pacifique (Chrysiptera tricincta, C. kuiteri, Dascyllus melanurus, notamment), mais elles vivent en dehors de la distribution de C. annulata (ouest de l’océan Indien) et aucune ne présente cinq bandes noires.
Dans sa distribution, C. annulata ne peut être confondue qu’avec Dascyllus aruanus, mais celle-ci ne présente que trois bandes noires, dont la première recouvre la tête depuis le menton jusqu’au début de la nageoire dorsale en englobant les yeux.
L’espèce se nourrit d’algues et de petits invertébrés benthiques* et planctoniques*. Les algues consommées sont le plus souvent des espèces des genres Padina, Sargassum ou Turbinaria.
A notre connaissance et à la date de publication de cette fiche (juin 2018), la reproduction n’est pas documentée chez cette espèce. Toutefois, les Pomacentridés sont tous des pondeurs démersaux* dont les œufs adhèrent au substrat* et sont gardés et ventilés par les mâles. La reproduction se fait en couples (pas en groupes). La durée de vie larvaire moyenne calculée pour 11 espèces de cette famille va de 21 à 24 jours. Les larves* sont pélagiques* et apparemment incapables, contrairement à celles de nombreuses autres familles de poissons, de retarder leur métamorphose* en juvénile après le dernier stade larvaire. Il est donc impératif qu’elles aient trouvé un récif adapté à leurs besoins pendant cette période. Cette impossibilité limite la capacité de dispersion de ces espèces.
La post-larve* de Chrysiptera annulata est translucide, la masse des viscères formant une poche argentée, avec quelques marques noirâtres ou jaunâtres sur le front et la dorsale.
Puis, des groupes plus ou moins denses de points noirs apparaissent sur les nageoires dorsale et anale ainsi que sur le front et l’arrière du corps, préfigurant les quatrième et cinquième barres noires de l’adulte. On observe un fin segment jaune vif au milieu de la dorsale, qui disparaîtra à l’étape suivante.
Ces groupes de points noirs se densifient ensuite et font apparaître les cinq barres, encore peu distinctes, et les nageoires dorsale, anale et pelviennes prennent leurs couleurs. Un ocelle bleu électrique à large bordure noire est présent au niveau des derniers rayons durs de la dorsale. Le corps est encore fuselé, puis il s’épaissit, l’ocelle bleu disparaît et les barres deviennent d’un noir mat.
Les très jeunes adultes ont le même patron de couleur que leurs aînés, mais les barres noires sont proportionnellement plus fines chez eux.
L’espèce est très territoriale, et donc agressive dans le cadre de la défense du territoire. Les territoires sont de très petite taille, leur surface est généralement inférieure à 1 m2, et ils peuvent être proches les uns des autres. Chrysiptera annulata est le plus souvent grégaire, mais dans certains sites elle est solitaire, comme c’est le cas par exemple à La Réunion.
Elle est considérée comme peu abondante dans l’ensemble de sa distribution.
La nageoire dorsale comprend 13 rayons durs et 12 à 13 rayons mous, l’anale comprend 2 rayons durs et 12 à 13 rayons mous. La ligne latérale* comprend 17 à 18 écailles perforées.
Demoiselle : ce nom donné à l’ensemble des Pomacentridés est aussi parfois employé pour les poissons-anges. Il semble associé aux assemblages de couleurs vives qui constituent la livrée de la plupart des espèces de ces groupes, peut-être en référence à une coquetterie vestimentaire présumée chez les jeunes filles.
footballeuse : cette qualification vient du nom vernaculaire anglais (« footballer demoiselle »), qui fait probablement allusion au maillot de certaines équipes de football lors de la naissance de ce sport en Angleterre en octobre 1863 et depuis. Certains étaient rayés verticalement de bandes noires et blanches alternées et certains le sont encore, comme celui du club de Newcastle United (fondé en 1892).
Chrysiptera : ce nom de genre est formé par l’association des mots grecs [chrysos], qui signifie « en or, doré » et désigne par extension tout objet brillant, et [pteron], qui signifie plume, ou aile. Le mot signifie donc « plumes/ailes dorées/brillantes », autrement dit, s’agissant de poissons, « nageoires dorées/brillantes ».
William Swainson (1789-1855), créateur du genre en 1839, ne donne pas d’explication pour le choix de ce mot. Le genre contient actuellement 37 espèces acceptées.
annulata : variante orthographique de l’adjectif latin [anulatus] (au féminin [anulata]), qui signifie « porteur d’un anneau ». Wilhelm Carl Hartwich Peters (1815-1883), le descripteur, décrit l’espèce sous l’actuel synonyme de Pomacentrus annulatus (Uebersicht der in Mossambique beobachteten Fische, in Archiv für Naturgeschichte vol. 21, p. 265) et n’explique pas le choix de l’épithète spécifique. L'analogie vient probablement des cinq bandes noires continues qui forment des anneaux et marquent le corps des individus de cette espèce.
La localité du type* est l’île de Mozambique (côte nord du Mozambique).
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Classe | Actinopterygii | Actinoptérygiens | Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées. |
Ordre | Perciformes | Perciformes | Nageoires pelviennes très rapprochées des nageoires pectorales. |
Sous-ordre | Labroidei | Labroïdes | Une seule dorsale, dents molariformes formant un puissant appareil masticatoire. |
Famille | Pomacentridae | Pomacentridés | |
Genre | Chrysiptera | ||
Espèce | annulata |
Demoiselle joueuse de football ?
Cette petite demoiselle au corps trapu arbore cinq barres noires sur une couleur de fond blanche. Ce patron évoque certains maillots de footballeurs, d’où sans doute son nom vernaculaire de « demoiselle footballeur », hérité du nom vernaculaire anglais « footballer demoiselle ».
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, océan Indien, 1,5 m
07/02/2018
Et du bleu...
Le bleu s’invite souvent dans la livrée sous la forme de groupes de très petites taches bleu électrique.
Il peut ne concerner que la face, mais on peut le trouver aussi à la jonction des rayons durs et mous de la dorsale, à l’emplacement de l’ocelle bleu à large bord noir présent chez le juvénile. Il peut encore teinter plus ou moins discrètement la partie postérieure des nageoires dorsale et anale, et colorer tout ou partie de la caudale.
En revanche, les liserés bleu électrique présents sur les pelviennes et l’anale, de même que le liseré turquoise sur la dorsale, sont toujours présents bien qu’ils puissent être plus ou moins visibles.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, océan Indien, 1,5 m
03/02/2018
... et du jaune
Le tiers supérieur du corps peut être jaunissant, mais cette couleur peut aussi ne concerner que la dorsale.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, océan Indien, 1,5 m
04/04/2018
Museau tatoué
Le museau porte une marque verticale noire partant de la zone interorbitale et descendant jusqu’au menton en traversant la bouche. Elle rejoint sur la gorge l’anneau formé par la première barre noire, l’ensemble faisant un masque.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, océan Indien, 1,5 m
03/02/2018
Ocelle fantôme
On peut parfois observer un amas de petites taches bleu électrique dispersées dans la zone noire à la limite des rayons durs et mous de la nageoire dorsale. Cet emplacement est celui où la livrée du juvénile présente un ocelle bleu à large bordure noire.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, océan Indien, 1,5 m
03/02/2018
Stabilisation
Toutes les nageoires jouent un rôle dans la stabilisation du poisson. La caudale, les pectorales et les pelviennes permettent l’orientation de la trajectoire. Notez la longueur des pelviennes chez cette espèce.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, océan Indien, 1,5 m
07/02/2018
Alimentation
L’espèce se nourrit d’algues et de petits invertébrés benthiques et planctoniques.
L’individu photographié est en train de se nourrir de plancton.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, océan Indien, 1,5 m
07/02/2018
Territoire
Les territoires sont de très petite taille, leur surface couvre généralement moins d’1 m2. La zone sableuse en face des débris coralliens devant lesquels cet individu patrouille est elle-même territorialisée, le propriétaire y avançant résolument pour chasser un intrus.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, océan Indien, 1,5 m
07/02/2018
Biotope (1)
Les territoires comprennent souvent, en zone sablo-détritique, des éléments de relief permettant de se cacher et de disposer d’algues pour se nourrir. On peut aussi trouver l’espèce dans des champs d’algues ou, plus rarement, dans des herbiers. Elle nage toujours près du substrat.
Sa distribution verticale documentée est extrêmement faible : elle va de 0 à
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, océan Indien, 1,5 m
21/02/2018
Biotope (2)
Cette photo a été prise par un mètre de fond dans un champ d‘algues à N’Gouja, au sud-ouest de Mayotte. On reconnaît à leur fronde, en forme de cornet ou d’éventail, les algues du genre Padina, prisées par Chrysiptera annulata.
N'Gouja, Grande Terre, Mayotte, océan Indien, 2 m
05/03/2017
A Mayotte
On peut rencontrer cette espèce de la mer Rouge à l’Afrique du Sud, et à Madagascar, à Mayotte, aux Seychelles, à Maurice et à La Réunion.
N'Gouja, Grande Terre, Mayotte, océan Indien, 2 m
12/12/2010
Rédacteur principal : Philippe BOURJON
Vérificateur : Alain-Pierre SITTLER
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER
Brothers E.B., Williams D. McB., Sale P.F., 1983, Length of larval life in twelves families of fishes at “One tree Lagoon”, Great Barrier Reef, Australia, Marine Biology, 76, 319-324.
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Lepoint G., Michel L., Parmentier E., Frédérich B., 2016, Trophic ecology of the seagrass-inhabiting footballer demoiselle Chrysiptera annulata (Peters, 1855); comparison with three other reef -associated damselfishes, Belgian Journal of Zoology, 146(1), 21-32.
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La page sur Chrysiptera annulata sur le site de référence de DORIS pour les poissons : FishBase