Forme massive ou forme à papilles
Couleur jaune poussin
Consistance molle
Nombreux épibiontes
Eponge celte
Bleke badspons (NL)
Celtodoryx girardae Perez, Perrin, Carteron, Vacelet & Boury-Esnault, 2006
Atlantique, mer du Nord, mer jaune, mer du Japon
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Cette éponge est originaire de la mer jaune et de la mer du Japon. On rencontre désormais cette éponge en Atlantique (France) et en mer du Nord.
En France, cette éponge est signalée en Ria d'Etel (56), dans le golfe du Morbihan (56), dans le bassin d'Arcachon (33) et au nord, sur les côtes de Hollande (Oosterschelde).
On trouve cette éponge dans les zones semi-fermées (golfes, rias...) avec de forts apports terrestres. Elle se fixe dans les zones de courant, sur les roches et les tombants rocheux, ainsi que sur des fonds caillouteux, sableux (coquillier). Des observations la signalent fréquemment entre 2 m et 20 m, plus rarement à 40 m.
On distingue deux formes :
- la forme massive : épaisse, aux contours arrondis, caractéristique des "vieilles" éponges.
- la forme digitiforme, en papilles : papilles tordues, très irrégulière. Ses dimensions sont difficiles à évaluer du fait de son recouvrement par d'autres espèces. Les plus grands individus atteignent 50 cm d'épaisseur pour une largeur de 60 cm, la largeur la plus fréquente se situant entre 20 et 30 cm. Les oscules ne sont pas visibles. Elle a une consistance souple, élastique, mais parfois compacte pour les formes massives. La surface est très irrégulière, granuleuse et retient de nombreuses particules et épibiontes *, ce qui masque sa couleur jaune poussin.
Lors d'une plongée, peu de confusion possible du fait de son aspect et de sa coloration jaune pâle.
Cependant, la forme en papilles peut ressembler à l'éponge-pinceau Ciocalypta penicillus, mais cette dernière a une forme beaucoup plus régulière (papilles coniques, droites, non ramifiées). L'aspect et la coloration peuvent parfois se rapprocher de l'éponge mie de pain Halichondria panicea, mais sur l'éponge celte, les oscules ne sont pas aussi visibles que sur l'éponge mie de pain.
Aucune information spécifique sur la reproduction de cette espèce.
La période de reproduction sexuée de cette éponge est mal connue et actuellement étudiée. La reproduction asexuée, par fractionnement, permet à cette éponge d'élargir ses sites de colonisation.
L'éponge chinoise est une éponge invasive récemment apparue (année 1996 pour les premières observations). Là où elle s'implante, elle entre en compétition avec les espèces locales pour l'occupation de l'espace et notamment d'autres éponges. Dans le golfe du Morbihan, elle englobe progressivement la base de la gorgone Eunicella verrucosa.
Sa surface rugueuse lui permet d'accueillir de nombreux épibiontes. Des algues rouges et des hydraires plumulaires comme Aglaophenia sont fréquemment observés sur cette éponge.
Lorsqu'elle est sortie de l'eau, cette éponge produit un abondant mucus transparent fait essentiellement de polysaccharides, ce qui constitue un excellent critère d'identification pour les scientifiques. Bien sûr, ce critère ne doit pas être retenu par les plongeurs non scientifiques, car en plus de raisons éthiques, nous n'avons pas le droit de prélever!!
Cette éponge invasive, récemment introduite, se développe dans plusieurs zones ostréicoles de nos côtes, ce qui laisse penser que c'est un facteur d'introduction possible, bien que les chercheurs n'aient actuellement aucune certitude. L'étude de 2011 réalisée par D. Henkel et D. Janussen ont mis en évidence que notre espèce bretonne est bien originaire de mer du Japon et qu'elle aurait été introduite avec des huîtres.
Elle semble régresser lors des périodes de froid important et prolongé (forte mortalité dans le golfe de Morbihan durant l'hiver 2003).
Les spicules sont de nature siliceuse.
On trouve 4 types de spicules* :
1 : microsclères isochèles* arqués (40-50 µm)
2 : microbaguettes oxychètes (75-80 µm)
3 : baguettes tylotes à tête épineuse (200 µm)
4 : baguettes strongyles* (300 µm)
(dimensions moyennes pouvant varier).
Eponge chinoise : cette éponge est originaire de Chine.
Eponge celte : proposition du site DORIS, les premières observations de cette éponge étant particulièrement concentrées sur le Morbihan.
Celtodoryx : de [Celto] : référence géographique, pays Celte, en référence aux sites de découverte de cette espèce, dans le golfe du Morbihan ; et de [doryx] : vient du grec "dory", qui signifie lance, et fait sans doute allusion aux spicules oxes et styles présents dans ces éponges.
Le x final est souvent utilisé dans cet ordre de Démosponges un peu fourre-tout (cf. Lissodendoryx, Acanthodoryx) c'est aussi un clin l'œil au nom du petit Gaulois intrépide qui résiste encore et toujours dans son petit village de Bretagne (n'oublions pas que le premier nom d'espèce proposé était morbihanensis !).
ciocalyptoides : de [cio] = colonne, [calypt] = enveloppe, couvercle et [oide] = qui a l'aspect de. Peut-être dû à sa forme en papilles.
girardae : d'après Annie Girard, qui la première a fait des observations de cette éponge, en 1996, en Ria d'Etel.
Numéro d'entrée WoRMS : 559274
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Porifera | Spongiaires / Eponges | Organismes exclusivement aquatiques, filtreurs, fixés au substrat, de formes variables, et percés d'orifices inhalants (ostioles ou pores) et exhalants (oscules). |
Classe | Demospongiae | Démosponges | Eponges dont la charpente est constituée de spicules siliceux (différenciés en méga- et microsclères) et de collagène dispersé ou structuré en fibres de spongine. Ovipares ou vivipares, larve typique = parenchymella. |
Ordre | Poecilosclerida | Poécilosclérides | « Eponges à spicules variés ». Charpente de spicules siliceux (styles ou acanthostyles) renforcée de spongine. Plusieurs types de mégasclères et de microsclères (chèles, sigmas...). |
Sous-ordre | Myxillina | Myxillines | |
Famille | Coelosphaeridae | Coelosphéridés | |
Genre | Celtodoryx | ||
Espèce | ciocalyptoides |
Une éponge invasive !
Observée depuis 1999, cette éponge invasive occupe progressivement la place des espèces locales.
Ria d'Etel (56)
06/2007
Un autre individu du golfe du Morbihan
Un individu de belle taille.
Golfe du Morbihan, 13 m
09/03/2008
Forme papillée
Au début de son développement, cette éponge prend une forme papillée, formant des "branches" très irrégulières.
Golfe de Morbihan (56)
05/2008
Compétition pour la place avec une gorgone
L'éponge chinoise envahit progressivement le substrat, étouffant les gorgones à la base. Elle entre également en compétition pour l'espace avec d'autres éponges locales.
Ria d'Etel (56)
04/2008
Concurrence et abri
La concurrence avec les autres filtreurs est rude. De petits hydraires tentent aussi de se faire une place à côté de cette éponge. D'autres animaux s'en servent comme cachette ; ici, on peut observer des bras de comatules et d'ophiures.
Magouer, Etel (56), 12 m
08/05/2010
En Zélande
Cette espèce qui affectionne les eaux chargées (et les zones de production ostréicole) a été repérée en Zélande depuis quelques années. Découverte le 22 juin 2002, l'éponge a d'abord été confondue avec Suberites massa (Nardo, 1847). L'erreur a été corrigée le 13 décembre 2007.
Wemeldinge (Oosterschelde), Zélande, 8m
28/02/2009
HLM pour Ophiures !
Les nombreux méandres et irrégularités de la surface de cette éponge sont un refuge très apprécié par l'ophiure fragile (Ophiotrix fragilis) qui peut cacher son corps et étendre ses bras vers le haut pour se nourrir.
Ria d'Etel
03/2008
Nombreux épibiontes
De nombreuses espèces se fixent sur l'éponge. D'autres survivent malgré leur base entourée par l'éponge chinoise. Ici, des hydraires plumulaires.
Ria d'Etel (56)
02/2008
Nombreux épibiontes
Parmi les épibiontes, des anémones (ici, une sagartie) et très souvent, des hydraires tubulaires (Tubularia sp.)
Ria d'Etel (56)
04/2007
4 types de spicules
Les spicules siliceux présentent plusieurs formes. Sur cette photo : 1 - microsclères isochèles arqués. 2 - baguettes oxychètes. 3 - baguettes tylotes à tête épineuse.
Microscope optique, appareil nikon coolpix sur objectif
2007
Spicules isochèles arqués
Cette photo sur microscope optique montre les spicules microsclères de type isochèles arqués sous 2 angles différents (dessus et côté). Ces spicules ont une taille d'environ 50 microns.
Microscope optique, appareil nikon coolpix sur objectif
2007
Spicules baguette : têtes épineuses
Les baguettes de type tylote et strongyle présentent la plupart du temps des têtes épineuses : parfois nombreuses petites épines, parfois rares épines plus grosses.
Microscope optique, appareil nikon coolpix sur objectif
2007
Rédacteur principal : Hervé LIMOUZIN
Correcteur : Gérard BRETON
Correcteur : Jean VACELET
Correcteur : Bertrand PERRIN
Responsable historique : Sandra SOHIER
Responsable régional : Frédéric ANDRÉ
Henkel, D.; Janussen, D. 2011, Redescription and new records of Celtodoryx ciocalyptoides (Demospongiae: Poecilosclerida) — a sponge invader in the north east Atlantic Ocean of Asian origin ?, Journal of the Marine Biological Association of the United Kingdom 91(2), 347–355.
Perez, T., Perrin, B., Carteron, S., Vacelet, J., Boury-Esnault, N. 2006, Celtodoryx girardae gen.nov. sp. nov., a new sponge species (Poecilosclerida: Demospongiae) invading the Gulf of Morbihan (North East Atlantic, France), Cahier de Biologie Marine, 47, 205-214.
La page de Celtodoryx cyocalyptoides sur le site de référence de Doris pour les spongiaires : World Porifera Database