Eponge mie de pain

Halichondria (Halichondria) panicea | (Pallas, 1766)

N° 908

Mer du Nord, Manche, Atlantique Nord-Est et Nord-Ouest, Méditerranée

Clé d'identification

Éponge revêtante
Consistance ferme et cassante
Oscules faisant penser à de petits cratères
Couleur jaune pâle à brunâtre
Intérieur jaune foncé à orange

Noms

Autres noms communs français

Éponge volcan, éponge manchon, éponge panaire, halichondrie mie de pain, croûte de pain

Noms communs internationaux

Breadcrumb sponge, crumb of bread sponge, breadcrumb horny sponge (GB), Pan de gaviota (E), Brotschwamm, Meerbrot, Brotkrustenschwamm, Brotkrumenschwamm, Klumpenschwamm (D), Gewone broodspons, broodspons (NL), Esponja-pão (Portugal), Brødsvamp (Norvège)

Synonymes du nom scientifique actuel

Quelques 74 synonymes ont été donnés à cette éponge, nous ne retiendrons ici que les principaux :

Spongia panicea Pallas, 1766
Halispongia papillaris
(Pallas, 1766)
Spongia tomentosa Linnaeus, 1767
Spongia cristata Ellis & Solander, 1786
Spongia tubulosa Ellis & Solander, 1786
Hymeniacidon brettii Bowerbank, 1866
Hymeniacidon reticulatus Bowerbank, 1866
Halichondria membrana (Bowerbank, 1866)
Trachyopsilla glaberrima Burton, 1931
Halichondria topsenti de Laubenfels, 1936

Distribution géographique

Mer du Nord, Manche, Atlantique Nord-Est et Nord-Ouest, Méditerranée

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ● Atlantique Nord-Ouest

La distribution de Halichondria (Halichondria) panicea est très vaste puisque l’on peut la rencontrer de l’Arctique à la Méditerranée en passant par les côtes européennes de Zélande, de Belgique et de France (Manche et Atlantique). Elle est également présente de l’autre côté de l’Atlantique sur la côte orientale de l’Amérique du Nord du cap Cod, dans l’état du Massachusetts aux États-Unis, jusqu’au Canada.

Biotope

C’est une espèce commune sur toute la zone de balancement des marées jusqu’à l’étage circalittoral*. Elle affectionne les fonds rocheux riches en laminaires. Elle vit de préférence dans les fissures des rochers, dans les cuvettes, autour des stipes* de laminaires mais on peut la rencontrer également sur des coquilles de mollusques ou des carapaces de crabes. Elle préfère les eaux claires, se développant particulièrement bien dans des zones à courant. Elle supporte bien l’exondation* ainsi que la dessalure* (estuaires).

Description

Cette éponge massive, très polymorphe*, forme le plus souvent des croûtes épaisses, lobées, plus ou moins irrégulières, englobant parfois galets, petits blocs rocheux ou stipes de laminaires comme un manchon. Sa surface est lisse et brillante et sa consistance assez ferme et cassante. Les oscules* petits et ronds sont au sommet de courts tubes ou cheminées disposés en lignes sinueuses donnant l’aspect de petits volcans. Lorsqu'on la détache, les canaux osculaires, disposés irrégulièrement, donnent un aspect de mie de pain et, à la cassure, on distingue une croûte très fine (¼ mm) de couleur pâle, la couche corticale ou ectosome*, nettement différenciée de l’intérieur jaune foncé à orange. A la loupe, à la surface de l'éponge, on distingue nettement l'arrangement des spicules* en un fin réseau régulier. Sa couleur, très variable, va du jaune pâle au brun mais il n’est pas rare de rencontrer des colonies verdâtres ou violacées. Sa taille peut atteindre 60 cm de diamètre et jusqu’à 5 cm d’épaisseur.

Voir la description microscopique dans la rubrique "Divers biologie".

Espèces ressemblantes

Halichondria (Halichondria) bowerbanki Burton, 1930 : cette espèce est plus molle, sa surface non brillante. Elle forme de longs prolongements souples. Elle vit également plus profondément.

Les photos que nous présentons ont été identifiées grâce à l'aide de spécialistes des spongiaires et, lorsque cela était possible, par l'examen des spicules au microscope.

Alimentation

Les éponges sont des animaux filtreurs* suspensivores* qui se nourrissent de microparticules : bactéries, algues unicellulaires, débris organiques, ne dépassant pas en général 3 micromètres.
Le courant d’eau nécessaire est créé par le mouvement de cellules* ciliées* spécifiques des éponges : les choanocytes*. L'ensemble pénètre avec le courant d'eau via de tout petits trous, les ostioles*, puis est capté par les choanocytes.
La digestion est intracellulaire, les déchets non métabolisables sont évacués par des orifices exhalants : les oscules*.

Reproduction - Multiplication

La reproduction peut être sexuée ou asexuée.

- Sexuée : cette éponge est hermaphrodite* comme le sont la plupart des éponges. Les gamètes* mâles et femelles d’une même éponge ne sont pas expulsés au même moment.Cette éponge est vivipare* et donne naissance à une larve* de type « parenchymella*», dernier stade embryonnaire, qui, libérée par l’oscule*, se fixera sur son support après quelques jours de vie pélagique*.
- Asexuée : par bourgeonnement* de gemmules* ou bouturage de fragments qui se détachent de l’éponge mère pour se fixer un peu plus loin.

On notera que les éponges ont une forte capacité de régénération.

Vie associée

Cette éponge abrite une microfaune de crustacés amphipodes ectoparasites* (Asterocheres boeckii (Brady, 1880), Asterocheres echinicola (Norman, 1869), Asterocheres ellisi Hamond, 1968, Scottocheres elongatus (Scott T. & Scott A., 1894) ou Scottocheres laubieri Stock, 1967), de vers annélides et de petits lamellibranches.

Elle est souvent associée à une algue rouge Phycodrys rubens (Linnaeus) Batters, 1902 qui s’immisce à l’intérieur de ses tissus et à la laminaire rugueuse Laminaria hyperborea dont elle entoure le stipe* comme un manchon, d’où son autre nom vernaculaire.

Les colonies de couleur verdâtre renferment des algues unicellulaires symbiotiques* du phylum des chlorophytes, classe des chlorophycées (Microspora ficulinae P.J.L.Dangeard, 1932) qui lui octroie cette couleur verte. Halichondria (Halichondria) panicea peut également renfermer des cyanobactéries* (ou “algues bleues”) appelées zoocyanelles (ou cyanelles) qui peut lui conférer une couleur violacée.

Parmi les prédateurs de Halichondria (Halichondria) panicea, on peut citer notamment le petit crustacé amphipode Caprella linearis (Linnaeus, 1767) qui semble attiré chimiquement et qui peut s’en nourrir ainsi que deux mollusques nudibranches doridiens Jorunna tomentosa (Cuvier, 1804) et Doris pseudoargus Rapp, 1827 dont elle est la principale source d’alimentation.

Divers biologie

Description microscopique : les spicules* mégasclères*, disposés sans ordre précis à l’intérieur de l’éponge, sont des oxes* longs, fins et courbés au centre. Leur longueur typique est de 200-(265)-320 µm mais peut varier entre 100 et 480 µm.

Cette éponge ne possède pas de microsclères*.

Informations complémentaires

On notera que cette éponge dégage une odeur assez forte qui est comparée à de la « poudre à canon explosée » et qui peut, dans certains cas, aider à son identification.

Origine des noms

Origine du nom français

Éponge mie de pain : nommée ainsi en raison de la facilité avec laquelle elle se casse quand ont la manipule et l’aspect donné par les canaux osculaires quand on la détache.

Origine du nom scientifique

Halichondria : du grec [halos] = sel marin et [chondros] = cartilage donc "cartilage marin",

panicea : du latin [paniceus] = fait de pain.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 165853

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Porifera Spongiaires / Eponges Organismes exclusivement aquatiques, filtreurs, fixés au substrat, de formes variables, et percés d'orifices inhalants (ostioles ou pores) et exhalants (oscules).
Classe Demospongiae Démosponges

Eponges dont la charpente est constituée de spicules siliceux (différenciés en méga- et microsclères) et de collagène dispersé ou structuré en fibres de spongine. Ovipares ou vivipares, larve typique = parenchymella.

Sous-classe Heteroscleromorpha Hétéroscléromorphes
Ordre Suberitida Subéritides
Famille Halichondriidae Halichondriidés
Genre Halichondria (Halichondria)
Espèce panicea

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