Cellaire fistuleuse

Cellaria fistulosa | (Linnaeus, 1758)

N° 3819

Manche, mer du Nord, Atlantique Nord-Est et Méditerranée

Clé d'identification

Buissons souples
Port touffu et compact
Ramifications dichotomiques
Couleur blanchâtre
Segments cylindriques et rigides
Logettes en forme de losange et petits aviculaires non obliques (caractères microscopiques)

Noms

Synonymes du nom scientifique actuel

Eschara fistulosa Linnaeus, 1758
Cellaria salicornia
Pallas, 1766

Distribution géographique

Manche, mer du Nord, Atlantique Nord-Est et Méditerranée

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ○ [Méditerranée française]

Ce bryozoaire a une aire de répartition assez large préférant les mers tempérées chaudes. Il est présent en mer du Nord dès l'ouest de la Norvège, en Manche et dans l'océan Atlantique Nord-Est de l’Islande au Portugal. Il est également très commun en Méditerranée.

Biotope

La cellaire fistuleuse vit en touffes fixées sur des substrats* durs (pierres, coquilles vides, rochers) ou sur des fonds de sable coquillier dans l’étage infralittoral*. Elle préfère les fonds détritiques* ou le coralligène* entre 20 et 80 m de profondeur environ.

Description

Cellaria fistulosa forme des colonies érigées, ramifiées et branchues de 5 à 6 cm de hauteur. Les branches, grêles et de coloration blanchâtre, sont formées de petits segments cylindriques dichotomes* séparés par des joints chitineux* souples. Chaque segment, de couleur grisâtre, mesure entre 5 et 8 mm de longueur pour 0,5 mm de diamètre environ. Ils sont rigides, cylindriques, et formés de 3 à 6 séries spiralées d’autozoïdes* alternés.

Les zoïdes*, de petite taille, environ 0,50 x 0,25 mm, sont en forme typique de losange aux extrémités pointues ; ils sont disposés en quinconce régulier. L’ouverture (ou aperture*) est semi-circulaire ; elle est située entre le tiers distal* et la moitié de l’autozoïde. Les aviculaires*, de forme semi-circulaire, sont disposés de façon horizontale entre les zoïdes. Chaque polypide* possède 15 tentacules*.

Voir "Divers biologie" pour plus de détails sur les caractéristiques microscopiques du genre Cellaria et de l'espèce Cellaria fistulosa.

Espèces ressemblantes

Il existe plusieurs espèces de Cellaria : les reconnaître nécessite une observation microscopique pour voir la forme des logettes et des aviculaires.

Cellaria sinuosa : la cellaire sinueuse, de couleur blanc ivoire, forme des touffes denses plus robustes que les deux autres Cellaria d'Europe. Elle présente des joints typiquement noirs et des autozoïdes de forme hexagonale à rectangulaire.

Cellaria salicornioides : la cellaire salicornioïde montre un port moins touffu et moins compact que Cellaria fistulosa malgré une taille quasi identique. Ses autozoïdes sont ovales à hexagonaux.

Alimentation

Comme les autres bryozoaires, la cellaire fistuleuse filtre activement l'eau de mer afin d'y puiser les particules nutritives et l'oxygène dont elle a besoin pour vivre. Les autozoïdes* disposent d'un système digestif complet. Ils possèdent une couronne de tentacules* ciliés*, le lophophore*, qui crée un courant d'eau dirigé vers la bouche. Ces tentacules ciliés, recouverts de mucus, piègent les particules nourricières, micro-organismes planctoniques* et particules organiques, qui sont ensuite amenées jusqu'à la bouche.

Reproduction - Multiplication

Chez les bryozoaires, les deux types de reproduction, sexuée et asexuée, concourent au développement.
Au sein d'une même colonie, des zoïdes mâles et femelles existent, mais on connaît aussi des zoïdes hermaphrodites*.
La fécondation (reproduction sexuée) conduit à la formation d'œufs incubés dans les ovicelles*. Ces ovicelles, de forme hémisphérique, sont en grande partie incluses dans la masse zoïdale* et placées au-dessus de l'ouverture. Ces œufs se développent et donnent des embryons* de couleur jaune visibles sur certaines colonies ; leur présence a été observée de septembre à mai en Manche.

Une fois libérées, les larves* entament une courte vie nageuse. Cela permet la dissémination spatiale de l'espèce. Les larves de Cellaria fistulosa se fixent peu après leur émission sur un substrat dur et libre et se transforment en zoïdes primaires isolés appelés ancestrules*. Chaque ancestrule forme une nouvelle colonie (reproduction asexuée) par bourgeonnement*, qui assure la croissance de la colonie.

Vie associée

Cette espèce a tendance à se fixer sur d’autres animaux sessiles* tels des hydraires ou d’autres bryozoaires.

Les ramifications dressées offrent un support pour diverses espèces : petites éponges (Sycon spp.), hydraires ou même d'autres bryozoaires (en particulier Plagioecia patina ou Valkeria tuberosa).

Divers biologie

Description microscopique des espèces du genre Cellaria :

  • Autozoïdes* organisés en séries longitudinales alternées (au moins 10 pour C. sinuosa, jusqu’à 7 pour les 2 autres espèces) s’ouvrant sur tout le pourtour des segments.
  • Surface apparente (partie non immergée dans la masse des rameaux) des autozoïdes à contours géométriques pentagonaux, hexagonaux, ogivaux ou en losanges.
  • Opesia* à peine plus grande que l’ouverture, à bord distal* semicirculaire, à bord proximal* convexe en direction distale avec un processus médian plus ou moins marqué et latéralement deux condyles* en forme de petites dents. Dents similaires parfois retrouvées sur le bord distal de l’orifice.
  • Aviculaires* sporadiques, souvent petits, prenant la place d’un autozoïde ou intercalés dans une série (vicariants*), à orifice fermé par un opercule* chitineux.
  • Ovicelle* complètement immergée, non visible à la surface à l’exception de son ouverture arrondie ou irrégulière, operculée, placée au-dessus de l‘ouverture, à l’extrémité distale de l’autozoïde.
  • Lophophores* à 13 à 15 tentacules. Colonie ancrée au substrat par une pelote de radicelles (rhizoïdes*) tubuleuses et chitineuses issues des zoïdes de la partie basse des branches.

Description microscopique pour Cellaria fistulosa :

  • Autozoïdes typiques en losange, contigus, agencés en quinconce régulier, ± 0,50 x 0,25 mm.
  • Ouverture semi-circulaire, placée entre le tiers distal et la moitié de l’autozoïde, à incisions latérales peu marquées et à bord proximal légèrement convexe.
  • Aviculaire sporadique, rare, petit, intercalé dans une série linéaire, à mandibule large et très courte.
  • Ovicelle immergée à large orifice orbiculaire portant un opercule calcaire denticulé.
  • Segments zoïdaux ovicellés renflés.

Origine des noms

Origine du nom français

Cellaire fistuleuse : francisation des noms de genre et d'espèce en latin et proposition du site DORIS.

Origine du nom scientifique

Cellaria : du latin [cellarium] = chambre, cellule : ce qui correspond aux cystides* contenant les zoécies*.
fistularia
: du latin [fistulosa] = tuyau, flûte. Notez que cette dénomination est erronée, les segments des rameaux n'étant pas creux (cf. Perrier).

Classification

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Bryozoa / Ectoprocta Bryozoaires / Ectoproctes Petits animaux coloniaux filtreurs aquatiques fixés à un substrat. Tous les zoïdes sont en continuité physique et issus de bourgeonnement à partir d’un individu unique. Chaque zoïde porte un lophophore rétractile et est abrité dans une logette.
Classe Gymnolaemata Gymnolèmes Colonies polymorphes. Les zoïdes sont cylindriques ou aplatis, les lophophores circulaires. Les parois peuvent être calcifiées ou non. Presque tous marins.
Ordre Cheilostomatida Cheilostomes Bryozoaires calcifiés, zoïdes* en forme de boîte obturée par un opercule à charnière. Gymnolèmes les plus nombreux et les plus diversifiés des régions littorales, souples à rigides. Groupe au polymorphisme marqué où l’on trouve des individus différenciés (aviculaires, vibraculaires, ovicelles globuleux…).
Sous-ordre Flustrina Flustrine
Famille Cellariidae Cellariidés
Genre Cellaria
Espèce fistulosa

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