Tritonia de Nils Odhner
Whip fan nudibranch, gorgonian Tritonia (GB), Hornkorall Fadenschnecke (D), Tritonia de gorgonias (E), Gorhoonnaktslakje (NL)
Manche, Atlantique Nord-Est, Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Cette Duvaucelia est recensée en Manche dans le golfe normand-breton et en Atlantique Nord-Est, des îles Britanniques au Portugal. En Méditerranée, sa présence a été constatée dans tout le bassin nord-occidental ; les observations dans le bassin oriental sont beaucoup plus rares : mer Adriatique, mer Égée, Turquie. Elle a été signalée également en Afrique du Sud.
La tritonia des gorgones préfère les fonds rocheux là où se développent les gorgones sur lesquelles elle vit, des eaux peu profondes jusqu’à une quarantaine de mètres de profondeur.
Ce nudibranche possède un large panel de couleurs : rose-saumon, orange, blanc ou violet. Son corps, effilé mais de section relativement quadrangulaire, mesure entre 20 à 30 mm de longueur, pouvant même atteindre 35 mm. Il possède 8 paires de cérates* ou appendices arborescents faiblement ramifiés, dressés sur la surface dorsale et ressemblant aux polypes* des gorgones sur lesquelles il vit. On notera que les appendices diminuent en taille d’avant en arrière.
On distingue 3 paires de tentacules oraux reliés par une membrane ou voile buccal, les latéraux étant les plus longs et munis d’une gouttière ventrale. Les rhinophores*, aux extrémités ramifiées, sont munis de fourreaux lisses sous lesquels on distingue les yeux. La bouche s’ouvre sous le voile buccal. Anus, papille génitale et pore urinaire sont positionnés du côté droit pratiquement sous le premier appendice dorsal.
Cette Duvaucelia est, comme quasiment tous les nudibranches, une espèce carnivore. Elle se nourrit de cnidaires et tout spécialement des polypes* de gorgones (octocoralliaires, gorgoniidés) sur lesquelles elle vit. Elle râpe cette nourriture à l’aide de sa radula* qui comprend une trentaine de rangées de dents.
La reproduction est sexuée ; cette espèce, comme tous les nudibranches, est hermaphrodite* et ovipare*. Lors de la reproduction deux individus se placent tête-bêche, mettant en contact leur organe génital toujours situé du côté droit. Ils se transmettent mutuellement des gamètes* mâles qui féconderont les gamètes femelles situées dans un réservoir particulier.
La ponte a lieu au printemps et au début de l'été (avril à juillet). Elle forme un petit cordon rose ou blanc enroulé sur plusieurs tours autour d'une branche de la gorgone. Cette masse gélatineuse comporte un grand nombre d'œufs.
A sa sortie de l'œuf, l'embryon nage librement grâce aux cils de son velum*, puis se transforme peu à peu en une larve* véligère* planctonique* qui progresse également en nageant avant de se déposer sur le fond.
La particularité de cette espèce est qu’elle vit en permanence sur sa proie, une gorgone, dont elle imite couleur et forme. Les gorgones de couleur blanche portent des individus de couleur blanche également, les gorgones rose-saumon des individus de couleur rose-saumon. Ce parfait camouflage rend difficile l’observation de cette espèce.
On a cru longtemps que Duvaucelia odhneri n’était présente que sur la gorgone Eunicella verrucosa ; cependant de récentes observations ont permis de voir qu’elle vivait également sur d’autres espèces : Eunicella singularis, Eunicella cavolini ou Leptogorgia sarmentosa.
Ce nudibranche s'enroule souvent, à la manière d'un serpent, autour des branches des gorgones.
Tritonie : nom francisé de son ancien genre scientifique d'origine, Tritonia, utilisé jusqu'en 2020 et très présent dans la littérature.
des gorgones : du fait de sa présence constante sur les gorgones.
Duvaucelia : le genre, décrit par Risso en 1826, est probablement dédié (même si l'auteur ne précise rien à propos de son choix) à Alfred Duvaucel, naturaliste français (1793-1824). Après une carrière remarquée dans l'armée où il finit officier d'ordonnace, Duvaucel étudia les sciences naturelles sous l'égide de son beau-père Georges Cuvier, que sa mère avait épousé en seconde noces. Nommé naturaliste du roi en 1817, il partit cette année-là pour les Indes où il participa en quelques années à établir un jardin botanique à Chandernagor, herborisa à Sumatra et dans les îles de la Sonde où il collecta aussi de nombreux spécimens d'animaux. Il mourut à Madras d'une sorte de malaria, sans avoir revu la France.
odhneri : dédié à Nils Hjalmar Odhner (1884-1973), biologiste suédois spécialiste des nudibranches.
Numéro d'entrée WoRMS : 748537
| Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
|---|---|---|---|
| Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
| Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
| Sous-classe | Heterobranchia | Hétérobranches | |
| Super ordre | Nudipleura | Nudipleures | |
| Ordre | Nudibranchia | Nudibranches | Cavité palléale et coquille absentes chez l’adulte. Lobes pédieux souvent absents aussi. Respiration cutanée, à l’aide de branchies, de cérates ou d’autres appendices. Tête portant une ou deux paires de tentacules, les tentacules postérieurs ou rhinophores peuvent parfois être rétractés dans des gaines. Principalement marins ou d’eau saumâtre. |
| Sous-ordre | Cladobranchia | Cladobranches | |
| Famille | Tritoniidae | Tritoniidés | Corps limaciforme de section carrée, une rangée de branchies de chaque côté du dos. Rhinophores* en massue avec à leur base une gaine lamelleuse ou digitée. Voile buccal digité. |
| Genre | Candiella (Duvaucelia) | ||
| Espèce | odhneri |
Gastéropodes Opisthobranches
Autres Nudibranches
De nuit
La limace est ici en train de se repaître d'un polype de gorgone. Observez les branchies dorsales et les rhinophores à fourreaux...
Cale de Ploumanac'h (22), 12 m, de nuit
05/2008
Gastéropodes Opisthobranches
Autres Nudibranches
Curiosité
L'animal, curieusement, n'est pas sur sa gorgone de prédilection mais sur un bryozoaire encroûtant !
Epave de la Canonnière 16, rade de Brest (29), 28 m
05/09/1991
Gros plan sur la tête
Nous avons ici une très bonne vue sur la tête de Duvaucelia odhneri. On peut également admirer à quel point ses cérates sont mimétiques des polypes.
Par ailleurs, il est intéressant de noter comment elle s'enroule ainsi autour de la gorgone, allant jusqu'à recouvrir son propre pied avec sa tête.
Carantec (29), 13 m
05/09/2020
Couleurs différentes
Ce nudibranche, Duvaucelia_odhneri, est très mimétique en ce qui concerne la forme de ses appendices dorsaux, qui évoquent très fortement des polypes de gorgone.
En ce qui concerne la couleur, le plus souvent ces nudibranches sont de la même couleur que la gorgone dont ils se nourrissent.
Trébeurden (22), 20 m
08/07/2007
Spécimen grisé à Palavas
Vue rapprochée d'un individu ayant une coloration grisée et observé dans l'Hérault, sur une gorgone blanche.
La réserve, Palavas (34), 12 m
22/08/20108
L'animal et sa ponte
Un individu vient de déposer sa ponte sur une gorgone verruqueuse.
Elle forme un petit cordon rose enroulé sur plusieurs tours autour d'une branche de la gorgone.
On distingue bien les rhinophores, aux extrémités ramifiées, qui sont munis de fourreaux.
Cale de l'ïle Longue, golfe du Morbihan (56), 15 m
27/06/2015
Gros plan de la ponte
Gros plan sur une ponte, les œufs sont visibles, dans leur gangue gélatineuse.
Trébeurden (22), 20 m
08/07/2007
Individu blanc, ponte blanche sur une gorgone blanche
Très belle illustration de camouflage de ce petit mollusque sans coquille et de sa ponte sur son habitat favori en Méditerranée française.
Sausset les pins, Côte Bleue (13)
13/08/2012
Cherchez moi !
Me voyez-vous ?
Il faut avoir l’œil, car mon camouflage est excellent.
Mais il n’est pas du tout rare de me rencontrer sur les gorgones blanches Eunicella singularis !
Je vis sur cet animal, en dévore les polypes et j'y pond mes œufs.
Jetée du port de Banyuls (66), 9 m
28/03/2010
En balade !
Il est rare d'observer un individu ailleurs que sur une gorgone.
Celui-ici était néanmoins toute proche d'une gorgone blanche (Eunicella singularis).
La pointe, Palavas (34), 12 m
21/07/2019
Au pays basque : sur une gorgone orange
Tritonie de couleur violette, avec ses pontes sur une gorgone orange Leptogorgia sarmentosa.
L'espèce est présente sur la côte atlantique du Pays basque
Nahia, Hendaye (64), 20 m
28/09/2017
Sur la Côte Vermeille
Sur la Côte Vermeille, les gorgones Eunicella singularis sont très présentes et il n’est pas rare de les voir héberger des tritonies des gorgones dévorant leurs polypes. Attention, il faut avoir l’œil, car le camouflage est excellent !
Jetée du port de Banyuls (66), 9 m
26/03/2010
Dans l'Hérault
Gros plan sur une tritonie des gorgones, après avoir pondu.
En effet, la ponte est visible au premier plan. A moins qu'elle ne provienne d'un congénère ?
Les Strates, Palavas-Les-Flots (34). 9 m
16/09/2018
Près de Marseille
Vous pouvez observer deux individus blancs et trois pontes sur cette gorgone blanche Eunicella singularis implantée par petit fond sur la Côte Bleue, près de Marseille.
Carro, Côte Bleue (13), 11 m
10/06/2012
En plein déménagement
Que faisait cette limace des gorgones découverte, par Sandrine mon équipière, sur le fond ? Changeait-elle de domicile ? Le site regorge de gorgones (Eunicella verrucosa). Mais la plus proche était à plus de deux mètres.
Site Bonnetot, Erquy (22), 15 mètres, températuree de 18°
13/07/2023
Rédacteur principal : Philippe LE GRANCHÉ
Correcteur : Yves MÜLLER
Responsable régional : Philippe LE GRANCHÉ
Furfaro J., Trainito E., De Lorenzi F., Fantin M., Doneddu M., 2017, Tritonia nilsodhneri Marcus Ev., 1983 (Gastropoda,Heterobranchia, Tritoniidae): first records for the Adriatic Sea and new data on ecology and distribution of Mediterranean populations, Acta Adriatica, 58(2), 261-270.
Korshunova T., Martynov A., 2020, Consolidated data on the phylogeny and evolution of the family Tritoniidae (Gastropoda: Nudibranchia) contribute to genera reassessment and clarify the taxonomic status of the neuroscience models Tritonia and Tochuina, PLoS ONE, 15, 11, 1-47.
Tardy J., 1963, Description d'une nouvelle espèce de Tritoniidae : Duvaucelia odhneri, récoltée sur la côte atlantique française, Bulletin de l'Institut Océanographique de Monaco, 60(1260), 1-10.
La page de Tritonia nilsodhneri sur le site de référence de DORIS pour les mollusques : MolluscaBase
La page de Tritonia nilsodhneri dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN
