Nudibranche de type éolidien
Couleur générale blanc laiteux ponctué de points noirs et blancs sur les cérates
Tentacules labiaux deux fois plus longs que les rhinophores
Fine ligne blanche sur les tentacules labiaux et l'extrémité de la queue
Glande digestive, de blanche à brune, visible par transparence dans les papilles dorsales
Caloria
Peper en zoutslak (NL)
Eolis elegans (Alder & Hancock, 1845)
Phidiana elegans (Alder & Hancock, 1845)
Caloria maculata Trinchese, 1888
Acanthopsole quatrefagesi Vaissiere, 1888
Méditerranée, Atlantique, mer du Nord
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Méditerranée, Adriatique, océan Atlantique Est, îles Britanniques et mer du Nord.
L'espèce est présente à partir d'une dizaine de mètres de profondeur et fréquente éboulis et tombants où elle pourra trouver les colonies d'hydraires qui constituent sa nourriture. On peut la trouver jusqu'à une cinquantaine de mètres.
C'est un petit éolidien qui apparaît grossièrement blanc ponctué de noir, au corps allongé, d'une quinzaine de millimètres en Méditerranée et pouvant atteindre la trentaine de millimètres dans les îles Britanniques. Ce corps est recouvert de "papilles" dorsales, les cérates. Ces cérates montrent à leur apex* respectif une petite tache blanche et, en descendant, sous un petit espace, une macule noire. Ce "pattern" blanc-noir ne concerne que le tiers supérieur des appendices dorsaux qui sont couchés vers l'arrière, plutôt bien rangés, bien répartis et regroupés en 5 panaches de part et d'autre du corps, sauf sur la tête et l'extrémité caudale.
Corps et tête sont d'un blanc laiteux un peu translucide. Les ramifications de la glande digestive apparaissent par transparence, de blanches à jaunâtres, voire brun-clair à bleu très pâle, dans les papilles dorsales (ou cérates).
Au niveau de la tête : sur le dessus, il y a deux rhinophores* lisses, terminés par du blanc opaque. Vers l'avant, et d'une longueur presque double de celle des rhinophores, on trouve deux très longs tentacules buccaux (ou palpes labiaux) plats, également recouverts sur leur extrémité par du blanc immaculé. On distingue enfin, en dessous, deux petits tentacules pédieux recourbés vers l'arrière.
Le bord intérieur des deux tentacules buccaux ainsi que l'extrémité caudale sont parcourus d'une fine ligne blanc opaque.
La coloration est assez spécifique et exclut généralement les confusions avec d'autres espèces de nudibranches de distribution commune, sauf dans un cas qui fréquente les mêmes eaux : la faceline de Quatrefages :
Caloria elegans se nourrit de polypes d'hydraires, probablement et principalement du genre Perigonimus (mais on l'a rencontrée sur d'autres espèces, entre autres du genre Eudendrium), grâce à sa radula*, sorte de râpe dentelée, composée de denticules acérées, se trouvant au fond du larynx.
Ces mollusques sont hermaphrodites*, les individus se reproduisent deux à deux, en s'échangeant simultanément leurs gamètes* en un rapport proximal. Les pontes respectives auront lieu ensuite, probablement sous la forme d'écheveaux fixés sur les branches d'hydraires. Peu d'infos disponibles sur la ponte de Caloria elegans.
Un des moyens de défense les plus utilisés par les nudibranches, notamment les éolidiens, est la récupération des armes utilisées par leurs proies spécifiques et le recyclage de ces armes à leur propre profit. Ainsi, Caloria, qui mange la tête des polypes* d'hydraires, non seulement n'est pas blessée par l'action fortement urticante des cnidoblastes* de l'hydraire mais fait migrer ces cellules urticantes (une des hypothèses est que ces cnidoblastes sont embryonnaires mais le mécanisme de cette immunité est encore grandement incompris) intactes jusqu'à l'extrémité de son système digestif et les stocke dans ses cnidosacs*, au sommet des cérates. Ces cellules urticantes sont désormais allouées à sa propre protection et se déclencheront si Caloria est attaquée. Dès lors, on ne connaît pas beaucoup de prédateurs à Caloria elegans...
Caloria fait partie de ces éolidiens dont certains des cérates, bien rangés, sont plus longs que les autres mais se font discrets, recourbés, « alignés » sur les autres. Il semble qu'ils se déroulent et s'érigent en cas de dérangement…
Deux traits caractéristiques des éolidiens concernent la présence de papilles dorsales (cérates) ainsi que l'absence du panache branchial visible ou présent dans d'autres sous-ordres. En effet, la respiration des éolidiens se fait non pas au travers de branchies mais directement au travers de la membrane des cérates. On parle de respiration cutanée.
Les rhinophores sont les organes "chimiques" des nudibranches. C'est entre autres grâce à eux que l'animal perçoit son environnement, reconnaît les signaux de ses congénères ou ses proies.
Ces rhinophores sont également utiles à l'orientation car sensibles aux paramètres physiques, comme le sens des courants, la luminosité, la température, etc.
Les palpes labiaux sont, eux, plus précisément destinés à un rapport de contact avec l'environnement.
La radula*, pièce physique primordiale dans la nutrition de la plupart des mollusques opisthobranches, est une sorte de langue râpeuse, située dans le larynx et constituée de nombreux denticules acérées. La forme de la radula, des denticules, leur agencement, sont des éléments spécifiques d'une espèce donnée et sont discriminatifs quant à l'identification et la taxonomie de cette espèce. Son observation exige néanmoins du matériel optique de laboratoire.
Notons qu'un débat a lieu concernant le genre et la famille de l'animal, les auteurs n'étant pas tous d'accord entre eux. D'où des occurrences variées sur ces points. Notamment la famille : Glaucidae (Menke, 1777) vs. Facelinidae (Bergh, 1889).
Pour l'instant, il semble arrêté par certains que la famille Facelinidae (Bergh, 1889) n'existe plus car considérée comme synonyme junior de Glaucidae. Mais on la trouve toujours dans certaines classifications.
Faceline à ponctuations noires.
Faceline : vient de son ancien nom taxonomique de famille, Facelinidae.
Dans la nomenclature des Nudibranches Eolidiens, Facelina est utilisé pour signifier : aspect avec des lignes (B. Picton). En effet, étymologiquement, il s'agirait de fagots dans lesquels Oreste aurait amené la statue de Diane de Scythie en Italie. Facélina est d'ailleurs le surnom de Diane en Sicile (Gaffiot).
Du latin, cela traduit donc un aspect ligné, comme le seraient des fagots de bois.
La suite, notifiant les ponctuations noires, évoque juste la robe de l'animal et les macules sur les cérates.
Caloria : nom de genre créé par Salvatore Trinchese en hommage au professeur Luigi Calori (1807-1896), Président de l'Académie Royale des Sciences de Bologne (Italie).
Notons également à titre de curiosité que Calor en latin, c'est la chaleur mais aussi l'impétuosité, l'ardeur. C'est assez évocateur de l'attitude qu'auraient ces facelines qui, face à un danger ou une agression, allongent grandement leurs papilles dorsales, ô combien porteuses de dangers, et les érigent vers le haut à titre de menace...
elegans : du latin [elegans] = délicat et élégant.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Heterobranchia | Hétérobranches | |
Super ordre | Nudipleura | Nudipleures | |
Ordre | Nudibranchia | Nudibranches | Cavité palléale et coquille absentes chez l’adulte. Lobes pédieux souvent absents aussi. Respiration cutanée, à l’aide de branchies, de cérates ou d’autres appendices. Tête portant une ou deux paires de tentacules, les tentacules postérieurs ou rhinophores peuvent parfois être rétractés dans des gaines. Principalement marins ou d’eau saumâtre. |
Sous-ordre | Cladobranchia | Cladobranches | |
Famille | Facelinidae | Facelinidés | Eolidiens au corps grêle, aux cérates groupés en faisceaux, sans pédoncule. En général tentacules pédieux, rhinophores à lamelles ou annelés. |
Genre | Caloria | ||
Espèce | elegans |
Blanche et noire
Les couleurs très reconnaissables de Caloria elegans : blanche et noire.
Rade de Villefranche-sur-mer (06)
23/01/2005
Parfois moins blanche que blanche...
Est-ce le régime alimentaire qui change la couleur de la glande hépato-pancréatique ?
Ici, Caloria elegans montre une couleur allant vers le jaune au niveau du système digestif.
Tombant à André, Villefranche-sur-mer (06), 12 m
05/02/2005
Jaune, blanche et noire
Les cérates sont bien visibles ici. Translucides, ils laissent voir en leur sein les diverticules de la glande hépato-pancréatique, bien jaune et témoignant d'un récent repas.
Au-dessus de la tache noire, la zone du cnidosac est, elle, marquée par une tache blanche.
Villefranche-sur-mer (06), 15 m
30/11/2016
Caloria sur une algue
Des hydraires vivant en épibiontes sur d’autres organismes, comme des algues vertes, on rencontre souvent Caloria sur des supports divers, moins spécifiques que pour d’autres nudibranches.
Crau de Nao, Villefranche-sur-mer (06), 32 m
06/03/2005
Erection des cérates
Agacée, Caloria semble redresser cérates et rhinophores à des fins menaçantes.
Crau de Nao, Villefranche-sur-mer (06), 20 m
25/05/2006
Cérates orangés et translucides
Taille : 20 mm. Les cirres (cérates) peuvent être orangés pour cette espèce, comme ici en Corse.
Capu di Vella, Galéria, Corse, 26 m
17/10/2007
Sur un codium en boule
La surface de l'algue verte Codium bursa est recouverte, en sus de poils qui lui appartiennent en propre, d'un tas d'épibiontes divers : autres végétaux, ascidies coloniales...
Tombant à André, Villefranche-sur-mer (06), 12 m
05/02/2005
Impudique
On peut apercevoir sur ce cliché, sur la droite du corps, derrière la tête, la partie génitale de caloria.
Antibes (06)
30/03/2009
Juvénile de quelques millimètres
Un juvénile de Caloria elegans (moins d'un cm !), que la photographe n'a vu que parce que l'animal blanc ressortait sur le thalle de l'algue rouge peyssonnelia !
Grande Baie, Rade de Villefranche-sur-mer (06), 25 m
25/08/2009
Juvénile par petit fond
Taille : 10 mm. Par petit fond, cette jeune Caloria elegans est en train de se nourrir de petits hydraires serpentant sur des algues.
Capu di Vella, Galéria, Corse, 7 m
17/10/2007
Exploration
Rencontrée traversant le thalle très filamenteux d’un Codium bursa, Caloria elegans cherche sans doute sa nourriture.
Tombant à André, Villefranche-sur-mer (06), 12 m
05/02/2005
Navigation pélagique
Un individu rencontré à l'entrée d'une grotte, naviguant entre deux-eaux, sans aucun passage préalable de plongeur maladroit... Une position très particulière qui interpelle et peut poser des questions.
Laissons le photographe raconter son entrée dans la cavité :
Nous venions de nous engager dans la voûte de ce site, et je n'avais pas encore expiré.
Nous nous apprêtions à découvrir ce qui s'y cachait au travers de nos lampes, lorsque mon regard fut attiré par cette "particule" en suspend, verticale devant mon masque.
En y regardant de plus près, sa forme de nautile m’interpella.
Dans le viseur de mon appareil, je reconnu l'éolidien dans cette posture si bien connue de ses ancêtres à coquille. Je découvrais pour la première fois, cette petite limace dans une nouvelle apparence, dans un nouveau comportement, celui de sa forme pélagique !
Grotte du Lido, rade de Villefranche-Sur-Mer (06), 26 m, après-midi
25/08/2018
Distribution : dans le Var
La distribution de cette espèce couvre une très large zone sur les côtes françaises. Ici, un individu varois, rencontré au large de Cavalaire.
Cavalaire (83), 17 m
10/05/2008
Distribution : en Corse
Taille : 20 mm. Le bord intérieur des deux tentacules buccaux ainsi que l’extrémité caudale sont parcourus d’une fine ligne blanche opaque.
Capu di Vella, Galéria, Corse, 26 m
17/10/2007
Rédacteur principal : Alain-Pierre SITTLER
Correcteur : Yves MÜLLER
Responsable historique : Aedwina REGUIEG
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER
La page de Caloria elegans dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN