Carapace avec 2 dents frontales triangulaires et 9 dents latérales, la dernière étant très longue
Crabe de grande taille, la largeur de la carapace peut dépasser 23 cm
Dernière paire de pattes terminée en palette aplatie
Abdomen des mâles étroit et en forme de T
Couleur plus ou moins bleue
Crabe bleu
Blue crab, Atlantic blue crab, Chesapeake Bay blue crab (GB), Blaukrabbe, Blaue Schwimmkrabbe, Schwimmkrabben (D) Blå svømmekrabbe (Danois), Caranguejo-azul (E), Granchio blu, granchio reale (I), Siri-azul, siri-tinga (P), De blauwe zwemkrab (NL)
Lupa hastata Say, 1817
Portunus diacantha Latreille, 1825
Lupa diacantha Milne-Edwards, 1834
Callinectes hastatus Ordway, 1883
Callinectes sapidus acutidens Rathbun, 1896
Côtes de l'Atlantique américain du Canada à l'Argentine, introduit en Méditerranée et signalements épars ailleurs
Zones DORIS : ● Atlantique Nord-Ouest, ● Caraïbes, ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ○ [Méditerranée française]Le crabe bleu américain est natif des côtes atlantiques américaines où il se rencontre du sud du Canada au nord de l'Argentine. Il a été signalé dans les Antilles françaises à Saint Barthélémy et en Martinique (Guadeloupe ?). Il a été introduit en Méditerranée où des populations importantes se sont développées dans le bassin oriental. Il existe des signalements sporadiques ailleurs en Europe, au Japon et dans le Pacifique oriental.
En France métropolitaine, il existe quelques signalements plus ou moins anciens : le premier date de 1901 à Rochefort. Depuis, il a été observé à plusieurs reprises en Manche orientale (Le Havre, Boulogne, Dunkerque). Plus récemment des signalements ont été rapportés en Provence (étang de Berre et environs de Fréjus) et sur la côte orientale de Corse (étang de Biguglia). Jusqu'à récemment, il n’y avait pas de reproduction avérée sur les côtes françaises ni sur les côtes atlantiques européennes mais en août 2019 des indices de reproduction ont été constatés en Camargue (Petit-Rhône).
Le crabe bleu américain est une espèce côtière infralittorale* qui se rencontre jusqu'à 35 m de profondeur. Il vit en milieu paralique* dans les eaux littorales, les lagunes et les estuaires, sur des fonds sableux ou vaseux. Il peut vivre dans des eaux de salinité comprise entre 2 et 48 g/l et supporte des températures de 3 à 35 °C.
La carapace du crabe bleu américain est environ deux fois plus large que longue, avec deux dents frontales triangulaires et neuf dents antérolatérales, la dernière étant très longue, pointue, et dirigée latéralement. C'est un crabe de grande taille : la largeur de sa carapace peut dépasser 23 cm chez les mâles et 20 cm chez les femelles. Les pinces ont trois fortes épines sur le "bras". Les pattes ambulatoires* sont aplaties, celles de la dernière paire se terminent en palette aplatie qui sert pour la nage et pour l’enfouissement.
L'abdomen* des femelles est très large et arrondi tandis que celui des mâles est assez étroit et en forme de "T" ; ce dernier caractère est commun aux crabes du genre Callinectes.
La couleur générale est grise, brune ou bleu-vert ; les épines sont plus ou moins rouges. Les pinces sont bleues chez les mâles, et plutôt rouges chez les femelles. La couleur bleue est due à une caroténoprotéine* ; elle devient rouge à la cuisson suite à la dénaturation de la protéine.
Les autres espèces du genre Callinectes ont le plus souvent quatre dents frontales au lieu de deux. On peut rencontrer 5 autres espèces de crabes du genre Callinectes dans les Antilles françaises et en Guyane : C. bocourti, C. danae, C. exasperatus, C. marginatus et C. ornatus.
Le crabe bleu américain est un prédateur qui se nourrit de 30 à 40 % de gastéropodes et de bivalves à coquille relativement fine (moules, palourdes, tellines, huîtres, mactres, donaces), de 15 à 20 % de crustacés décapodes ou amphipodes, de 15 à 20 % de poissons de petite taille, et de moins de 5 % de vers, insectes, hydraires et méduses. Des plantes, des détritus et des charognes sont également consommés à l'occasion. Ce crabe peut occasionner des dégâts aux jeunes huîtres. En dessous de 15 °C, il cesse de s'alimenter et en dessous de 10 °C il est totalement inactif.
Chez le crabe bleu américain la maturité sexuelle est atteinte entre 12 et 18 mois. La ponte a lieu en mer entre les mois d’avril et de septembre. Le nombre d’œufs par ponte est compris entre 700 000 et 2100 000 selon la taille des femelles. L'éclosion intervient dans des eaux à salinité supérieure à 20 ‰. Les larves* ont besoin d'une température au moins égale à 15 °C pour se développer normalement. Elles sont planctoniques* et passent par plusieurs stades zoé* avant de donner une mégalope*. Le développement larvaire complet dure 31 à 41 jours, selon la température. La métamorphose* a lieu en eau saumâtre*. La croissance des jeunes est rapide et la longévité n'excède pas les 3 ou 4 ans.
Différents agents pathogènes, commensaux* ou épibiontes* sont associés au crabe bleu américain. Citons la sacculine Loxothylacus texanus (sur les côtes atlantiques d'Amérique du Nord et en Méditerranée), le crustacé commensal Octolasmis muelleri, des métacercaires* du trématode Microphallus nicolli, le némerte Carcinonemertes carcinophila, des champignons parasites comme le Lagenidium callinectes, divers protozoaires* comme le cilié* Mesanophrys chesapeakensis, le dinoflagellé Hematodinium perezi, une haplosporidie du genre Minchinia, la microsporidie Ameson michaelis, l'amibe Paramoeba perniciosa, des bactéries et des virus comme Vibrio cholerae ou autre.
Les prédateurs du crabe bleu sont les tortues marines (ex. la tortue olivâtre Lepidochelys olivacea) et sans doute également les oiseaux, les céphalopodes et les poissons.
Le crabe bleu américain est pêché et consommé en grande quantité, principalement aux Etats-Unis et au Mexique. Chaque année 58 000 tonnes sont prélevées ; son importance économique et culinaire est considérable sur la côte est des Etats-Unis, en particulier dans les états de Louisiane, du Maryland, de Caroline du Nord et du New Jersey. Dans la Baie de Chesapeake, une baisse importante des tonnages pêchés a été notée ces dernières décennies.
Divers facteurs comme la surpêche, la dégradation des milieux et l'augmentation des pathologies ont été évoqués pour expliquer cette situation.
Dans l'est de la Méditerranée, C. sapidus est assez abondant pour que l'on puisse en pratiquer la pêche intensive.
L'espèce est une sorte de "modèle" qui a fait l'objet de diverses recherches scientifiques, en particulier sur l'action des polluants.
Conservé en aquarium ce crabe est assez agressif et il cohabite difficilement avec d'autres espèces. Les adultes vivent peu de temps en aquarium.
Le crabe bleu américain est une espèce patrimoniale qui a été représentée sur des timbres, des pièces de monnaie ou des médailles, voire sur des œuvres d'art populaire.
Crabe bleu : en raison de sa couleur bleue.
américain : en raison de sa zone géographique.
Callinectes Calli du grec [kallion] = beau, joli et nectes du grec [nect-] = nager, donc signifie "joli crabe nageur".
sapidus mot latin qui signifie qui a du goût, de la saveur ; nom donné en référence aux qualités organoleptiques bien connues et reconnues en Amérique.
Numéro d'entrée WoRMS : 107379
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Arthropoda | Arthropodes | Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette. |
Sous-embranchement | Crustacea | Crustacés | Arthropodes à exosquelette chitineux, souvent imprégné de carbonate de calcium, ayant deux paires d'antennes. |
Sous-classe | Eumalacostraca | Eumalacostracés | Présence d’une carapace recouvrant la tête et tout ou partie du thorax. |
Super ordre | Eucarida | Eucarides | Présence d'un rostre. |
Ordre | Decapoda | Décapodes | La plupart marins et benthiques. Yeux composés pédonculés. Les segments thoraciques sont fusionnés avec la tête pour former le céphalothorax. La première paire de péréiopodes est transformée en pinces. Cinq paires d'appendices locomoteurs (pinces comprises). |
Sous-ordre | Brachyura | Brachyoures | Les brachyoures ont un abdomen réduit replié sous le céphalothorax. Ils sont représentés par les crabes et les araignées de mer. |
Famille | Portunidae | Portunidés | Bord antéro-latéral de la carapace avec 9 dents , la dent postérieure souvent beaucoup plus longue que les autres ; front avec le plus souvent 4, 6 ou 8 dents ou lobes ; carapace hexagonale nettement plus large que longue ; dernière paire de pattes aplatie adaptée à la nage et à l'enfouissement rapide ; crabes les plus souvent tropicaux, épineux et très vifs. |
Genre | Callinectes | ||
Espèce | sapidus |
Femelle en vue dorsale
Noter la couleur générale bleu-vert sombre et le bout des pinces rouge, teinte dominante chez les femelles. Les grandes épines latérales de la carapace sont bien visibles.
Spécimen pêché près de Dunkerque, (59)
1989
Femelle en vue ventrale
Noter l'abdomen large terminé par une petite pointe, typique de la femelle.
Spécimen pêché près de Dunkerque, (59)
1989
Denticulations de la pince
Les doigts des pinces du crabe bleu ont une série de petites dents sur leur marge interne. La disposition de ces "molaires" est assez spécifique.
Spécimen pêché près de Dunkerque, (59)
2004
In natura sur la vase
Le crabe bleu américain fréquente les lagunes littorales et s'enfouit superficiellement dans le sédiment. On le voit ici en cours de déplacement diurne sur la vase d'une mangrove tropicale.
Etang-des-salines, Martinique
08/2009
Vue dorsale et taille
Ce spécimen capturé dans la Réserve Naturelle de l'Étang de Biguglia dans le nord est de la Corse par un pêcheur, montre la taille de l'individu par rapport à la main le tenant.
Étang de Biguglia (2B), 2 m
02/2014
Camouflé dans la vase
Camouflé avec de la vase, sa coloration bleue trahit le crabe bleu américain.
Mangrove de la baie du Marin, Martinique (972)
06/02/2016
Femelle ovigère
L'espèce semble apprécier le Petit Rhône près de son embouchure
car plusieurs pêcheurs professionnels capturent de plus en plus de crabes bleus américains dans leurs filets.
En août 2019 des indices de reproduction ont été constatés en Camargue (Petit-Rhône).
Saintes-Maries-de-la-Mer à l'ouest du Petit Rhône en mer, (13)
26/08/2019
Spécimen naturalisé à Malte
A priori, cette espèce exotique invasive est encore rare à Malte, alors que plusieurs observations ont déjà été signalées en Méditerranée occidentale.
MNHN de Malte à Médina
25/02/2016
Timbre de Cuba
Le crabe bleu américain a été représenté sur divers timbres des pays des Caraïbes.
Cuba
Reproduction de documents anciens
20/05/1969
Timbre des Grenadines
Le crabe bleu américain a été représenté sur divers timbres des pays des Caraïbes.
Grenadines
Reproduction de documents anciens
19/05/1977
Rédacteur principal : Pierre NOËL
Correcteur : Pierre NOËL
Responsable régional : Daniel BURON
Amanieu M., Le Dantec J., 1961, Sur la présence accidentelle de Callinectes sapidus M. Rathbun à l'embouchure de la Gironde, Revue des Travaux de l'Institut des Pêches Maritimes, France, 25(3), 339-343.
Bouvier E. L., 1901, Sur un Callinectes sapidus M. Rathbun trouvé à Rochefort, Bulletin du Muséum national d'Histoire naturelle, Paris, 7, n°1, 16-17.
Breton G., 1981, Capture d'un <<crabe bleu>> Callinectes sapidus (Rathbun, 1896) dans le port du Havre, Bulletin Trimestriel de la Société Géologique de Normandie et des Amis du Muséum du Havre, 68(4), 8-9.
Breton G., Girard A., Lagardère J.-P., avec la collaboration de Monniot F., Monniot C., Noël P., Vincent T., 1995, Espèces animales benthiques des bassins du port du Havre (Normandie, France) rares, peu connues ou nouvelles pour la région, Bulletin Trimestriel de la Société Géologique de Normandie et des Amis du Muséum du Havre, 82(3), 3e trim., 7-28.
Cameron J., 1985, La mue du crabe bleu, Pour la Science, Belin éd., Paris, Juillet 1985, 16-23.
Dewarumez J.-M., Gevaert F., Massé C., Foveau A., Grulois D., 2011, Les espèces marines animales et végétales introduites dans le bassin Artois-Picardie, UMR CNRS 8187 LOG et Agence de l'Eau Artois-Picardie, 1-132.
Gaudêncio M. J., Guerra M. T., 1979, Notes sur la présence de Callinectes sapidus Rathbun, 1896 (Crustacea Decapoda Brachyura) dans l'estuaire du Taje, Boletím do Instituto nacional de Investigação des Pescas, Lisboa, 2, 67-71.
Holthuis L. B., 1987, Décapodes et Stomatopodes, in: W. Fischer, M. Schneider & M.-L. Bauchot, Fiches FAO d'identification des espèces pour les besoins de la pêche. Méditerranée et Mer Noire, ed. 2, Végétaux et invertébrés, éditions F.A.O., Rome, vol. 1, 179-307.
Maury A., 1975, A propos du "Crabe bleu", Bulletin Trimestriel de la Société Géologique de Normandie et des Amis du Muséum du Havre, 62(4), 25.
Noël P., 1985, Le crabe bleu, Callinectes sapidus, in Qui mange qui? Balland éditeur, Paris, 165-166.
Rathbun M. J., 1930, The Cancroid crabs of America of the Families Euryalidae, Portunidae, Atelecyclidae, Cancridae and Xanthidae, Smithsonian Institution, United States National Museum (U.S. Nat. Mus. Bull.), 152, i-xvi + 1-609.
Vincent T., 1986, Les captures de Callinectes sapidus (Rathbun, 1896) en Baie de Seine, entre 1975 et 1984, Bulletin Trimestriel de la Société Géologique de Normandie et des Amis du Muséum du Havre, 73(4), 13-15.
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Vincent T., Noël P. Y., 2002, Les Mysidacés et Décapodes capturés, collectés et observés entre 1978 et 2000 dans le port du Havre (Seine-Maritime, France), Bulletin Trimestriel de la Société Géologique de Normandie et des Amis du Muséum du Havre, 87, 2000 (2002), 71-91.La page de Callinectes sapidus dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN
Et la discussion sur le forum DORIS "RéseauDORIS crabe bleu en Méditerranée".