• Bunodeopsis globulifera | DORIS

    Anémone voyageuse

    Bunodeopsis globulifera | (Duchassaing, 1850)

    N° 1266

    Atlantique tropical Ouest

    Clé d'identification

    Petite anémone de 0,5 à 3 centimètres
    Vit dans les herbiers à faible profondeur
    Forme contractée en petit amas globuleux
    Base du pied couverte de vésicules
    Forme déployée avec de longs tentacules fins

    Noms

    Autres noms communs français

    Anémone des herbiers, anémone naine verruqueuse des Antilles, anémone d'herbier à pustules

    Synonymes du nom scientifique actuel

    Urticina globulifera Duchassaing, 1850
    Viatrix globulifera (Duchassaing, 1850)

    Le nom de Bunodeopsis antilliensis Duerden, 1897, selon les auteurs, est considéré soit comme synonyme soit comme une espèce distincte (voir § Espèces ressemblantes).

    Distribution géographique

    Atlantique tropical Ouest

    Zones DORIS : ● Caraïbes

    Elle est signalée en Floride, aux Bahamas, dans les grandes et petites Antilles (Jamaïque, St Thomas, Guadeloupe, Curaçao), jusqu'aux Bermudes (au nord) et aux côtes de Colombie (au sud).

    Biotope

    L'anémone voyageuse vit à faible profondeur dans les herbiers de Thalassia ou de Syringodium.

    Description

    Cette petite anémone assez commune dans les herbiers mesure entre 0,5 et 3 centimètres de diamètre à la base de la colonne. Son aspect varie beaucoup selon qu'elle est rétractée ou déployée :

    - sous une bonne intensité lumineuse, elle se présente en majorité sous sa forme contractée. Elle ressemble alors à un petit amas globuleux rappelant des œufs sur le plat ou plutôt des œufs brouillés. La colonne aplatie est couverte de vésicules ou pustules de forme et de taille irrégulières, parfois tachetées ou tigrées. Ces vésicules peuvent être en forme de sphère, collées au pied ou pédonculées, simples ou à plusieurs lobes. Ce qu'on voit du pied sous les vésicules est de couleur brun clair ou blanc bleuâtre, avec souvent de fines lignes striées de couleur foncée.

    - déployée : de nuit ou à l'ombre, la colonne s'allonge et prend une forme conique. La partie terminale portant la bouche, dénuée de vésicules, se dégage du pied et les tentacules s'étirent dans le courant, jusqu'à 4 ou 5 centimètres. Les vésicules s'affaissent ou se dégonflent en prenant l'aspect de simples verrues. Les tentacules sont fins, rétractiles, au nombre variant de 18 à 24, ou jusqu'à 36 répartis en deux ou trois cycles. Ils sont translucides, jaunâtres avec de petites granulations qui sont des batteries de cellules urticantes. Ils peuvent se détacher facilement au contact.

    Cependant, à toute heure on peut trouver au même endroit des anémones à tous les stades de déploiement.

    Espèces ressemblantes

    L'anémone Bunodeopsis antilliensis Duerden, 1897 est parfois considérée comme une espèce différente, qui se distinguerait de V. globulifera par ses vésicules beaucoup plus grosses, alors que Bunodeopsis globulifera n'aurait que de petits boutons alignés sur le pied, comme des granulations.
    Il s'agit peut-être de caractères qui s'expriment différemment selon l'habitat : les anémones identifiées comme Bunodeopsis antilliensis vivent à très faible profondeur (moins de 30 cm).
    Etant donné les importants changements de morphologie d'un même individu selon les circonstances, et en l'absence d'étude systématique, il est impossible de conclure à ce jour. Les photos illustrant cette fiche doivent être considérées comme "potentiellement Bunodeopsis antilliensis".

    Bunodeopsis pelagica, autre espèce décrite des herbiers flottants de sargasse (Sargassum natans), se rencontre parfois en grand nombre sur les herbiers enracinés. Elle se distingue facilement de Bunodeopsis globulifera par ses pustules peu développées et surtout un liséré bleu-violet autour de la bouche.

    Alimentation

    De jour, les tentacules sont rétractés à l'intérieur de la cavité gastrique et les vésicules du pied se gonflent, exposant à la lumière les zooxanthelles contenues à l'intérieur. Ces symbiontes* apportent à l'anémone une partie de ses ressources nutritives par le biais de la photosynthèse*.
    De nuit ou par faible luminosité, les tentacules se déploient et s'allongent, permettant la capture de petites proies du zooplancton telles que des vers polychètes, mollusques, urochordés...

    Reproduction - Multiplication

    Cette espèce est capable de se multiplier intensivement par détachement de petits fragments de la base ou de la périphérie du pied.

    On sait très peu de choses sur le mode de reproduction sexuée, si ce n'est qu'il existe. Duerden indique avoir trouvé un spécimen bourré d'œufs au point de distendre la cavité mésentérique.

    Vie associée

    Comme beaucoup d'anémones de faible profondeur, cette anémone établit une relation symbiotique avec des zooxanthelles présentes dans son endoderme.
    Des crevettes peuvent à l'occasion s'associer, de façon non obligatoire, avec une anémone.

    Un petit Eolidien ressemblant beaucoup à Spurilla neapolitana, mais plus pâle et pourvu de tubercules caractéristiques sur les rhinophores, fréquente le même biotope d'herbiers marins et se nourrit des anémones dont il récupère les zooxanthelles pour son propre compte.

    En Californie, les herbiers de zostères sont périodiquement envahis de Bunodeopsis sp. Elles se multiplient en telles quantités pendant l'été que leur poids fait s'effondrer les feuilles sur le fond, où elles finissent par se décolorer et s'effilocher par manque de lumière.

    Divers biologie

    Contrairement à d'autres espèces qui vivent solidement fixées par la base sur un substrat dur, l'anémone d'herbier se déplace très facilement de feuille en feuille, en rampant sur son pied et à l'aide de ses tentacules. Elle est également capable de se détacher totalement de son support et de se laisser dériver au gré du courant : elle prend alors une position caractéristique "la tête en bas", les tentacules pendants, prêts à prendre appui sur une autre feuille. Elle peut aussi ramper à l'envers sous la surface, le pied collé au plafond.

    Rebecca Day (1994) précise que pour conserver au labo les spécimens qu'elle étudiait, elle a dû couvrir leur aquarium d'un grillage fin pour éviter les évasions.

    Informations complémentaires

    Très urticante.

    Une grande confusion règne dans l'inventaire et l'identification des petites anémones verruqueuses d'herbiers, pourtant si courantes aux Antilles.
    Les premières descriptions (Duchassaing, 1850 à 1870) sont très succinctes et ne permettent pas d'y rapporter avec certitude les travaux plus récents.

    Origine des noms

    Origine du nom français

    Voyageuse (nom proposé par DORIS) : en souvenir du nom de genre Viatrix créé par Duchassaing. Il a l'avantage de rappeler les mœurs vagabondes de cette anémone.

    Anémone naine verruqueuse des Antilles : idem, par symétrie avec sa cousine de Méditerranée.

    Origine du nom scientifique

    Bunodeopsis : du grec [bunod-] = montueux (qui est coupé de montagnes, de collines) ; et [-opsis] = qui a l'aspect de.

    globulifera : du latin [globulus] = petit globe, petite sphère ; et [-fer] = porter.

    Viatrix, du latin [viatrix] = voyageuse : nom de genre créé par Duchassaing pour y rattacher cette espèce. En effet, il interprétait les verrues du pied comme des vésicules natatoires, ayant observé ses déplacements en aquarium :
    "[cet animal] est complètement libre, et flotte avec une grande facilité à l'aide de ces vésicules ; mais avec la bouche en bas : souvent la partie postérieure du disque est en contact avec le niveau des eaux."

    Classification

    Numéro d'entrée WoRMS : 283507

    Termes scientifiques Termes en français Descriptif
    Embranchement Cnidaria Cnidaires

    Organismes aquatiques (marins pour la plupart) libres ou fixés, carnivores, principalement à symétrie radiaire, caractérisés par des cellules urticantes : les cnidocytes. Deux morphologies principales : le polype et la méduse. La larve est une planula.

    Classe Anthozoa Anthozoaires Cnidaires exclusivement marins, solitaires ou coloniaux, uniquement sous la forme polype (jamais de phase méduse dans le cycle de vie).
    Sous-classe Hexacorallia Hexacoralliaires

    Anthozoaires coloniaux ou solitaires, tentacules lisses, polypes à symétrie d’ordre 6.

    Ordre Actiniaria Actiniaires Polypes solitaires souvent colorés, en général fixés à un substrat dur par un large disque pédieux. Organismes parfois mobiles.
    Sous-ordre Nynantheae Boloceroidaria Nynanthées Bolocéroïdes
    Famille Boloceroididae Boloceroidés Disque pédieux large. Tentacules longs, se détachant facilement.
    Genre Bunodeopsis
    Espèce globulifera

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