Coquille robuste de couleur beige, brune, grisâtre ou jaunâtre
Porte souvent des rainures spiralées (5 à 8 par tour de coquille) et des côtes axiales ondulées (9 à 18 par tour)
Peut mesurer jusqu'à 15 centimètres de longueur
Pied tacheté blanc et noir
Possède un canal siphonal avec encoche
Bulot, buccin, bourgot, compteux, comteux, pilot...
Buckie, wawed whelk, whelk (GB), Buccina (I), Bocina, caracolillo de Bruselas (E), Wellhornschnecke, Blasehorn (D), Buzio, buzo (P), Wulk (NL), Konsnegel, keng (DK)
Buccinum striatum Pennant, 1777
Buccinum zetlandicum Forbes, 1835
Buccinum donovani Sars G.O., 1878
Buccinum fragile Sars G.O., 1878
Atlantique Nord, mers sibériennes, Arctique, Atlantique
Zones DORIS : ● Atlantique Nord-Ouest, ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Le buccin est présent dans les eaux froides de l'Atlantique Nord, de l'océan Arctique jusqu'aux côtes d'Amérique du Nord, en limite sud au New Jersey et sur les côtes européennes du Portugal.
Cette espèce préfère les eaux froides. Le buccin affectionne les fonds sablonneux, limoneux ou rocheux. Les jeunes fréquentent les cuvettes de marées peu profondes (zone intertidale*), les adultes peuvent se rencontrer jusqu'à 200 mètres de profondeur. Les individus fréquentant le St Laurent maritime se trouvent à moins de 20 mètres de profondeur. En France, cette espèce est observée et récoltée entre les basses mers et une centaine de mètres de profondeur.
Ce gastéropode est généralement de couleur grisâtre ou blanchâtre.
Sa coquille est robuste et peut atteindre jusqu'à 15 centimètres de hauteur. Elle est recouverte d'une mince couche cornée de couleur jaune appelée le périostracum*.
La coquille compte en moyenne 6 tours convexes, une spire proéminente et un apex* pointu. Sa surface est constituée de 5 à 8 cordons en forme de spirales distinctes et d'une douzaine de côtes axiales par tour (9 à 18). L'ouverture est ovale et de couleur blanc jaunâtre sur la face interne. Elle est munie d'une lèvre externe, mince, lisse et tranchante. Cette ouverture se termine par un canal siphonal* court et sculpté. Il n'y a pas de dents sur la lèvre externe. La forme, la couleur, l'ornementation de la coquille sont très variables ce qui est à l'origine du grand nombre de synonymes. Le corps du buccin est de couleur blanche, tachetée de noir.
L'ouverture de la coquille se ferme par un opercule* corné situé à l'arrière du pied.
Il y a neuf espèces du genre Buccinum qui vivent dans le St Laurent maritime.
Six de ces neuf espèces se retrouvent à moins de vingt mètres de profondeur.
Sur le littoral européen, il existe également plusieurs espèces de Buccinidés, mais Buccinum undatum est vraiment la plus commune. les autres espèces sont :
Buccinum humphreysianum Bennett 1824 (plus rare)
Neptunea antiqua Linnaeus 1758 (plus profond),
et de forme plus allongée:
Colus jeffreysianus (Fischer 1868)
Colus gracilis (da Costa 1778).
C'est principalement un prédateur de mollusques. Il affectionne particulièrement les bivalves comme les coques ou la mye commune. Grâce à un sens olfactif très développé il détecte les corps en putréfaction. Il lui arrive de se nourrir des cadavres d'autres animaux. Sa présence dans les casiers de pêche en est l'illustre preuve.
Son alimentation serait variable selon les saisons, avec des chutes au moment de la période de reproduction et lors des réchauffements de l'eau. Il ne perce pas les coquilles pour se nourrir, il enserre ses proies à l'aide de son pied, puis il insère sa lèvre externe entre les valves pour les forcer à s'ouvrir.
Cette opération lui permet d'introduire la partie antérieure de son tube digestif organisée en une trompe protractile* appelée proboscis* à l'intérieur du bivalve. Ce tube est aussi long que sa coquille.
Le buccin est une espèce gonochorique*, les différences morphologiques entre les sexes sont bien marquées. Le mâle possède un pénis de quelques cm situé dans la cavité palléale*, la première taille de maturité sexuelle chez la femelle se situe au environ d'une taille de coquille de 5 cm, soit vers 4 à 5 ans. La période de reproduction donne lieu à de véritables rassemblements. La fécondation est interne. Quelques semaines après avoir été fécondée la femelle pond ses œufs, qui sont enfermés dans des capsules chitineuses blanc-jaunâtre.
La femelle produit en moyenne 140 capsules. Chacune de ses capsules pondues une à une contient des milliers d'œufs. On les retrouve fixés sur les rochers ou au pied des algues. Les capsules forment souvent des amas. Ces amas peuvent provenir de la ponte de plusieurs femelles.
Les masses d'œufs sont particulièrement vulnérables aux prédateurs comme l'oursin vert Strongyiocentrotus droebachjensis (O.F. Müller 1776).
Les embryons avortés servent de nourriture aux embryons survivants (adelphophagie*). Au terme de 5 à 8 mois de développement, chaque capsule donnera naissance à une dizaine de juvéniles présentant les caractères de l'adulte : pas de phase larvaire* planctonique*. La période d'éclosion est située de l'automne à la fin de l'hiver.
Dans le nord du golfe du St Laurent la période d'accouplement du buccin commun débute au printemps. Elle se poursuit jusqu'au mois de juillet.
Dans la Manche la période d'accouplement a lieu vers le mois de novembre. Les femelles peuvent se rassembler vers le rivage.
Sa coquille est souvent récupérée comme protection par les pagures.
On peut voir parfois des annélides entre le pied et la coquille du buccin commun (voir photo).
Sa longévité est d'une dizaine d'années.
Il a plusieurs prédateurs comme les homards, différents crabes, des étoiles de mer, certains poissons (comme Anarhichas lupus) et l'homme.
Les sécrétions chimiques générées par les étoiles de mer comme Leptasterias polaris créent une relation prédateur-proie très particulière. Cette sécrétion a pour effet de créer une réaction défensive qui se caractérise par un retrait du pied du buccin et un comportement de fuite très rapide. Cette réaction est instantanée et se produit comme une alarme !!! Au Canada, le crabe vert est reconnu pour être un prédateur d'œufs.
Au XV siècle les bretons et les normands utilisaient le bulot comme appât pour la pêche à la morue sur les bancs de Terre Neuve. Ce n'est véritablement que dans les années cinquante qu'apparaît la pêche professionnelle avec les bulotiers.
Cette espèce est présente chez tous les poissonniers et est largement consommée, une bonne cuisson est d'ailleurs indispensable.
Les masses de capsules vides sont souvent rejetées à la côte. Elles servaient aux marins pêcheurs pour se nettoyer les mains.
C'est à l'occasion de ses travaux sur Buccinum undatum que Alfred GIARD (1846-1908), fondateur de la station marine de Wimereux (62), a créé le terme d'"adelphophagie*".
Le buccin fait l'objet depuis longtemps de petites pêches localisées dans le golfe du Saint-Laurent et près de Terre-Neuve, où on le capture au moyen de verveux appâtés, disposés en rangées de 20 à 30. Les buccins capturés accidentellement par les pêcheurs de homard ou de pétoncle peuvent être vendus soit pour la consommation humaine, soit pour appâter les palangres, et fournir ainsi un revenu d'appoint à ces pêcheurs. La récolte récréative des buccins peut être dangereuse en certaines saisons, à cause des risques d'intoxication.
La récolte du buccin est interdite à longueur d'année dans la baie de Fundy.
De 2000 à 2005, la taille minimale de capture est passée de 65 à 70 mm dans toutes les zones de pêche canadiennes. La saison de pêche, qui est de six mois pour toutes ces zones, s'étend d'avril - mai à octobre – novembre.
Cette espèce est très pêchée en France, notamment dans les régions de Normandie et de Bretagne: plusieurs milliers de tonnes par an. Cette pêche se pratique au moyen de casiers en plastique depuis la disparition des casiers en osier par une flottille de bulotiers. Celle-ci est soumise à licence de pêche.
On peut le pêcher à pied toute l'année généralement lors des grandes marées basses.
La taille minimum des prises est de 4,5 cm en France.
Il doit son nom à sa coquille en forme de spirale ondulée.
Buccinum du latin [buccina, ae, f.] = cornet de bouvier, trompe de bouvier, cor, clairon ; trompette militaire.
nom chez les latins du Tritonium nodiferum dont on se servait comme trompette (buccina) (de bucca = bouche) (Perrier fascicule IX); son de la trompette, trompette, pourpre (coquillage), suc du coquillage (Gaffiot)
undatum du latin [undātus, a, um] = ondulé, onduleux.
Numéro d'entrée WoRMS : 138878
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Caenogastropoda | Caenogastropodes | |
Ordre | Neogastropoda | Néogastéropodes | Coquille avec canal siphonal bien développé. Un repli du manteau forme un tube extensible : le siphon. La plupart sont des prédateurs ou nécrophages. Tous marins sauf le genre Clea. |
Famille | Buccinidae | Buccinidés | Coquille petite à moyenne (de 15 mm à 160 mm environ), ovoïde conique ou fusiforme, bord des tours avec un épaulement peu ou très marqué, canal siphonal (ou simple encoche) ouvert à l'extrémité de la columelle, celle-ci généralement lisse (sans plis). Surface lisse, à sculpture spiralée ou/et axiale. Chez de nombreuses espèces, les côtes axials forment des tubercules sur les épaulements. Animaux carnivores mais nécrophages la plupart du temps. D'après Lindner 2011:101. |
Genre | Buccinum | ||
Espèce | undatum |
Vue d'ensemble
Le corps du buccin est de couleur blanche, tachetée de noir. Sa coquille porte souvent des rainures spiralées (5 à 8 par tour de coquille) et des côtes axiales ondulées (9 à 18 par tour). Elles sont parfaitement visibles sur cette photo.
Rade de Brest, Finistère, 3 m
01/02/2009
La coquille et l'opercule
On distingue parfaitement l'opercule corné de fermeture de la coquille et le canal siphonal. Sa coquille est robuste et peut atteindre jusqu’à 15 centimètres de hauteur.
Les Escoumins, Côte Nord, Québec, Canada, 10 m
31/08/2007
Pied tacheté noir et blanc et tentacules sensoriels
Les Escoumins, Côte Nord, Québec, Canada, 10 m
24/07/2006
Ponte en bassin artificiel
Le buccin est là depuis 24 heures (la ponte aussi) même le concombre de mer qui assiste de très près à l'évènement depuis le 14 avril ne semble pas du tout déranger notre gastéropode. La photo a été prise au-dessus de l'eau d'un bassin de réserve (en coulisse) de l'aquarium de Québec
Aquarium de Québec
15/04/2008
Nutrition
Un crabe semble être la victime d'un buccin.
Voici les commentaires du photographe :
"Dans ce combat au ralenti, le buccin, qui était déjà renversé, semblait plus actif, mais le crabe était vivant.
A la fin de l’observation, le buccin avait enserré presque entièrement le crabe, qui donnait l’impression de ne plus pouvoir bouger."
A remarquer : l'annélide épibionte, à droite, sur la coquille.
Zélande (Pays-Bas), 15 m
22/02/2009
Proie et prédateur
Un buccin en mauvaise posture...
Les Escoumins, Côte Nord, Québec, Canada, 10 m
31/08/2007
Avec un annélide en épibionte
En épibionte, ou en vie associée comme c'est le cas pour certains vers avec des pagures, un annélide est bien visible ici sur un buccin.
Dunkerque (59), 20 m
20/06/2003
Contorsion
Après avoir été soulevé, ce buccin contorsionne son corps et s'étire pour retrouver sa position initiale.
Rade de Brest, Finistère, 3 m
01/02/2009
Prédation
Ce buccin se nourrit des restes d'un capelan Mallotus villosus, capturé par l'anémone criblée Cribrinopsis similis.
Sainte-Rose-du-Nord, Québec, Canada, 13 m
14/06/2021
Rédacteur principal : Laurent FEY
Vérificateur : Daniel BURON
Correcteur : Yves MÜLLER
Responsable régional : Laurent FEY
La page de Buccinum undatum dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN