Parasite externe déformant la chambre branchiale d'une crevette du genre Hippolyte
Femelle dissymétrique et aplatie dorso-ventralement
Mâle tout petit, au corps allongé et symétrique
A
très faible profondeur, en Europe (et ailleurs dans le monde)
Bopyre branchial des Hippolyte
Parasitic isopod (GB), Isopodo parassita, bopiridi (I), Isópodo parásito (E), Parasitische Meeresassel (D)
Bopyrus ocellatus Czerniavsky, 1868
Bopyrina ocellata f. mediterranea Czerniavsky, 1881
Bopyrina ocellata f. pontica Czerniavsky, 1881
Bopyrina virbii Kossmann, 1881
Bopyrus virbii Walz, 1881
Bopyrina giardi Bonnier, 1900
Méditerranée, mer Noire et Atlantique Nord-Est
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ○ [Méditerranée française]Le bopyre ocellé est une espèce principalement méditerranéenne et européenne qui a également été signalée au Brésil, en Inde, au Japon et en Australie.
L'espèce vit dans les mêmes milieux que son hôte, c'est-à-dire les algues photophiles* et les phanérogames marines de faible profondeur.
Bopyrina ocellata est un parasite externe déformant la chambre branchiale de certains spécimens des crevettes du genre Hippolyte. La femelle est dissymétrique et aplatie dorso-ventralement, c'est elle que l'on observera à l'état adulte en plongée sur les crevettes Hippolyte.
Chez le bopyre ocellé à l'éclosion, la première larve* est dite épicaridienne ; cette larve pélagique* infectieuse (pour un copépode) mesure jusqu'à 0,25 mm de long. Il ne semble pas y avoir d'information sur le stade microniscien (= larve qui parasite un copépode pélagique). Ce stade est suivi d'une larve cryptoniscienne qui mesure jusqu'à 0,7 mm de long. Cette dernière larve infectieuse pour la crevette a la forme classique d'un isopode très allongé. Chez cette larve les yeux sont présents, l'abdomen est segmenté et les pléopodes* sont minuscules ; les uropodes* sont très allongés et portent des soies.
Les jeunes mâles ressemblent à une larve cryptoniscienne ou à une femelle au premier stade. Le mâle adulte mesure 0,9 mm de long et 0,2 mm de large.
On distingue 6 stades juvéniles chez les femelles. Les femelles juvéniles ont une longueur de 0,6 mm au stade 1, et grandissent jusqu'à 1,4 mm au stade 6 et dernier stade. La femelle adulte mesure jusqu'à 3,4 mm de long et 2,0 mm de large. Au cours de la croissance des femelles :
Chez la femelle adulte, les yeux sont présents. Les antennules* et les antennes* sont minuscules. Les oostégites* (ou plaques marsupiales) diminuent en taille de l'avant vers l'arrière. Les péréiopodes* augmentent légèrement de longueur jusqu'à la 4e paire. Les segments de l'abdomen sont soudés et seuls les 3 premiers sont distincts du côté déformé. Le pléotelson* est légèrement échancré. Il y a 4 paires de pléopodes uniramés ; ceux du côté court sont plus réduits.
Les jeunes et les mâles sont incolores et translucides. Lorsque la femelle entre en vitellogenèse et pond ses œufs, sa couleur d'ensemble devient jaune de plus en plus foncé en raison des pigments contenus dans les œufs ou dans les embryons en développement dans la cavité incubatrice. Chez les vieilles femelles, les lames incubatrices (oostégites*) peuvent être légèrement teintées d'un brun violacé.
De nombreuses autres crevettes sont parasitées par des bopyres branchiaux dans toutes les mers du monde. En Europe, il existe deux espèces principales que l'on peut rencontrer en plongée.
Bopyrus squillarum Latreille, 1802 se rencontre communément sur les crevettes roses du genre Palaemon, en particulier la petite crevette rose Palaemon elegans, la grande crevette rose Palaemon serratus et le bouquet des posidonies Palaemon xiphias.
Urobopyrus processae Richardson, 1904 est un parasite commun des crevettes-autruche du genre Processa comme la crevette-autruche comestible Processa edulis, la crevette-autruche à grands yeux Processa macrophthalma, la crevette-autruche robuste Processa robusta ou la crevette-autruche à rostre pointu Processa acutirostris.
Outre ces deux espèces on peut rencontrer exceptionnellement en Manche deux espèces du genre Bopyroides : Bopyroides hippolytes (Krøyer, 1838) (douteux en Manche) et Bopyroides cluthae (Scott T., 1902) relativement commun sur la crevette pandaline à rostre court Pandalina brevirostris.
A l'instar des autres bopyres, la femelle du bopyre ocellé est hématophage*. Elle ponctionne l'hémolymphe de la crevette hôte. Le mode d'alimentation du mâle n'est pas documenté.
La ponte du parasite suit généralement la mue de la crevette hôte dans les 24 heures. L'incubation est courte ; elle dure 9 à 12 jours entre deux émissions de larves. La fécondité augmente avec la taille du parasite : elle varie entre 330 et 1410 œufs pour des femelles dont la longueur se situe entre 1,5 et 3,1 mm. Le parasite n'inhibe pas les mues de la crevette hôte mais il cause la stérilité des sujets infestés.
Ce parasite est associé à ses hôtes. Il est lui-même parasité en Méditerranée par un hyperparasite du groupe des isopodes, l'épicaride marsupial Cabirops marsupialis qui est très rare.
Les connaissances relatives à ce crustacé parasite ont été obtenues principalement par Roland Bourdon, chercheur à la station marine de Roscoff et publiées dans sa thèse (1968).
Bopyre ocellé : transposition en français du nom scientifique.
Bopyrina : vient de [bopyrus] = d'après Latreille (dans Histoire Naturelle des Crustacés et des Insectes, 1803), Bopyrus serait un nom propre en latin. On ne sait cependant pas de qui il s'agit, et de [ina] diminutif.
ocellata : du latin [ocellatus] = portant des ocelles, des taches.
Numéro d'entrée WoRMS : 118200
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Arthropoda | Arthropodes | Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette. |
Sous-embranchement | Crustacea | Crustacés | Arthropodes à exosquelette chitineux, souvent imprégné de carbonate de calcium, ayant deux paires d'antennes. |
Classe | Malacostraca | Malacostracés | 8 segments thoraciques, 6 segments abdominaux. Appendices présents sur le thorax et l’abdomen. |
Sous-classe | Eumalacostraca | Eumalacostracés | Présence d’une carapace recouvrant la tête et tout ou partie du thorax. |
Super ordre | Peracarida | Péracarides | Les femelles sont dotées d'une cavité d'incubation formée par des expansions lamelleuses des péréiopodes. |
Ordre | Isopoda | Isopodes | Corps comprimé dorso-ventralement, première paire d’antennes beaucoup plus petite que la seconde, yeux non pédonculés. 7 paires de pattes de même apparence. |
Famille | Bopyridae | Bopyridés | Parasites externes de crevettes marines. |
Genre | Bopyrina | ||
Espèce | ocellata |
Le bopyre ocellé est un parasite des crevettes Hippolyte
Bopyrina ocellata (Czerniavsky, 1868) sur Hippolyte varians.
Ria d'Etel, 5 m
04/06/2017
Sur une Hippolyte bretonne
La cavité branchiale droite de cette Hippolyte varians est déformée par le bopyre.
(Plus d'informations et d'images sur Estran22 de Marc COCHU et Florence GULLY)
Trélévern (22) Bretagne, sur l'estran
30/09/2015
Bretagne Nord
Hippolyte parasitée par un bopyre, ce parasite est assez gros. L'hôte est un beau spécimen de Hippolyte varians, en livrée uniforme rouge (diurne), sans doute une femelle.
(Plus d'informations et d'images sur Estran22 de Marc COCHU et Florence GULLY)
Ile Renote, Bretagne (22), estran
22/03/2011
Sur Hippolyte varians à livrée uniforme verte
Cette crevette est parasitée dans la cavité branchiale gauche par le bopyre des hippolytes. L'angle de prise de vue permet d'apprécier la bosse formée par le parasite sur le côté de la "tête" de la crevette. Elle n'a pas mal aux dents mais on dirait quand même qu'elle a une chique sur la joue !
Etel, 5 m
04/06/2017
Mâle nain et grosse femelle
Dessin ancien tiré de la publication suivante : Chopra B., 1923, Bopyrid isopods parasitic on Indian Decapoda Macrura, Records of the Indian Museum, Calcutta, 25: 411-550. Le mâle nain est représenté à gauche, et la femelle est à droite.
Le spécimen dessiné venait d'Inde, à Port-Blair dans les îles Andaman.
Reproduction de documents anciens
1923
Rédacteur principal : Pierre NOËL
Responsable régional : Frédéric ANDRÉ
Bonnier J., 1900, Contribution à l'étude des Épicarides, Les Bopyridae, Thèse, faculté des sciences de Paris, L. Danel Print,Travaux de la Station Zoologique de Wimereux, 8, 1-396.
Bourdon R., 1968, Les Bopyridae de mers européennes, Mémoires du Muséum national d'Histoire naturelle, Paris, 50(2), 1-410.
Chopra B., 1923, Bopyrid isopods parasitic on Indian Decapoda Macrura, Records of the Indian Museum, Calcutta, 25, 411-550.
Le Mao P., 2006, Inventaire de la biodiversité marine dans le Golfe normano-breton, Les crustacés malacostracés, 2, Isopodes, IFREMER, Saint Malo, France, RST /DOP.LER/SM 06-12, août 2006, 1-31.
Turquier Y., 1962, Les Décapodes Natantia de la région de Luc-sur-Mer, Faculté des Sciences de Caen, Laboratoire de Biologie Marine de Luc-sur-mer, 1-65.
Udekem d'Acoz C. d', 1996, The genus Hippolyte Leach, 1814 (Crustacea: Decapoda: Caridea: Hippolytidae) in the East Atlantic Ocean and the Mediterranean Sea, with a checklist of all species in the genus, Zoologische Verhandelingen, Leiden, 303, 3-133.La page de Bopyrina ocellata dans l’Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN