Bopyre ocellé

Bopyrina ocellata | (Czerniavsky, 1868)

N° 4469

Méditerranée, mer Noire et Atlantique Nord-Est

Clé d'identification

Parasite externe déformant la chambre branchiale d'une crevette du genre Hippolyte
Femelle dissymétrique et aplatie dorso-ventralement
Mâle tout petit, au corps allongé et symétrique
A très faible profondeur, en Europe (et ailleurs dans le monde)

Noms

Autres noms communs français

Bopyre branchial des Hippolyte

Noms communs internationaux

Parasitic isopod (GB), Isopodo parassita, bopiridi (I), Isópodo parásito (E), Parasitische Meeresassel (D)

Synonymes du nom scientifique actuel

Bopyrus ocellatus Czerniavsky, 1868
Bopyrina ocellata f. mediterranea Czerniavsky, 1881
Bopyrina ocellata f. pontica Czerniavsky, 1881
Bopyrina virbii Kossmann, 1881
Bopyrus virbii Walz, 1881
Bopyrina giardi Bonnier, 1900

Distribution géographique

Méditerranée, mer Noire et Atlantique Nord-Est

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ○ [Méditerranée française]

Le bopyre ocellé est une espèce principalement méditerranéenne et européenne qui a également été signalée au Brésil, en Inde, au Japon et en Australie.

Biotope

L'espèce vit dans les mêmes milieux que son hôte, c'est-à-dire les algues photophiles* et les phanérogames marines de faible profondeur.

Description

Bopyrina ocellata est un parasite externe déformant la chambre branchiale de certains spécimens des crevettes du genre Hippolyte. La femelle est dissymétrique et aplatie dorso-ventralement, c'est elle que l'on observera à l'état adulte en plongée sur les crevettes Hippolyte.

Chez le bopyre ocellé à l'éclosion, la première larve* est dite épicaridienne ; cette larve pélagique* infectieuse (pour un copépode) mesure jusqu'à 0,25 mm de long. Il ne semble pas y avoir d'information sur le stade microniscien (= larve qui parasite un copépode pélagique). Ce stade est suivi d'une larve cryptoniscienne qui mesure jusqu'à 0,7 mm de long. Cette dernière larve infectieuse pour la crevette a la forme classique d'un isopode très allongé. Chez cette larve les yeux sont présents, l'abdomen est segmenté et les pléopodes* sont minuscules ; les uropodes* sont très allongés et portent des soies.

Les jeunes mâles ressemblent à une larve cryptoniscienne ou à une femelle au premier stade. Le mâle adulte mesure 0,9 mm de long et 0,2 mm de large.

On distingue 6 stades juvéniles chez les femelles. Les femelles juvéniles ont une longueur de 0,6 mm au stade 1, et grandissent jusqu'à 1,4 mm au stade 6 et dernier stade. La femelle adulte mesure jusqu'à 3,4 mm de long et 2,0 mm de large. Au cours de la croissance des femelles :

  • le corps qui est étroit et symétrique initialement s'élargit peu à peu, se courbe progressivement et devient donc asymétrique,
  • la segmentation de l'abdomen s'efface progressivement,
  • les uropodes* régressent peu à peu jusqu'à l'absence totale,
  • les oostégites* apparaissent au stade 3 et se développent aux stades suivants.

Chez la femelle adulte, les yeux sont présents. Les antennules* et les antennes* sont minuscules. Les oostégites* (ou plaques marsupiales) diminuent en taille de l'avant vers l'arrière. Les péréiopodes* augmentent légèrement de longueur jusqu'à la 4e paire. Les segments de l'abdomen sont soudés et seuls les 3 premiers sont distincts du côté déformé. Le pléotelson* est légèrement échancré. Il y a 4 paires de pléopodes uniramés ; ceux du côté court sont plus réduits.

Les jeunes et les mâles sont incolores et translucides. Lorsque la femelle entre en vitellogenèse et pond ses œufs, sa couleur d'ensemble devient jaune de plus en plus foncé en raison des pigments contenus dans les œufs ou dans les embryons en développement dans la cavité incubatrice. Chez les vieilles femelles, les lames incubatrices (oostégites*) peuvent être légèrement teintées d'un brun violacé.

Espèces ressemblantes

De nombreuses autres crevettes sont parasitées par des bopyres branchiaux dans toutes les mers du monde. En Europe, il existe deux espèces principales que l'on peut rencontrer en plongée.

Bopyrus squillarum Latreille, 1802 se rencontre communément sur les crevettes roses du genre Palaemon, en particulier la petite crevette rose Palaemon elegans, la grande crevette rose Palaemon serratus et le bouquet des posidonies Palaemon xiphias.

Urobopyrus processae Richardson, 1904 est un parasite commun des crevettes-autruche du genre Processa comme la crevette-autruche comestible Processa edulis, la crevette-autruche à grands yeux Processa macrophthalma, la crevette-autruche robuste Processa robusta ou la crevette-autruche à rostre pointu Processa acutirostris.

Outre ces deux espèces on peut rencontrer exceptionnellement en Manche deux espèces du genre Bopyroides : Bopyroides hippolytes (Krøyer, 1838) (douteux en Manche) et Bopyroides cluthae (Scott T., 1902) relativement commun sur la crevette pandaline à rostre court Pandalina brevirostris.

Alimentation

A l'instar des autres bopyres, la femelle du bopyre ocellé est hématophage*. Elle ponctionne l'hémolymphe de la crevette hôte. Le mode d'alimentation du mâle n'est pas documenté.

Reproduction - Multiplication

La ponte du parasite suit généralement la mue de la crevette hôte dans les 24 heures. L'incubation est courte ; elle dure 9 à 12 jours entre deux émissions de larves. La fécondité augmente avec la taille du parasite : elle varie entre 330 et 1410 œufs pour des femelles dont la longueur se situe entre 1,5 et 3,1 mm. Le parasite n'inhibe pas les mues de la crevette hôte mais il cause la stérilité des sujets infestés.

Vie associée

Ce parasite est associé à ses hôtes. Il est lui-même parasité en Méditerranée par un hyperparasite du groupe des isopodes, l'épicaride marsupial Cabirops marsupialis qui est très rare.

Informations complémentaires

Les connaissances relatives à ce crustacé parasite ont été obtenues principalement par Roland Bourdon, chercheur à la station marine de Roscoff et publiées dans sa thèse (1968).

Origine des noms

Origine du nom français

Bopyre ocellé : transposition en français du nom scientifique.

Origine du nom scientifique

Bopyrina : vient de [bopyrus] = d'après Latreille (dans Histoire Naturelle des Crustacés et des Insectes, 1803), Bopyrus serait un nom propre en latin. On ne sait cependant pas de qui il s'agit, et de [ina] diminutif.

ocellata : du latin [ocellatus] = portant des ocelles, des taches.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 118200

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Arthropoda Arthropodes Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette.
Sous-embranchement Crustacea Crustacés Arthropodes à exosquelette chitineux, souvent imprégné de carbonate de calcium, ayant deux paires d'antennes.
Classe Malacostraca Malacostracés 8 segments thoraciques, 6 segments abdominaux. Appendices présents sur le thorax et l’abdomen.
Sous-classe Eumalacostraca Eumalacostracés Présence d’une carapace recouvrant la tête et tout ou partie du thorax.
Super ordre Peracarida Péracarides Les femelles sont dotées d'une cavité d'incubation formée par des expansions lamelleuses des péréiopodes.
Ordre Isopoda Isopodes Corps comprimé dorso-ventralement, première paire d’antennes beaucoup plus petite que la seconde, yeux non pédonculés. 7 paires de pattes de même apparence.
Famille Bopyridae Bopyridés

Parasites externes de crevettes marines.

Genre Bopyrina
Espèce ocellata

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