Blennie périophtalme

Blenniella periophthalmus | (Valenciennes, 1836)

N° 4670

Mer Rouge, océan Indien et océan Pacifique Ouest et centre

Clé d'identification

Profil de tête formant un angle droit dont le sommet est occupé par les yeux
Profil du dos rectiligne du front au début du pédoncule caudal
Six à huit barres verticales grises se dédoublant à leur extrémité inférieure, et parfois supérieure
Jusqu’à six paires d’ocelles bleus bordés de noir situés de part et d’autre de l’axe médian du corps
Petites taches de couleur rouge orangé à brun rouge disséminées sur tout le corps

Noms

Noms communs internationaux

Blue-dashed rockskipper, blue-streaked blenniella, blue-streaked blenny, bullethead rockskipper, eyespot blenny, false mudskipper, peppered blenny (GB), Koeëlkop-klipspringer (Afrique du Sud)

Synonymes du nom scientifique actuel

Salarias periophthalmus Valenciennes, 1836
Salarias biseriatus Valenciennes, 1836
Alticops periophthalmus (Valenciennes, 1836)
Istiblennius biseriatus (Valenciennes, 1836)
Istiblennius periophthalmus (Valenciennes, 1836)
Istiblennius periophthalmus biseriatus (Valenciennes, 1836)
Salarias schultzei Bleeker, 1859
Salarias muscarus Snyder, 1908

Distribution géographique

Mer Rouge, océan Indien et océan Pacifique Ouest et centre

Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge]

On peut trouver cette espèce en mer Rouge, dans l’océan Indien et dans les zones tropicales et subtropicales des parties ouest et centre de l’océan Pacifique.
Dans le Pacifique, elle est présente, d’ouest en est, de l’Indonésie à Hawaï et aux îles Gambier et, du nord au sud, du sud du Japon à l’Australie, la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française et les îles Australes.

Biotope

Blenniella periophthalmus se rencontre de 0 à 5 mètres (le plus souvent à moins d’un mètre) en milieu récifal, sur les fonds rocheux ou détritiques* des platiers* exposés. On peut aussi trouver cette blennie dans d’autres zones à hydrodynamisme soutenu, pourvu que le substrat* lui offre des trous et anfractuosités où se cacher et d’où surveiller les alentours, ainsi que les algues dont elle se nourrit.

Description

Le corps est long, fuselé et fortement comprimé latéralement. Le dos est presque rectiligne du front au début du pédoncule* caudal. La taille maximale documentée est de 15 cm. Le corps est dépourvu d'écailles.
Description sommaire : le corps est de couleur claire, constellé de points rouges ou bruns et il est marqué de larges bandes verticales grises dont la majorité porte une paire d’ocelles* bleus. Les yeux or, rouges et turquoise ajoutent à l’aspect multicolore de cette blennie.

Description détaillée : la couleur de fond est claire, elle va du blanc cassé à un gris verdissant plus ou moins pâle. Les flancs sont marqués par six à huit barres verticales grises se dédoublant à leur extrémité inférieure, et parfois supérieure. Des taches grises de taille et de forme variables peuvent apparaître entre ces barres. Une ou deux bandes horizontales claires coupent les barres grises chez certains individus, l’une à proximité de la nageoire dorsale, l’autre dans l’axe médian du corps. Une paire d'ocelles* bleus bordés de noir orne chaque barre grise à partir de l’aplomb des derniers rayons durs de la dorsale. Ces ocelles se situent de part et d’autre de l’axe médian du corps. D’autres ocelles bleus disposés sans ordre se trouvent parfois entre ces paires. Les bandes grises sont plus pâles chez les femelles, de même que les ocelles, qui peuvent aussi manquer. Une multitude de petites taches de couleur rouge orangé à brun rouge sont disséminées sur le corps. La densité de ces taches est plus forte dans la moitié antérieure du corps. Ce patron de taches rouges est partagé par les femelles et la plupart des mâles dans l’ouest de l’océan Indien et la mer Rouge, mais il est plus rare chez les mâles dans les autres parties de la distribution de l’espèce. Quand il est effectif chez ces mâles, les taches sont moins nombreuses.

Le profil de la tête forme un angle droit dont le sommet est occupé par les yeux. Un léger renflement longitudinal est présent au milieu de la nuque des mâles et tient lieu de « crête nucale » chez cette espèce.
Les yeux sont proéminents, globuleux, mobiles et indépendants. La pupille est entourée d’un anneau doré, le reste de l’iris* est bleu turquoise avec deux lignes rouges enchâssant horizontalement cet anneau sur toute la largeur de l’œil.
La bouche est subterminale avec une très large, haute et proéminente lèvre supérieure, dont le bord est crénelé. Cette lèvre est blanche avec des taches grises plus ou moins prononcées, elle est parfois mouchetée de points rouges à noirs.
La tête porte des cirres* nucaux*, supraorbitaux et nasaux. Les cirres nucaux sont petits, blanchâtres et généralement simples ; les cirres supraorbitaux sont les plus longs, ils sont généralement simples (mais ils peuvent avoir une ou plusieurs petites branches), de couleur blanc jaunâtre avec des traces orangées ; les cirres nasaux, situés sur la paire de narines antérieure, sont gris foncé, courts et palmés, avec rarement plus de six branches.

Une large tache rouge orange à brun rouge avec un liseré postérieur bleu pâle se trouve derrière les yeux. Une tache noire de plus petite taille lui succède près de la limite postéro-supérieure des opercules*. Cette tache est rarement présente chez les spécimens de l’ouest de l’océan Indien. Deux à quatre taches grisâtres plus ou moins grandes et prononcées peuvent en outre se trouver sur les opercules. Une petite marque triangulaire noirâtre à liseré postérieur bleu accompagne le bord inférieur des yeux.

La nageoire dorsale est échancrée entre les rayons durs et les rayons mous. A partir de la base, la membrane des rayons durs porte des taches rectangulaires grises plus ou moins alignées, puis une série de taches verticales rectangulaires de couleur noire et une large frange claire portant des marques zigzagantes orangées. La membrane des rayons mous est marquée par de nombreuses lignes obliques grises, qui s’achèvent en tirets horizontaux orange dans le tiers supérieur de la nageoire. Une membrane relie le dernier rayon mou au pédoncule caudal. La nageoire anale est translucide à grisâtre, mais elle peut présenter une large frange noirâtre chez les mâles. Les pectorales sont translucides, leurs rayons peuvent être ponctués de petites taches orange. Les pelviennes se situent en avant de l’aplomb des pectorales et de la dorsale, leurs rayons sont blancs. La caudale est tronquée à arrondie, sa membrane peut présenter des teintes jaunâtres parfois verdissantes. Son bord inférieur est noirâtre chez les mâles.

Espèces ressemblantes

Springer et Williams (1994), les réviseurs du genre, écrivent que la présence d’une tache noire proche de l’extrémité postéro-supérieure des opercules est spécifique de Blenniella periophthalmus parmi toutes les espèces de Blenniidés. Cette caractéristique concerne toute la distribution de l’espèce à l’exception des populations de l’ouest de l’océan Indien.

Ils ajoutent que les deux rangées d’ocelles bleus de part et d’autre de l’axe médian du corps ne se rencontrent que chez B. periophthalmus, et chez les mâles de B. cyanostigma, B. interrupta, B. leopardus, et B. bilitonensis (à quoi il faut ajouter B. paula, pratiquement identique à B. periophthalmus). Dans la mesure où seul B. cyanostigma peut être rencontré dans l’ouest de l’océan Indien, la seule confusion possible dans cette région est relative aux mâles de cette espèce, mais ils ont tous une crête nucale* bien développée dès la taille de 2,5 cm, alors que ceux de B. periophthalmus ne présentent toute leur vie qu’un léger renflement longitudinal au même endroit.

Blenniella paula est pratiquement indiscernable de B. periophthalmus. Les réviseurs du genre disent avoir eu du mal à se décider à considérer qu’elle était une espèce différente et ont en conséquence créé le « complexe periophthalmus », qui les regroupe. Leur décision est essentiellement basée sur la corrélation entre les patrons de couleurs des femelles. Par exemple les femelles de B. periophthalmus montrent de très nombreux points rouges disséminés sur la tête et le corps, alors que celles de B. paula n’en ont généralement pas (et quand elles en ont, les points sont brun rouille). De plus, cette dernière fréquente une zone géographique précise (l’ouest du Pacifique).

Alimentation

Cette espèce se nourrit d’algues filamenteuses et des petits invertébrés qui leur sont associés (foraminifères, copépodes, ostracodes et gastéropodes).

Reproduction - Multiplication

La biologie de la reproduction n’a pas été étudiée dans cette espèce à la date de publication de cette fiche (janvier 2019), à notre connaissance.

Des observations anecdotiques de parade nuptiale faites à La Réunion attestent que le mâle parade, les nageoires dorsale et anale déployées, autour de la femelle retranchée dans un trou d’où elle observe la scène. La livrée du mâle ne change pas de couleur pendant qu’il parade, sauf si un rival approche. Il prend alors une teinte uniformément gris acier à noire dans laquelle seuls les ocelles bleus restent visibles, la dorsale déployée devient noire avec une large frange blanche et la caudale est jaune vif à liseré rouge. Cette variation de teinte peut apparaître et disparaître quasi-instantanément.

Le stade « ophioblennius » est un stade particulier qui regroupe des individus morphologiquement situés au dernier stade larvaire ou aux stades post-larvaire et pré-juvénile, dans un certain nombre de genres de la famille des Blenniidés (dont le genre Blenniella). Ce stade est essentiellement caractérisé par une absence de pigmentation notable et par la présence, sur la mandibule* (maxillaire inférieur), de deux longues canines recourbées vers l’arrière et saillant latéralement au milieu de la mâchoire, ainsi que par une ou deux paires de petites canines saillant à son extrémité antérieure. Ce stade a pu être étudié chez B. paula, très proche parente de B. periophthalmus, et il est probable que les résultats de cette étude vaillent pour la blennie périophtalme. Chez B. paula les individus d’environ 1,5 cm ont des cirres nasaux et orbitaux, mais pas de cirres nucaux, et la lèvre supérieure n’est pas crénelée. La métamorphose* (passage au stade juvénile) semble avoir lieu entre 1,3 et 2 cm. Les juvéniles perdent alors les canines latérales du stade ophioblennius et présentent de 8 à 10 bandes verticales noirâtres sur les flancs ainsi qu’une pigmentation foncée sur la tête. Les individus dont la taille est supérieure à 2 cm possèdent des cirres nucaux et une lèvre supérieure crénelée. Les canines situées postérieurement sur la mandibule des adultes apparaissent aux environs de 3 cm et achèvent la métamorphose.

Divers biologie

La dentition est composée de plus de 100 dents très fines, peu espacées et distribuées en une seule rangée sur le maxillaire, et de plus de 75 dents identiques sur la mandibule. De cette dentition particulière vient l’expression anglaise commune « combtooth blennies » (blennies à dents de peigne) pour désigner la plupart des espèces de la famille des Blenniidés (les autres étant les « blennies à dents de sabre », ou « sabertooth blennies » en anglais). Une paire de canines est située postérieurement sur la mandibule (il n’y a pas de canines en partie antérieure des mâchoires).

Les blennies n’ont pas de vessie natatoire, ce pourquoi leur mode d’existence est benthique*. Seules les blennies à dents de sabre en ont une et peuvent nager dans la colonne d’eau.

On peut observer B. periophthalmus sauter de rocher en rocher, à l’air libre, à marée basse. C’est pourquoi elle est souvent confondue avec les « gobies sauteurs » (Gobiidés, sous-famille des Oxudercinés), aussi appelés « périophtalmes », qui sont amphibies. Cette confusion est favorisée par les yeux proéminents et haut placés de la blennie. Toutefois les blennies du genre Blenniella ne sont considérées ni comme « terrestres » ni comme amphibies, contrairement à d’autres blennies sauteuses et aux gobies concernés, ces derniers respirant par leur peau. Les sauts sont permis par la détente brusque du corps d’abord arqué au maximum, museau au contact du pédoncule caudal, et peuvent servir à échapper à un prédateur.

La nageoire dorsale comprend de 12 à 14 rayons durs et de 18 à 21 rayons mous. L’anale comprend 2 rayons durs et de 19 à 21 rayons mous. Cette espèce n’ayant pas d’écailles, la ligne latérale* est une simple rangée de pores logés dans un sillon longeant le dos jusqu’à l’aplomb des derniers rayons durs de la nageoire dorsale.

Informations complémentaires

Springer et Williams distinguent trois types de population chez Blenniella periophthalmus, corrélés à des variations du patron de couleurs dont chacune correspond à une zone géographique : 1) mer Rouge et Oman, 2) ouest de l’océan Indien et 3) est de l’océan Indien et Pacifique Ouest.

Cette espèce est non seulement peu farouche, mais extrêmement curieuse si elle est approchée calmement. Un observateur qui aura le temps de consacrer cinq à dix minutes au même individu se verra d’abord observé attentivement. Cet examen fait, l'individu deviendra le plus souvent entreprenant et restera dans la proximité de l’observateur en stationnant autour de lui sur plusieurs postes d’observations, sans cesser de le regarder. Si la relation est bien établie, il pourra se laisser approcher à quelques centimètres sans manifester aucune crainte.

Son statut pour l’UICN* est LC (Least Concerned, traduit par « Préoccupation mineure »), ce qui signifie que les informations recueillies sur l’espèce ne permettent pas de la classer dans les autres catégories, notamment dans les trois qui alertent sur une menace (CR : En danger critique d’extinction, EN : en danger, VU : Vulnérable). En fonction de quoi elle n’est pas actuellement concernée par des mesures de protection. Elle n’intéresse pas les pêcheries et elle est rarement proposée par le commerce aquariophile. Elle est cependant dépendante des milieux coralliens, dont le déclin contemporain rapide à l’échelle mondiale ne peut que l’affecter.

Origine des noms

Origine du nom français

Blennie : nom commun issu du nom de la famille des Blenniidés. Se reporter à l’origine du nom scientifique pour l’étymologie de ce nom.

périophtalme : se reporter à l’origine du nom scientifique pour l’étymologie de ce nom. En l’absence de nom vernaculaire établi pour cette espèce, « blennie périophtalme » est une proposition de DORIS. Cette proposition se base sur le nom commun donné à l’espèce par Valenciennes, son descripteur (sous le nom scientifique de Salarias periophthalmus, devenu synonyme) : « le salarias périophtalme ».

Origine du nom scientifique

Blenniella : mot formé par le radical « blenni- » issu du nom de la famille des Blenniidés, et le suffixe diminutif [-ella]. Le mot grec à l’origine du nom de la famille est [blennos], qui signifie mucosité, en référence au corps couvert de mucus de ces poissons dépourvus d’écailles. Ce nom, blenniella, signifie donc « petite blennie ».
Le genre est décrit par Earl D. Reid en 1943 pour classer un spécimen qu’il croyait adulte, mais qui était en réalité un stade « ophioblennius » (voir supra, Reproduction) de Blenniella gibigrons, ce qui permet de comprendre le suffixe diminutif. Ce genre était donc alors monotypique (il ne comprenait qu'une seule espèce). Le genre Bienniella actuel a été révisé par Springer et Williams en 1994. Il contient actuellement 9 espèces acceptées.

periophthalmus : du grec [peri], qui signifie « autour », et [ophthalmós], qui signifie « œil ». Valenciennes décrit l’espèce sous le nom de Salarias periophthalmus en précisant : « Ses yeux brillants et rapprochés le font tellement ressembler à un périophthalme, que MM. Quoy et Gaimard l'avaient d'abord pris pour tel ». Periophthalmus est aussi le nom d’un genre de poissons appartenant à la famille des Gobiidés, auquel il a été donné en référence aux yeux saillants et mobiles des espèces concernées, qui leur permettent de voir à 360°. C’est donc la ressemblance des yeux de la blennie avec ceux des gobies périophtalmes qui a justifié le choix de l’épithète spécifique. Notez que le second ‘h’ du nom « périophthalme », usité au XIXe siècle, a disparu du français moderne.
La localité du type* est l’île Tikopia, située dans les îles Santa Cruz, appartenant à l’archipel des Salomon (Pacifique Sud). L’holotype* a été ramené en France par Quoy et Gaimard.

Classification

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chordata Chordés Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés.
Sous-embranchement Vertebrata Vertébrés Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux.
Classe Actinopterygii Actinoptérygiens Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées.
Ordre Perciformes Perciformes Nageoires pelviennes très rapprochées des nageoires pectorales.
Famille Blenniidae Blenniidés Nageoire dorsale unique.
Genre Blenniella
Espèce periophthalmus

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