Anémone serpentin

Bartholomea annulata | (Le Sueur, 1817)

N° 2584

Atlantique tropical Ouest

Clé d'identification

Nombreux tentacules, longs et fins, translucides
Tentacules marqués de motifs blanchâtres en tire-bouchon
Bouche en fente entourée de blanc ou de jaune clair

Noms

Autres noms communs français

Anémone rasta, anémone tire-bouchon, anémone perle des Caraïbes (certains de ces noms sont utilisés indifféremment pour une autre anémone assez ressemblante : Ragactis lucida).

Noms communs internationaux

Corkscrew anemone, ringed anemone, curly-cue anemone (GB)

Synonymes du nom scientifique actuel

Actinia annulata Le Sueur, 1817
Actinia solifera Le Sueur, 1817
Paractis solifera (Le Sueur, 1817)
Aiptasia solifera (Le Sueur, 1817)
Aiptasia annulata (Le Sueur, 1817)
Bartholomea solifera Duchassaing de Fombressin & Michelotti, 1864
Carlgreniella robusta Watzl, 1922

Remarque : le nom scientifique valide de cette anémone est resté longtemps indécis.
Le Sueur décrit sur la même page deux actinies. Dans l'une (solifera) nous n'avons aucun mal à reconnaître notre anémone tire-bouchons : "tentacula... ornamented with white, semispiral spots, terminated in a point at the end".
La description de l'autre, annulata, est dans un anglais assez obscur : "tentacula pointed, unequal, divided by 8 or 9 rings, which are white, elevated... they are disposed around a narrow disc". Cette phrase a été interprétée tantôt comme "tentacules répartis en 8 ou 9 rangs ou cycles" (Milne-Edwards) tantôt comme "8 ou 9 marques ou anneaux sur les tentacules" (Andres).
En l'absence d'un schéma ou d'un spécimen-type, annulata a été considérée comme une espèce douteuse, jusqu'à ce que Mc Murrich (1889) les mette en synonymie, en retenant le nom annulata comme le premier et le plus représentatif.

Distribution géographique

Atlantique tropical Ouest

Zones DORIS : ● Caraïbes

Cette anémone est présente dans les Bermudes, en Floride, dans les Caraïbes, le golfe du Mexique, jusqu'au Venezuela.

Biotope

Elle est très commune dans les récifs coralliens, dans les zones caillouteuses avec poches de sable, à proximité des herbiers et des mangroves, le plus souvent à faible profondeur (de 3 à 40 mètres).

Description

C'est une grande anémone généralement isolée, pouvant faire jusqu'à 20 cm de diamètre avec les tentacules étendus. Elle a cependant un aspect délicat et fragile avec ses tentacules presque transparents.

Les 100 à 200 tentacules sont fins, plus longs au centre qu'à la périphérie et flottent gracieusement dans l'eau en masquant la bouche et le disque oral. Translucides ou bleuâtres, ils sont marqués nettement d'épaississements opaques en forme de spirales ou d'anneaux brisés. Ces taches sont le siège de batteries de cnidocytes* urticants.

La surface du disque oral est brun-vert, blanc bleuâtre ou translucide et marquée de taches brunes. Certains spécimens fortement chargés en zooxanthelles peuvent avoir une coloration plus soutenue, brun verdâtre, toujours marquée de blanc sur les tentacules et autour de la bouche. Celle-ci est étirée en fente, entourée d'une tache claire et sa marge présente des rides qui correspondent à l'insertion des mésentères*.

Le pied, ou colonne, est de couleur blanchâtre, très extensible et marqué de stries longitudinales. Cependant, il est généralement invisible, enfoncé dans une crevasse ou sous un bloc rocheux et solidement fixé à un support.

Espèces ressemblantes

À l'état juvénile : on peut confondre cette espèce avec d'autres Aiptasiidés présents dans la même zone géographique, comme Aiptasia tagetes.
Adulte : l'anémone à boutons Ragactis lucida, à première vue, a le même aspect avec ses tentacules flottants, transparents, en grappes désordonnées. Un examen attentif montre cependant que les cnidocytes* de cette dernière sont regroupés en petites sphères sur les tentacules, et non en tortillons. Les tentacules sont aussi plus courts et trapus.

Alimentation

Les juvéniles se nourrissent de zooplancton.
Les grands spécimens adultes attrapent leurs proies (petits crustacés, vers, larves) et les paralysent grâce à leurs tentacules urticants qui les amènent ensuite jusqu'à la bouche.

Reproduction - Multiplication

Bartholomea annulata est hermaphrodite* : on peut trouver des anémones avec gonades mâles, femelles, ou les deux. La reproduction a lieu dans les mois les plus chauds. Les gamètes* sont libérés dans la colonne d'eau, les larves planula* mènent une vie planctonique et se dispersent au loin avant de s'installer sur un site favorable.

Cette anémone a aussi la possibilité de se cloner par lacération du pied.

Vie associée

Ses principaux ennemis sont les vers de feu (Hermodice carunculata), les étoiles de mer, les nudibranches.
Un cas d'infestation massive par des pycnogonides a été signalé en aquarium : ces derniers (à qui on a donné le nom affreux de Pigrogromitus timsanus !), se positionnaient sur la colonne, perçaient la paroi du corps avec leur trompe et en aspiraient les fluides internes, en ingérant à l'occasion quelques cnidocytes*. La seule défense de l'anémone dans ce cas est de se contracter (inefficace) et de libérer des flots de mucus (inefficace également). En quelques jours les anémones dépérissaient et mouraient.

L'anémone serpentin héberge des zooxanthelles* (Symbiodinium) principalement dans le disque et la partie haute de la colonne.
Elle est aussi l'hôte favori des crevettes-pistolets (Alpheus armatus) qui se dissimulent près du pied de l'anémone. On ne voit dépasser que leurs longues antennes. La crevette bénéficie de l'abri des longs tentacules, mais elle prend aussi une part très active à la défense de l'anémone contre ses prédateurs : on l'a vue ainsi attaquer un ver de feu et le repousser définitivement à coups de pince claquante.
On trouve moins systématiquement d'autres associés, par exemple la crevette nettoyeuse de Pederson, qui s'en sert comme base de station de nettoyage, et les opportunistes que sont l'araignée nez-pointu (Stenorhynchus seticornis), le crabe velu Mithraculus cinctimanus, la crevette du Yucatan Periclimenes yucatanicus.

Quelques poissons de petite taille (Apogon quadriquasmatus, Apogon aurolineatus) trouvent refuge à l'occasion sous les tentacules, mais l'association n'est pas aussi étroite qu'entre poissons-clowns et anémones de l'Indo-Pacifique. Quand les poissons ne sont pas menacés, ils demeurent simplement à proximité de l'anémone pendant la journée, sans contact avec les tentacules.

Des Mysidacés nagent souvent en essaim à proximité immédiate des tentacules, se nourrissant probablement des déchets de ses repas, et un copépode très spécifique Ridgewayia fosshageni a été trouvé en association avec cette anémone, sans que la nature de la relation puisse être précisée.

Divers biologie

Dérangée, elle contracte son pied par saccades et rentre au maximum dans sa crevasse, mais elle est incapable de rétracter complètement ses tentacules.

Informations complémentaires

Comme toutes les anémones de la famille des Aiptasiidés, elle peut projeter des filaments urticants (aconties) par la bouche et par des pores situés sur la colonne, mais ces filaments sont fort peu irritants pour l'homme sauf sur une peau fine.
En cas de brûlure, il est conseillé de laver à l'eau de mer et passer au vinaigre la zone envenimée.

Origine des noms

Origine du nom français

Anémone serpentin, anémone tire-bouchon, anémone rasta : tous ces noms se réfèrent à l'aspect caractéristique des motifs spiralés sur les tentacules, qui font penser à des dreadlocks, coiffure emblématique, entre autres, des adeptes du rastafarisme ("rastas") : ce sont de petites nattes emmêlées qui se forment naturellement sur la tête si on ne peigne pas régulièrement les cheveux longs.

Origine du nom scientifique

Bartholomea : nom créé par Duchassaing en hommage à un certain Lange Bartholomé, dont tout ce qu'on sait est qu'il habitait l'île de Saint Thomas.
annulata : du latin [annulatus] = annelé.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 289496

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Cnidaria Cnidaires

Organismes aquatiques (marins pour la plupart) libres ou fixés, carnivores, principalement à symétrie radiaire, caractérisés par des cellules urticantes : les cnidocytes. Deux morphologies principales : le polype et la méduse. La larve est une planula.

Classe Anthozoa Anthozoaires Cnidaires exclusivement marins, solitaires ou coloniaux, uniquement sous la forme polype (jamais de phase méduse dans le cycle de vie).
Sous-classe Hexacorallia / Zoantharia Hexacoralliaires / Zoanthaires Anthozoaires coloniaux ou solitaires, tentacules lisses, polypes à symétrie d’ordre 6.
Ordre Actiniaria Actiniaires Polypes solitaires souvent colorés, en général fixés à un substrat dur par un large disque pédieux. Organismes parfois mobiles.
Sous-ordre Nynantheae Thenaria Nynanthées Thenaria
Famille Aiptasiidae Aiptasiidés Plusieurs couronnes de tentacules, de nombreux aconties*, six paires de mésentères* complets, colonne non segmentée.
Genre Bartholomea
Espèce annulata

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