Pelote gris clair de bras emmêlés
Extrémités serpentiformes
Disque étoilé d'où partent dix bras mobiles très ramifiés
Bras épanouis formant un filet gris circulaire
Tête de méduse
Gorgon's head, basket star (GB), Gorgonocefalo (I, E), Gorgonenhaupt (D), Medusahoofd (NL)
Astrospartus arborescens
Méditerranée occidentale et océan Atlantique tropical oriental
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]Méditerranée occidentale, côtes de l'Adriatique, côtes lusitanniennes, mauritaniennes et sénégalaises.
Benthique, sédentaire, en épifaune, Astrospartus mediterraneus vit à partir de 50 mètres (rarement 30) jusqu'à 800 mètres, généralement accroché sur des éléments de coralligène, essentiellement des gorgones (Paramuricea clavata, Eunicella sp.) ou parfois sur des spongiaires.
On peut aussi le trouver sur des fonds sableux ou vaseux.
Replié, Astrospartus mediterraneus apparaît comme un amas gris clair d'appendices filiformes emmêlés, dont les extrémités serpentiformes s'agrippent autour de leur support, généralement une gorgone. La taille de la pelote varie de 6 à 20 cm.
Déployé, généralement dans l'obscurité et perpendiculairement au courant, Astrospartus mediterraneus montre un centre plat en forme de disque étoilé (diamètre de l'ordre de 5 à 8 cm) d'où partent dix bras mobiles qui se ramifient par dichotomie* pour former un élégant filet circulaire de dentelle animale grise ; le diamètre de l'animal déployé peut atteindre 80 cm. L'enroulement des extrémités des bras crée des boucles dans cette structure ayant l'aspect d'une chevelure vivante. Dépourvu d'yeux, Astrospartus mediterraneus est toutefois très sensible à la lumière et se « rembobine » rapidement à partir des extrémités s'il est éclairé : ne pas l'éclairer violemment donc si on veut l'observer en le respectant !
Sa bouche est une petite ouverture au centre du disque du côté où les bras se replient, c'est-à-dire sur la face inférieure.
Pas de confusion possible avec un autre animal en Méditerranée.
D'autres espèces ailleurs, par exemple :
Gorgonocephalus caputmedusa en Atlantique, Astrophyton muricatum aux Caraïbes, Astroboa nuda dans l'océan Indien.
Astropartus mediterraneus est un filtreur actif microphage qui attrape les particules organiques et de petits animaux planctoniques (Cyclopidés et petits crustacés) grâce au filet circulaire que constituent ses bras déployés. Les ramifications en forme de fouet de l'extrémité des bras sont très mobiles et s'enroulent très rapidement autour des proies qui viennent s'y heurter. Les proies ainsi prisonnières ne sont pas acheminées vers la bouche immédiatement.
Astropartus mediterraneus attend d'avoir capturé une quantité suffisante de particules alimentaires pour enrouler en spirale ses bras les uns après les autres. Il est fréquent que ceci se passe le matin tôt, en fin de pêche nocturne.
Cet animal est gonochorique*. Émission des gamètes et fécondation ont lieu dans l'eau de mer. Les larves initialement planctoniques se fixent sur le substrat.
Notez qu'Astrospartus mediterraneus appartient à la classe des Ophiurides (non pas des Crinoïdes) dont la symétrie pentaradiée se constate sur le disque central avec le départ des 5x2 bras.
Il convient de ne pas perturber cet animal qu'on ne rencontre pas fréquemment et qui réagit particulièrement à la lumière, comme à tout autre dérangement.
En plongée de nuit, évitez de l'éclairer directement, si possible réduire l'éclairement.
Gorgonocéphale : signifie littéralement tête de Gorgone.
Dans la Mythologie grecque, les deux divinités marines Phorkys et Céto (elle-même à l'origine du nom des Cétacés) eurent, après avoir mis au monde leurs filles aînées les Grées (ou Grises, parce que déjà vieilles et ridées), trois autre filles : les Gorgones. Ces sœurs sont nommées Sthéno, Euryale, qui sont immortelles, et Méduse, la seule mortelle des trois. Parfois décrites comme d'une laideur monstrueuse (ex: Eschyle, qui ne leur donne qu'une dent et qu'un œil qu'elles se partagent, comme les Grées), parfois décrites comme très belles (ex: Ovides), ces Gorgones avaient le pouvoir de pétrifier ceux qui croisaient leur regard. D'autres sources mythologiques donnent d'autres filiations (filles du Géant Typhon et d'Échidna) et d'autres origines aux Gorgones.
Pour ce qui est de l'identification précise de notre animal à la tête de gorgone, citons donc l'une des variantes de l'histoire de Méduse, qui (il existe de nombreuses autres et très différentes versions de cette légende) possédait une chevelure magnifique et qui séduisit Poséidon (ou fut violée par celui-ci, c'est selon), ce qui irrita Athéna. Cette dernière se vengea en transformant les cheveux de Méduse en serpents. L'allure générale d'un gorgonocéphale fait penser à une chevelure de serpents d'où son nom : « tête de Gorgone ».
Astrospartus : du latin [aster] = étoile ; et [spartum] = sparte, sorte de jonc et cordage ou vannerie de Sparte (Grèce) ;
mediterraneus : du latin [mediterraneus] = qui est au milieu des terres, en référence à la Méditerranée.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Echinodermata | Echinodermes | Symétrie radiale d'ordre cinq (chez les adultes). Squelette de plaques calcaires bien développé sous le derme. Présence d'un système aquifère auquel appartiennent les podia souvent visibles extérieurement. |
Sous-embranchement | Asterozoa | Astérozoaires | Echinodermes de forme étoilée. Les bras, simples et parfois absents, sont en nombre variable, et contiennent des organes. |
Classe | Ophiuroidea | Ophiuroïdes | Echinodermes benthiques, 5 bras à la base, serpentiformes, parfois ramifiés. |
Ordre | Phrynophiurida | Phrynophiurides | Ophiures à bras ramifiés. Ce sont les gorgonocéphales. |
Sous-ordre | Euryalina | Euryales | |
Famille | Gorgonocephalidae | Gorgonocéphalidés | |
Genre | Astrospartus | ||
Espèce | mediterraneus |
Gorgonocéphale sur gorgone pourpre
Déployé sur Paramuricea clavata.
Les Farillons, Marseille (13), 40 m
25/04/2004
Le vrai visage de la Gorgone
Selon la légende, Méduse pétrifiait d'horreur ceux qui osaient la regarder. Pour ceux qui vont à sa rencontre, voici la vision qui les attend : les entrelacs gris-rose du gorgonocéphale et la fine dentelle rouge corail de la gorgone, se détachant sur le bleu de vitrail de la Méditerranée.
La Gabinière, Porquerolles (83), 47 m
19/06/2009
Gorgonocéphale déplié
Déployé sur des spongiaires.
Les Farillons, Marseille (13), 35 m
06/08/2004
Replié en pelote
Replié à l'abri de la lumière.
Les Farillons, Marseille (13), 40 m
11/04/2004
Disque central
Détail du disque central, départ des 5 paires de bras.
Marseille (13), 35 m
04/08/2004
La face dorsale
En position « jour », roulée en pelote sur son support, ce gorgonocéphale nous montre sa face aborale, de forme pentagonale, avec le départ des 5 doubles bras.
Remarquer l’absence d’anus : contrairement aux astérides et échinides, tous les ophiurides rejettent les déchets par la bouche.
La Gabinière, Porquerolles (83), 47 m
19/06/2009
Extrémité d’un bras déployé
Détail de l’extrémité d’un bras déployé.
Les Farillons, Marseille (13), 35 m
06/08/2004
Gorgone et gorgonocéphale
Vue artistique d’un petit gorgonocéphale en cours de repli.
Les Farillons, Marseille (13), 35 m
29/08/2004
Jeune dans le courant
Cramponné à son support (une gorgone orange Leptogorgia sarmentosa), ce tout jeune Astrospartus nous montre ses bras encore peu ramifiés.
Au cours de sa croissance, ils vont s’allonger et se développer en se ramifiant toujours de façon dichotome.
Tamaris, Côte Bleue (13), 36 m
26/08/2007
Hommage à Vincent MARIE-SAINT-GERMAIN
Vincent, toi qui a tant enthousiasmé et formé de plongeurs BIO, tu nous as généreusement offert tes photos sous marines. Vois dans cette fiche, que le destin ne t’a pas laissé rédiger, le bon usage que nous en ferons. Pardonne l’extension de ton système pileux en bras gorgonocéphaliques : ils semblent à jamais diffuser ta gaîté et tes connaissances et capter l’amitié que nous avons pour toi. de profundis mediterranae
N/A
N/A
Sur une célèbre épave varoise
Ce gorgonocéphale se cache à l'ombre, vision réservée aux plongeurs expérimentés.
Le Donator, Porquerolles (83), 45 m
21/06/2004
Sur un sec azuréen
Dans les Alpes-Maritimes, sur un sec posé entre 38 et 50 m.
Cet individu a été vu pendant des mois et des mois, accroché sur 2-3 gorgones à 3 m d'écart et filtrant dans le courant.
Sec à Merlot, Cap Ferrat (06), 42 m
16/07/2006
Rédacteur principal : Vincent MARIE-SAINT-GERMAIN
Rédacteur : Dominique RENERIC
Vérificateur : Vincent MARAN
Responsable historique : Denis ADER
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER
La page d'Astrospartus mediterraneus dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN