Oursin de feu de mer Rouge

Asthenosoma marisrubri | Weinberg & de Ridder, 1998

N° 5212

Mer Rouge

Clé d'identification

Oursin régulier circulaire légèrement aplati, atteignant 20 cm de diamètre
Couleur de fond rouge à brun
Piquants oraux longs, fins, jaune-verdâtre situés à la base de l'oursin et sur face orale
Piquants défensifs courts, sur face dorsale, signalés par une grosse glande à venin blanche sub-terminale
Pédicellaires tridactyles

Noms

Autres noms communs français

Oursin-cuir de mer Rouge, oursin-cuir venimeux

Noms communs internationaux

Red-sea fire-urchin (GB), Riccio di fuoco (I), Erizo de mar tóxico(E), Rotmeer-Lederseeigel, Rotmeer-Feuerseeigel (D), Soepele rode zee-egel (NL)

Distribution géographique

Mer Rouge

Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge]

Cette espèce est présente uniquement dans le nord de la mer Rouge (Égypte, Israël, Jordanie, Arabie Saoudite). Il existe quelques signalements dans l'océan Indien, y compris à La Réunion, mais sans photos ni prélèvements pour valider l'espèce. Il s'agit peut-être d'une confusion avec une autre espèce.

Ne manquez pas de nous signaler toutes vos observations dans le sud de la mer Rouge à partir du Soudan ainsi que dans l'océan Indien.

Biotope

L'oursin de feu de mer Rouge se rencontre dans les récifs coralliens et les herbiers entre 3 et 30 m de profondeur. Il est cependant signalé jusqu’à 100 voire 167 m de profondeur.

Description

Asthenosoma marisrubri est un oursin régulier circulaire légèrement aplati, atteignant 20 cm de diamètre (piquants compris). Sa couleur de fond est rouge à brun, plus ou moins masquée par les boules blanches situées au bout des radioles* (piquants), et dessinant souvent une étoile orangée.

Il y a deux types de piquants. Les piquants oraux se rencontrent à la base de l'oursin et sur sa face orale. Ils sont longs, souples, fins, de couleur blanche, jaunâtre ou verdâtre et terminés par une pointe émoussée. Ils ont un rôle locomoteur et tactile et ne comportent pas de glandes à venin.
Les piquants défensifs recouvrent abondamment la face dorsale et dans une moindre mesure la face orale. Ils sont courts, avec des anneaux boursouflés correspondant à des sacs à venin. Le dernier sac, sub-terminal, est très gros et ressemble à une perle blanche surmontée de la pointe du piquant.

Les pédicellaires* sont tridactyles (pince à 3 doigts) et peuvent être soit assez longs, soit courts.

Les podia*, comme chez tous les oursins sont présents.

Les plaques qui composent le test* ne sont pas soudées (trait typique de cet ordre). En conséquence, le test s’affaisse à la mort de l’animal, et n’est presque jamais trouvé intact. Cela confère à ces oursins une grande souplesse, et une forme variable. La surface du test a l'aspect du cuir, ce qui a donné le nom vernaculaire parfois utilisé d'oursin-cuir pour les espèces appartenant au genre Asthenosoma.

Au niveau squelettique, le disque apical* est monocyclique (les 5 plaques génitales alternent avec les 5 plaques oculaires et l'ensemble forme un cercle), avec des gonopores* perçant une membrane située au-delà des plaques génitales. Les ambulacres* sont trigéminés (formées de 3 éléments), avec des paires de pores en séries triples. Les plaques interambulacraires* sont espacées par des lacunes membraneuses le long des sutures horizontales. Ces plaques interambulacraires portent un tubercule* primaire une fois sur deux sur la face aborale*, et systématiquement sur la face orale, déformant légèrement les plaques. Les plaques ambulacraires se poursuivent jusqu’au péristome*, avec des paires de pores devenant bisérielles (2 paires par plaque).

Espèces ressemblantes

Asthenosoma marisrubri a été longtemps considéré comme une variante locale d'A. varium. Ce n'est qu'en 1998 que les 2 espèces ont été séparées. A. marisrubri se rencontre en mer Rouge alors que A. varium est présent dans l'océan Indien oriental et le Pacifique tropical Ouest. A. marisrubri diffère par la grosse boule blanche de venin sur les piquants défensifs alors que chez A. varium, le venin sur les piquants défensifs est contenu dans de multiples renflements isométriques. De plus, chez A. varium, ces piquants sont disposés en faisceaux denses ce qui laisse apparaître les zones interambulacraires* nues. Enfin, chez A. varium, il y a 3 types de pédicellaires* contre 2 chez A. marisrubri. Dans la littérature, les espèces de mer Rouge et de l'océan Indien sont encore très souvent appelées à tort A. varium.

Asthenosoma marisrubri est souvent confondu avec l'oursin collectionneur (Tripneustes gratilla) et notamment en mer Rouge où il existe une sous-espèce dépourvue de piquants ou alors présents seulement à sa base. Sa face dorsale est couverte de pédicéllaires terminés par une glande à venin sphérique blanche ou marron à distinguer des piquants avec une glande à venin sub-terminale chez A marisrubri. De plus, le test* apparaît pentagonal vu de dessus et les 10 zones interambulacraires* portent de très longs podia* marron ou rouges. T. gratilla est un oursin collecteur, c'est-à-dire qu'il peut se recouvrir d'objets (feuilles, morceaux d'algues, coquilles mortes...) ce qui n'est pas le cas chez A marisrubri.

L'oursin fleur (Toxopneustes pileolus) a les piquants très courts et masqués par des pédicellaires venimeux terminés par un disque. Il est absent de mer Rouge mais présent dans l'Indo-Pacifique.

Les oursins de feu sont aussi parfois confondus avec l’oursin rouge Astropyga radiata, qui peut avoir les piquant annelées ; cependant ceux-ci demeurent lisses, et bien plus longs.

Alimentation

Le régime alimentaire d'Asthenosoma marisrubri n'est pas connu. Il est probable que comme l'espèce proche, A. varium, il soit omnivore, se nourrissant d'organismes encroûtant les coraux morts, comme des éponges, des ascidies, des algues et des détritus organiques.

Reproduction - Multiplication

C'est une espèce gonochorique*. Mâles et femelles libèrent leurs gamètes* en pleine eau de façon simultanée. La fécondation* se fait dans la colonne d'eau et les œufs puis les larves* vont avoir une vie planctonique* de quelques semaines avant de se métamorphoser* et de se poser sur le fond pour commencer leur vie benthique*.

Vie associée

La protection qu'offrent ses nombreux piquants venimeux explique que cette espèce ait peu de prédateurs.
Chez l'espèce proche, Asthenosoma varium, on trouve parfois des crevettes, crabes, et gastéropodes qui profitent de la protection des piquants venimeux. Ces espèces ne sont normalement pas présentes en mer Rouge et à notre connaissance ces associations n'existent donc pas avec A. marisrubri.

Divers biologie

Les plaques composant le test* de l'oursin de feu de mer Rouge n'étant pas soudées, cela lui donne une certaine souplesse pour se faufiler parmi les coraux.

Les piquants défensifs possèdent une glande à venin en partie sub-terminale. Si un prédateur, ou un plongeur, effleure l'oursin, il ne sentira qu'une petite piqûre. S'il a le malheur d'appuyer plus, le piquant pénètre plus profondément dans la chair et la glande à venin se comprime, ce qui injecte le poison dans le piquant qui est creux. Ce poison ressortira par les nombreux pores du piquant et se diffusera dans les tissus de l'imprudent.

Les piquants oraux sont longs, dépourvus de glandes à venin et de pores mais recouverts de fines écailles.

Informations complémentaires

Le venin de l'oursin de feu de mer Rouge est très douloureux pour l'homme et peut parfois être mortel.

Cette espèce est présente dans l'inventaire des échinodermes de La Réunion (Conand et al, 1998) et sur le site de l'INPN, mais dans cet inventaire, la source du signalement, assez ancienne, n'a pu être tracée. Aucune autre attestation de sa présence dans cette île, ni même dans l'océan Indien, n'est connue à ce jour (mai 2021). Il est raisonnable de penser qu'il s'agit d'une confusion avec une espèce d'un autre genre.

Origine des noms

Origine du nom français

Oursin de feu : ce nom fait référence à la douleur que provoque sa piqûre et à son aspect rouge vif rappelant un brasier. De mer Rouge, car il a été décrit dans cette partie du monde.

Origine du nom scientifique

Asthenosoma : du grec [asthenes] = faible et [soma] = corps, en raison de la flexibilité de son test.

marisrubri : du latin [maris], génitif de [mare] = mer et [rubri] dérivé de [ruber] = rouge car cette espèce a été décrite de mer Rouge.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 513046

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Echinodermata Echinodermes Symétrie radiale d'ordre cinq (chez les adultes). Squelette de plaques calcaires bien développé sous le derme. Présence d'un système aquifère auquel appartiennent les podia souvent visibles extérieurement.
Sous-embranchement Echinozoa Echinozoaires Echinodermes non étoilés de forme globuleuse ou allongée. Ce groupe renferme les oursins et les concombres de mer.
Classe Echinoidea Echinides Ce sont les oursins. Forme globuleuse ou hémisphérique, squelette qui porte des piquants mobiles, des pédicellaires et des pieds ambulacraires. Pouvoir de régénération limité.
Sous-classe Euechinoidea Euéchinides Oursins plus ou moins sphériques, dits "oursins réguliers". Plaques ambulacraires composées. Bouche ventrale et anus dorsal. 
Ordre Echinothurioida
Famille Echinothuriidae Echinothuriidés
Genre Asthenosoma
Espèce marisrubri

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