Oursin régulier circulaire légèrement aplati, atteignant 20 cm de diamètre
Couleur de fond rouge à brun
Piquants oraux longs, fins, jaune-verdâtre situés à la base de l'oursin et sur face orale
Piquants défensifs courts, sur face dorsale, signalés par une grosse glande à venin blanche sub-terminale
Pédicellaires tridactyles
Oursin-cuir de mer Rouge, oursin-cuir venimeux
Red-sea fire-urchin (GB), Riccio di fuoco (I), Erizo de mar tóxico(E), Rotmeer-Lederseeigel, Rotmeer-Feuerseeigel (D), Soepele rode zee-egel (NL)
Mer Rouge
Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge]Cette espèce est présente uniquement dans le nord de la mer Rouge (Égypte, Israël, Jordanie, Arabie Saoudite). Il existe quelques signalements dans l'océan Indien, y compris à La Réunion, mais sans photos ni prélèvements pour valider l'espèce. Il s'agit peut-être d'une confusion avec une autre espèce.
Ne manquez pas de nous signaler toutes vos observations dans le sud de la mer Rouge à partir du Soudan ainsi que dans l'océan Indien.
L'oursin de feu de mer Rouge se rencontre dans les récifs coralliens et les herbiers entre 3 et 30 m de profondeur. Il est cependant signalé jusqu’à 100 voire 167 m de profondeur.
Asthenosoma marisrubri est un oursin régulier circulaire légèrement aplati, atteignant 20 cm de diamètre (piquants compris). Sa couleur de fond est rouge à brun, plus ou moins masquée par les boules blanches situées au bout des radioles* (piquants), et dessinant souvent une étoile orangée.
Il y a deux types de piquants. Les piquants oraux se rencontrent à la base de l'oursin et sur sa face orale. Ils sont longs, souples, fins, de couleur blanche, jaunâtre ou verdâtre et terminés par une pointe émoussée. Ils ont un rôle locomoteur et tactile et ne comportent pas de glandes à venin.
Les piquants défensifs recouvrent abondamment la face dorsale et dans une moindre mesure la face orale. Ils sont courts, avec des anneaux boursouflés correspondant à des sacs à venin. Le dernier sac, sub-terminal, est très gros et ressemble à une perle blanche surmontée de la pointe du piquant.
Les pédicellaires* sont tridactyles (pince à 3 doigts) et peuvent être soit assez longs, soit courts.
Les podia*, comme chez tous les oursins sont présents.
Les plaques qui composent le test* ne sont pas soudées (trait typique de cet ordre). En conséquence, le test s’affaisse à la mort de l’animal, et n’est presque jamais trouvé intact. Cela confère à ces oursins une grande souplesse, et une forme variable. La surface du test a l'aspect du cuir, ce qui a donné le nom vernaculaire parfois utilisé d'oursin-cuir pour les espèces appartenant au genre Asthenosoma.
Au niveau squelettique, le disque apical* est monocyclique (les 5 plaques génitales alternent avec les 5 plaques oculaires et l'ensemble forme un cercle), avec des gonopores* perçant une membrane située au-delà des plaques génitales. Les ambulacres* sont trigéminés (formées de 3 éléments), avec des paires de pores en séries triples. Les plaques interambulacraires* sont espacées par des lacunes membraneuses le long des sutures horizontales. Ces plaques interambulacraires portent un tubercule* primaire une fois sur deux sur la face aborale*, et systématiquement sur la face orale, déformant légèrement les plaques. Les plaques ambulacraires se poursuivent jusqu’au péristome*, avec des paires de pores devenant bisérielles (2 paires par plaque).
Asthenosoma marisrubri a été longtemps considéré comme une variante locale d'A. varium. Ce n'est qu'en 1998 que les 2 espèces ont été séparées. A. marisrubri se rencontre en mer Rouge alors que A. varium est présent dans l'océan Indien oriental et le Pacifique tropical Ouest. A. marisrubri diffère par la grosse boule blanche de venin sur les piquants défensifs alors que chez A. varium, le venin sur les piquants défensifs est contenu dans de multiples renflements isométriques. De plus, chez A. varium, ces piquants sont disposés en faisceaux denses ce qui laisse apparaître les zones interambulacraires* nues. Enfin, chez A. varium, il y a 3 types de pédicellaires* contre 2 chez A. marisrubri. Dans la littérature, les espèces de mer Rouge et de l'océan Indien sont encore très souvent appelées à tort A. varium.
Asthenosoma marisrubri est souvent confondu avec l'oursin collectionneur (Tripneustes gratilla) et notamment en mer Rouge où il existe une sous-espèce dépourvue de piquants ou alors présents seulement à sa base. Sa face dorsale est couverte de pédicéllaires terminés par une glande à venin sphérique blanche ou marron à distinguer des piquants avec une glande à venin sub-terminale chez A marisrubri. De plus, le test* apparaît pentagonal vu de dessus et les 10 zones interambulacraires* portent de très longs podia* marron ou rouges. T. gratilla est un oursin collecteur, c'est-à-dire qu'il peut se recouvrir d'objets (feuilles, morceaux d'algues, coquilles mortes...) ce qui n'est pas le cas chez A marisrubri.
L'oursin fleur (Toxopneustes pileolus) a les piquants très courts et masqués par des pédicellaires venimeux terminés par un disque. Il est absent de mer Rouge mais présent dans l'Indo-Pacifique.
Les oursins de feu sont aussi parfois confondus avec l’oursin rouge Astropyga radiata, qui peut avoir les piquant annelées ; cependant ceux-ci demeurent lisses, et bien plus longs.
Le régime alimentaire d'Asthenosoma marisrubri n'est pas connu. Il est probable que comme l'espèce proche, A. varium, il soit omnivore, se nourrissant d'organismes encroûtant les coraux morts, comme des éponges, des ascidies, des algues et des détritus organiques.
C'est une espèce gonochorique*. Mâles et femelles libèrent leurs gamètes* en pleine eau de façon simultanée. La fécondation* se fait dans la colonne d'eau et les œufs puis les larves* vont avoir une vie planctonique* de quelques semaines avant de se métamorphoser* et de se poser sur le fond pour commencer leur vie benthique*.
La protection qu'offrent ses nombreux piquants venimeux explique que cette espèce ait peu de prédateurs.
Chez l'espèce proche, Asthenosoma varium, on trouve parfois des crevettes, crabes, et gastéropodes qui profitent de la protection des piquants venimeux. Ces espèces ne sont normalement pas présentes en mer Rouge et à notre connaissance ces associations n'existent donc pas avec A. marisrubri.
Les plaques composant le test* de l'oursin de feu de mer Rouge n'étant pas soudées, cela lui donne une certaine souplesse pour se faufiler parmi les coraux.
Les piquants défensifs possèdent une glande à venin en partie sub-terminale. Si un prédateur, ou un plongeur, effleure l'oursin, il ne sentira qu'une petite piqûre. S'il a le malheur d'appuyer plus, le piquant pénètre plus profondément dans la chair et la glande à venin se comprime, ce qui injecte le poison dans le piquant qui est creux. Ce poison ressortira par les nombreux pores du piquant et se diffusera dans les tissus de l'imprudent.
Les piquants oraux sont longs, dépourvus de glandes à venin et de pores mais recouverts de fines écailles.
Le venin de l'oursin de feu de mer Rouge est très douloureux pour l'homme et peut parfois être mortel.
Cette espèce est présente dans l'inventaire des échinodermes de La Réunion (Conand et al, 1998) et sur le site de l'INPN, mais dans cet inventaire, la source du signalement, assez ancienne, n'a pu être tracée. Aucune autre attestation de sa présence dans cette île, ni même dans l'océan Indien, n'est connue à ce jour (mai 2021). Il est raisonnable de penser qu'il s'agit d'une confusion avec une espèce d'un autre genre.
Oursin de feu : ce nom fait référence à la douleur que provoque sa piqûre et à son aspect rouge vif rappelant un brasier. De mer Rouge, car il a été décrit dans cette partie du monde.
Asthenosoma : du grec [asthenes] = faible et [soma] = corps, en raison de la flexibilité de son test.
marisrubri : du latin [maris], génitif de [mare] = mer et [rubri] dérivé de [ruber] = rouge car cette espèce a été décrite de mer Rouge.
Numéro d'entrée WoRMS : 513046
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Echinodermata | Echinodermes | Symétrie radiale d'ordre cinq (chez les adultes). Squelette de plaques calcaires bien développé sous le derme. Présence d'un système aquifère auquel appartiennent les podia souvent visibles extérieurement. |
Sous-embranchement | Echinozoa | Echinozoaires | Echinodermes non étoilés de forme globuleuse ou allongée. Ce groupe renferme les oursins et les concombres de mer. |
Classe | Echinoidea | Echinides | Ce sont les oursins. Forme globuleuse ou hémisphérique, squelette qui porte des piquants mobiles, des pédicellaires et des pieds ambulacraires. Pouvoir de régénération limité. |
Sous-classe | Euechinoidea | Euéchinides | Oursins plus ou moins sphériques, dits "oursins réguliers". Plaques ambulacraires composées. Bouche ventrale et anus dorsal. |
Ordre | Echinothurioida | ||
Famille | Echinothuriidae | Echinothuriidés | |
Genre | Asthenosoma | ||
Espèce | marisrubri |
Un oursin venimeux...
L’oursin de feu de mer Rouge se reconnaît à son test légèrement aplati, sa face dorsale rouge brun recouverte de boules blanches et les longs piquants jaune-verdâtre à sa base.
Hurghada, Egypte
31/07/2011
Gros plan
De grosses glandes à venin sont portées par les piquants. On peut noter que l'extrémité du piquant dépasse à peine au-dessus de cette glande et est de couleur sombre.
Siyoul Kebir, Egypte, 12 m
04/05/2016
Radiole
Les radioles (ou piquants) secondaires possèdent une glande à venin en partie sub-terminale comme le montre le dessin de gauche. Si un prédateur, ou un plongeur, effleure l'oursin, il ne sentira qu'une petite piqûre. S'il s'appuie plus fort, le piquant pénètre plus profondément dans la chair et la glande à venin se comprime, ce qui injecte le venin dans le piquant qui est creux. Ce poison ressortira par les nombreux pores (photo de droite au MEB) du piquant et se diffusera dans les tissus de l'imprudent.
Les parties A, B, C, D, et E du dessin correspondent aux mêmes parties de la photos de droite au microscope.
Safaga, Egypte, 10 - 15 m
12/1991
De profil
Les piquants oraux sont longs, verdâtres et situés à la base de l'oursin. Ils lui servent à se déplacer.
Dahab, Egypte, 15 m
2006
Pédicellaires
Les pédicellaires, indiqués ici par les flèches jaunes, sont tridactyles (avec 3 pinces).
Sataya, Egypte, 10 m de nuit
22/10/2002
Pedicellaires au microscope
Cette photo au microscope électronique à balayage montre la "tête" des pédicellaires tridactyles, c'est-à-dire constituée de 3 pinces. Chez l'oursin de feu de mer Rouge il existe seulement deux types de pédicellaires, tridactyles tous les 2, qui se différencient par leur taille.
Safaga, Egypte, 10-15 m
12/1991
Souple
Le squelette de cet oursin n'est pas constitué de plaques soudées ce qui lui donne une souplesse lui permetant de se faufiler entre les coraux, même dans les endroits étroits.
Safaga, Egypte, 10-15 m
12/1991
En mer Rouge
Asthenosoma marisrubri est endémique du nord de la mer Rouge.
Egypte
14/04/2008
Espèce ressemblante
Il est possible de confondre l'oursin de feu de mer Rouge avec l'oursin collectionneur (Tripneustes gratilla), qui, en mer Rouge, présente une sous-espèce pratiquement dépourvue de piquants. Sa face dorsale est couverte de pédicellaires terminés par une glande à venin sphérique blanche ou marron, au lieu de piquants avec une glande à venin sub-terminale chez A marisrubri. De plus, le test* apparaît pentagonal vu de dessus et les 10 zones interambulacraires* portent généralement de très longs podias* marron. T. gratilla est un oursin collecteur, c'est-à-dire qu'il peut se recouvrir d'objets (feuilles, morceaux d'algues, coquilles mortes...) ce qui n'est pas le cas chez A marisrubri.
Zabargad, Egypte, 10 m
29/07/2007
Parent proche
Asthenosoma marisrubri a longtemps été confondu avec A. varium. Il a fallu attendre une publication de S. Weinberg et C. De Ridder en 1998 pour qu’il soit rebaptisé A. marisrubri, excluant définitivement la présence d’A. varium de la mer Rouge.
A. marisrubri diffère par la grosse boule blanche de venin sur les piquants secondaires alors que chez A. varium, le venin sur les piquants secondaires est contenu dans de simples renflements. De plus, chez A. varium ces piquants sont disposés en faisceaux denses ce qui laissent apparaître les zones interambulacraires nues.
Anilao, Philippines, 12 m de nuit
12/05/2018
Rédacteur principal : Sylvain LE BRIS
Correcteur : Frédéric DUCARME
Responsable régional : Sylvain LE BRIS
Conand C., Ribes-Beaudemoulin S., Trentin F., Mulochau T., Boissin E., 2018, Marine Biodiversity of La Reunion Island: Echinoderms, Western Indian Ocean Journal of Marine Science, Western Indian Ocean Marine Science Association, 17(1), 111-124.
Mooi R., Constable H., Lockhart S., Pearse J., 2004, Echinothurioid phylogeny and the phylogenetic
significance of Kamptosoma (Echinoidea: Echinodermata), Deep Sea
Research II, 51, 1903-1919.
Weinberg S., De Ridder C., 1998, Asthenosoma marisrubri n. sp. (Echinodermata, Echinoidea) from the Red Sea, Beaufortia, 48, 27-46.
La page d'Asthenosoma marisrubri dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN