Etoile de mer très plate de couleur gris beige
Epines aplaties le long des bras
Plaques sur les bras bien alignées
Podia en forme de tube, terminés par une petite ventouse
Vit sur les fonds sablo-vaseux intertidaux
Etoile de mer commune, étoile nettoyeuse de sable, étoile de mer de sable
Common sea star, common sand star, sand sifting star, pacific beach star (GB), Stella da sabbia (I), Estrella de la arena (E), Grabender Seestern (D)
Astropecten stellaris Gray, 1840
Archaster nicobaricus Behn in Möbius, 1859
Indo-Pacifique
Zones DORIS : ● Indo-PacifiqueCette espèce se rencontre dans l'Indo-Pacifique, depuis la mer d'Andaman jusqu'à Hawaï et la Polynésie française et du sud du Japon à la Nouvelle-Calédonie.
D'après la littérature, Archaster typicus vit sur les fonds meubles depuis la surface jusqu'à 60 m de profondeur.
Elle est en fait principalement rencontrée sur les fonds sablo-vaseux plats, riches en matière organique et largement découverts à marée basse. Elle est présente également dans les herbiers jusqu'à 1 m de profondeur (à marée basse).
Les observations sur des sédiments plus grossiers ou au delà de la zone intertidale* sont à confirmer, il s'agit probablement d'autres espèces du genre Archaster voire des Astropecten.
Les mangroves sont des nurseries pour les juvéniles, qui, lorsqu'ils seront devenus assez grands et forts, migreront vers le sable ou les herbiers.
Archaster typicus est une étoile de mer aux 5 bras triangulaires allongés, pouvant atteindre 16 cm de diamètre. Le corps, très plat, est de couleur gris beige, parfois brun clair, avec parfois des mouchetures foncées : la face supérieure imite le sable plus ou moins grossier dans lequel vit l’animal.
Les plaques marginales des bras sont larges, bien visibles et forment comme une enfilade de bourrelets le long des bras. Ces plaques portent dans leur partie inférieure une longue épine plate et émoussée disposée perpendiculairement aux bras, en forme de spatule. Sur la face dorsale des bras, les plaques sont alignées, au moins celles de la partie centrale des bras (= plaques carinales), et forment comme une ligne distincte, ce qui est caractéristique du genre Archaster.
La plaque madréporique*, grosse et blanche, est très visible sur le disque central.
Les pédicellaires* sont en forme de pince.
Les podia*, présents sur la face inférieure (orale) sont en forme de tube, terminés par une petite ventouse.
Archaster typicus est souvent confondue avec les étoiles-peignes du genre Astropecten, comme A. polyacanthus dans la même zone géographique et sur les mêmes types de fonds. Pourtant ces espèces n'appartiennent pas à la même famille, ni même au même ordre, on peut alors parler de convergence évolutive. Chez les Astropecten les bras sont plus triangulaires et courts ; les plaques sur la face dorsale des bras ne sont jamais disposées régulièrement et ne forment pas de lignes mais un tapis homogène ; les longues épines sur la marges des bras sont rondes et pointues et chez A. polyacanthus il y en a deux par plaque marginale, une dirigée vers le haut et une dirigée vers le bas ; les podia sont pointus, sans ventouse terminale ; enfin l'estomac ne peut pas être dévaginé.
Il existe deux autres espèces dans le genre Archaster , également présentes dans l'Indo-Pacifique, A. angulatus (océan Indien et mer Rouge) et A. lorioli (Seychelles et Mascareignes), mais ces deux espèces possèdent 2 ou 3 épines plates plus courtes par plaque marginale, ont une couleur tirant plus vers le brun rouge, et fréquentent des fonds moins vaseux et plus profonds.
Les espèces du genre Luidia, comme L. savignyi et L. maculata que l'on trouve également dans la même zone géographique et sur les mêmes types de fonds, ont elles aussi des épines le long des bras, généralement au nombre de 7 ou plus, le corps est moins aplati et plus granuleux. Elles sont beaucoup plus grandes, souvent plus de 20 cm de diamètre et leurs podia sont pointus, sans ventouse.
L’espèce Crapidaster hesperus partage les caractéristiques communes des Luidia et Astropecten : podia pointus, face aborale couverte de paxilles indifférenciées (petites piquants situés au bout d'une épine ), malgré ses grosses plaques marginales.
L’espèce Stellaster equestris a des piquants similaires mais plus clairsemés, et un disque central bien plus étendu et pentagonal ; les grosses plaques marginales recouvrent presque totalement les bras.
L'étoile fouisseuse est une espèce détritivore* qui se nourrit de matière organique et de détritus, animaux ou végétaux, présents sur et dans le sable. Elle dévagine son estomac verdâtre pour se nourrir. Du fait de son abondance, elle joue un rôle très important dans le nettoyage et l'aération du sable.
C'est une espèce gonochorique* c'est-à-dire qu'il existe des individus mâles et des individus femelles. Les gamètes* sont libérés en été dans la colonne d'eau où a lieu la fécondation.
Cette étoile de mer vivant le plus souvent dans très peu d'eau, a développé un mode de reproduction bien particulier et très rare chez les échinodermes. En effet, des couples se forment et l'on observe des pseudocopulations. Le mâle, plus petit, part à la recherche d'une femelle qu'il repère grâce à des phéromones. Il grimpe alors sur la femelle, ses bras alternant avec ceux de sa partenaire. Il est possible de voir des empilements de 2 mâles ou plus sur une même femelle. Il n'y a pas d'accouplement à proprement parler, chaque individu se contente de libérer ses gamètes dans l'eau directement au contact de l'autre. Mais cette proximité augmente la probabilité de rencontre des spermatozoïdes et des ovules. Les œufs puis les larves* ont une vie planctonique*.
De nombreuse étoiles de mer peuvent se reproduire de façon asexuée par scissiparité*. Cette reproduction n'a pas encore été observée pour cette espèce. Cependant, elle est capable de régénérer ses bras endommagés.
De petits gastéropodes de la famille des Eulimidés vivent parfois en parasites sur l'étoile fouisseuse, de même que des vers polychètes Ophiodromus sp que l'on peut retrouver près de la bouche ou dans les sillons ambulacraires sous les bras..
Il n'est pas rare de trouver des individus avec seulement 4 bras ou au contraire 6, voire 7.
Cette espèce peut atteindre une vitesse de 43 m/h. Ses podia étant pourvus d'une ventouse, cette étoile peut escalader des obstacles ou grimper le long de la paroi en verre d'un aquarium.
Les pédicellaires ont un rôle très limité dans le nettoyage de la peau. A la place, cette étoile sécrète des substances antifouling* empêchant la fixation d'organismes sur sa peau.
Sa croissance est assez rapide et atteint jusqu'à 7 mm par mois la première année. L'étoile mesure alors 4 cm de diamètre. La croissance diminue par la suite et ne dépasse pas 2 mm par mois chez les individus au-delà de 6 cm de diamètre, une partie de l’énergie s’investissant alors dans la reproduction.
L'activité de l'étoile fouisseuse dépend de la marée. A marée haute pratiquement tous les individus sont ensablés et inactifs pour éviter principalement les prédateurs marins. Ils sortent du sable à la recherche de nourriture ou d'un partenaire pour la reproduction, un peu avant la marée basse et ne se ré-ensablent qu'un peu après, quand l'eau recouvre à nouveau le sable.
Pour s'enterrer, cette espèce utilise ses podia et ses piquants comme des petites pelles et s'enterre sur place. Elle ne rentre donc pas progressivement dans le sédiment en avançant comme le font les oursins ou certains poissons.
Quand une zone lui convient, elle peut être très abondante et représenter plusieurs dizaines d'individus par mètre carré.
Abondante, facile d'accès et robuste, c'est l'étoile de mer la plus étudiée au monde après la couronne du Christ (Acanthaster plannci)
Sur le sable vaseux découvert à marée basse, l'étoile fouisseuse laisse des marques caractéristiques en forme d'étoiles après s'être enterrée.
De nombreux stéroïdes sont isolés à partir d'échinodermes et notamment d'Archaster typicus. Ces composés ont un intérêt médical pour l'homme, avec des propriétés anti-fongiques, anti-bactériennes, anti-virales et bien d'autres.
Il n'y a pas de réglementation concernant cette espèce. Cependant, elle se raréfie dans certaines régions d'Asie du Sud-Est où elle est ramassée en masse. En effet, il est très facile de la récolter à marée basse et elle se conserve très bien une fois séchée. Ainsi, elle est très souvent vendue comme souvenir aux touristes, autant en Amérique qu’en Europe : c’est l’une des espèces qu’on retrouve le plus sur les étals de souvenirs, avec Protoreaster nodosus.
Elle est également menacée par les activités humaines et l'aménagement du littoral qui se fait souvent au détriment de son habitat (notamment à Singapour).
Le nom d'étoile de mer commune (et common sea star en anglais) est le plus utilisé pour cette espèce, mais il n'est pas pertinent : en effet dans chaque pays ou région, il y a des étoiles appelées « étoile de mer commune » et qui n'ont rien à voir avec Archaster typicus (rien qu’en France, ce sera Echinaster sepositus sur la côte méditerranéenne et Asterias rubens sur la côte atlantique). De même, l’expression « étoile de sable » ne la distingue pas des nombreuses Astropecten et Luidia, qui partagent le même mode de vie. C'est pourquoi sur DORIS nous avons préféré utiliser le nom d'étoile fouisseuse, qui caractérise plus cette espèce.
Archaster : du latin [arch] = chef ou ancien et [aster] = étoile, que l'on peut traduire par chef des étoiles, dans le sens d'étoile la plus importante, la plus commune.
typicus : du latin [tipicus] = typique, car la forme de cette étoile à 5 branches est une forme typique d'étoile.
Numéro d'entrée WoRMS : 213119
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Echinodermata | Echinodermes | Symétrie radiale d'ordre cinq (chez les adultes). Squelette de plaques calcaires bien développé sous le derme. Présence d'un système aquifère auquel appartiennent les podia souvent visibles extérieurement. |
Sous-embranchement | Asterozoa | Astérozoaires | Echinodermes de forme étoilée. Les bras, simples et parfois absents, sont en nombre variable, et contiennent des organes. |
Classe | Asteroidea | Astérides | Organismes en forme d’étoile, libres. 5 à 50 bras, squelette réduit, estomac dévaginable. Ce sont les étoiles de mer. |
Super ordre | Valvatacea | Valvatacés | |
Ordre | Valvatida | Valvatides | Etoiles de mer à 5 bras arrondis et souples. Papules* respiratoires réparties sur la face dorsale. |
Famille | Archasteridae | Archastéridés | |
Genre | Archaster | ||
Espèce | typicus |
Star
L'étoile fouisseuse a des bras bordés de petites pointes émoussées. Elle a la forme d'une étoile à 5 branches parfaite !
Bunaken, North Sulawesie, Indonésie, 50 cm
15/06/2015
Dans un herbier
La couleur de cette espèce est généralement gris verdâtre avec quelques zones plus sombres. Idéal pour se cacher dans un herbier !
Malapascua, Philippines, 1 m
04/12/2016
Madréporite
La plaque madréporique, ici tache ronde orangée, est généralement bien visible sur le disque central de cette étoile de mer. Elle a toujours une position excentrée.
Bunaken, North Sulawesi, Indonésie, 50 cm
16/06/2015
4 bras
Il est fréquent de voir des individus de cette espèce avec 4 ou 6 bras.
Bunaken, North Sylawesi, Indonésie, 50 cm
16/06/2015
Hors de l'eau
L'étoile de mer fouisseuse se rencontre sur le sable fin. Elle vit très peu profond et se retrouve souvent hors de l'eau à marée basse.
Nouvelle-Calédonie, Koné, 0 m
06/05/2009
Accouplement
Cette espèce pratique une sorte d'accouplement, ce qui est très rare chez les étoiles de mer. Le mâle grimpe sur la femelle et dispose ses bras de façon alterne avec sa partenaire. Il n'y a pas de réelle copulation, chaque individu se contente de libérer ses gamètes dans l'eau directement au contact de l'autre. Cette proximité augmente la probabilité de rencontre des spermatozoïdes et des ovules.
Malapascua, Philippines, 50 cm
25/02/2016
Enfouissement
A marée haute, cette étoile se cache des prédateurs dans le sable. Elle ne sort que quelques heures avant et après la marée basse.
Malapascua, Philippines, 50 cm
25/02/2016
Sable étoilé
A marée basse, sur le sable ferme, il est possible de voir les traces laissées par les très nombreuses étoiles fouisseuses qui sont sorties sur sédiment.
Malapasca, Philippines, estran
05/12/2016
Abondance
Cette espèce peut être très abondante et représenter plusieurs dizaines, voire plusieurs centaines d'individus par mètre carré.
Derewan, Kalimantan, Indonésie, 1 m
22/03/2015
Parasites
De petits gastéropodes de la famille des Eulimidés vivent parfois en parasites sur l'étoile fouisseuse. Ici probablement sur une espèce proche.
Lembeh, North Sulawesi, Indonésie, 15 m de nuit
26/06/2015
Espèce proche
Archaster angulatus est une espèce proche de l'étoile fouisseuse, que l'on rencontre dans les mêmes biotopes. Elle est de couleur plus rouge et porte 2 ou 3 épines par plaque sur le côté des bras (flèche rouge).
Malapascua, Philippines, 50 cm
04/12/2016
Rédacteur principal : Sylvain LE BRIS
Correcteur : Frédéric DUCARME
Responsable régional : Sylvain LE BRIS
Bos A.R., Gumanao G.S., van Katwijk M.M., Mueller B., Saceda M.M. Tejada R.L.P., 2011, Ontogenetic habitat shift, population growth, and burrowing behavior of Indo-Pacific beach star, Archaster typicus (Echinodermata; Asteroidea), Marine Biology, 158, 639-648.
Guenther J., 2007, Natural antifouling defense of tropical sea
stars, PhD thesis, James Cook University in Gunther J., Wright A.D., Burns K., de Nys R., Chemical antifouling defences
of Sea star: Effects of the natural products hexadeconic acid,
cholesterol,lasthosterol and sitosterol, Marine ecology progress series,
385, 137-149.
Mukai H., Nishihira M., Kamisato H., Fujimoto Y., 1986, Distribution and abundance of the sea-star Archaster typicus in Kabira Cove, Ishigaki Island, Okinawa, Bulletin of Marine Science, 38(2), 366-383.
Run J.Q., Chen C.P., Chang K.H., Chia F.S., 1988, Mating behaviour and reproductive cycle of Archaster typicus (Echinodermata: Asteroidea), Marine Biology, 99, 247-253.
La fiche de Archaster typicus dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN
Christopher Mah, « « Telling Apart Sand Stars: Archaster vs. Astropecten - Two Common Trade Species » », sur Echinoblog, 26 avril 2011.