Eponge encroûtante de couleur rose à rouge-brique
Présence de petits conules correpondant à l'extrémité des fibres du squelette
Oscules à l'extrémité de petites cheminées
Compressible et douce au toucher
Verongia rosea Barrois, 1876
Manche, Atlantique Nord-Est, Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ○ [Méditerranée française]Sa distribution semble assez étendue. On peut l'observer en mer du Nord, en Manche, sur les côtes nord-est de l'océan Atlantique ainsi qu'en Méditerranée.
Cette espèce plutôt sciaphile* se rencontre dès les premiers mètres sous les surplombs, dans les fissures de la roche, sous les cailloux et les coquilles de mollusques, sous le couvert des algues ou des posidonies ainsi que dans les grottes superficielles. Passé 20-30 mètres, elle fréquente tous types de parois dont, en Méditerranée, le coralligène*. Elle a été observée jusqu'à 640 mètres de profondeur.
Cette éponge encroûtante, de couleur rose à rouge-brique, forme des plaques plus ou moins étendues pouvant atteindre une vingtaine de cm². Son épaisseur ne dépasse pas 5 mm. Elle est compressible et douce au toucher. On distingue à sa surface un réseau d'épaississements. Cette surface est hérissée de petits conules* hauts de 2 à 3 mm, correspondant à l'extrémité des fibres du squelette. Les pores sont de petites tailles et difficilement observables à l'œil nu. Les oscules*, larges de 1 à 3 mm, sont souvent situés à l'extrémité de petites cheminées.
Aplysilla sulfurea : aspect semblable mais de couleur jaune.
Hexadella racovitzai : aspect fibreux, forme des plaques de recouvrement dont la surface est beaucoup plus importante. Dépourvue de fibres squelettiques. Possède également des oscules beaucoup plus grands.
Dysidea avara : présente de nombreux lobes tubulaires élevés à l'extrémité desquels s'ouvrent de grands oscules.
Les éponges sont des animaux filtreurs* qui se nourrissent de microparticules : bactéries, algues unicellulaires, débris organiques, ne dépassant pas en général 3 micromètres. Le courant d'eau nécessaire est créé par le mouvement de cellules ciliées* spécifiques des éponges : les choanocytes*.
Le mode habituel de reproduction de cette espèce hermaphrodite* s'effectue par voie sexuée.
La fusion des gamètes* mâles et femelles donne un œuf qui est incubé quelques temps dans le corps de l'éponge mère : c'est une espèce vivipare*.
Les larves* de type "parenchymella"* sont libérées en été au moment où la température de l'eau est la plus élevée. Ce sont des larves ciliées nageuses qui se fixent rapidement pour donner de nouvelles éponges.
Chez certaines éponges, il existe un mode de multiplication par voie asexuée : par bourgeonnement* ou bouturage de fragments qui se détachent de l'éponge mère pour se fixer un peu plus loin.
Les éponges se reproduisent surtout asexuellement et ont une grande capacité de régénération.
Ce mode existe peut-être, mais n'a pas été décrit chez Aplysilla rosea.
L'observation au microscope permet de découvrir un squelette de fibres de spongine* dendritiques* plus ou moins ramifiées, assez longues (5 à 6 mm) mais variables en épaisseur (50 à 300 µm). Ces fibres ont la particularité d'être toujours pourvues d'une moelle striée transversalement et d'être dépourvues de corps étrangers (grains de sable, spicules* d'autres éponges).
Cette espèce ne possède pas de spicules*.
Aplysilla rosea et Aplysilla sulfurea ont souvent été considérées comme une variété de couleur d'une seule et même espèce. Il semble qu'après des études récentes elles soient considérées dorénavant comme deux espèces distinctes.
Aplysille : francisation du nom latin.
rose : couleur de cette espèce.
Aplysilla : du grec [aplusias] = saleté et [-illa] = suffixe servant à former un diminutif. On pourrait donc traduire par petite saleté. Pline, naturaliste romain, donne le nom d'Aplysia à une espèce grossière d'éponge (Rémy Perrier IA).
rosea : mot latin = rose (couleur).
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Porifera | Spongiaires / Eponges | Organismes exclusivement aquatiques, filtreurs, fixés au substrat, de formes variables, et percés d'orifices inhalants (ostioles ou pores) et exhalants (oscules). |
Classe | Demospongiae | Démosponges | Eponges dont la charpente est constituée de spicules siliceux (différenciés en méga- et microsclères) et de collagène dispersé ou structuré en fibres de spongine. Ovipares ou vivipares, larve typique = parenchymella. |
Ordre | Dendroceratida | Dendrocératides | Démosponges dont le squelette est constitué de fibres de spongine qui s’élèvent d’une plaque basale également en spongine et sont le plus souvent dendritiques. Pas de différences observables entre fibres primaires et secondaires. Les fibres ont toujours une moelle distincte et sont fortement stratifiées. Eponges vivipares, la larve est de type ‘parenchymella’. |
Famille | Darwinellidae | Darwinellidés | Eponges dont le squelette est composé uniquement de fibres de spongine à l’aspect dendritique*. |
Genre | Aplysilla | ||
Espèce | rosea |
Dans son biotope
Cette espèce plutôt sciaphile* se rencontre sous les surplombs ou dans les fissures de la roche.
Ria d'Etel (56), 16 m
19/06/2010
Douce au toucher
Cette éponge est compressible et douce au toucher.
Golfe du Morbihan (56), 20 m
28/06/2009
A La Ciotat
Le petit gastéropode Gibbula turbinoides fait ici 7 mm, ce qui donne l'échelle, soit 2 cm sur 3 cm pour cette petite éponge rose.
Le Mugel, La Ciotat (13), 4 m
06/03/2014
Surface épineuse
La surface épineuse, les zones ajourées (cribles) et la couleur rose sont les principaux critères de reconnaissance de cette éponge assez commune dans l'étang de Thau.
Etang de Thau (34), 1 m
07/04/2018
Eponge contractée à Thau
Aplysilla rosea est régulièrement observée dans l'étang de Thau.
Ponton Lafarge, Thau (34), 5 m
11/06/2016
Œuf et larve
Gravure ancienne tirée de la publication "Mémoire sur l'embriologie de quelques éponges de la Manche" par Charles Barrois dans les Annales des Sciences Naturelles, sixième série, Zoologie et Paléontologie, Tome III, 1876.
Fig. 39 : œuf segmenté de Verongia rosea, où la division en deux parties est déjà indiquée : p, partie antérieure claire ; d, partie postérieure opaque. Fig. 40 : larve* libre jeune de Verongia montrant la division en deux parties et la formation de la couronne : en, endoderme ; co, couronne, premier indice du mésoderme.
Fig. 41 : larve libre de Verongia rosea plus âgée, montrant la papille antérieure (p) et la couronne postérieure plus développée (co) ; en, endoderme.
N/A
Reproduction de documents anciens
1876
Rédacteur principal : Philippe LE GRANCHÉ
Correcteur : Jean VACELET
Responsable régional : Philippe LE GRANCHÉ
Barrois C., 1876, Mémoire sur l'embryologie de quelques Eponges de la Manche, Annales des Sciences Naturelles, 6, 3(11), 1-84.
Topsent E., 1890, Eponges de la Manche, Mémoires de la Société zoologique de France, 3(1), 195-205.
Topsent E., 1891, Essai sur la faune des spongiaires de Roscoff, Archives de Zoologie expérimentale et générale, 2, 9(4), 523-554, pl. XXII.
La page d'Aplysilla rosea sur le site de référence de DORIS pour les spongiaires est ici : World Porifera Database
La page d'Aplysilla rosea dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN