Lippu rondeau

Anisotremus virginicus | (Linnaeus 1758)

N° 1829

Atlantique tropical Ouest

Clé d'identification

Forme oblongue avec un dos bombé
Robe argentée avec bandes longitudinales jaune vif
Deux larges barres noires verticales au niveau de la tête
Nageoires jaune vif
Nageoire caudale fourchue

Noms

Autres noms communs français

Gorette des Vierges (nom très utilisé aux Antilles et dans les guides francophones des poissons d'outre-mer), gorette de Virginie, grogneur-porc, grogneur blanc, rondeau, poisson-porc (certainement une traduction littérale du mot anglais)

Noms communs internationaux

Porkfish, Atlantic porkfish (GB), Virginia Grunzer, Schweins-Grunzer (D), Burro catalina, catalina, catalineta, pez puerco, burro amarillo, canario (E), Pesce porco (I), Zwijnsgrommer (NL), Roncador-listado-americano, salema, ferrugem, frade, mercador, sambuari (P)


Synonymes du nom scientifique actuel

Sparus virginicus, Linnaeus 1758

Distribution géographique

Atlantique tropical Ouest

Zones DORIS : ● Caraïbes

Le lippu rondeau se rencontre dans les eaux tropicales de la zone occidentale de l'océan Atlantique, depuis la Floride où il est très abondant jusqu'au sud du Brésil, sans oublier la mer des Caraïbes et le golfe du Mexique. Il est présent aux Bahamas et dans les îles des grandes et petites Antilles. Il a été introduit aux Bermudes.

Biotope

En journée, cette espèce se regroupe et dérive en bancs plus ou moins statiques, à proximité des surplombs rocheux ou au-dessus des récifs coralliens. Le lippu rondeau fréquente les zones côtières, jusqu'à une cinquantaine de mètres au large, à des profondeurs variant entre 2 m et 20 m.

Description

Le lippu rondeau a une forme allongée, comprimée latéralement. Son dos est bombé. Sa taille moyenne varie de 15 à 25 cm et peut parfois atteindre 40 cm pour un poids maximal de 900 g.

Sa robe argentée à bleu vif est traversée de bandes longitudinales jaune vif. Deux larges barres noires sont visibles au niveau de la tête : une, légèrement diagonale, passant au niveau de l'œil et l'autre, verticale, au niveau de l'opercule*. La partie avant de la tête, située entre les deux bandes passant au niveau des yeux, est de couleur jaune vif.

Toutes les nageoires sont jaune vif. La nageoire caudale est nettement fourchue. La nageoire dorsale est continue et constituée de 12 rayons épineux, peu visibles lors de la nage, et de 16 à 18 rayons mous. La nageoire anale possède 3 rayons épineux et 9 rayons mous.

Le lippu rondeau a une petite bouche aux lèvres épaisses, positionnée en bas de la tête. Ces poissons font face à leur agresseur en ouvrant la bouche dont l'intérieur est rouge vif (trait commun des Haemulidés).

Sous le menton, on note la présence de pores sensitifs constitués de deux orifices et d'un sillon médian.

Le juvénile, au corps fuselé, est dépourvu de barres noires verticales et présente une tache foncée à la base du pédoncule* caudal. Sa robe, translucide blanche à nacrée, est traversée de deux rayures horizontales sombres : l'une va de l'œil à la tache noire du pédoncule caudal et l'autre traverse la partie supérieure du corps. Ces rayures ne vont pas au-delà de l'œil, comme chez les autres Haemulidés. Sa tête est jaune vif. Ses nageoires sont jaune vif, sauf les rayons mous de la nageoire dorsale et la nageoire caudale qui sont blancs.

Espèces ressemblantes

Le lippu rondeau a une robe si caractéristique, avec ses nageoires jaunes et ses 2 bandes verticales sombres, qu'il est difficile de le confondre avec d'autres espèces.

Toutefois le pagre à deux bandes, Acanthopagrus bifasciatus, qui fréquente l'Indo-Pacifique, lui ressemble beaucoup. Cependant, ses nageoires pelviennes et anale sont noires.

Le grogneur du Pacifique, Anisotremus taeniatus, avec ses deux barres verticales noires, ressemble également au lippu rondeau. Néanmoins sa robe est jaune, de la tête à la queue, et présente des barres horizontales gris argenté. Mais, comme son nom vernaculaire l'indique, il vit de l'autre côté de l'Amérique centrale dans l'océan Pacifique. Il semble que la fermeture de l'isthme de Panama entre les continents nord et sud américains, il y a quelques millions d'années, ait séparé ces deux espèces issues d'un ancêtre commun.

Alimentation

Le lippu rondeau est un prédateur nocturne qui chasse en solitaire des mollusques, des vers marins, des échinodermes et de petits crustacés (crevettes) en utilisant ses pores sensitifs comme de véritables écho-sondeurs. Ses mâchoires puissantes lui permettent de broyer les coquilles ou les carapaces de ses proies.

Les juvéniles sont des poissons nettoyeurs qui se nourrissent des parasites des autres poissons.

Reproduction - Multiplication

La reproduction sexuée a lieu en pleine eau. Les œufs de petite taille flottent au gré du courant. A l'éclosion, les larves* s'installent dans l'herbier ou les fonds vaseux. Les larves possèdent une tache noire sur la nageoire caudale qui perdure chez les juvéniles.

Vie associée

La plupart des Haemulidés des Caraïbes s'assemblent en journée en bancs inactifs à l'abri des récifs coralliens, sous des tombants ou des entrées de grottes sous-marines. On y retrouve pêle-mêle d'autres Haemulidés tels que les gorettes grises, Haemulon parra, blanches, Haemulon plumierii, jaunes, Haemulon flavolineatum, bleues, Haemulon sciurus, dorées, Haemulon aurolineatum.

Les branchies du lippu rondeau sont parasitées par des larves de plathelminthes (Cestodes). Des copépodes ont été observés à l'intérieur de l'opercule. Des micro-organismes (le dinoflagellé Oodinium ocellatum) ont été observés dans les reins et les tissus internes.

Les prédateurs potentiels de lippu rondeau sont certaines espèces de la famille des Lutjanidés (comme les vivaneaux), des mérous, des requins et d'autres grandes espèces piscivores. Les juvéniles sont appréciés des ptérois.

Divers biologie

Le lippu rondeau est pourvu de dents petites, coniques et pointues. Il possède des dents pharyngiennes* (présentes dans la gorge) particulièrement développées et est dépourvu de canines ainsi que de dents palatines (portées par le palais).

A l'instar des grogneurs, il émet des sons ou grognements produits par le frottement de ses dents pharyngiennes. Ces bruits sont amplifiés par sa vessie natatoire dans les moments de stress ou de combat.

Les orifices situés sous le menton sont des pores sensitifs, qui sont en relation avec des cellules nerveuses sensibles à la perception des vibrations émises par les vers ou les petits crustacés présents dans l'herbier de phanérogames ou dans le sable.

Informations complémentaires

Selon la FAO, le lippu rondeau a été introduit aux Bermudes au début du 20ème siècle pour la pêche à la ligne et la pêche sportive.

Cette espèce est peu farouche et se laisse facilement approcher.

Cette espèce est légèrement touchée par la ciguatera*.

Le juvénile est apprécié des aquariophiles.

Statuts de conservation et réglementations diverses

Cette espèce est largement répartie sur les côtes occidentales de l'Atlantique dans les zones tropicales et subtropicales. Elle est localement assez abondante : la huitième espèce au Brésil et la onzième en Floride. Elle a peu d'importance au niveau commercial, et sa chair est peu estimée. Mais cette espèce, selon Bond (1979), pourrait être menacée par la pollution et l'aménagement du littoral entraînant la perte des récifs coralliens et des mangroves. Néanmoins elle est classée dans les catégories des espèces en "préoccupation mineure" (Least Concern).

Origine des noms

Origine du nom français

Lippu est un nom générique attribué aux gaterins en référence aux lèvres épaisses de ces poissons.

rondeau : à l'origine, le rondeau désigne un poème ou un morceau de musique structuré selon la répétition de plusieurs parties. Dans l'ouest de la France, c'est un sobriquet désignant un homme rond, replet. On peut donc supposer que rondeau fait référence à la forme de ce poisson comprimé latéralement, au dos élevé, avec un front franchement convexe.

Porc, grogneur, gorette (féminin de goret, de l'ancien français « gore » qui veut dire « truie ») sont des synonymes liés aux bruits assimilables aux grognements que produisent les poissons osseux de la famille des Haemulidés.

Origine du nom scientifique

Anisotremus : du grec [aniso-] = inégal et du grec [trema] = trou, orifice. D'après Van't Hoog (journaliste scientifique hollandais), ce nom fait référence aux pores sensitifs situés au niveau sous-mandibulaire.

virginicus : le suffixe latin [-icus] = relatif à, concernant. Ce terme fait référence aux îles Vierges où cette espèce est très commune.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 279625

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chordata Chordés Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés.
Sous-embranchement Vertebrata Vertébrés Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux.
Super classe Osteichthyes Ostéichthyens Vertébrés à squelette osseux.
Classe Actinopterygii Actinoptérygiens Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées.
Sous-classe Neopterygii Teleostei Néoptérygiens Téléostéens Poissons à arêtes osseuses, présence d’un opercule, écailles minces et imbriquées.
Super ordre Acanthopterygii Acanthoptérygiens Rayons épineux aux nageoires, écailles cycloïdes ou cténoïdes, présence d'une vessie gazeuse et pelviennes thoraciques ou jugulaires, sans être systématiquement présents, sont des caractères que l'on ne rencontre que chez les Acanthoptérygiens.
Ordre Perciformes Perciformes Nageoires pelviennes très rapprochées des nageoires pectorales.
Sous-ordre Percoidei Percoïdes Une ou deux nageoires dorsales dont les éléments antérieurs sont des épines aiguës. Nageoires pelviennes avec une épine, rayons mous.
Famille Haemulidae Haemulidés
Genre Anisotremus
Espèce virginicus

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