Gorette jaune

Haemulon flavolineatum | (Desmarest, 1823)

N° 2619

Caraïbes, Atlantique tropical Ouest

Clé d'identification

Adulte :
Trois rayures horizontales jaunes au-dessus de la ligne latérale
Rayures jaunes en diagonale sous la ligne latérale
Toutes les nageoires sont jaunes
La nageoire caudale est fourchue

Juvénile :
Forme allongée
Couleur argentée
Deux longues rayures longitudinales marron
Courte rayure au-dessus de l'œil
Tache sur le pédoncule caudal
Ecailles situées sous la ligne latérale rangées en diagonale

Noms

Autres noms communs français

Grogneur français, croco jaune, croco gueule-rouge (Haïti), scie (Martinique), gorette (Guadeloupe, Martinique)

Certains de ces noms communs, comme scie ou gorette sont employés pour désigner plusieurs espèces du genre Haemulon.

Noms communs internationaux

Banana grunt (Jamaïque), french grunt, gold laced grunt (Barbades), open-mouthed grunt (Bermudes, Cuba, USA), redmouth grunt (Haiti), yellow grunt (Cuba, Barbades, Bermudes) (GB), Bocayate de piedra, boquinegro, cola amarilla, condenado, coroncoro, corocoro amarillo, ronco, ronco amarillo, ronco condenado (Cuba), ronquito (E),
Französischer Grunzer, Franzosen-grunzer, Gelber Grunzerfisch (D),
Biquara, cambuba, capiúma, casaca, corcoroca, goibi, hemulon ronko (Brésil) (P)

Certains de ces noms communs, comme par exemple banana grunt, redmouthed grunt, yellow grunt sont employés pour désigner plusieurs espèces du genre Haemulon.

Synonymes du nom scientifique actuel

Diabasis flavolineatus Desmarest, 1823
Haemulon heterodon
Cuvier, 1829
Haemulon xanthopteron
Cuvier, 1830
Haemulon fremebundum
Goode & Bean, 1880
Haemulon eckmani
Lönnberg, 1895

Distribution géographique

Caraïbes, Atlantique tropical Ouest

Zones DORIS : ● Caraïbes

La gorette jaune est l'un des poissons les plus communs dans la mer des Caraïbes et le golfe du Mexique.
Elle fréquente les eaux tropicales de la zone ouest de l’océan Atlantique depuis les côtes de la Caroline du Sud (U.S.A) jusqu’aux côtes du Brésil, dans le golfe du Mexique et les Caraïbes en passant par l'Amérique centrale et les grandes et petites Antilles. Elle est présente aux Bermudes.
Selon l'UICN, la distribution de l'espèce s'arrête aux côtes de Trinité et Tobago (au large du Venezuela) : les signalements sur les côtes brésiliennes seraient des erreurs d'identification.

Biotope

La gorette jaune vit dans les eaux de faible profondeur, depuis la surface jusqu’à soixante mètres de profondeur. Cette espèce se positionne aux abords des récifs en journée. On peut en rencontrer de grands bancs, pouvant regrouper plusieurs milliers d'individus, sous des surplombs ou à proximité du corail corne d'élan Acropora palmata.
La gorette jaune chasse en solitaire la nuit dans l’herbier sous-marin et se reproduit de préférence dans l’herbier sous-marin ou dans la mangrove. Elle fréquente plusieurs types d'habitats selon un cycle nycthéméral*. Pendant la journée les juvéniles forment des bancs sur des sites de repos situés dans les récifs coralliens. En soirée, ils se dispersent vers les lits de zostères ou vers d'autres habitats aux fonds sableux ou vaseux pour se nourrir. Les juvéniles se montrent fidèles aux sites de jour sur des périodes pouvant aller de 47 à 425 jours (même devenus adultes).

Description

La gorette jaune est un poisson de forme oblongue, légèrement comprimé latéralement, dont la taille moyenne est d'environ 15 à 17 cm, pour une longueur maximale d'environ 30 centimètres. Cette espèce se caractérise par des rayures jaunes, sur fond blanc argenté pouvant présenter des reflets jaunâtres à bleuâtres selon la luminosité. Au-dessus de la ligne latérale*, trois rayures horizontales jaune vif parcourent le corps de la tête à la queue. En dessous de la ligne latérale, les rayures jaunes sont disposées en diagonale, et les écailles, également disposées selon des lignes obliques, sont plus grandes que les écailles situées au-dessus de la ligne latérale.

Toutes les nageoires sont jaunes. La nageoire dorsale est constituée de 12 rayons épineux et de 14 ou 15 rayons mous. La nageoire anale a 3 rayons épineux et 8 rayons mous. Les nageoires pelviennes se situent sous la base des pectorales. La nageoire caudale est légèrement fourchue.

Des taches jaunes sont présentes sur la partie inférieure de la tête. La bouche est plutôt petite et les lèvres assez épaisses. L'œil est souvent cerclé de bleu. L'intérieur de la bouche est rouge, ce qui lui vaut sa dénomination anglophone "redmouth grunt" ou son nom haïtien "croco gueule-rouge".

Le ventre est clair, blanc ou crème.

La gorette jaune juvénile est de forme allongée, de couleur argentée et présente une courte rayure sombre au-dessus de l’œil placée entre deux longues rayures horizontales de même couleur. La rayure la plus basse se termine par une tache sombre sur le pédoncule caudal. Les écailles situées sous la ligne latérale sont rangées selon des diagonales. A un stade intermédiaire du développement, les rayures diagonales jaunes apparaissent, alors que les autres critères d’identification sont toujours présents.

Espèces ressemblantes

Aucun autre Haemulidé ne présente des écailles plus grandes sous la ligne latérale qu'au-dessus. Cependant cette caractéristique reste difficile à observer en plongée. En fait, on identifie les gorettes par la couleur de la robe et des nageoires, les rayures sur le corps et la présence ou non d’une tache sur la caudale. Les gorettes adultes ont des caractéristiques qui permettent de les identifier facilement :

  • La gorette bleue, Haemulon scirius, a des rayures bleues horizontales et se reconnaît facilement grâce à la nageoire caudale et aux rayons mous de la nageoire dorsale qui sont gris foncé.
  • La gorette Ti-bouch, Haemulon chrysargyreum, a un corps long et cylindrique couvert de rayures jaunes horizontales.
  • La gorette dorée, Haemulon aurolineatum, est, comme la Ti-bouch, plus cylindrique, a plusieurs fines rayures horizontales jaunes, et une plus large passant par l’œil. Parfois une tache au niveau du pédoncule caudal est présente.
  • La gorette blanche, Haemulon plumierii, a les nageoires jaunes, mais présente des rayures bleues sur la tête. Les rangées d'écailles sous la ligne latérale forment de fines lignes jaunes.
  • La gorette charbonnée, Haemulon carbonarium, a toutes les nageoires gris foncé.

En revanche, la reconnaissance et l’identification des différentes espèces de gorettes juvéniles est beaucoup plus difficile et subtile. Human et Deloach les identifient toujours par le nombre et la largeur des rayures. La gorette jaune juvénile a une courte rayure sombre au-dessus de l’œil placée entre deux larges rayures horizontales de même couleur et une tache noire sur le pédoncule caudal. Mais le juvénile de la gorette dorée a les mêmes caractéristiques et ne va différer que par l'arrangement des écailles : chez la gorette jaune, les écailles sont rangées en diagonale, alors que chez la gorette dorée, les écailles, situées sous la ligne latérale, sont rangées en lignes parallèles.

Alimentation

La gorette jaune est un poisson carnivore qui se nourrit de petits crustacés, de mollusques ou de vers marins. Elle chasse la nuit dans les herbiers marins et sur les sols sableux.

Reproduction - Multiplication

La gorette jaune est une espèce à sexes séparés, ovulipare*. Les femelles atteignent la maturité sexuelle lorsqu'elles mesurent 12 à 15 cm. La fécondation des gamètes* se fait en pleine eau. Les larves* restent pélagiques* environ 2 semaines avant de s'installer dans les herbiers ou sur le sable. Moins d'un mois après, les juvéniles migrent auprès des récifs. Jusqu'à la taille de 3 à 5 cm, ils se nourrissent de plancton*. Sur les côtes de l'île de la Barbade, où les herbiers marins sont rares, les juvéniles s'installent directement auprès des récifs.

Certains plongeurs ont pu observer un comportement particulier entre deux poissons, qui face à face la bouche ouverte, pressent leur bouche l’une contre l’autre : le baiser des grogneurs. Pour certains auteurs dont Christine et Lionel Parle, cette attitude pourrait correspondre à une lutte nuptiale.

Vie associée

Les prédateurs de la gorette jaune sont les poissons récifaux tels que le poisson-trompette des Caraïbes (Aulostomus maculatus), la badèche bonaci (Mycteroperca bonaci), le mérou tigre (Mycteroperca tigris), la vieille à carreaux (Mycteroperca venenosa), le mérou de Nassau (Epinephelus striatus), le poisson-lézard (Synodus sp.), la rascasse volante (Pterois volitans).

Cette espèce est sujette a de nombreux ectoparasites :

  • L’anilocre : crustacé isopode qui se fixe sur le poisson-hôte par des appendices terminés par des crochets et qui l'affaiblit en lui suçant le sang.
  • Le Gnathia marleyi au stade juvénile (crustacé isopode vivant dans les caraïbes) l’infeste en se nourrissant de son sang à la manière d’une tique ou d'un moustique.

Divers biologie

Le nom vernaculaire "grogneur" fait référence aux sons ou grognements produits par le frottement des dents pharyngiennes localisées dans la gorge. Ces bruits sont amplifiés par la vessie natatoire dans les moments de stress ou de combat. Les canines sont absentes.

En 2008, un groupe de chercheurs néerlandais a étudié les mécanismes sensoriels conduisant les juvéniles de certaines espèces récifales vers les herbiers et les mangroves. Ils ont choisi pour modèle d'étude la gorette jaune. Au laboratoire, cette dernière a montré sa préférence pour les eaux provenant d'herbiers marins ou de la mangrove, par rapport aux eaux provenant des récifs coralliens. Ainsi, les chercheurs ont mis en évidence que les juvéniles distinguent les différents habitats grâce aux différences biotiques* (liées aux êtres vivants comme les plantes, bactéries, les poissons, ...) et abiotiques* (liées à l'environnement comme la température, la salinité, ...) des eaux de ces habitats, et non pas grâce à des signaux environnementaux tels que les sons ou les champs magnétiques qui étaient absents de cette étude.

Statuts de conservation et réglementations diverses

Aucune menace majeure ne pesant sur cette espèce, elle est classée par la liste rouge de l'UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) dans la catégorie LC pour "préoccupation mineure". Cependant, la protection des écosystèmes, tels que les herbiers, mangroves et récifs coralliens, contribue à la protection de cette espèce.

Les juvéniles sont recherchés par les aquariophiles, mais cette espèce, souvent parasitée par la ciguatera*, est peu pêchée.

Origine des noms

Origine du nom français

Gorette : féminin de goret de l'ancien français « gore » qui veut dire « truie ». Porc, grogneur, gorette font référence aux bruits de frottement des dents pharyngiennes de ces poissons. La vessie natatoire amplifie ce son assimilable a un grognement.

jaune : en référence à la couleur dominante des rayures horizontales et diagonales, et des nageoires.

Origine du nom scientifique

Haemulon : du grec ancien [haem] = sanglant et du grec [oulon] = gencive. Ce mot désignerait la gueule rouge, caractéristique de cette famille.

flavolineatum : du latin [flavus] = blond, jaune, or, et de [lineatus] = rayé, avec des lignes, en référence aux traits caractéristiques de sa robe.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 275727

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chordata Chordés Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés.
Sous-embranchement Vertebrata Vertébrés Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux.
Super classe Osteichthyes Ostéichthyens Vertébrés à squelette osseux.
Classe Actinopterygii Actinoptérygiens Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées.
Sous-classe Neopterygii Teleostei Néoptérygiens Téléostéens Poissons à arêtes osseuses, présence d’un opercule, écailles minces et imbriquées.
Super ordre Acanthopterygii Acanthoptérygiens Rayons épineux aux nageoires, écailles cycloïdes ou cténoïdes, présence d'une vessie gazeuse et pelviennes thoraciques ou jugulaires, sans être systématiquement présents, sont des caractères que l'on ne rencontre que chez les Acanthoptérygiens.
Ordre Perciformes Perciformes Nageoires pelviennes très rapprochées des nageoires pectorales.
Sous-ordre Percoidei Percoïdes Une ou deux nageoires dorsales dont les éléments antérieurs sont des épines aiguës. Nageoires pelviennes avec une épine, rayons mous.
Famille Haemulidae Haemulidés
Genre Haemulon
Espèce flavolineatum

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