Main de mer

Alcyonium palmatum | Pallas, 1766

N° 1485

Méditerranée occidentale et atlantique limitrophe

Clé d'identification

Colonie dressée possédant un gros tronc érigé et des ramifications digitiformes
Coloration blanche, jaune pâle, rarement orangée ou rouge, consistance charnue
Corps translucide à la lumière, à base blanchâtre dépourvue de polypes
Polypes à 8 tentacules possédant chacun 11 à 13 paires de ramifications ciliées
Vit sur des fonds meubles sablo-vaseux ou détritiques côtiers profonds

Noms

Autres noms communs français

Grande main de mer, alcyon rouge, main du bon Dieu, main du diable

Noms communs internationaux

Sea finger (GB), Mano di San Piero, mano di morto (I), Mano de muerto (E), Grosse Meerhand (D), Maneta (Catalan)

Distribution géographique

Méditerranée occidentale et atlantique limitrophe

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]

Les principaux auteurs considèrent Alcyonium palmatum comme endémique* de la Méditerranée occidentale. Les observations fiables montrent cet alcyon dans tout le bassin occidental méditerranéen ainsi qu'en Atlantique limitrophe jusqu'en Galice. Au-delà, les indications de l'Atlantique oriental Nord jusqu'aux îles Britanniques et en Manche semblent être des signalements erronés.

Biotope

La main de mer se développe communément sur les fonds vaseux, sableux ou sablo-détritiques à une profondeur de 20 à 200 m environ. Elle est le plus souvent accrochée à des pierres ou des débris coquilliers cachés sous le sédiment, rarement libre. Pour se développer, cette espèce a besoin d'un hydrodynamisme modéré et d'une eau claire, riche en oxygène et en nutriments.
Cet alcyon peut être l'espèce dominante dans certaines conditions en Méditerranée, il a ainsi été décrit un faciès* particulier associé à cette espèce dans le circalittoral* profond riche en apport terrigène*, le "faciès des vases gluantes à Alcyonium palmatum et Parastichopus regalis".

Description

Chaque Alcyonium palmatum est une colonie sessile* présentant un port arborescent massif de 20 à 30 cm de haut et pouvant atteindre 50 cm au maximum, ressemblant à une main. La main de mer peut être blanche, crème, jaune pâle, plus rarement orangée ou rouge. La colonie est le plus souvent fixée au substrat* par sa partie basale à un débris dur caché dans les sédiments meubles qui constituent son milieu de vie. A partir d'un gros tronc commun vertical, partent à plus ou moins 90° des ramifications digitiformes de moindre diamètre et lui valant son nom commun.

Lorsque l'on éclaire la colonie avec de la lumière directe, elle paraît translucide.
Les polypes* constituant la colonie sont toujours blanc translucide lorsqu'ils sont déployés. Ils mesurent jusqu'à 1 cm de long. La présence de sclérites* (petites inclusions calcifiées en forme de bâtonnets épineux) à la base des tentacules* des polypes colorent ceux-ci en rougeâtre lorsqu'ils sont contractés. La couleur plus ou moins rougeâtre des sclérites est par ailleurs responsable de la coloration de la colonie, elle est due à la présence d'atomes de fer mélangés au carbonate de calcium.

Les 8 tentacules* (Octocoralliaire) des polypes entourant l'ouverture buccale possèdent 11 à 13 paires opposées de ramifications ciliées appelées pinnules*. La base visible de la colonie est dépourvue de polypes et elle est de couleur plus blanche que le reste de la colonie.

Espèces ressemblantes

Alcyonium acaule, l'alcyon méditerranéen, est très souvent confondu avec Alcyonium palmatum, les erreurs sont très fréquentes sur les illustrations de ces deux alcyons méditerranéens sur le web et dans les publications et guides anciens. Alcyonium acaule présente une variabilité de coloration et une taille semblable. Cependant, ses polypes sont de plus petite taille, de couleur souvent jaune (mais des polypes blancs existent aussi) et possèdent de 8 à 12 paires de pinnules par tentacule. A la différence d'A. palmatum, le corps de la colonie d'A. acaule est complètement opaque lorsqu'il est exposé à une lumière directe et ses ramifications nombreuses débutent dès la base de la colonie, avec absence d'un tronc principal marqué. Pour finir A. acaule ne vit que sur des substrats* durs rocheux ou dans le coralligène* alors que A. palmatum ne vit que sur des fonds meubles.

Veretillum cynomorium, comme toutes les vérétilles, ne possède pas de ramifications secondaires et l'hydro-squelette est planté dans le sédiment par l'intermédiaire d'un pied lisse qui n'est pas fixé sur un cailloux ou un débris coquillier comme c'est le plus souvent le cas de Alcyonium palmatum. Veretillum cynomorium est de couleur jaune orangé et porte des polypes assez longs (2 cm, jusqu'à 4 cm maximum).

Cavernularia pusilla, la petite vérétille est de petite taille (5 cm maximum), de couleur châtain clair et porte des polypes plus longs dont les tubes sont soulignés de marron. Elle fréquente les zones sablo-vaseuses et s'ancre dans le sédiment par l'intermédiaire d'un pied lisse et plus clair.

Alimentation

Comme tous les alcyons, Alcyonium palmatum est une espèce suspensivore* se nourrissant de proies planctoniques* captées par les tentacules des polypes à l'aide de leurs cellules urticantes, les cnidocytes*.

Reproduction - Multiplication

Cette espèce présente 2 modes de reproduction : un mode sexué et un autre asexué. La reproduction sexuée a lieu entre juillet et septembre par fécondation externe. La larve* ciliée résultante de la fécondation est capable de nager localement avant de se fixer sur le substrat afin de former une nouvelle colonie. Une fois la larve fixée, la reproduction asexuée permet le développement de la colonie par bourgeonnement*. Ainsi, tous les polypes d'une même colonie sont génétiquement identiques au polype fondateur. Un polype est considéré comme un individu.

Vie associée

Les polypes d'Alcyonium palmatum, comme ceux de la plupart des cnidaires, servent de nourriture à plusieurs nudibranches de la famille des Tritoniidés (Tritoniidae), en particulier Marionia blainvillea. Il n'est pourtant pas facile d'observer ces petits gastéropodes sur leurs proies du fait de leur capacité à arborer les mêmes couleurs que leurs proies par mimétisme*.

Divers biologie

Alcyonium palmatum est capable de se gonfler d'eau ce qui lui donne son aspect turgescent. Il est ainsi capable d'augmenter 5 fois son volume et d'augmenter l'exposition des polypes au flux d'eau contenant la nourriture. La colonie peut ensuite expulser l'eau contenue dans son corps de manière à protéger les polypes. Les larves ne pouvant se déplacer que très localement dans la masse d'eau, l'espèce est en général très abondante sur une même zone du substrat.

Informations complémentaires

Après une forte tempête, il est possible de retrouver des colonies mortes échouées sur les plages.

Origine des noms

Origine du nom français

La main de mer tient son nom de l'allure digitiforme des ramifications de sa colonie.

Origine du nom scientifique

Alcyonium : dérive du mot [ulcyonium] défini en 1690 comme une "espèce de polypier marin". L'origine de ce mot est le mot Alcyon, qui désigne un oiseau de mer mythologique dans la Grèce antique dont la rencontre était censée annoncer le calme.

Palmatum : du latin [palmatus] = qui porte l'empreinte d'une main, qui a la forme d'une palme.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 125334

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Cnidaria Cnidaires

Organismes aquatiques (marins pour la plupart) libres ou fixés, carnivores, principalement à symétrie radiaire, caractérisés par des cellules urticantes : les cnidocytes. Deux morphologies principales : le polype et la méduse. La larve est une planula.

Classe Anthozoa Anthozoaires Cnidaires exclusivement marins, solitaires ou coloniaux, uniquement sous la forme polype (jamais de phase méduse dans le cycle de vie).
Sous-classe Octocorallia / Alcyonaria Octocoralliaires / Alcyonaires Anthozoaires coloniaux, parfois solitaires. Polypes de petite taille à symétrie radiaire d’ordre 8 (8 tentacules portant 2 rangées de pinnules). Exosquelette calcaire ou spicules calcaires ou fibres organiques.
Ordre Alcyonacea Alcyonacés Octocoralliaires dont les polypes sont enfouis dans un coenosarc épais plus ou moins calcifié. Polypes allongés qui restent accolés les uns aux autres en bouquets. Spicules fusiformes et épineux. Ce groupe renferme les alcyons (ou coraux mous), les gorgones, et les coraux vrais.
Sous-ordre Alcyoniina Alcyoninés / Alcyonides Coraux mous vrais, ou alcyons.
Famille Alcyonidiidae Alcyonidiidés Colonies encroûtantes formant des lames fines translucides ou légèrement opaques et formant alors des lobes charnus. Les autozoïdes* sont typiquement contigus en plusieurs rangées alignées chez les espèces érigées. Des kénozoïdes* simples sont souvent présents, et forment des structures en forme de boite, conique ou papillaire. Kénozoïdes* épineux absents. Orifices circulaires fermés par un sphincter musculeux et d'apparence plissée.
Genre Alcyonium
Espèce palmatum

Nos partenaires