Corps allongé recouvert de plaques osseuses
Tête large et massive cuirassée comme le corps
4 cornes épineuses sur la pointe du museau dont 2 dirigées vers l'avant
2 barbillons clairs simples sous la pointe du museau
Nombreux appendices allongés sous la tête
Aspidophore, aspidophore armé, aspidophore d'Europe, agonus, agone armé, bouri, souris de mer poilue, étuais.
Armed bullhead, hook-nose, hooknose, pogge (GB), Steinpicker (D) Harnasmannetje, oude vent, potsekop (NL), Panserulk (DK), Panserulke (NOR), Lisica (PL), Skäggsimpa (SE), Penbwl môr (Pays de Galles), Scorcio di mar (I), Pez cabeza de
toto armado (E).
Cottus cataphractus Linnaeus, 1758
Aspidophorus cataphractus (Linnaeus, 1758)
Phalangistes cataphractus (Linnaeus, 1758)
Cottus brodamus Bonnaterre, 1788
Aspidophorus armatus Lacepède, 1801
Cataphractus schoneveldii Fleming, 1828
Aspidophorus europaeus Cuvier, 1829
Paragonus sertorii Miranda Ribeiro, 1918
Ribeiroa sertorii (Miranda Ribeiro, 1918)
Atlantique Nord-Est
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]La souris de mer est présente principalement en Manche, mer du Nord (en Zélande dans l'Oosterschelde), autour des îles Britanniques, en mer de Norvège, en Islande et dans la Baltique. Elle est présente également dans le golfe de Gascogne.
La souris de mer vit près des côtes sur les fonds meubles (sableux, vaseux ou détritiques*) et peu profonds (de la surface à une centaine de mètres, jusqu'à 270 m). Elle pénètre dans les estuaires et supporte une baisse de la salinité. En hiver, cette espèce vit plus profondément.
Ce petit poisson, à l'allure de têtard, mesure entre 10 et 15 cm de longueur (il peut atteindre au maximum 20 cm de longueur). Son corps allongé, déprimé en avant et comprimé latéralement en arrière, est recouvert de plaques osseuses disposées en rangées longitudinales. Le pédoncule* caudal est long et étroit. La tête est large et massive, rétrécie en avant, cuirassée comme le corps. Le museau porte à son extrémité quatre petites cornes dont deux sont dirigées vers l'avant et les deux autres vers l'arrière. Une paire de petits barbillons clairs est présente sous la pointe du museau. Le dessous de la tête porte de nombreux appendices allongés.
La souris de mer possède deux nageoires dorsales, la première est épineuse. La nageoire anale est opposée à la seconde dorsale. Les nageoires pectorales sont grandes et les nageoires pelviennes* (ventrales) sont rapprochées, très étroites, rudimentaires et en position thoracique. Toutes les nageoires n'ont que des rayons simples, il n'y a pas de rayons ramifiés..
La coloration est très variable d'un individu à l'autre, toutefois le dos est en général brunâtre souvent annelé de blanc, le ventre est blanchâtre. Les juvéniles sont plutôt noirs. Les nageoires pectorales peuvent être violettes ou brun rouge, les dorsales et l'anale souvent blanches marbrées de brun.
La souris de mer moustachue Leptagonus decagonus (Bloch & Schneider, 1801) a une distribution circumboréale* et vit dans des eaux froides (de 4°C à -1.7°C) sur des fonds sableux ou vaseux. Plus longiligne, elle possède de fortes épines sur le dessus de la tête et des appendices sensoriels plus longs et bifides au menton alors qu'elle n'en a aucun sous la gorge.
Le chabot-nain Micronephrys lilljeborgi (Collet, 1875) ne dépasse pas 8 cm de long et est souvent de couleur rouge. Sa tête est massive et le corps s'effile en triangle. Au coin de la bouche, un barbillon peut être très réduit ou absent. La plus grande épine préoperculaire n'atteint pas le bord de l'opercule*. Sa ligne latérale* est bien marquée par des protubérances osseuses. Les yeux ont des reflets verts. Les nageoires pelviennes possèdent 2 rayons mous.
La souris de mer pourrait être confondue avec les juvéniles des espèces suivantes :
Le chabot-buffle Taurulus bubalis (Euphrasen, 1785) possède de fortes épines sur sa large tête et les opercules. L'épine préoperculaire, la plus grande, dépasse le bord de l'opercule. Un barbillon charnu est bien visible au coin de la bouche. Des membranes prolongent l'opercule sous la gorge et ne se rejoignent pas en face ventrale. Les nageoires pelviennes possèdent 3 rayons mous. La coloration est extrêmement variable.
Le chaboisseau commun Myoxocephalus scorpius (Linnaeus, 1758) possède également une tête large régulièrement arrondie, ornée d'épines et de petits tubercules. L'épine préoperculaire n'atteint pas le bord de l'opercule. Des membranes prolongent l'opercule sous la gorge et se rejoignent en face ventrale. La coloration est variable, du kaki au brun avec des taches blanches ventrales.
La souris de mer se nourrit de petits invertébrés benthiques* comme de petits crustacés (par exemple la crevette grise ou de jeunes crabes verts), des annélides polychètes, des mollusques, des ophiures et des petits poissons.
Les barbillons participent à la localisation des petites proies sous le sable.
Les sexes sont séparés. Les deux sexes sont très proches morphologiquement mais le mâle peut être distingué par la présence d'une papille génitale ventrale.
Au moment de la reproduction, les nageoires pectorales sont teintées d'orange.
Les femelles pondent 2 500 à 3 000 ovules de janvier à avril dans nos régions (plus tardivement plus au nord). Les ovules*, jaune orangé, de 1,7 à 2,2 mm de diamètre sont déposés en masse sur le fond, parfois entre les crampons des Laminaires. Le mâle doit certainement les fertiliser en passant au-dessus.
Après 10 à 11 mois de développement, les larves* éclosent. Elles mesurent de 6 à 8 mm de long et mènent une vie pélagique*. Quand elles atteignent la taille de 20 mm, elles se rapprochent des côtes et commencent leur vie benthique*.
Les souris de mer sont semelpares* (elles ne se reproduisent qu'une seule fois dans leur vie).
Comme tous les
organismes vivants, la souris de mer est l’hôte de nombreux ectoparasites* et endoparasites*. Ils appartiennent à plusieurs embranchements. Ce ne sont pas
des hôtes exclusifs de la souris de mer. Ils peuvent parasiter d’autres
poissons
Des Plathelmintes Trématodes digènes :
Caudotestis opisthorchis (Polyanski, 1955) Cribb, 2005 : endoparasite au stade adulte ;
Derogenes varicus (Müller, 1784) Looss, 1901 : endoparasite au stade adulte ;
Lecithaster gibbosus (Rudolphi, 1802) Lühe, 1901 : endoparasite au stade adulte.
Des Nématodes :
Ascaris aspidophori Beneden, 1871 : endoparasite intestinal ;
Capillaria (Procapillaria) gracilis (Bellingham, 1840) Travassos, 1915 : endoparasite au stade adulte.
Des Arthropodes Crustacés copépodes :
Haemobaphes cyclopterina (Müller O.F., 1776) : ectoparasite au stade adulte ;
Lernaeocera branchialis (Linnaeus, 1767) : ectoparasite au stade larvaire ;
Lernaeocera lusci (Bassett-Smith, 1896) : ectoparasite au stade adulte.
Des Cnidaires Myxozoaires (il s’agit d’un taxon très particulier longtemps rangé parmi les unicellulaires). Ces parasites ont souvent deux hôtes, un poisson et une annélide ou un bryozoaire :
Myxodavisia longibrachia (Kabata, 1962) : endoparasite dans la vessie urinaire du poisson.
A l'état sauvage, la souris de mer peut vivre trois à quatre ans.
En hiver, comme beaucoup d’animaux côtiers, la souris de mer gagne des profondeurs plus importantes : des captures jusqu’à 150 m, voire 270 m, ont été rapportées.
Comme la souris de mer est recouverte de plaques osseuses rigides, son corps est peu flexible.
Les amateurs de crevettes grises (Crangon crangon) les retrouvent parfois dans leurs achats mal triés. Les souris de mer fréquentant le même biotope, elles sont prises dans les filets de pêche à crevettes et sont cuites en même temps.
La souris de mer, à cause de sa petite taille et de son épaisse carapace, n'a pas de valeur économique. Toutefois elle était consommée sur des îles d'Allemagne du Nord.
Des exemplaires séchés sont parfois visibles dans les boutiques pour touristes.
Cette espèce est classée dans la liste rouge 2014 UICN* sous le statut LC (Least Concern), soit "préoccupation mineure". En effet, l’amélioration de la qualité des eaux, notamment dans les estuaires, permet à la population de souris de mer de croître.
L'origine du nom français "souris de mer" vient de la forme de la tête triangulaire et en pointe, avec la bouche en position inférieure, qui rappelle celle de la souris grise domestique.
Aspidophore correspond à la francisation d'un ancien nom de genre scientifique non valide actuellement : Aspidophorus. Du grec [aspis] = bouclier et du grec [phoros]= qui porte.
Agonus : ce nom de genre a été créé par Bloch et Schneider en 1801 sans autre explication que : "corpus angulatum, scutatum" soit "corps anguleux, muni d'un bouclier" pour remplacer le nom de genre Cottus donné par Linné en 1758. Agonus peut venir du grec avec le préfixe privatif [a] et [gonos] = graine, progéniture, ou d'un des noms latins du Mont Quirinal [agonus].
cataphractus, du latin [cataphractus] = bardé de fer, cuirassé, couvert comme d'une armure, ce nom vient du grec [kataphractos] = cuirassé. Le nom d'espèce de ce poisson, couvert de plaques osseuses, est issu de l'analogie avec les militaires antiques vêtus de la cataphracte.
Numéro d'entrée WoRMS : 127190
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Super classe | Osteichthyes | Ostéichthyens | Vertébrés à squelette osseux. |
Classe | Actinopterygii | Actinoptérygiens | Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées. |
Sous-classe | Neopterygii Teleostei | Néoptérygiens Téléostéens | Poissons à arêtes osseuses, présence d’un opercule, écailles minces et imbriquées. |
Super ordre | Acanthopterygii | Acanthoptérygiens | Rayons épineux aux nageoires, écailles cycloïdes ou cténoïdes, présence d'une vessie gazeuse et pelviennes thoraciques ou jugulaires, sans être systématiquement présents, sont des caractères que l'on ne rencontre que chez les Acanthoptérygiens. |
Ordre | Scorpaeniformes | Scorpéniformes | Poissons scorpions. |
Sous-ordre | Cottoidei | Cottoïdes | Joues cuirassées. |
Famille | Agonidae | Agonidés | |
Genre | Agonus | ||
Espèce | cataphractus |
Agonus ctaphractus sur le fond
Cet individu vu de trois-quarts avant présente les caractéristiques de cette espèce : les deux petits barbillons à l'avant, les appendices sous le menton et la coloration.
Sas van Gent, Zélande, Pays-Bas, 25 m
05/2008
Vue de dessus
Cet individu à la coloration sombre montre bien la tête plus large que le corps.
Saint Jacut (22), estran
07/05/2012
Vue du côté droit
Sa couleur sombre pourrait correspondre à celle d'un juvénile.
Saint Jacut de la mer, (22), estran
07/05/2012
Vue de face
Ce portrait permet de distinguer, outre les deux yeux, les 2 petites cornes dirigées vers l'avant, la paire de barbillons sous le museau et les nombreux appendices allongés sous la tête.
Sas van Goese, Oosterschelde, Zélande, Pays-Bas, 20 m
10/05/2013
Homochromie
La souris de mer se confond bien avec l'environnement.
A côté de l'épave "Bateau Feu", Dunkerque (59), 15 m.
11/2011
En déplacement
Cet individu nous présente les nombreux appendices présents sous sa tête.
à côté du "Bateau Feu", Dunkerque (59), 15 m.
11/2011
Un dessin
Ce dessin d'une vue du côté droit montre bien l'aspect cuirassé de ce petit poisson ainsi que les nombreux petits appendices allongés sous la tête.
Max Poll, 1947, figure 226 page 346
Reproduction de documents anciens
1947
Vues ventrales
A gauche : le mâle, à droite : la femelle. Ces vues ventrales montrent, en plus de la papille génitale du mâle, les nageoires pelviennes (ventrales) rapprochées, rudimentaires en position thoracique.
Le Danois E. 1913, fig 129 et 130 page 79
Reproduction de documents anciens
1913
Aspidophore et Chabot
Cette planche ancienne nous présente une vue latérale et une vue ventrale et surtout une section transversale de la souris de mer.
Le chabot (Cottus gobio) qui accompagne la souris de mer sur cette planche est un poisson d’eau douce.
Planche 39, gravée par Krüger A.L. in Bloch M.E., 1782
Reproduction de documents anciens
1782
Larve d'Agonus cataphractus
Cette larve pélagique de 7 mm de longueur a été dessinée juste après son éclosion.
Ehrenbaum E., 1905, fig. 31a page 76
Reproduction de documents anciens
1905
Parmi les crevettes
Ces deux souris de mer ont été cuites avec les crevettes mal triées.
Chez le poissonnier à Dunkerque (59)
27/11/52016
Vue du côté gauche
Cet individu vu du côté gauche semble bien dodu.
Planche XVI (27), E. Donovan, 1808
Reproduction de documents anciens
1808
Rédacteur principal : Yves MÜLLER
Rédacteur : Jean-Louis LENNE
Vérificateur : Sylvain LE BRIS
Responsable régional : Yves MÜLLER
Bloch M.E., 1782, OECONOMISCHE NATURGESCHICHTE DER FISCHE DEUTSCHLANDS, Erster Teil, 234p.
Donovan E., 1808, THE NATURAL HISTORY OF BRITISH FISHES VOLUME 1, F.C. & J. Rivington.
Ehrenbaum E., 1905-1909, I. EIER UND LARVEN VON FISCHEN, in Brandt K. A. H. & Apstein C., NORDISCHES PLANKTON, ZOOLOGISCHER TEIL, Lipsius & Tischer 1-414.
Götting K.J., 1964, Entwicklung, Bau und Bedeutung der Eihüllen des Steinpickers (Agonus cataphractus L.), Helgoländer Wissenschaft. Meeresuntersuchungen, 11, 1–12.
Le Danois E., 1913, Contribution à l'étude systématique et biologique des poissons de la Manche occidentale, Annales de l'Institut océanographique, 5, 1-214.
Poll M., 1947, POISSONS MARINS, Faune de Belgique, Musée royal d'Histoire naturelle de Belgique, Bruxelles, 450p.
La page de Agonus cataphractus dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN
La page de Agonus cataphractus sur le site de référence de DORIS pour les poissons : FishBase