Holothurie petite à moyenne pouvant atteindre 15 à 20 cm
Couleur de fond blanc cassé à crème pâle avec des zones diffuses jaune sale à brun clair et trois selles plus sombres
Podia dorsaux très longs (jusqu'à 1 cm, voire plus) marqués d'une ligne brun rouge longitudinale
Anus armé de cinq petites dents anales jaunâtres
Organe de Cuvier non fonctionnel
Océan Indien et Pacifique Ouest
Zones DORIS : ● Indo-PacifiqueL'espèce n'a pour le moment été observée qu'à Madagascar, à Mayotte, dans les Mascareignes (La Réunion, Maurice et Rodrigues) et aux Philippines.
Cette espèce vit dans les récifs coralliens et sur les pentes externes. Elle fréquente des substrats* variés, notamment sableux ou sablo-détritiques*, et les herbiers.
On ne peut généralement l'observer que la nuit.
Actinopyga capillata est une holothurie petite à moyenne : la taille maximale documentée sur spécimen préservé est de 12 cm, mais l'animal vivant semble pouvoir atteindre de 15 à 25 cm.
Son corps cylindrique s'affine aux deux extrémités, légèrement en partie antérieure et de façon nettement plus marquée en partie postérieure.
Le trivium* (face ventrale) est légèrement aplati, mais l'animal contracté évoque une outre pleine. Le tégument* est fin (1 mm pour un sujet décontracté, de 3,5 à 4,5 mm pour un sujet contracté).
La couleur de fond du bivium* (face dorsale) va du blanc cassé au crème pâle avec des zones diffuses jaune sale à brun clair et trois selles plus sombres plus ou moins marquées. La première, en fin de moitié antérieure du corps, est souvent rouille à rouge ; les deux suivantes, au dessin moins précis, sont beige foncé à marron clair éventuellement rougissant. Chez certains spécimens, ce patron de couleur peut devenir globalement très pâle. Le trivium est blanc pur avec des taches rose orangé au tracé diffus en partie centrale, les deux extrémités étant plus nettement colorées.
Le bivium et le trivium portent de nombreux podia*. Les podia dorsaux sont caractéristiques de l'espèce et justifient le choix de l'épithète spécifique (« capillata », chevelue). Ces podia sont dispersés sans ordre, mais quand l'animal est légèrement stressé, seuls ceux des radius du bivium apparaissent en deux lignes bien distinctes, les autres étant rétractés. Ils sont très longs (jusqu'à 1 cm et parfois plus), très fins et paraissent noirs, mais ils sont en fait translucides avec une ligne brun rouge partant de la base, qui s'élargit le plus souvent jusqu'à couvrir toute la hampe du podion à son extrémité distale. Certains podia peuvent être uniformément blanchâtres sur les flancs. Les disques podiaux sont brun rouge. On peut observer une tache noirâtre sur le tégument à la base de chaque podia dorsal. Les podia ventraux sont un peu plus courts, uniformément translucides à blanchâtres, et s'alignent en trois larges rangées le long des radius ventraux, les zones interambulacraires* étant étroites. Il n'y a pas de tache sur le tégument à la base de ces podia.
La bouche est ventrale et entourée de 16 à 20 tentacules peltés* rosâtres. L'anus est terminal et est entouré de cinq petites dents anales jaunâtres présentant de petites excroissances et des épines émoussées. Ces dents sont absentes chez les plus petits spécimens. Le cloaque*, quand il est ouvert, a une forme d'étoile à cinq branches, son intérieur est jaune.
Chez des juvéniles photographiés à Madagascar, les couleurs de l'adulte peuvent être très irrégulièrement réparties, voire brouillées, au profit d'une couleur dominante rouge marquée de points blancs et de zones jaunâtres. D'autres juvéniles montrent un patron proche de celui de l'adulte, quoique plus diffus.
Comme chez les autres espèces du genre Actinopyga, l'organe de Cuvier* est rudimentaire et probablement non fonctionnel.
Les podia dorsaux très particuliers de cette holothurie ainsi que son patron de couleurs rendent impossible toute confusion avec une autre espèce, y compris au sein du genre Actinopyga.
L'espèce est détritivore*, ce qui signifie qu'elle ingère le sédiment* et en retient les nutriments d'origine végétale et animale, les déchets et les bactéries qui y sont contenus. Elle peut trouver ces nutriments notamment sur la fine couche de sédiment associée aux micro-algues et aux débris coralliens.
Elle se nourrit la nuit.
La reproduction dans cette espèce n'est pas documentée à la date de rédaction de cette fiche (novembre 2016). Elle ne doit cependant guère différer, quant à ses modalités principales, de celle des autres holothuries de l'ordre des Aspidochirotes : en situation de reproduction, la majorité des holothuries, mâles et femelles plus ou moins regroupés, se dresse le plus haut possible pour diffuser les gamètes* émis dans la colonne d'eau.
La fécondation* a lieu au hasard des rencontres de ces gamètes dans le courant.
Les larves* sont pélagiques*. Les stades larvaires (blastula*, puis auricularia, puis doliolaria) se déroulent en pleine eau.
A la fin du dernier stade, le juvénile rejoint définitivement le substrat et évolue vers l'âge adulte.
A l'instar de la majorité des espèces d'holothuries et singulièrement du genre Actinopyga, les tissus d'A. capillata contiennent probablement des molécules extrêmement toxiques groupées sous le nom de saponines, l'ensemble étant communément appelé holothurine. Cette substance provoque une hémolyse (destruction des globules rouges) pathologique dont l'effet sur les poissons et d'autres organismes marins est mortel.
L'organe de Cuvier semblant non fonctionnel, il n'entre pas dans les moyens de défense de cette espèce.
L'armature du tégument (les spicules*) est composée de rosettes sur le bivium et le trivium, de bâtonnets et d'une plaque terminale sur les podia ventraux, de bâtonnets plus longs aux extrémités épineuses et de petits bâtonnets dérivés des rosettes et d'une plaque terminale sur les podia dorsaux, de petits bâtonnets dans les muscles, et de bâtonnets droits ou incurvés à extrémité épineuse dans les tentacules.
L'espèce n'a été décrite qu'en 2006, mais elle était connue depuis 2004 par des spécimens découverts à Rodrigues et des signalements issus des Philippines. Depuis 1996, des signalements accompagnés d'une détermination d'espèce incorrecte ou d'une détermination arrêtée au niveau du genre avaient eu lieu. Ils ont été reconnus en 2004 comme concernant cette espèce. L'holotype* provient de La Réunion.
Des spécimens photographiés aux Philippines (Ile Talikud) présentent de légères différences avec les individus de l'océan Indien : la couleur dominante est jaune orange avec des taches blanches éparses. Toutefois, très peu d'individus ayant été photographiés des deux côtés de la distribution, il est impossible de statuer sur la variabilité du patron de couleurs chez cette espèce.
L'assemblage de spicules d'Actinopyga capillata est proche de celui de Bohadschia mitsioensis, ce qui est surprenant ; mais la présence de dents anales et d'un organe de Cuvier rudimentaire, entre autres traits significatifs, l'éloignent sans ambiguïté du genre Bohadschia.
La Liste Rouge de l'UICN la classe sous la rubrique « Data Deficient » (DD). Ce qui signifie que le manque de données interdit la classification habituelle relative aux dangers encourus par l'espèce. On pense qu'elle pourrait être pêchée au moins aux Philippines, et que les faibles profondeurs auxquelles on la trouve l'exposent particulièrement aux captures.
Les densités peuvent être localement fortes, mais l'espèce est rarement observée à La Réunion et semble-t-il à Mayotte et à Madagascar.
Holothurie : francisation du terme grec [holothourion], nom donné par Aristote à un animal que les ambiguïtés de sa description rendent impossible à déterminer mais qui, après diverses attributions préalables, a été donné à ce groupe d'échinodermes.
chevelue : traduction en français de l'épithète spécifique latine.
Actinopyga : du grec [aktin] = rayon ; et [pugê] = fesse. En l'absence d'informations précises sur ce point, on peut se risquer à imaginer que Bronn, le créateur du genre en 1860, entendait évoquer par ce nom les cinq dents anales qui sont l'aspect le plus manifeste, dans le genre Actinopyga, de la symétrie pentaradiée (à cinq rayons) des holothuries.
capillata : féminin de l'adjectif latin [capillatus], qui signifie chevelu.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Echinodermata | Echinodermes | Symétrie radiale d'ordre cinq (chez les adultes). Squelette de plaques calcaires bien développé sous le derme. Présence d'un système aquifère auquel appartiennent les podia souvent visibles extérieurement. |
Classe | Holothuroidea | Holothuroïdes | Echinodermes vermiformes, ouverture buccale à l’extrémité antérieure du corps et entourée d’une couronne de tentacules rétractiles, anus postérieur, une seule gonade : holothuries, concombres de mer. Endosquelette réduit à de microscopiques ossicules ou plaques, inclus dans la paroi du corps. |
Super ordre | Aspidochirotacea | Aspidochirotacés | |
Ordre | Holothuriida | Holothurides | (Anciennement: Aspidochirotida / Aspidochirotes) Symétrie bilatérale, avec une sole de reptation et des podia buccaux en forme d’écusson. Présence de poumons, pas de muscle rétracteur de la bouche. |
Famille | Holothuriidae | Holothuriidés | Podia munis d’ampoules. La gonade est placée à gauche du mésentère dorsal. |
Genre | Actinopyga | ||
Espèce | capillata |
Petite holothurie nocturne
La taille maximale documentée d'Actinopyga capillata sur spécimen préservé est de 12 cm, mais l'animal vivant semble pouvoir atteindre de 15 à 25 cm.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, 1,5 m, en PMT
27/10/2010
Bande rouge
Le patron classique de l'espèce est caractérisé par une bande transversale rouille à rouge sur le bivium.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, 1,5 m, de nuit, en PMT
27/10/2010
Podia dorsaux
Les podia dorsaux sont caractéristiques de l'espèce et lui valent son épithète spécifique (capillata signifie chevelue). Ces podia sont très longs (jusqu'à 1 cm, voire plus), très fins et translucides avec une ligne longitudinale brun rouge partant de la base, qui s'élargit le plus souvent jusqu'à couvrir toute la hampe du podion à son extrémité distale.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, 1,5 m, de nuit, en PMT
27/10/2010
Trivium
Le trivium, face ventrale de l'animal, est blanc pur avec des taches rose orangé au tracé diffus en partie centrale, les deux extrémités étant plus nettement marquées. L'animal est ici contracté, sa forme est celle d'un outre pleine.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, 1,5 m, de nuit, en PMT
27/10/2010
Bouche
La bouche est ventrale et entourée de 16 à 20 tentacules peltés rosâtres. Ils sont protégés à l'intérieur de l'orifice buccal quand l'animal se contracte, comme c'est le cas sur cette photo.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, 1,5 m, de nuit, en PMT
27/10/2010
Cloaque
Le cloaque, quand il est ouvert, a une forme d'étoile à cinq branches, son intérieur est jaune.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, 1,5 m, de nuit, en PMT
27/10/2010
Juvénile
Ce juvénile, rencontré dans un herbier, mesure entre 6 et 7 cm. Son patron de couleur est très proche de celui de l'adulte.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, 1,5 m, en PMT
09/12/2016
Distribution : à Mayotte
La distribution documentée pour cette espèce ne concerne pour le moment (novembre 2016) que les Mascareignes (La Réunion, Maurice et Rodrigues) et les Philippines, mais cette photo la représentant incontestablement a été prise à Mayotte, et d'autres signalements ont été faits à Madagascar.
Mayotte
11/11/2016
Distribution : aux Philippines
Cette photo est prise à Siquijor Island, aux Philippines. D'autres signalements ont eu lieu à Talikud Island, à environ 500 km au sud-est. Les signalements de cette espèce sont peu nombreux, probablement du fait de ses mœurs nocturnes.
Siquijor Island, archipel des Visayas, Philippines, 10 m, de nuit
04/04/2004
Rédacteur principal : Philippe BOURJON
Vérificateur : Alain-Pierre SITTLER
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER
Conand, C., Purcell, S., Gamboa, R., 2013, Actinopyga capillata, The IUCN Red List of Threatened Species 2013: e.T180474A1635069.
Ducarme F., 2017, Revision of the geographical range of Actinopyga capillata, SCP Bêche-de-Mer Bulletin Information, 37, 92-94.
Rowe W.E., Massin C., 2006, On a new species of Actinopyga Brown, 1860 (Echinodermata: Holothutoidea) from the Indo-West Pacific, Zoosystema, 28(4), 955-961.