Branches en forme de cornes de cerf
En buisson massif jusqu'à 2,5 m
Calices rugueux et saillants, cylindriques
Chaque branche portant un calice terminal blanc
Staghorn coral (GB), Coral candelabro (E)
Madrepora cervicornis Lamarck, 1816
Madrepora attenuata Brook, 1893
Zone caraïbe, mais absent du reste de l’Atlantique tropical Ouest
Zones DORIS : ● CaraïbesGrande Caraïbe, d'est en ouest : du golfe du Mexique jusqu'à la Barbade, du nord au sud : des Bahamas jusqu'au Venezuela.
Absent aux Bermudes et au Brésil.
A. cervicornis est présent dans des eaux claires et calmes, de la proche surface jusqu'à une vingtaine de mètres maximum.
On le trouve par exemple dans les lagons, sur zone sableuse et sur la zone peu profonde de pentes externes.
Colonies arborescentes composées de branches longues et grêles en forme de cornes de cerf, enchevêtrées, de couleur claire (blanc crème à beige jaunâtre).
La colonie forme un massif de taille variant de 20 cm à 2,5 m
Chaque branche possède des calices rugueux et saillants, en forme de cylindre, et se termine par un calice blanc tubulaire.
Aucune dans la zone géographique ; ressemblance avec Acropora formosa présent dans l’Indo Pacifique.
Acropora palmata, espèce voisine, se différencie par des branches très aplaties qui lui donnent un aspect tabulaire.
Il faut aussi ne pas confondre les Acropora avec d'autres formes branchues : les Porites branchus et les Madracis branchus, dont les branches sont toujours courtes et les calices ne font pas saillie sur la surface de la branche.
Comme tous les madréporaires constructeurs, cette espèce se nourrit, pour les deux tiers de ses besoins alimentaires, de composés carbonés issus de la photosynthèse* grâce à la présence symbiotique* de zooxanthelles* dans ses tissus. Pour le tiers restant, alimentation hétérotrophe* par prédation sur petites proies de type vers, larves, animaux de très petite taille, capturés par les tentacules de l'animal qui délivrent un venin paralysant ses victimes.
Les colonies sont hermaphrodites* (elles portent les deux sexes) et se reproduisent par émission de gamètes* mâles et femelles après les phases de pleine lune, durant la saison cyclonique des Caraïbes (septembre-octobre).
La fécondation a lieu en pleine eau, les œufs se développent en donnant des larves* (planula*) qui après fixation vont créer de nouvelles colonies.
Une relation symbiotique existe avec des algues unicellulaires (zooxanthelles*) : il y a un échange de composés carbonés et de CO2 (dioxyde de carbone) issu de la respiration du polype. Cette symbiose facilite la construction de calcite (calcaire) du squelette de l'animal.
On note souvent la présence de petits poissons récifaux de plusieurs espèces autour de la colonie, afin de trouver refuge en cas d'agression.
La croissance est extrêmement rapide (10 cm par an) en comparaison des autres scléractiniaires, mais présente une fragilité importante face aux maladies, à l'apport de sédiments et aux agressions mécaniques liées à sa morphologie branchue.
Cette espèce comme tous les scléractiniaires, est sensible aux hausses de température du milieu ; lorsque celle-ci dépasse les 30 °C, les zooxanthelles* quittent leur hôte, laissant la colonie corallienne toute blanche (disparition des pigments photosynthétiques) mais encore vivante ; si ce phénomène perdure au delà de plusieurs semaines ou mois, alors l'animal meurt par manque d'apport alimentaire ; ce phénomène est appelé : blanchissement ou mort blanche des coraux.
En 2005, la colonne d'eau abritant les colonies coralliennes de la Caraïbe a subi une température de plus de 29 °C durant une période de 6 mois ; 50 à 60 % des coraux ont blanchi (parfois plus) ; en 2006 la moitié de ces coraux blanchis sont morts, apportant ainsi à la zone Caraïbe son plus fort blanchissement observé.
Actuellement Acropora cervicornis est sans doute une des espèces les plus menacées de la région Caraïbe. La fragilité de ses branches en fait une victime des cyclones et des fortes tempêtes, l'espèce se localise donc dans des secteurs relativement abrités, qui sont aussi les plus touchés par la pollution et la vase en provenance des travaux agricoles et routiers.
Convention de Washington (CITES) annexe 2 : c'est donc une espèce dont la commercialisation, sans être interdite, est soumise à la règlementation des pays signataires :
Arrêté préfectoral pêche de la Guadeloupe (2002).
Statut d'espèce protégée aux Etats-Unis depuis 2003.
Son statut est noté "critique" sur la liste rouge de l'UICN de nov. 2012 : 80 % des populations ont disparu dans les 30 dernières années.
L'aspect branchu de cette espèce fait penser à des cornes de cerf.
Acropora : du grec [acros] = pointe, extrémité, et [por-] = passage, détroit pour « extrémité terminée par un tube ».
cervicornis : du latin [cervus] = cerf, et [cornus] = corne. Donc « en forme de cornes de cerf ».
Numéro d'entrée WoRMS : 206989
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Cnidaria | Cnidaires | Organismes aquatiques (marins pour la plupart) libres ou fixés, carnivores, principalement à symétrie radiaire, caractérisés par des cellules urticantes : les cnidocytes. Deux morphologies principales : le polype et la méduse. La larve est une planula. |
Classe | Anthozoa | Anthozoaires | Cnidaires exclusivement marins, solitaires ou coloniaux, uniquement sous la forme polype (jamais de phase méduse dans le cycle de vie). |
Sous-classe | Hexacorallia / Zoantharia | Hexacoralliaires / Zoanthaires | Anthozoaires coloniaux ou solitaires, tentacules lisses, polypes à symétrie d’ordre 6. |
Ordre | Scleractinia | Scléractiniaires / Madréporaires | Hexacoralliaires coloniaux (quelques espèces solitaires) produisant un exosquelette calcaire abritant de petits polypes. |
Famille | Acroporidae | Acroporidés | |
Genre | Acropora | ||
Espèce | cervicornis |
Colonie branchue
Forme caractéristique en cornes de cerf, à faible profondeur.
Grand Cul-de-Sac Marin, Guadeloupe, 3 m
15/04/2004
Détail corallites
De nuit, tous les polypes sont sortis, le calice terminal tubulaire est clairement visible.
Ilet Pigeon, Guadeloupe, 1 m, de nuit
31/01/1982
Corail corne de cerf
Specimen à faible profondeur
Guadeloupe (971), profondeur inférieure à 3m
13/12/2017
Massif très étendu de corail corne d'élan
Illustration d'un "champ" très étendu et rare à l'échelle de la Guadeloupe. Ce corail est généralement observé de manière fragmentée, sous la forme de colonies solitaires dispersées.
Il pourrait s'agir en fait de Acropora prolifera, l'espère hybride entre palmata et cervicornis.
Guadeloupe (971), profondeur inférieure à 3m
13/12/2017
Colonies fragiles
Cette colonie a poussé sur un herbier peu profond où la lumière intense est favorable à la photosynthèse. On note des cassures sur plusieurs branches, probablement dues aux fortes vagues lors des tempêtes.
Grand Cul-de-sac Marin, Guadeloupe, 1m
08/05/2006
Détail du squelette
L'identification de certaines espèces de coraux n'est possible que par l'examen du squelette.
NB Ce fragment de branche a été prélevé avec l'autorisation de la DRAM dans le cadre du programme IFRECOR.
Guadeloupe
2006
Rédacteur principal : Franck MAZEAS
Correcteur : Jacques LABOREL
Responsable régional : Anne PROUZET
Richmond R.H., 1990, Reproduction and recruitment of corals : comparisons among the Caribbean, the Tropical Pacific, and the Red Sea, Marine Ecology Progress Series, 60, 185-203.
La page d Acropora cervicornis dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN