Jusqu'à 60 mm de longueur, large, parfois circulaire
18 touffes de soies périphériques
Plaques dorsales carénées et crochues vers l'arrière
Granulation dorsale fine et régulière
Ceinture recouvrant plus ou moins les plaques
Couleur gris-vert à brun
Acanthochiton
Grote borstelkeverslak (NL)
Acanthochitona communis (Risso, 1826)
Manche, océan Atlantique, Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]On pourra observer ce chiton depuis les bords de la Manche (Bretagne, sud de l'Angleterre) jusqu'aux Canaries et aux Açores, ainsi qu'en Méditerranée occidentale.
Le grand chiton épineux est un mollusque qui affectionne le domaine intertidal* et plus particulièrement les zones battues par le ressac. On pourra le trouver en zone infralittorale* et parfois un peu au-delà. Cet animal vit exclusivement collé sur substrat* rocheux. Sa résistance à la dessication à marée basse est limitée, c'est pour cette raison qu'on le trouvera le plus souvent caché sous les pierres. Exposé au soleil, le chiton recherchera l'ombre pour se protéger. Immergé, il se déplace en rampant lentement sur les rochers à la recherche de nourriture.
Acanthochitona fascicularis est un grand chiton dont la taille peut atteindre les 60 millimètres. Ses huit plaques dorsales, bien carénées et crochues vers l'arrière, sont caractérisées par une granulation fine et régulière. L'animal est plutôt large, parfois presque circulaire. La ceinture périphérique, épineuse et feutrée, porte 18 touffes de soies rigides caractéristiques régulièrement espacées (9 de chaque côté). Elle a tendance à recouvrir plus ou moins les plaques, ne laissant visible que la carène dont l'arête est souvent assombrie. La couleur de ce chiton oscille entre le gris-vert pâle et le brun.
Généralités :
Il existe de nombreuses espèces de chitons sur les côtes françaises. Les différencier est souvent affaire de spécialistes. Ces animaux présentent tous la même forme ovale, et la couleur et les motifs ne peuvent, presque toujours, pas être pris en compte comme critères d'identification.
Quelques clés peuvent cependant permettre de cibler :
- La taille du chiton peut parfois permettre d'écarter telle ou telle espèce ;
- Le rapport longueur/largeur est souvent déterminant : certaines espèces sont larges, d'autres sont plus effilées ;
- L'importance de la carène médiane : chez certains chitons, elle est très marquée. Chez d'autres, elle est moins importante, et les valves peuvent être arrondies ou aplaties ;
- La forme des plaques dorsales et le nombre et la disposition des encoches qu'elles présentent sont les critères les plus fiables. Ces caractères, visualisables en laboratoire sous loupe binoculaire, et nécessitant l'euthanasie du chiton, ne sont bien évidemment pas appréciables en plongée...
- Enfin les différents ouvrages naturalistes proposent un examen (à la loupe binoculaire) du bord de la ceinture périphérique (manteau) : sa texture peut être plus ou moins granuleuse, hérissée d'épines, de spicules ou de tubercules. La ceinture peut être plus ou moins large, et dans certains cas, recouvrir plus ou moins les valves.
Dans le cas du grand chiton épineux :
On ne pourra, grâce aux touffes de soies épineuses, le confondre qu'avec le petit chiton épineux, Acanthochitona crinita. Ce dernier est plus petit (30 mm maximum), et plus large. Les granulations qui parsèment ses plaques dorsales sont plus grossières.
Les ouvrages naturalistes évoquent la présence sur les côtes françaises d'une troisième espèce de chiton épineux, Acanthochitona discrepans, au sujet de laquelle les informations sont fragmentaires.
Le grand chiton épineux est un animal herbivore. Il est équipé d'une solide radula* avec plusieurs rangées de dents qui lui permettent de brouter la couche d'algues calcaires qui recouvre la roche. Les dents de cette radula sont minéralisées avec une teneur élevée en phosphates et en fer, et donc parfaitement adaptées au décapage de la roche. L'animal se nourrit également d'algues unicellulaires présentes sur le substrat, comme les diatomées. Les chitons sont plus actifs la nuit.
Le grand chiton épineux est gonochorique*. La reproduction est sexuée, sans accouplement. Les individus mâles émettent des spermatozoïdes qui sont dans un premier temps retenus au sein de leur cavité palléale*. Relâchés dans un courant d'eau, ils pénètrent dans la cavité palléale des femelles, où a lieu la fécondation. Celle-ci donne une larve* trochophore* qui mène une courte vie pélagique* avant de tomber sur le substrat* et de se métamorphoser en un chiton minuscule dont la face dorsale n'est recouverte dans un premier temps que par 6 plaques. Les jeunes chitons gagnent immédiatement la face inférieure des pierres.
Les plaques du grand chiton épineux et sa ceinture marginale peuvent être colonisées par de petits organismes, comme les spirorbes.
Il est parfois difficile de décoller un chiton de la roche. L'adhérence est permise par une contraction du pied, dont l'effet est comparable à celui d'une ventouse puissante.
Manipulé, le chiton s'enroule en boule à la manière des cloportes ou des gloméris. On peut alors observer que ses plaques dorsales sont indépendantes et s'enracinent latéralement dans la ceinture périphérique.
Ce chiton possède des touffes d'épines périphériques. Par opposition à Acanthochitona crinita, plus petit, nous avons choisi d'attribuer le nom de "grand chiton épineux" à ce mollusque, dont on ne trouve pas de nom vernaculaire aujourd'hui dans la littérature naturaliste.
Acanthochitona : du grec [acanth-] = épine, piquant, et du grec [chiton] = tunique courte. L'animal est en effet protégé par 8 plaques calcaires articulées qui ne recouvrent pas la ceinture marginale, qui par conséquent "dépasse", comme sous une tunique courte.
fascicularis : du latin [fascis] = fagot, paquet, bouquet, faisceau, + suffixe [cul-] = petit (diminutif).
Acanthochitona fascicularis est donc un chiton qui possède des épines réunies en petits faisceaux.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Polyplacophora | Polyplacophores | Mollusques à symétrie bilatérale, de forme ovale, aplatis dorso-ventralement avec tête, pied, et masse viscérale nettement distincts. La partie dorsale du manteau sécrète une coquille constituée de huit plaques calcaires articulées entre elles. Brouteurs. Ce sont les chitons. |
Ordre | Neoloricata | Néoloricates | Tous les chitons actuels. |
Sous-ordre | Acanthochitonina | Acanthochitoninés | Le bord des plaques, recouvertes partiellement ou entièrement par le manteau, porte des dents bien développées. |
Famille | Acanthochitonidae | Acanthochitonidés | |
Genre | Acanthochitona | ||
Espèce | fascicularis |
En Bretagne
Le grand chiton épineux est aussi présent en Manche, comme ici à Trégastel.
Ile ronde, Trégastel (22), 12 m
29/07/2008
Un chiton caractéristique
Voici Acanthochitona fascicularis, un chiton allongé, dont les plaques dorsales sont grossièrement carénées, et cernées par 18 touffes de soies rigides régulièrement implantées sur le bord dorsal du manteau. Ce dernier recouvre parfois les plaques en grande partie.
La Fourmigue (06), 7 m
27/08/2005
Couleur habituelle : gris-vert
Le grand chiton épineux arbore souvent cette teinte gris-vert.
Antibes (06), 5 m
29/07/2007
Collé à la roche
Les chitons sont typiquement collés à la roche grâce à un pied ovale qui fait ventouse.
Antibes (06), 14 m
20/08/2007
Manteau rose
Cet individu arbore un manteau de couleur rose plutôt inhabituelle et du plus bel effet !
Ria d'Etel (56), estran
08/2008
Des plaques carénées
Les plaques dorsales de ce chiton possèdent une carène très prononcée, souvent marquée d'une bande plus sombre, comme ici, en Espagne.
Plage de Sant Marti d'Empuries (Costa Brava, Espagne), 1 m
12/07/2007
Touffes de soies périphériques
Les acanthochitons sont, comme leur nom l'indique, caractérisés par des touffes de soies rigides implantées régulièrement sur le bord dorsal du manteau. Ici elles sont bien visibles. On en compte 18, 9 de chaque côté.
Elvine Nord, Côte Bleue (13), 13 m
18/03/2007
En couple
Deux individus rampent sous une pierre retournée pour la photo.
Plougastel, rade de Brest (29), 6 m
16/07/2008
Ouvrir l'œil...
Il faut parfois avoir l'œil pour distinguer ce chiton, souvent recouvert de petites algues et de microorganismes qui le rendent peu visible, d'autant que cette épibiose s'installe sur la ceinture périphérique, qui elle-même recouvre partiellement les plaques dorsales.
Elvine Nord, Côte Bleue (13), 13 m
18/03/2007
Enroulé
Dérangés, les chitons se roulent en boule, ce qui nous permet d'apercevoir leur face ventrale.
Antibes (06), 10 m
20/08/2007
Sur le sable
Une observation plutôt inhabituelle : ce chiton épineux a été trouvé rampant sur le sable... Ou peut-être la roche autour du chiton est-elle recouverte de sable...
Antibes (06), 5 m, de nuit
20/06/2008
Gravure ancienne
Gravure tirée de l'ouvrage "The conchological illustrations or coloured figures of all the hitherto unfigured recents shells", de G.B. Sowerby II.
N/A
Reproduction de documents anciens
N/A
Rédacteur principal : Frédéric ZIEMSKI
Correcteur : Yves MÜLLER
Responsable régional : Frédéric ZIEMSKI