Etoile en couronne avec 9 à 23 bras
Dos et bras recouverts d'épines acérées et venimeuses
Taille de l'ordre de 35 cm
Couronne du Christ, coussin de belle-mère, acanthaster pourpre
Crown of thorns starfish (GB), Stella corona di spine (I), Estrella de mar corona de espinas (E), Dornenkronenseestern (D), Taramea (Tahitien)
Océan Indien, mer Rouge, océan Pacifique
Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge]Ce complexe d'espèces est présent dans tout l'Indo-Pacifique tropical, de la mer Rouge en passant par l'océan Indien jusqu'à la bordure est du Pacifique. Pour plus de détails, voir le paragraphe sur les espèces ressemblantes.
Elle envahit les récifs coralliens notamment ceux riches en coraux des genres Acropora et Pocillopora mais aussi en alcyonnaires ou en actiniaires. Certes son activité est plutôt nocturne mais le plongeur peut la voir aussi au détour d'un récif durant le jour.
Cette étoile de mer a une forme particulière avec un large disque central entouré de bras assez courts répartis en couronne. Elle a un nombre variable de 9 à 23 bras. Le dos et les bras sont recouverts d'épines acérées et venimeuses. Sa taille moyenne est de l'ordre de 35 cm mais elle peut atteindre un diamètre maximum de 50 à 60 cm. Son poids varie de 200 g à 3 kg. L'étoile possède des podia* pour son déplacement. Elle assure sa défense grâce à ses piquants. La coloration est très variable d'une région à l'autre et varie du brun rouge au gris olive, vert foncé, jusqu'au violet bleuté.
Des études génétiques ont montré que le complexe Acanthaster planci comporte en fait 4 espèces, ayant des répartitions géographiques différentes :
D’autres étoiles de mer épineuses se rencontrent aussi dans le domaine Indo-Pacifique :
Acanthaster brevispinus (Fisher, 1917) : étoile épineuse rouge à pourpre avec des zones sombres sur la quinzaine de bras. Les piquants sont plus courts et denses que chez A. planci. Plutôt rare, cette espèce ne se nourrit pas de polypes coralliens.
Heliaster kubiniji : étoile épineuse dépourvue de piquants acérés, mais présente dans une zone géographique limitée de la basse Californie au Nicaragua.
Cette espèce au stade adulte est corallivore*, mais le régime n'est pas strict : algues, acropores, gorgones et alcyonaires peuvent être consommés. Pour se nourrir, l'étoile dévagine son estomac (c'est-à-dire qu'elle le retourne) et l'applique sur les polypes*, qu'elle digère sur place avant de rétracter son estomac. La surface de l'estomac est proportionnellement bien supérieure à celle des autres étoiles. Cette particularité explique la croissance rapide de cette espèce. Une Acanthaster peut détruire 5 à 6 m² de corail par an. Une agrégation (une colonie d'étoiles) peut ainsi détruire plusieurs km² par an.
Cette espèce est gonochorique*, les produits génitaux sont émis dans l'eau de mer. La fécondation est plus efficace lorsqu'il y a un rapprochement avec une concentration importante d'individus. La période de reproduction est synchronisée et déterminée par des facteurs externes et endocriniens.
Le développement de l'étoile est illustré par les différents stades suivants :
Après 2 ans, ayant atteint une taille de 20 cm, c'est un adulte sexuellement mature et le nombre de bras peut dans certains cas augmenter en se dédoublant.
De très nombreux animaux trouvent refuge entre les piquants des acanthasters tant cette protection est avantageuse ! On peut citer la crevette Zenopontonia soror qui est la plus fréquente.
Les prédateurs
Le triton géant (gastéropode), les cnidaires Pseudocorynactis sp, certains balistes (Balistoides viridescens, Balistapus undulatus), des poissons-ballons (Arothron stellatus, Arothron hispidus) font partie des prédateurs adultes identifiés capables de s'attaquer aux acanthasters adultes.
Hymenocera picta la crevette arlequin, certains empereurs (Lethrinus sp), ainsi que le Napoléon Cheilinus undulatus sont des prédateurs des juvéniles.
Les larves brachiolaria
sont consommées par des poissons de la famille des Pomacentridés, des crabes
Trapeziidés vivant dans les coraux, des vers polychètes, mais aussi des polypes
de coraux lors de la phase d’installation sur le substrat benthique* Un autre
prédateur connu des larves est le casque rouge Cassis
rufa. Cependant, des études ont montré que les larves
brachiolaria s’installent préférentiellement à proximité d’étoiles adultes, sur
un substrat de coraux morts récemment, qui leur est donc favorable.
Les gêneurs et protecteurs du corail
Des chercheurs australiens ont montré que l'huître corallicole participe à la protection de son corail hôte contre les agressions de prédateurs tels qu'Acanthaster planci. En effet, Pedum spondyloideum peut déloger l'étoile de mer en lui envoyant une série de violents jets d'eau par son siphon ! Plus généralement, la présence d'invertébrés symbiontes des coraux a une influence protectrice sur les espèces coralliennes dont se nourrit Acanthaster planci (voir la fiche Spirobranchus giganteus).
Les invasions : cette espèce fait l'objet régulièrement et mystérieusement de concentrations importantes sur les récifs de l'Indo-Pacifique (densité supérieure à 1000 individus par hectare pour une population normale inférieure à un individu par hectare) transformant rapidement un splendide jardin de coraux en masse de calcaire blanchi et inerte. Ce phénomène a lieu dans toutes les zones où l'Acanthaster planci existe et se multiplie. Les raisons de ces invasions explosives ne sont aujourd'hui pas totalement élucidées mais les hypothèses suivantes sont les plus souvent retenues pour expliquer localement ou généralement ces invasions :
On le voit, le débat est ouvert et ces étoiles n'ont pas fini de faire parler d'elles.
Médical :
Acanthaster planci est venimeuse et provoque des troubles qui peuvent être graves pour l'espèce humaine en cas de piqûre par les épines, enduites d'une sécrétion toxique. Le venin est constitué d'un allergique puissant, d'une enzyme attaquant les membranes cellulaires et de plancinine, un anti-coagulant puissant. Ces troubles vont de la paralysie au vomissement avec nausées, jusqu'au malaise syncopal nécessitant le transfert vers un hôpital dans les plus brefs délais. Des risques d'infection grave sont fréquents.
Couronne d'épines : la forme particulière de cette étoile avec un disque massif et des petits bras rappelle une couronne couverte d'épines.
Acanthaster : du grec [acanthos] = épine et [aster] = étoile. Le genre signifie donc étoile avec épines.
planci : du nom propre Giovanni Paolo Bianchi alias Janus Plancus, (Rimini) 1693-1775, naturaliste italien.
Numéro d'entrée WoRMS : 213289
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Echinodermata | Echinodermes | Symétrie radiale d'ordre cinq (chez les adultes). Squelette de plaques calcaires bien développé sous le derme. Présence d'un système aquifère auquel appartiennent les podia souvent visibles extérieurement. |
Sous-embranchement | Asterozoa | Astérozoaires | Echinodermes de forme étoilée. Les bras, simples et parfois absents, sont en nombre variable, et contiennent des organes. |
Classe | Asteroidea | Astérides | Organismes en forme d’étoile, libres. 5 à 50 bras, squelette réduit, estomac dévaginable. Ce sont les étoiles de mer. |
Ordre | Valvatida | Valvatides | Etoiles de mer à 5 bras arrondis et souples. Papules* respiratoires réparties sur la face dorsale. |
Famille | Acanthasteridae | Acanthastéridés | |
Genre | Acanthaster | ||
Espèce | planci |
Spécimen bleu
Ce spécimen est une "vraie" Acanthaster planci, de couleur bleu électrique.
Iles Similan, Thaïlande, 21 m
14/02/2007
Spécimen olive
L'espèce de mer Rouge n'est pas encore nommée par les scientifiques. Les épines venimeuses couvrent le dos et les bras de l'étoile. La photo a été prise de jour.
Les Sept Frères, Djibouti, 16 m
12/03/2005
Détail des épines
Spécimen de la zone pacifique enserrant un scléractiniaire, le corail piquant Galaxea fascicularis.
Panglao Island, Philippines, 20 m
19/04/2006
Détail système ambulacraire
On remarquera l'ensemble des podia (sortes de ventouses) du système ambulacraire* sur la face interne de l'étoile qui servent à la locomotion de l'animal mû par la force hydraulique. On notera aussi l'absence de pédicellaires servant à la défense de l'animal : il est vrai que celui-ci est déjà bien doté en armes redoutables.
Les Sept Frères, Djibouti, 16 m
12/03/2005
Juvénile
Juvénile (au stade 4) se nourrissant de corail.
Nouméa, Nouvelle-Calédonie, 7 m
09/07/2006
Juvénile bleu
Juvénile d'Acanthaster bleue en stade 4 : elle est maintenant apte à assimiler le corail. Elle possède 15 bras et n'en a pas encore dédoublé certains.
Iles Similan, Thaïlande, 9 m, de nuit
16/02/2007
Spécimen rouge
Acanthaster rouge photographiée sur la côte ouest des Etats-Unis.
La Reina, Mer de Cortez, 10 m
08/2001
Beauté acérée
Beau dégradé de mauve et de bleu.
Fakarava (Polynésie française), Passe de Tomakohua, 10 m
23/08/2016
Nutrition
Individu se nourrissant d’un corail du genre Porites. L'étoile dévagine son estomac en sécrétant une substance attaquant les cnidoblastes. Le corail se meurt et devient blanc. Ce corail mort récemment est un des substrats préféré des larves des acanthasters, car il est débarrassé de nombreux prédateurs des larves (polypes de coraux, vers tubicoles, crabes commensaux, ...)
Les Sept Frères, Djibouti, 16 m
12/03/2005
Anus et pédicellaires
En bas à droite sur la photo, on voit des tentacules en forme de fourche : ce sont des pédicellaires.
La Réunion, 1,5 m
04/08/2011
Mortelle embrassade
Cette Acanthaster recouvre un corail Acropora dont elle fait son repas.
Nouvelle-Calédonie, Bourail, Passe de l'île Verte, 18 m
14/10/2009
Détail des épines du dos
Le dos et les bras sont recouverts d'épines acérées et venimeuses.
Nouvelle-Calédonie, Poindimié, Tibarama, 6 m
10/10/2009
Prédateur confirmé
Nous assistons ici à l'attaque d'une Acanthaster adulte par un de ses rares prédateurs, le Triton du Pacifique Charonia tritonis. Cependant l'acanthaster n'est pas l'échinoderme préféré de ce mollusque, s'il a le choix.
Tibarama, Poindimié (Nouvelle Calédonie), vers 6 m, de nuit
12/01/2009
Tapis de coussins de belle-mère
Elles pullulent par centaines ! Dans ce cas, la densité devient supérieure à 1000 individus par hectare à comparer à une population normale inférieure à un individu par hectare.
Nouvelle-Calédonie, Poindimié, 9 m
05/09/2010
Toutes les couleurs
C'est dommage pour les coraux, mais on peut constater sur ce site infesté, la grande diversité de couleurs et de taille de ces étoiles de mer.
Nouvelle-Calédonie, Poindimié
31/08/2010
Discrète
Etoile de taille moyenne discrète sous un rocher avec quelques Apogon angustatus.
Nosy Bé (Madagascar), Nosy Fanihely, 5 m
30/04/2011
Individu de Mayotte en alimentation
Platier de Majicavo Koropa (Mayotte), environ 1,5 m
16/02/2022
Rédacteur principal : Denis ADER
Vérificateur : Joëlle ARMAND KOLLER
Responsable historique : Denis ADER
Responsable régional : Véronique LAMARE
Cowan Z.L., Dworjanyn S.A., Caballes C.F., Pratchett M., 2016, Benthic Predators Influence Microhabitat Preferences and Settlement Success of Crown-of-Thorns Starfish (Acanthaster cf. solaris) , Diversity, 8, 27.
Cowan Z.L., Pratchett M., Messmer V., Ling S, 2017, Known Predators of Crown-of-Thorns Starfish (Acanthaster spp.) and Their Role in Mitigating, If Not Preventing, Population Outbreaks , Diversity, 9, 7.
Haszprunar G., Vogler C., Wörheide G., 2017, Persistent Gaps of Knowledge for Naming and Distinguishing Multiple Species of Crown-of-Thorns-Seastar in the Acanthaster planci Species Complex, Diversity, 9, 22.
Wörheide G., Kaltenbacher E., Cowan Z.-L., Haszprunar G., 2022, A new species of crown-of-thorns sea star, Acanthaster benziei sp. nov. (Valvatida: Acanthasteridae), from the Red Sea, Zootaxa, 5209(3), 379-393.
Les Acanthasters par Chantal Conand, ECOMAR (université de la Réunion) et Loïc Charpy, IRD : Acanthasters
Une revue dédiée à l'état des connaissances en 2016 sur le complexe Acanthaster planci : Diversity
La page d'Acanthaster planci dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN