Animal de petite taille (deux millimètres environ)
Corps rouge grenat très sombre, d’aspect velu
Huit pattes, la première paire étant dirigée vers l’avant
Pattes de couleur rouge vif, terminées en forme de club de golf
Rhyncholophus rubipes Berlèse & Trouessart, 1889
Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]L’espèce est signalée comme fréquentant les côtes françaises, britanniques, belges, allemandes, irlandaises, danoises et suédoises. Elle n'est pas présente en Méditerranée.
Abrolophus rubipes fréquente la zone rocheuse médiolittorale*, au niveau de Pelvetia canaliculata voire un peu plus bas au niveau de Fucus vesiculosus et de Fucus spiralis. L’espèce est principalement observée en déplacement parmi les balanes.
Comme tous les acariens, c'est un animal de petite taille (environ 2 mm). Son corps, de couleur rouge grenat très sombre, est grossièrement ovoïde et d’aspect poilu.
Il possède 8 pattes rouge vif, dont la première paire est dirigée vers l’avant. L’extrémité des pattes est renflée et présente la forme d’un club de golf.
Les palpes (petits appendices servant à l'alimentation) sont relativement longs. Les yeux sont latéraux et placés nettement après le milieu de la crête métopique (crête située sur le sommet de la tête, ayant une grande importance dans la détermination de ce taxon).
Abrolophus rubipes ressemble à beaucoup d’acariens et, malheureusement, l’identification visuelle (c’est-à-dire sans moyen de grossissement) est pratiquement impossible compte tenu de la taille de ces espèces. Fort heureusement, les espèces présentes dans leur biotope* habituel sont relativement limitées. Cette espèce pourra, en particulier, être facilement confondue avec Halotydeus hydrodromus qui fréquente le même habitat. Les pattes d'Abrolophus rubipes sont beaucoup plus rouges que celles de Halotydeus hydrodromus. Elles sont aussi plus grêles et se terminent en forme de club de golf. Les palpes d'Abrolophus rubipes sont par ailleurs plus longs. Enfin, le corps d'Abrolophus rubipes présente un aspect velu alors que celui de Halotydeus hydrodromus ne porte que quelques grosses épines claires, particulièrement visibles en macrophotographie.
Abrolophus rubipes est un prédateur se nourrissant de la microfaune présente sur l’estran*.
Les sexes sont séparés et il n’existe guère de dimorphisme* sexuel. Les mâles déposent des spermatophores*, de préférence dans des zones peu humides (30 % d’humidité maximum, pas de couvert végétal), à l’extrémité de traces olfactives qui orientent les femelles. Ces spermatophores sont récupérés par les femelles, qui les introduisent dans leur orifice génital.
Cette espèce est relativement peu connue des biologistes modernes, puisque son observation semble rare, alors qu’elle est relativement fréquente sur les côtes de Bretagne Nord (facilement observable à chaque sortie ciblée sur estran* rocheux). L’INPN ne mentionne ainsi aucune observation de l’espèce dans sa base de données. Elle est par ailleurs absente de plusieurs bases de données de référence, comme WORMS ou iNaturalist.
La systématique de la sous-famille des Abrolophinés, et plus spécialement du genre Abrolophus, reste sujette à controverse. Plusieurs auteurs estiment que ce genre est aujourd’hui trop vaste pour être réellement monophylétique (58 espèces sont ainsi rattachées au genre Abrolophus dans la région paléarctique). Il n’existe pas à ce jour d’étude phylogénétique* concernant ce taxon, et les séquençages ADN (Acide DésoxyriboNucléique , support de l'information génétique) disponibles sont rares et largement incomplets. Un gros travail scientifique reste donc à faire pour avoir une vision moderne de ce taxon.
Abrolophe à pattes rouges : traduction du nom scientifique.
Le nom de genre Abrolophus a été créé en 1891 par Antonio Berlèse (1863-1927), célèbre entomologiste italien. Il est constitué du préfixe d’origine grec [abro] = délicat, gracile et du néo-latin issu du grec ancien [lophos] = crête. De nombreux genres d’acariens comportent le suffixe [lophus] en référence à la crête métopique qui orne le céphalothorax* de ces animaux. Berlèse a donc considéré que les espèces de ce genre présentaient une crête métopique fine.
Le nom d’espèce rubipes provient du latin [ruber] = rouge et [pes] = pieds et signifie donc littéralement « aux pieds rouges ».
Numéro d'entrée WoRMS : L’espèce n’est pas présente dans WORMS.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Arthropoda | Arthropodes | Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette. |
Classe | Arachnida | Arachnides | Corps formé d’un céphalothorax et d’un abdomen. Présence de chélicères. Huit pattes (4 paires). |
Ordre | Trombidiformes | Trombidiformes | |
Famille | Erythraeidae | Erythraeidés | |
Genre | Abrolophus | ||
Espèce | rubipes |
Abrolophus rubipes
La couleur générale du corps est rouge grenat très sombre, avec des pattes bien rouges. La première paire de pattes est toujours projetée vers l'avant et les palpes sont longs.
Photo prise sur l'estran, Pointe de la Rognouse, Binic (22)
16/07/2022
Un autre spécimen
Cette photographie permet de voir les yeux, placés en position très latérale, et la crête métopique.
Photo prise sur l’estran, Pointe de la Rognouse, Binic (22)
16/07/2022
Vue au microscope du cephalothorax, des pédipalpes et d’une patte I
Les pédipalpes sont situés de part et d’autre du céphalothorax.
Photo prise au microscope (x100) d’un individu capturé sur l’estran à la pointe de la Rognouse, Binic (22)
18/04/2022
Vue au microscope de la première patte
Cette première patte possède un ongle recourbé à l’extrémité. Le pédipalpe gauche est visible à droite de la photo.
Photo prise au microscope (x100) d’un individu capturé sur l’estran à la pointe de la Rognouse, Binic (22)
18/04/2022
Rédacteur principal : Christophe QUINTIN
Vérificateur : Pierre NOËL
Responsable régional : Yves MÜLLER
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La page de Abrolophus rubipes dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN