Petites sabelles regroupées en « bouquet »
Tube visible, blanc et souple, sans opercule
Panache circulaire composé de 2 demi-couronnes
Panache branchial de 2 à 3 cm de diamètre de couleur variable
Ver tubicole colonial
Social feather duster (GB), Bichi di tubo (I), Gusano tubícola colonial (E), Kolonienbildender Röhrenwurm (D), Lolonievormende kokerworm (PB)
Mer des Caraïbes et Bahamas
Zones DORIS : ● CaraïbesLes sabelles sociales sont présentes, et même communes, dans la mer des Caraïbes et aux Bahamas.
En général, ces vers se regroupent à l'ombre des surplombs, dans les failles rocheuses, sur les coraux ou les fonds sableux. On peut les rencontrer entre 2 et 35 m de profondeur. Ils préfèrent très nettement les zones avec du courant et les eaux riches en matières organiques et en plancton.
Le corps de cette sabelle, composé de segments bien visibles, est divisé en trois parties : la tête (qui porte les organes sensoriels et la bouche), le tronc (constitué d'anneaux ou métamères*) et le pygidium ou telson* (qui porte l'anus). Les métamères sont recouverts d'une couche dure et imperméable (la cuticule*). Cette annélide polychète vit entièrement dissimulée à l'intérieur d'un tube blanc parcheminé, souple et bien visible, fixé sur des supports durs tels que coraux ou rochers. Ce tube, qui peut parfois être enfoui, est entièrement fabriqué par le ver, qui cimente des grains de sable blanc par sécrétion d'une sorte de glue (glande sous la tête). Le tube est dépourvu d'opercule. Il mesure en moyenne 40 ± 0,43 mm de longueur pour 1,7 ± 11 mm de diamètre.
Les branchies se déploient en couronne à l'extrémité du tube : elles sont composées de deux panaches disposés en demi-cercles opposés, de deux à trois centimètres de diamètre. Leur couleur est très variable, du brun au violet, mais aussi parfois orange ou blanche, selon les zones géographiques. Le centre est souvent plus foncé. Le panache peut également être rayé. Il comporte de 18 à 28 radioles* (« branche » de la couronne), garnies de cils appelés pinnules*.
Les sabelles sociales s'installent en groupes constitués de plusieurs dizaines d'individus, formant une sorte de « bouquet », les tubes étant disposés les uns à côté des autres. Des regroupements d'une centaine d'individus sont parfois signalés. Les bouquets comportent des juvéniles et des adultes.
Le regroupement de plusieurs dizaines d'individus permet de distinguer assez facilement les sabelles sociales des autres sabelles.
Les sabelles sont des animaux filtreurs qui se nourrissent exclusivement de plancton* qu'elles capturent à l'aide de leur panache branchial. Les cils mobiles, recouverts d'un mucus adhérent, captent les particules alimentaires et les apportent à la bouche.
Les battements coordonnés des cils créent un courant d'eau dirigé depuis le haut vers le bas de la couronne. Les particules triées selon les tailles assimilables par le ver sont acheminées aux rainures centrales (sillons alimentaires) des radioles et « glissent » au centre du panache, vers la bouche de l'animal.
La reproduction peut être asexuée ou sexuée. La reproduction asexuée s'effectue par scissiparité* (mode de multiplication par lequel l'organisme se divise en deux). Cela explique sans doute le regroupement systématique de cette sabelle.
Une colonie est composée d'individus pouvant être mâles, femelles ou hermaphrodites*. L'hypothèse est que l'espèce est probablement hermaphrodite protandre*, les individus femelles étant plus grands que les individus mâles. La fécondation est externe (spermatozoïdes* répandus dans la colonne d'eau).
La couleur du panache branchial varie selon la localisation géographique des populations : blanc rayé de violet à Cuba, brun et blanc à Curaçao, violet à bout blanc à Saint-Martin, blanc rayé de brun à Belize, totalement violet aux îles Caïmans, totalement blanc à Cozumel,…
Cette espèce peut se défendre chimiquement contre les agresseurs grâce à la production de molécules au niveau du panache branchial ou du corps lui même. Parmi les sabelles, seules les espèces Bispira brunnea et Bispira variegata sont capables de se défendre chimiquement de cette manière.
Cette espèce est capable de régénérer sa couronne branchiale en quelques semaines.
Ces animaux sont difficiles à approcher car ils détectent toute vibration née d'un mouvement de l'eau : ils se rétractent alors très brusquement à l'intérieur de leur tube et ne ressortent que lentement.
Bispira brunnea ne survit que rarement en aquarium.
Sabelle : du latin [sabulum] = sable, matériau qui compose le tube de ce ver.
Sociale : du fait de leur mode de vie regroupé.
Bispira : du latin [bi] = deux et [spira] = spire ; deux demi-couronnes de branchies disposées en cercles.
brunnea : du latin [brunneus] = brun, du fait de sa couleur la plus répandue.
Numéro d'entrée WoRMS : 421069
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
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Embranchement | Annelida | Annélides | Vers segmentés (annelés) à section cylindrique, à symétrie bilatérale constitués de segments semblables. Le premier segment porte la bouche et le dernier l’anus. Nombreuses formes marines, dulcicoles ou terrestres, libres ou parasites. |
Classe | Polychaeta | Polychètes | Annélides marines. Chaque segment porte des excroissances locomotrices (les parapodes) plus ou moins développées, munies de touffes de soies chitineuses rigides. Chez la plupart des espèces, la tête porte plusieurs organes sensoriels, des mâchoires, et souvent un panache branchial coloré. Animaux libres dans la colonne d'eau ou sur les sédiments mais aussi galéricoles ou tubicoles. |
Sous-classe | Sedentaria - Canalipalpata | Annélides polychètes sédentaires - Canalipalpata | Annélides polychètes sédentaires vivant dans des tubes ou des terriers semi-permanents, avec une paire de palpes creusés d'un sillon longitudinal cilié. |
Ordre | Sabellida | Sabellides | Métamérie très altérée, corps divisé en deux régions distinctes, une thoracique à segments peu nombreux et une abdominale, le plus souvent à segments très nombreux, parfois seulement 3 segments chez les très petites espèces. Prostomium indistinct et peristomium faisant une collerette plus ou moins développée, entière ou divisée en lobes, branchies volumineuses (2 lobes semi-circulaires ou spiralés portant de nombreux filaments ou rayons garnis de barbules ciliées) en panache terminal disposé en entonnoir entourant la bouche. |
Famille | Sabellidae | Sabellidés | Dans des tubes de mucoprotéines à paroi mince avec ou sans vase, sable ou débris de coquille, la plupart du temps flexibles. Pas d'opercule. Panache coloré, de grande taille aux radioles en forme de plume formant une couronne symétrique. |
Genre | Bispira | ||
Espèce | brunnea |
Groupes colorés
Malgré les remarques sur la localisation des couleurs par zone géographique, le site semble abriter plusieurs colonies de couleurs différentes.
Martinique (972)
04/2005
Bouquet mixte
Beau bouquet de deux colonies emmêlées.
Sud Martinique (972)
06/2013
Groupe installé sur la roche
Ce groupe de sabelles sociales est accompagné du zoanthaire Palythoa caribaeorum.
Martinique (972), Pointe Lamarre, 10 m
13/05/2008
Version orange et blanche, au milieu des coraux
Sur cette photo « de profil », les tubes parcheminés sont bien visibles.
Martinique (972), Anse 3 Airs, 6 m
12/12/2007
Aux Bahamas
Ce bouquet est accroché à un corail en compagnie d'une algue de type dyctyote.
San Salvador (Bahamas), 14 m
20/12/2008
Sur une roche recouverte de multiples organismes
Martinique (972), Pointe Borgnesse, Ste Luce, 3 m
07/12/2007
Détail des panaches et des radioles
Sur ce cliché, les cils des radioles sont parfaitement visibles.
Saint Pierre de la Martinique (972), le Sous-Marin
19/05/2005
Rédacteur principal : Sylvie DIDIERLAURENT
Correcteur : Patrick SCAPS
Responsable régional : Véronique LAMARE
Dávila-Jiménez Y., Tovar-Hernández M.A., Simōesc N., 2017, The Social Feather Duster Worm Bispira brunnea (Polychaeta : Sabellidae) : Aggregations, Morphology And Reproduction, Marine Biology Research, 13(7), 782-796.
La page de Bispira brunnea dans l’Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN