Ver arbre de Noël

Spirobranchus giganteus | (Pallas, 1766)

N° 937

Cosmopolite des mers tropicales

Clé d'identification

Ver polychète tubicole sédentaire mesurant une dizaine de centimètres de longueur
Branchie constituée de deux lobes spiralés
Opercule à deux cornes, arrondi et souvent de couleur jaunâtre
Panache branchial de couleurs variées

Noms

Autres noms communs français

Spirobranche arbre de Noël

Noms communs internationaux

Christmas-tree worm (GB), Arbolito de navidad (E), Weihnachtsbäumchen-Röhrenwurm (D), Kerstboomworm (NL), Bichi di tubo (Papiamento)

Distribution géographique

Cosmopolite des mers tropicales

Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge], ● Caraïbes

Espèce cosmopolite des mers tropicales. On distingue deux sous-espèces : Spirobranchus giganteus giganteus dans la mer des Caraïbes et Spirobranchus giganteus corniculatus dans l'Indo-Pacifique. Ces sous-espèces sont parfois élevées au rang d'espèces selon les auteurs.

Biotope

Le ver arbre de Noël s'incruste dans des coraux durs massifs, depuis la surface jusqu'à environ 30 m de profondeur. Les substrats préférés sont les coraux du genre Porites, ainsi que les hydrozoaires du genre Millepora (coraux de feu).

Description

Spirobranchus giganteus est un ver polychète* tubicole fixé au substrat (sessile*) dont la taille maximale peut atteindre une dizaine de centimètres de longueur. Le corps se divise en une région thoracique et en une région abdominale. Le ver arbre de Noël est caractérisé par la présence d'une branchie constituée de deux lobes spiralés portant de nombreux filaments branchiaux ou radioles régulièrement espacés. Les radioles sont munies de ramifications latérales, les pinnules. Les spirales sont séparées par un opercule à deux cornes, arrondi et souvent de couleur jaunâtre. Le panache branchial peut arborer des couleurs uniformes ou panachées très diverses : blanc, jaune, bleu, pourpre, rouge, orange ou marron. Le tube, calcaire, est le plus souvent non visible car incrusté dans le substrat. L'ouverture du tube est armée d'une épine acérée dont il faut se méfier.

Espèces ressemblantes

Il n'y a pas de confusion possible.

Alimentation

Le ver arbre de Noël est une espèce sessile qui utilise son panache branchial afin de filtrer la colonne d'eau pour y puiser sa nourriture. Il se nourrit principalement de phytoplancton mais, à l'approche de la maturité sexuelle, il s'alimente également de petits organismes zooplanctoniques. C'est un filtreur actif puisqu'il pompe activement l'eau de mer afin de capturer les organismes planctoniques. Ce sont les battements coordonnés des cils présents au niveau pinnules des branchies qui génèrent un mouvement d'eau ascensionnel dirigé vers le centre de l'entonnoir. Les particules alimentaires adhèrent alors à la surface des pinnules et sont ensuite acheminées jusqu'à des gouttières ciliées situées au centre des radioles où un mécanisme complexe de tri intervient. Les particules les plus grosses sont éliminées tandis que les plus fines gagnent la bouche où elles sont avalées.

Etant donné son mode d'alimentation, les densités de vers arbres de Noël sont plus fortes dans les eaux riches en nutriments favorables au développement du plancton.

Reproduction - Multiplication

La reproduction est sexuée. La fécondation, externe, a lieu dans l'eau de mer après émission des gamètes*. Le sperme est blanchâtre tandis que les œufs sont orangés. Les larves* trochophores* sont planctoniques* et ont une durée de vie dans le plancton comprise entre 9 et 12 jours. Après métamorphose, les juvéniles se sédentarisent et mènent une vie sédentaire semblable à celle des adultes.

Vie associée

La particularité du ver arbre de Noël est qu'il vit en association obligatoire avec une trentaine d'espèces de coraux durs (scléractiniaires et coraux de feu du genre Millepora). Le type d'association varie avec la localisation géographique des populations. Dans la mer des Caraïbes, le ver arbre de Noël s'associe principalement avec Diploria strigosa alors qu'il recherche les coraux massifs du genre Porites dans l'Indo-Pacifique. En Afrique du Sud, le ver arbre de Noël s'associe de préférence avec des colonies tabulaires d'Acropora chlatrata et la densité maximale peut atteindre une valeur exceptionnelle de 413 ind/m².
Le ver arbre de Noël ne perfore pas le squelette du corail dans lequel il vit. Les larves se fixent à la surface du corail puis, après métamorphose, les juvéniles vont construire leur tube calcaire. Ils seront dès lors enfouis dans le squelette du corail au cours de la croissance de ce dernier.
L'association entre le ver arbre de Noël et son hôte corallien pourrait être de type mutualiste (à bénéfices réciproques), le corail procurant un support et un abri au ver qui, en contrepartie, d'une part, grâce à son activité de filtration, augmente la circulation d'eau au niveau des polypes et facilite leur nutrition et, d'autre part, procure un abri pour les polypes adjacents au tube. De plus, il a été montré, au niveau de la Grande Barrière de Corail, en Australie, que le ver arbre de Noël a la faculté de réduire l'impact de la prédation par l'étoile de mer couronne du Christ (Acanthaster planci) lors d'épisodes de prolifération. En effet, lorsqu'il déploie son panache branchial, S. giganteus irrite suffisamment l'étoile de mer pour la faire fuir. Même si l'action du ver se limite aux quelques polypes adjacents au tube, ce mécanisme est important dans la mesure où il assure la récupération ensuite de la colonie à partir des polypes vivants demeurés en place.
Cependant, le ver-arbre de Noël peut également exercer des effets néfastes sur son hôte corallien. Il peut notamment fragiliser le squelette de ce dernier étant donné qu'à la mort des vers les tubes calcaires creux demeureront en place à l'intérieur du squelette ; de plus, ils pourront servir de refuge à d'autres organismes qui pourront d'autant plus fragiliser le squelette.

Divers biologie

Ce ver rentre son panache dans son tube qu'il ferme hermétiquement grâce à son opercule quand on l'approche sans délicatesse. Après quelques minutes d'attente le ver redéploie son panache branchial. Contrairement aux autres annélides polychètes qui ont une durée de vie courte, celle du ver arbre de Noël est longue (il pourrait vivre pendant 40 ans).

Informations complémentaires

Le ver arbre de Noël est présent dans les aquariums marins récifaux mais sa maintenance et encore plus son élevage s'avèrent délicats. Si on ne le nourrit pas de façon convenable, il dépérit rapidement. L'aquariophile doit donc faire des appoints délicats en phytoplancton.

Spirobranchus giganteus est en fait un complexe d'espèces divisées en trois groupes : S. giganteus, S. corniculatus, et S. gardineri. Les différencier est affaire de spécialistes et est hors du propos de cette fiche.

Origine des noms

Origine du nom français

Ver arbre de Noël : il a la forme et les couleurs festives d'un sapin de Noël.

Origine du nom scientifique

Du latin [spira] = spirale, enroulement et [branchia] = branchies.
Du latin [giganteus] = relatif aux Géants, fils de la Terre dans la mythologie grecque.
Ce ver a donc des branchies en spirale de grande taille.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 209944

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Annelida Annélides

Vers segmentés (annelés) à section cylindrique, à symétrie bilatérale constitués de segments semblables. Le premier segment porte la bouche et le dernier l’anus. Nombreuses formes marines, dulcicoles ou terrestres, libres ou parasites.

Classe Polychaeta Polychètes

Annélides marines. Chaque segment porte des excroissances locomotrices (les parapodes) plus ou moins développées, munies de touffes de soies chitineuses rigides. Chez la plupart des espèces, la tête porte plusieurs organes sensoriels, des mâchoires, et souvent un panache branchial coloré. Animaux libres dans la colonne d'eau ou sur les sédiments mais aussi galéricoles ou tubicoles.

Sous-classe Sedentaria - Canalipalpata Annélides polychètes sédentaires - Canalipalpata

Annélides polychètes sédentaires vivant dans des tubes ou des terriers semi-permanents, avec une paire de palpes creusés d'un sillon longitudinal cilié.

Ordre Sabellida Sabellides

Métamérie très altérée, corps divisé en deux régions distinctes, une thoracique à segments peu nombreux et une abdominale, le plus souvent à segments très nombreux, parfois seulement 3 segments chez les très petites espèces. Prostomium indistinct et peristomium faisant une collerette plus ou moins développée, entière ou divisée en lobes, branchies volumineuses (2 lobes semi-circulaires ou spiralés portant de nombreux filaments ou rayons garnis de barbules ciliées) en panache terminal disposé en entonnoir entourant la bouche.

Famille Serpulidae Serpulidés

Tube calcaire blanc, non enroulé en spirale, attaché au substrat. Panache de 30-40 appendices tentaculaires (radioles) dont quelques-uns sont transformés en un opercule. Parfois en groupes.

Genre Spirobranchus
Espèce giganteus

Nos partenaires