Colonne rouge mouchetée de nombreuses taches jaune-vert
Nombreux tentacules rouges (environ deux-cents) de petite taille
24 à 48 vésicules périphériques de couleur bleue
Jusqu'à 10 cm de haut et autant de large
Actinie fraise
Strawberry anemone, strawberry beadlet (GB), Fragola di mare (I), Aardbeianemoon (NL)
Actinia equina fragacea Tugwell, 1856
Mer du Nord, Manche, océan Atlantique Nord, Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]La distribution de cette espèce s'étend depuis la Norvège, au nord, jusqu'à l'ouest de l'Afrique, au sud. Elle est également présente en Méditerranée.
Il s'agit d'une anémone typiquement peu profonde, que l'on observe fréquemment parmi les failles et les mares de la partie basse de l'estran rocheux. On peut la trouver jusqu'à une dizaine de mètres de profondeur, toujours fixée à la roche. Cette anémone est plutôt sciaphile, souvent observée fixée sur la face inférieure des pierres, et elle ne tolère pas l'exondation aussi longtemps que sa cousine, l'anémone chevaline, capable à l'inverse de coloniser le haut de l'estran.
Actinia fragacea est une anémone dont la hauteur oscille en moyenne entre 7 et 10 cm. Le diamètre du disque oral atteint 10 cm. La colonne est de couleur rouge, et mouchetée de petites taches jaune-vert très nombreuses. Au sommet de cette colonne, et sur sa périphérie, on observe vingt-quatre à quarante-huit petites verrues : ce sont les acrorhages*, des vésicules bourrées de cellules urticantes. Leur couleur oscille entre le blanc, le rose et plus fréquemment le bleu. Autour de la bouche centrale s'enracinent près de deux cents tentacules courts, dont la longueur avoisine 2 cm. Déployés, ils arborent une teinte rouge vif, parfois très pâle. Lorsqu'ils sont rétractés, l'anémone adopte alors la forme d'une petite boule, dont l'aspect évoque une fraise. Le disque adhésif basal peut s'étaler plus ou moins sur le substrat et son diamètre peut être supérieur à celui de la colonne.
- La tomate de mer, ou anémone chevaline (Actinia equina) ressemble beaucoup à l'anémone fraise, mais sa colonne est uniformément rouge, et ne porte aucune tache. Elle est, de plus, de plus petite taille et est capable de coloniser la partie haute de l'estran. L'anémone fraise sera toujours observée en bas de l'estran.
- L'actinie verte (Actinia prasina) est aussi une espèce proche, mais comme son nom l'indique, elle est entièrement brun-vert.
- Actinia cari est de forme conique, de couleur verte, et est parcourue d’anneaux sur la colonne.
Certains ouvrages et sites internet mentionnent encore A. fragacea, A. prasina et A. cari comme des variétés de Actinia equina. Des découvertes récentes (Carter & Thorpe, 1981) infirment cette hypothèse.
L'anémone fraise est un animal carnivore qui se délecte de petits crustacés, de petits poissons, et de divers débris organiques. Au contact de ses nombreux tentacules urticants, les proies sont immédiatement paralysées. L'anémone se referme et les proies sont amenées à la bouche où elles seront digérées.
Les deux types de reproduction sont observés :
- asexuée : l'anémone peut de scinder en deux anémones filles,
- sexuée : les sexes sont séparés (espèce gonochorique*). Des anémones mâles et femelles libèrent leurs gamètes en pleine eau où a lieu la fécondation. Il en résulte une larve ciliée pélagique, la planula, qui finit par tomber sur le fond et se fixer sur substrat rocheux pour donner une jeune anémone. Ainsi, contrairement à l'anémone chevaline, l'anémone fraise n'est pas vivipare.
Les acrorhages* bourrées de cnidocytes* que l'on observe à la périphérie du disque oral permettent aux anémones de lutter entre elles pour la conquête de l'espace vital. Il s'agit d'une anémone solitaire qui ne tolère pas d'autres congénères aux alentours : la densité de cette espèce au mètre carré est assez faible.
Les acrorhages permettent également un appui de l'anémone sur le substrat lors de petits déplacements.
L'anémone-fraise est à-même de recouvrir sa colonne de débris végétaux et coquilliers. Ces débris lui permettent de se camoufler.
Cette anémone s'adapte très bien en aquarium.
Les tentacules dépliés sont collants et urticants. Même si les mains ne ressentent rien, il faut veiller à ne pas se frotter les yeux ou les lèvres, car des contacts sur ces zones plus sensibles peuvent alors provoquer des brûlures plus ou moins importantes.
Anémone fraise : en référence à sa forme et à sa couleur rouge tachetée de points verts comparables à une fraise quand elle est refermée.
Actinia : du grec [aktinos] = rayon. Les anémones (qui appartiennent d'ailleurs à l'ordre des Actiniaires) ont des tentacules rayonnants.
fragacea : du latin [fragacea] = fraise.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Cnidaria | Cnidaires | Organismes aquatiques (marins pour la plupart) libres ou fixés, carnivores, principalement à symétrie radiaire, caractérisés par des cellules urticantes : les cnidocytes. Deux morphologies principales : le polype et la méduse. La larve est une planula. |
Classe | Anthozoa | Anthozoaires | Cnidaires exclusivement marins, solitaires ou coloniaux, uniquement sous la forme polype (jamais de phase méduse dans le cycle de vie). |
Sous-classe | Hexacorallia / Zoantharia | Hexacoralliaires / Zoanthaires | Anthozoaires coloniaux ou solitaires, tentacules lisses, polypes à symétrie d’ordre 6. |
Ordre | Actiniaria | Actiniaires | Polypes solitaires souvent colorés, en général fixés à un substrat dur par un large disque pédieux. Organismes parfois mobiles. |
Sous-ordre | Nynantheae Thenaria | Nynanthées Thenaria | |
Famille | Actiniidae | Actiniidés | |
Genre | Actinia | ||
Espèce | fragacea |
Une anémone caractéristique
Des tentacules rouges et surtout une colonne rouge mouchetée de taches jaune-vert témoignent que l'on est en présence de l'anémone fraise.
Etel (56), 3 m
23/09/2007
Dans les Côtes d'Armor
L'anémone fraise est fréquente sur l'ensemble du littoral atlantique, comme ici en Manche.
Trégastel (22), 5 m
19/04/2008
Acrorhages
Sur le bord du disque oral, à l'extérieur des rangées de tentacules, on observe de nombreuses petites vésicules de couleur bleue, les acrorhages*. Bourrées de cnidocytes, elles ont un rôle de protection.
Capbreton (64), 3 m
06/2005
Bouche
La bouche des anémones fait aussi office d'anus. Bien visible ici, elle se situe au centre du disque oral.
Arcachon (33), 5 m
2005
Sur l'estran
Lorsque l'eau manque, les tentacules sont rétractés à l'intérieur de la colonne. Seule cette dernière, caractéristique, est alors visible.
Trébeurden (22), estran
07/2007
Sous une pierre retournée
L'anémone fraise est fréquemment observée fixée sous les pierres immergées. Ne pas oublier de remettre la pierre en place !
Plage du Croisic (44)
03/03/2007
Rétractation des tentacules
Cette anémone fraise est ici en train de rétracter ses tentacules.
Cale de Ploumanac'h (22), 5 m
09/2008
Tentacules rétractés
La marée baisse...L'anémone, bientôt découverte, évoque ici un petit volcan.
Plage St-Denis d'Oléron (17)
07/2006
Bon appétit
Cette anémone fraise ne peut attrapper et manger un crabe verruqueux (Eriphia verrucosa), particulièrement hargneux, très mobile, et beaucoup plus gros que l'anémone en question. La couleur claire de la pince du crabe semble indiquer qu'il s'agit d'un morceau de mue ou d'une pince traînant dans les rochers de l'estran depuis quelque temps. Les pinces sont creuses et il peut s'y cacher des organismes comme amphipodes, isopodes ou autres. L'anémone déguste peut-être l'intérieur de la pince, un peu comme le ferait une étoile de mer s'attaquant à un mollusque à l'intérieur d'une coquille...
La Tranche sur Mer (85), estran
14/07/2009
Sous la surface
En zone intertidale, le flux et le reflux des vagues amène aux tentacules de l'anémone quantités de particules alimentaires.
Plage St-Denis d'Oléron (17)
07/2006
Ne pas confondre...
La tomate de mer, ou anémone chevaline (Actinia equina) ressemble beaucoup à l'anémone fraise, mais sa colonne est uniformément rouge, et ne porte aucune tache.
Trébeurden (22), estran
10/08/2006
Rédacteur principal : Frédéric ZIEMSKI
Vérificateur : David BORG
Responsable régional : Frédéric ZIEMSKI