Coquille étroite de 5 à 6 mm de haut (jusqu'à 8 mm)
Croisement des côtes et des crêtes spirales en forme de petits mamelons disposés en spirales
Coloration orange pâle à brun clair avec les mamelons brun foncé
Canal siphonal court bien visible
Corps noir ou avec des taches noires sur un fond blanc
Lachesis mamillata Risso, 1826
Nesaea granulata Risso, 1826
Nesaea mamillata Risso, 1826
Chauvetia submamillata (Bucquoy, Dautzenberg & Dollfus, 1882)
Donovania minima var. attenuata Bucquoy, Dautzenberg & Dollfus, 1883
Donovania minima var. nodulifera Bucquoy, Dautzenberg & Dollfus, 1883
Donovania minima var. submamillata Bucquoy, Dautzenberg & Dollfus, 1883
Méditerranée et Atlantique proche
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]Cette espèce est essentiellement présente en Méditerranée. Toutefois, quelques sites sont connus à l’ouest du Portugal entre les Açores et le détroit de Gibraltar (crête de Gorringe), ainsi que sur la côte sud-ouest ibérique, du cap de San Vicente au détroit de Gibraltar. On l'observe également par endroits sur la côte marocaine et les îles Canaries. La distribution de cette espèce est discontinue.
Ce Chauvetia vit en milieu rocheux dans des eaux peu profondes sublittorales* (jusqu’à 35 m) parmi les algues, dans les prairies de posidonies ou à proximité sur des pierres. Cette espèce a été récoltée également sur l'algue calcaire Mesophyllum lichenoides dans les environs d’Almería (Espagne).
La coquille est étroite, épaisse, avec 5,5 à 6 tours convexes. Elle mesure 5 à 6 mm de longueur (jusqu'à 8 mm). Le croisement des côtes et de crêtes spirales forme des petits mamelons disposés en spirales. L’ouverture ovale est plutôt petite et le canal siphonal* est court mais bien distinct. La suture* est assez marquée. La lèvre externe du bord de la coquille est légèrement épaisse avec 5 à 7 petites dents internes chez les adultes.
La forme méditerranéenne la plus commune est d’une couleur orange pâle à brun clair avec les mamelons bruns. En mer d’Alboran et dans l’Atlantique, il existe une variante « bicolore » avec des bandes alternées de brun et d’orange ; le détroit de Gibraltar abrite une variante pâle, sans motif.
Le corps de l'animal est uniformément noir ou avec des taches noires sur un fond blanc. L’avant du pied et sa face inférieure ainsi que l’espace autour des yeux et la base du siphon sont plus clairs.
L’identification des espèces du genre Chauvetia est délicate.
Chauvetia mamillata et Chauvetia brunnea sont deux espèces vraiment très proches et seules quelques petites différences permettent de les distinguer.
Chauvetia brunnea vit dans l’Atlantique et la coquille est un tout petit peu plus petite (elle peut dépasser légèrement 5 mm en longueur) et de couleur brun châtain à brun rouge. Le corps de l’animal est translucide blanc jaunâtre avec des points blancs opaque.
Chauvetia turritellata : cette espèce diffère de Chauvetia mamillata par son ouverture relativement plus petite, son plus grand nombre de nervures axiales. Le corps de l’animal présente une pigmentation sombre irrégulière sur un fond blanc.
Bittium reticulatum : cette espèce n’a pas de canal siphonal* et le pied est sombre avec des points blancs.
Aplus scaber : cette espèce mesure 12 à 14 mm de hauteur pour une largeur de 6 à 7 mm. L'espèce est reconnaissable à sa double rangée de nodules pâles autour de la suture, surmontée d'une double rangée de nodules sombres. Le fond varie d'un jaune pâle à un fauve orangé prononcé. Ouverture blanche; marge labiale denticulée à l'intérieur; canal siphonal court; pas d'ombilic.
Aplus dorbignyi : cette espèce mesure 18 à 22 mm de hautuer et 8 à 10 mm de largeur.
Muricopsis cristata : cette espèce mesure 10 à 30 mm et vit sur des bryozoaires.
Des observations faites en captivité montrent que Chauvetia mamillata se nourrit de capsules d'œufs d'autres gastéropodes comme celles de Tritia incrassata, une espèce commune qui vit dans les mêmes habitats. Il s'agit de la première espèce oophage* (qui mange des œufs) connue de la famille des Buccinidés.
L'animal introduit sa trompe dans la capsule contenant le ou les œufs à travers l'orifice qui permet au jeune mollusque d’éclore et, à l'aide de sa radula*, consomme les embryons ou la partie molle des véligères* laissant la coquille larvaire* vide.
Comme d’autres espèces de Chauvetia, la chauvette mamelonnée a été observée in situ (plus particulièrement la nuit) dans les nids contenant des œufs du labridé Symphodus ocellatus. Il est possible que cette espèce consomme des œufs de poissons.
Chez Chauvetia mamillata les sexes sont séparés (on parle de gonochorie*). Les mâles ont un petit pénis sur le côté droit.
Après la fécondation les femelles pondent des capsules ovigères* incolores et semi-transparentes en forme de coupe de 1 mm de haut et de 0,9 mm de diamètre. Les capsules sont fixées au substrat* (algues calcaires ou posidonies) par un pédoncule* très fort et court. Leur sommet est tronqué et délimité par une lèvre marquée, il fonctionne comme un couvercle qui s'ouvre à l'éclosion.
Chaque capsule contient un seul œuf. L’embryon* a un développement direct (c'est-à-dire sans phase larvaire* planctonique*) et c’est un petit escargot, presque identique au parent qui éclot. De ce fait cette espèce à une capacité de dispersion très réduite d’où sa répartition discontinue.
La reproduction se ferait pendant presque toute l’année.
Cette espèce serait plutôt épiphyte* sur les algues en milieux rocheux, et dans les prairies de posidonies.
Chauvetia mamillata a une activité nocturne.
Les capsules ovigères sont très légères et généralement attachées aux algues. Ainsi elles rendent possible la dispersion passive de l'espèce en cas de décrochement des algues par les vagues et de dérive en suivant les courants.
C’est l’un des plus petits représentants de la famille des Buccinidés que l’on peut rencontrer sur nos côtes.
Cette espèce est connue en Italie depuis le Calabrien (au Pleistocène) soit depuis environ 1,806 Millions d’années.
Chauvette mamelonnée : traduction du nom scientifique (proposition de DORIS).
Chauvetia : le malacologiste italien Monterosato (1841-1927) a dédié ce genre à son ami Gustave Chauvet (1840-1933) préhistorien, archéologue et géologue français.
mamillata : du latin [mamilla] = mamelle, sein, et du suffixe latin [–ata] = avec, donc avec des mamelles ou mamelonnée, allusion aux petits tubercules formés par l'intersection des crêtes spirales et des côtes.
Numéro d'entrée WoRMS : 478535
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Caenogastropoda | Caenogastropodes | |
Ordre | Neogastropoda | Néogastéropodes | Coquille avec canal siphonal bien développé. Un repli du manteau forme un tube extensible : le siphon. La plupart sont des prédateurs ou nécrophages. Tous marins sauf le genre Clea. |
Famille | Buccinidae | Buccinidés | Coquille petite à moyenne (de 15 mm à 160 mm environ), ovoïde conique ou fusiforme, bord des tours avec un épaulement peu ou très marqué, canal siphonal (ou simple encoche) ouvert à l'extrémité de la columelle, celle-ci généralement lisse (sans plis). Surface lisse, à sculpture spiralée ou/et axiale. Chez de nombreuses espèces, les côtes axials forment des tubercules sur les épaulements. Animaux carnivores mais nécrophages la plupart du temps. D'après Lindner 2011:101. |
Genre | Chauvetia | ||
Espèce | mamillata |
En plein repas ?
Ces deux chauvettes mamelonnées sont sur une ponte d'un autre gastéropode. Comme une des capsules ovigères est vide, les œufs ou les embryons ont dû servir de repas, ce qui confirmerait l'oophagie de cette espèce.
Les Pharillons, Marseille (13), 20 m
17/06/2018
Dessins de la coquille de Chauvetia mamillata
Les mamelons bruns disposés radialement et en spirale sont typiques de cette espèce méditerranéenne.
Figure 5 de la planche V tirée de l'ouvrage : Des testacés de la Méditerranée qui doivent être compris dans les genres Lachesis et Nesæa de Risso par N. Tiberi.
Reproduction de documents anciens
1868
Croquis des motifs de coloration des animaux vivants
97 et 98 : Chauvetia mamillata ; corps noir ou avec des taches noires sur un fond blanc.
99 et 100 : Chauvetia brunnea : corps translucide blanc jaunâtre avec des points blanc opaque.
Ces croquis sont extraits des figures de la page 56 de l'article de Serge Gofas et de J.D. Oliver.
Reproduction de documents anciens
2010
Rédacteur principal : Yves MÜLLER
Vérificateur : Philippe LE GRANCHÉ
Responsable régional : Yves MÜLLER
Gofas S., Oliver J.D., 2010, Las especies del género Chauvetia (gastropoda, Neogastropoda, Buccinidae) del area ibero-marroqui, con descripcion de cuatro especies nuevas, Iberus, 28(1), 23-60.
Hergueta E., Luque A.A.,Templado J., 2003, On the taxonomy and biology of the small buccinid gastropod Chauvetia mamillata (Risso, 1826) (Gastropoda: Buccinidae) in South East Spain, Bollettino Malacologico supplemento, 4, 135-146.
Risso A.,1826-1827, HISTOIRE NATURELLE DES PRINCIPALES PRODUCTIONS DE L'EUROPE MERIDIONALE ET PARTICULIEREMENT DE CELLES DES ENVIRONS DE NICE ET DES ALPES MARITIMES, Paris, Levrault:. . 3(16), 1-480, 14 pls.,
Tiberi N., 1868, Des testacés de la Méditerranée qui doivent être compris dans les genres Lachesis et Nesæa de Risso, Journal de Conchyliologie, 16, 68-81, + pl V.
La page de Chauvetia mamillata dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN
La page de Chauvetia mamillata sur le site de référence de DORIS pour les mollusques est : MolluscaBase