Animal de taille moyenne (jusqu'à 30 cm)
Forme approximative de plume d'autruche charnue, plantée dans un substrat meuble
Coloration gris beige, jaunâtre ou légèrement orangée
Rachis portant une vingtaine de feuillets horizontaux et parallèles
Polypes beiges à marron foncé à huit tentacules blancs, d'un seul côté de l'animal
Longs sclérites calcaires piquants, de couleur blanchâtre, dépassant de chaque feuillet
Plume de mer grise, plume de mer épineuse
Grey sea pen, grey sea feather, spiny sea-pen, spinose sea-pen (GB), Graue Seefeder, Stachelige Seefeder (D), Pennacchiera grigia (I), Penatula gris (E)
Penna grisea Bohadsch, 1761
Pennatula spinosa Ellis, 1764
Pteroeides spinosum (Ellis, 1764)
Pteroeides crispa Herklots, 1858
Pteroeides latepinnarum Herklots, 1858
Pteroeides latepinnatum Herklots, 1858
Pteroeides clausii Richiardi, 1869
Pteroeides cornaliae Richiardi, 1869
Pteroeides grayi Richiardi, 1869
Pteroeides vogti Richiardi, 1869
Pteroeides rarispinum Pfeffer, 1886
Méditerranée, Atlantique Est et Manche
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Elle est présente en Méditerranée et Atlantique Est, des îles Féroé jusqu'en Angola, ainsi que dans les îles Canaries et Madère.
La pennatule grise se rencontre sur les fonds détritiques côtiers de vases molles terrigènes* entre 15 et 300 m de profondeur. Sa présence serait liée à l'apport important en sédiment provenant des fleuves et rivières.
Pteroeides griseum ressemble, de nuit, à une plume d'autruche charnue plantée dans un substrat* meuble. Cette colonie de polypes* est alors gonflée d'eau car elle possède un hydrosquelette. Elle peut atteindre 30 cm de hauteur. La coloration de l'ensemble est gris beige, jaunâtre ou légèrement orangée.
Le rachis (ou tronc) présente une symétrie bilatérale et s'effile vers le sommet. Une vingtaine de feuillets (ou lames polypifères), horizontaux et parallèles, portent sur un seul côté des polypes beiges à marron foncé à huit tentacules blancs. De ces feuillets dépassent de longs sclérites* calcaires piquants, de couleur blanchâtre, qui donnent un aspect de "cactus" à cet octocoralliaire.
L'autre partie de la pennatule est le pédoncule* (ou pied), ancré dans le substrat. En forme de bulbe, il ne porte pas de polypes (on le dit "stérile").
Le pédoncule et le rachis des pennatules renferment quatre canaux pouvant se remplir d'eau. Par contraction ou extension, cet hydrosquelette permet à l'animal de se courber pour se déplacer en rampant, de fouir le sol meuble afin de s'y fixer ou éventuellement de s'en extraire. De par la forme de la colonie, celle-ci s'oriente automatiquement perpendiculairement au courant pour que les polypes puissent capturer les particules alimentaires.
Les sclérites* présentes au sein du cœnenchyme* sont calcaires, elles contribuent à une forme de rigidité de l'hydrosquelette.
Sur la base de la littérature existante, on différencie deux variétés selon la taille et la densité des sclérites dépassant des feuillets :
Pennatula rubra : mise à part la différence de couleur, la pennatule rouge ne présente pas d' "épines" calcaires à l'extrémité de chacun des feuillets, qui sont caractéristiques du genre Pteroeides.
Virgularia mirabilis : la virgulaire se distingue aisémment du genre Pteroeides par la proportion hauteur/largeur de l'animal. Elle est étroite et mesure jusqu'à 60 cm de hauteur. Un axe calcaire interne est clairement visible sur toute la longueur du rachis. Pour le genre Virgularia, le terme "plume" semble encore plus évident.
Ce sont des animaux coloniaux filtreurs* planctonophages* et suspensivores* dont les ramifications servent à la capture des proies par des polypes spécialisés (autozoïdes*) qui contiennent comme les autres cnidaires des nématocystes*. La colonie est capable de s'orienter et de se placer de manière à ce que les mouvements d'eau chargés de nourriture traversent la plume de la face dorsale, d'apparence lisse, vers la face ventrale portant les polypes. Cela crée un ralentissement du flux propice à la capture des suspensions par les autozoïdes dont la densité est plus élevée sur cette face. Les autozoïdes "pêchent" pour toute la colonie dont les polypes partagent un réseau commun.
La colonie comporte des polypes spécialisés pour la reproduction (gonozoïdes*). Ils effectuent la reproduction sexuée, externe, par émission des gamètes* mâles ou femelles dans l'eau de manière synchronisée avec les autres colonies voisines à une période particulière de l'année. La larve* est planctonique*. Appelée planula*, elle dérive dans le plancton* pendant environ une semaine et se fixe ensuite pour reformer une nouvelle colonie. Les polypes se multiplient alors de manière clonale à partir des extrémités, puis se spécialisent par différenciation.
Dans une colonie prélevée au mois de juillet sur le plateau continental catalan, des œufs ont été observés à la base de la cavité gastro-vasculaire des autozoïdes.
Pteroeides griseum est l'hôte de crustacés copépodes ectoparasites Enalcyonium albidum (Zulueta, 1908) et Pennatulicola pteroidis (Della Valle, 1880). En Méditerranée, d'autres crustacés tel que Macropodia longirostris (Fabricius, 1775) et Ebalia nux A. Milne-Edwards, 1883 y sont associés. Sur des fonds pauvres en refuges, la pennatule et ses feuillets épineux représentent un abri idéal pour ces crabes.
Espèce nocturne, cette pennatule est rarement observée de jour.
En Sicile, des densités importantes de 10 individus par m2 ont été observées.
Sur des fonds caractérisés par à une grande disponibilité en matière organique couplée à d'important courants marins, les colonies de Pteroeides griseum présentent une distribution en quadrillage. Cette distribution particulière reflète une optimisation de l'espace pour que les différentes colonies ne rentrent pas en compétition entre elles.
La bioluminescense de Pteroeides griseum a été décrite. Le phénomène lui-même a été expliqué, dans son principe, par les travaux fondateurs du français Raphaël Dubois dans un mémoire datant de 1887 : c'est l'action oxydoréductrice d'une enzyme, la luciférase, sur un substrat spécifique, la luciférine, qui permet une transformation directe et intégrale d'une énergie chimique en énergie lumineuse, sans production de chaleur (la bioluminescence est une lumière froide).
Les prédateurs principaux de pennatules sont les nudibranches et les étoiles de mer, certaines s'en nourrissant exclusivement. Leur défense consiste à expulser rapidement l'eau de leur hydrosquelette pour se rétracter dans le sédiment.
Les engins de pêche qui raclent le fond peuvent endommager l'habitat des plumes de mer et les arracher de leur substrat faisant d'elles des pêches accessoires non consommables.
Dans la littérature scientifique, Pteroeides spinosum est très souvent utilisé. Cependant, sur la base de la littérature existante (Kükenthal, 1915), Pteroeides spinosum et Pteroeides griseum devraient être synonymisés. Le nom de P. griseum ayant l'antériorité, il a la priorité. Une très grande confusion existe dans le genre Pteroeides, et malheureusement de nombreux noms dans la littérature sont difficiles, voire impossibles à associer aux espèces existantes. Ce problème se produit également avec de nombreux autres octocoralliaires, en particulier les espèces européennes qui ont souvent été décrites il y a longtemps par plusieurs auteurs dans des publications qui manquent de détails ou de bonnes illustrations pour identifier clairement les espèces in-situ [comm. pers. Dr. Gary C. Williams].
Les noms de genre Ptereoides et Pteroides sont également rencontrés dans les publications. De toute évidence, il y a de nombreuses erreurs. En France, Pteroides était enseigné autrefois et il est toujours beaucoup plus utilisé que Pteroeides.
Pennatule est une francisation du nom de famille Pennatulidae, en rapport avec la caractérisation morphologique de cette espèce : plume, penne, plumage, aile.
Grise est une traduction du nom scientifique de l'espèce.
Pteroeides : du grec [ptero-] = en rapport avec l'aile ou la plume.
griseum : du latin [griseus] = gris.
brevispinosum : du latin [brevis] = petit et [spinosus] = épineux, couvert d’épines.
longespinosum : du latin [longus] = grand et [spinosus] = épineux, couvert d’épines.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Cnidaria | Cnidaires | Organismes aquatiques (marins pour la plupart) libres ou fixés, carnivores, principalement à symétrie radiaire, caractérisés par des cellules urticantes : les cnidocytes. Deux morphologies principales : le polype et la méduse. La larve est une planula. |
Classe | Anthozoa | Anthozoaires | Cnidaires exclusivement marins, solitaires ou coloniaux, uniquement sous la forme polype (jamais de phase méduse dans le cycle de vie). |
Sous-classe | Octocorallia / Alcyonaria | Octocoralliaires / Alcyonaires | Anthozoaires coloniaux, parfois solitaires. Polypes de petite taille à symétrie radiaire d’ordre 8 (8 tentacules portant 2 rangées de pinnules). Exosquelette calcaire ou spicules calcaires ou fibres organiques. |
Ordre | Pennatulacea | Pennatulaires | Octocoralliaires coloniaux non fixés, soit en forme de plume et à symétrie bilatérale, soit sans symétrie bilatérale et de forme cylindrique, ancrés dans le sédiment. Ce sont les pennatules (ou plumes de mer) et les vérétilles. |
Famille | Pennatulidae | Pennatulidés | |
Genre | Pteroeides | ||
Espèce | griseum |
Une plume d'autruche plantée dans la vase !
La pennatule grise ressemble, de nuit, à une plume d'autruche plantée dans un substrat meuble.
Cros-de-Cagnes (06), 15 m, de nuit
03/10/2019
Face dorsale lisse
Asymétrique, l'animal présente une face dorsale d'apparence lisse, le rachis ne possèdant pas de polypes sur cette face. C'est ce côté lisse que l'animal présente face au courant.
Cros-de-Cagnes (06), 15 m, de nuit
12/10/2017
De profil
De profil, on se rend compte que l'animal a une épaisseur de quelques centimètres, et que son rachis a une section décroissante particulièrement adaptée aux contraintes mécaniques subies dans le courant.
L'animal n'est pas symétrique dans ce plan et peut être courbé.
Cros-de-Cagnes (06), de nuit, 15 m
06/10/2017
Le sommet du tronc
Le tronc ou rachis présente une symétrie bilatérale et s'effile vers le sommet.
Cros de Cagnes (06), 15 m, de nuit
12/10/2017
Le pédoncule
L'autre partie de la pennatule est le pédoncule ou pied, ancré dans le substrat. En forme de bulbe, il ne porte pas de polypes (on le dit "stérile").
Cros-de-Cagnes (06), de nuit, 10 m
07/02/2019
Gros plan sur les polypes
Les feuillets (ou lames polypifères), bien droits et parallèles, portent sur un seul côté des polypes rétractiles de couleur beige à huit tentacules blancs. Sur chaque lame, 5 à 10 polypes sont alignés sur une seule rangée.
Cros-de-Cagnes (06), de nuit, 10 m
07/02/2019
De longs piquants calcaires sur chaque feuillet
Une fois la nuit tombée, la pennatule se gonfle d'eau car elle possède un hydrosquelette. Cet individu, partiellement déployé, ne montre pas de polypes, toujours rétractés. Les feuillets, portant de longs sclérites calcaires piquants, sont bien visibles sur cette photo.
Cros-de-Cagnes (06), de nuit, 15 m
28/07/2016
Un hydrosquelette pour se mouvoir
Le pied et le tronc des pennatules renferment quatre canaux pouvant se remplir d'eau. Par contraction ou extension, cet hydrosquelette permet à l'animal de se courber pour se déplacer en rampant, de fouir le sol meuble afin de s'y fixer ou éventuellement de s'en extraire.
Cros de Cagnes (06), 15 m, de nuit
20/06/2019
Un abri protecteur
En Méditerranée, Pteroeides griseum est l'hôte de crustacés comme ici ce macropode (Inachus sp.). Sur des fonds pauvres en refuges, la pennatule et ses feuillets épineux représentent un abri idéal pour ce crabe.
Cros-de-Cagnes (06), de nuit, 10 m
28/02/2019
Plume ou cactus ?
De couleur gris beige, cette colonie présente des "épines" plus longues et moins nombreuses, il pourrait s'agir de Pteroeides griseum var. brevispinosum. Ces sclérites calcaires piquants donnent un aspect de "cactus" à cet octocoralliaire.
Cros de Cagnes (06), 15 m, de nuit
12/10/2017
Dessin ancien
Dessin ancien issu des Collections de l'Université d'Amsterdam
Reproduction de documents anciens
2014
Rédacteur principal : Samuel JEGLOT
Rédacteur : Marie-Jeanne ARGUEL
Correcteur : Steven WEINBERG
Responsable régional : Samuel JEGLOT
Bouligand Y., 1965, Notes sur la famille des Lamippidae, 3e Partie, Crustaceana, 8(1), 1-24
Gili J.M., Pages F., 1987, Pennatuláceos (Cnidaria, Anthozoa) recolectados en la plataforma continental catalana (Mediterráneo occidental), Misc. Zool., 11, 25-39.
Kruzic P., 2002, Marine fauna of the Mljet National Park (Adriatic Sea, Croatia). 1. Anthozoa, Nat. Croat., 11(3), 265-292.
Kükenthal W., 1915, Pennatularia, Das Tierreich, 43, 1-132.
Ocaña O., Wirtz P., 2007, New records of Pennatulacea (Cnidaria, Octocorallia) from Madeira island, Arquipélago, Life and Marine Sciences, 24, 49-51.
Porporato E.M.D., De Domenico F., Mangano M.C., Rinelli P., Spanò N., 2012, Ebalia nux (Decapoda, Brachyura) found among the leaves of Pteroeides spinosum (Anthozoa, Octocorallia), Crustaceana, 85, 125-128.
Porporato E.M.D., Mangano M.C., De Domenico F., Giacobbe S., Spanò N., 2014, First observation of Pteroeides spinosum (Anthozoa: Octocorallia) fields in a Sicilian coastal zone (Central Mediterranean Sea), Marine Biodiversity, 44, 589-592.
Vafidis D., Koukouras A., Voultsiadou E., 1994, Octocoral fauna of the Aegean Sea with a check list of the Mediterranean species: New information, faunal comparisons, Annales de l'Institute Oceanographique, 70(2), 217-229
Williams G.C., 1995, Living genera of sea pens (Coelenterata: Octocorallia: Pennatulacea): illustrated key and synopses, Zoological Journal of the Linnean Society, 113, 93-140.
La page de Pteroeides griseum dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN
La page de Pteroeides spinosum dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN