Eponge d'eau douce

Spongilla lacustris | (Linnaeus, 1759)

N° 332

Presque cosmopolite

Clé d'identification

Masse aplatie recouvrant le substrat ou forme ramifiée
Couleur va du blanc cassé au rouge-brun
L'hiver sous forme de gemmules
Toujours en eau

Noms

Autres noms communs français

Eponge lacustre

Noms communs internationaux

Freshwater sponge (GB), Süßwasserschwamm (D), Zoetwaterspons (NL)

Distribution géographique

Presque cosmopolite

Zones DORIS : ● Eau douce d'Europe, ● Atlantique Nord-Ouest

Europe, Asie, Amérique du Nord, Afrique

Biotope

C'est une espèce eurybionte c'est-à-dire qu'on la rencontre dans presque tous les types d'eau douce. Elle est indépendante du courant et de la température. Il suffit que l'eau contienne suffisamment de particules nutritives. On la retrouve plus fréquemment dans les eaux profondes car elle ne supporte pas la dessiccation.

Description

C'est la plus fréquente des éponges d'eau douce de nos régions. Elle se présente sous une forme encroûtante irrégulière, et présente rarement des formes arborescentes de croissance. Au microscope, le squelette est composé de 3 à 5 sclères parallèles. Avant l'hiver, elle produit des gemmules qui sont globulaires, parfaitement rondes, habituellement orangées et entourées de spicules (diamètre d'environ 500-700 µm). Durant la période hivernale l'éponge dégénère.

Espèces ressemblantes

Ephydatia fluvialis : elle est moins fréquente que Spongilla. Contrairement à S. lacustris, elle préfère les eaux eutrophes* ayant un taux de calcium élevé. On trouve rarement les deux espèces dans le même plan d'eau. La distinction ne peut se faire que par l'observation au microscope des gemmules et des spicules : les gemmules de E. fluviatilis sont entourées d'une gaine de sclérites spéciaux constitués de deux disques réunis par une tige courte et épaisse. Elle est capable de se déplacer (jusqu'à 4 mm par jour).

Merci à Serge DUMONT pour ces précisions sur les espèces d'éponges rencontrées en eaux douces :
On ne peut pas identifier les espèces d'éponge à l'aide de photos, il faut les identifier au microscope grâce à leurs gemmules (formes de résistance).

  • Spongilla lacustris : De couleur verte, gris clair ou brune ; la plupart du temps très molle et visqueuse. Dans les eaux calmes, encroûtante à la base avec des ramifications arbustives; dans les eaux courantes, les ramifications sont petites ou absentes. Espèce très commune aussi bien en rivière qu'en lac.
  • Spongilla fragilis : Blanchâtre, gris-brun ou rouge sombre, rarement verte. Espèce encroûtante (2 à 4 cm d'épaisseur) de consistance molle ; rarement avec des ramifications. Peu commune.
  • Trochospongilla horrida : Blanchâtre, jaune ou brunâtre, très compacte car riche en spongine. Aspect en forme de croûte (1 cm d'épaisseur) ou d'amas ; peu commune en lac et rivière.
  • Ephydatia mulleri : Vert clair, jaunâtre ou brunâtre ; rougeâtre dans le lac de Constance. Compact au toucher ; formes encroûtantes et amas, rarement avec des ramifications. Peu commune en lac et rivière.
  • Ephydatia fluviatilis : Verte, blanchâtre, jaunâtre, rose pâle ou brune. Eponge encroûtante ou sous forme d'amas de consistance molle. La surface est constituée de vallonnements et bosses, de courtes excroissances ainsi que de lamelles. Espèce commune en lac et rivière et même en eau saumâtre.
  • Heteromeyenia baleyi : Verdâtre ou jaunâtre ; de consistance tendre. Croît sur des racines d'arbres ou des tiges en forme d'amas très ramifiés ou en fines couches bosselées. Se rencontre principalement en eaux calmes ; espèce rare.

Alimentation

Particules nutritives en suspension dans l'eau ainsi que des éléments dissous.

Reproduction - Multiplication

Spongilla (comme Ephydatia) est une espèce hermaphrodite. Il y a alternance : une année l'animal est femelle et l'année suivante il est mâle, et ainsi de suite.
Reproduction sexuée
Les spermatozoïdes se forment surtout au début de l'été et sont entraînés par l'eau. Ils parviennent jusqu'aux ovocytes et les œufs fécondés donnent par la suite naissance à des larves rondes et couvertes de cils, qui nagent librement pendant douze heures avant de se fixer. Sensibles à la lumière, elles se dirigent d'abord vers la surface (photophiles*) et ensuite vers l'ombre (photophobes*) pour se fixer. Ce comportement facilite leur dissémination. La croissance dure jusqu'à l'automne où l'éponge atteint une taille de 3 à 20 mm.
Reproduction asexuée
- par fragmentation : une éponge broyée et passée au tamis, est quand même capable de se reconstituer ;
- en automne, elle forme des gemmules (structures sphériques) qui, au printemps suivant, pourront produire une nouvelle éponge, clone de la "mère".

Vie associée

Spongilla (comme Ephydatia) peut contenir des algues unicellulaires (Pleurococcus). Elles lui sont utiles car elles lui fournissent de l'oxygène par photosynthèse.
Les éponges peuvent être transpercées par des larves de phryganes. Mais peu d'espèces sont des parasites obligatoires ou des prédateurs obligatoires des éponges. Sisyra spp. est le parasite (sous forme larvaire) le mieux connu. Mais de manière générale, ces éponges sont peu parasitées.
En Pologne, des associations commensales entre S. lacustris et l'oligochète Stylaria lacustris (Linnaeus, 1767) ont été mentionnées.

Divers biologie

Spongilla comme la plupart des éponges d'eau douce possède des compétiteurs spatiaux sessiles (Bryozaire, Hydriozoaire, Kamptozoaire) ou semi sessiles (Insectes ou crustacés filteurs).
Spongilla (comme Ephydatia) a une odeur iodée typique, assez désagréable.

Informations complémentaires

En plongée, évitez de toucher Spongilla lacustris. Cette éponge a la consistance du yaourt et s'effrite au simple contact de vos doigts. Attention également à vos bulles d'air.

Origine des noms

Origine du nom scientifique

lacustris : du latin [lacŭs] = eau dormante, lac, étang.

Classification

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Porifera Spongiaires / Eponges Organismes exclusivement aquatiques, filtreurs, fixés au substrat, de formes variables, et percés d'orifices inhalants (ostioles ou pores) et exhalants (oscules).
Classe Demospongiae Démosponges

Eponges dont la charpente est constituée de spicules siliceux (différenciés en méga- et microsclères) et de collagène dispersé ou structuré en fibres de spongine. Ovipares ou vivipares, larve typique = parenchymella.

Ordre Haplosclerida Haplosclérides « Eponges à spicules simples ». Squelette formé de spicules* qui s’arrangent en formant un réseau de mailles polygonales, parfois renforcé par de la spongine. Mégasclères* de type oxes*, parfois des microsclères* (sigmas*, toxes*).
Sous-ordre Spongillina Spongillines
Famille Spongillidae Spongillidés
Genre Spongilla
Espèce lacustris

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