Appartient au zooplancton et vit en large banc
Ressemble à une crevette
Taille des adultes : 22-45 mm
Gros yeux rond en avant du céphalothorax
Corps transparent parsemé de zones pigmentées rouges
Donne une coloration brun-rouge à l’eau
Atlantique Nord et Méditerranée
Krill norvégien
Northern krill, nordic krill, horned krill, Norwegian krill (GB), Krill de Noruega (E), Nordischer Krill, Norwegischen Krill (D), Norsk lyskrebs (danois)
Meganyctiphanes calmani Colosi, 1818
Nyctiphanes norvegicus G.O. Sars, 1883
Thysanopoda norvegica M. Sars, 1857
Euphausia intermedia Riggio, 1905
Euphausia lanei Holt & Tattersall, 1905
Atlantique Nord, Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ● Atlantique Nord-OuestLa population de Meganyctiphanes norvegica est évaluée entre 50 et 500 millions de tonnes qui se répartissent inégalement sur les 20 millions de kilomètres carrés des océans Atlantique Nord et subarctique. On la rencontre au Canada (baie de Fundy et golfe du Saint-Laurent). Elle s’étend vers le sud sur la côte est des Etats-Unis. Elle est présente également sur la partie ouest du Groenland, ainsi que sur les côtes de Scandinavie, d’Islande et de Grande-Bretagne, dans la mer de Barents. Enfin, on la retrouve sur une très grande partie de la mer Méditerranée.
Les populations de M. norvegica sont soumises à des environnements, des biotopes* et des conditions trophiques* très différents, comme, par exemple, la température de l’eau qui oscille de 5 à 13 °C entre le nord et le sud et en fonction de la profondeur.
On retrouve M. norvegica généralement entre 100 et 400 m de profondeur durant la journée et entre la surface et 100 m la nuit. Ces paramètres fluctuent selon les variables extérieures telles que la quantité de nourriture disponible ou la luminosité.
En mer Ligure (Méditerranée), M. norvegica vit le plus souvent vers 500 m de profondeur. A l'est de l'Ecosse, l'espèce a été signalée à - 1 500 m.
Le krill atlantique appartient au zooplancton* et vit en larges bancs denses, appelés aussi essaims ou nuages, qui s'étendent parfois sur près de 450 km. Ces bancs sont repérables depuis la surface par la couleur brun-rouge qu'ils donnent à l'eau.
Cette espèce de 22 à 45 mm de long à l’âge adulte ressemble à une crevette. Son corps, recouvert d’un exosquelette*, est transparent et parsemé de zones pigmentées rouges notamment sur le dessus des métamères* abdominaux. L'abdomen est composé de six métamères portant chacun une paire de pléopodes* prolongés postérieurement par le telson*. Le thorax abrite ventralement de nombreux appendices longs et fins, regroupés vers l'avant lors des déplacements natatoires. Au niveau de la jonction supérieure du céphalothorax* et du rostre*, on observe deux gros yeux ronds et protubérants.
Les Euphausiacés ont des photophores sur le coxopodite* des péréiopodes* et sur la partie ventrale des 4 premiers segments abdominaux. Ces organes lumineux sont visibles grâce à la transparence des téguments*.
Euphausia pacifica Hansen, 1911 est uniquement présente dans l’océan Pacifique.
Euphausia superba Dana, 1850 est rassemblée dans la région de l’océan Antarctique.
Pendant l’été, l’alimentation principale de Meganyctiphanes norvegica est composée de phytoplancton* comme les diatomées*, alors que l’alimentation durant la période hivernale est davantage composée de copépodes ou de petites larves*.
M. norvegica possède, en plus de la vision, des organes sensoriels pour détecter ses proies et éviter ses éventuels prédateurs. Elle a également des mandibules* qui permettent de meuler les aliments, facilitant ainsi l’assimilation de la paroi siliceuse rigide de la diatomée.
Meganyctiphanes norvegica effectue généralement deux migrations verticales diurnes, mais pas systématiquement car certains facteurs comme la luminosité et la quantité de nourriture peuvent modifier cette migration. Normalement, dès le crépuscule, le krill migre en direction de la surface pour s'y nourrir, puis, à l’aube, il se dirige à nouveau en direction des profondeurs pour fuir ses prédateurs.
La reproduction est sexuée. L'ovaire en vitellogenèse* est visible par transparence chez la femelle préparant une ponte. La distinction entre sexes est cependant difficile en dehors des périodes de reproduction. Plusieurs facteurs influent sur celle-ci, selon que les conditions physiques et trophiques du milieu sont favorables. La reproduction peut être explosive. Il y aurait dans la population beaucoup plus de femelles que de mâles, environ 80 % d’après certaines sources. La femelle M. norvegica peut avoir plusieurs cycles de reproduction à la suite, le premier étant déclenché par la "floraison" du phytoplancton.
La ponte de M. norvegica a lieu en profondeur entre janvier et mars. Les cycles ovariens sont liés aux cycles de mue dont la durée varie avec la température (ils sont en effet plus courts quand la température augmente).
Le mâle libère un spermatophore* dans lequel sont emballés des spermatozoïdes*. Il le fixe à proximité de l'ouverture génitale de la femelle juste après la mue de cette dernière.
Lorsque la femelle pond ses 6 000 à 10 000 œufs, ceux-ci sont fécondés par la semence libérée par le spermatophore mâle et le développement embryonnaire se poursuit. Selon les Euphausiacés, les œufs sont soit abandonnés dans l'eau où ils flottent grâce à leurs réserves vitellines, soit collés sous le céphalothorax grâce à une sécrétion glandulaire. Après éclosion des œufs, les nauplii* (premières larves) migrent vers la surface ; le développement larvaire comporte plusieurs stades (12) que les scientifiques ont dénommé Metanauplius [1 stade], Calyptopis (ou Zoe) [3 stades], Furcilia [7 stades] et enfin Cyrtopia.
Les juvéniles ressemblent aux adultes ; ils muent toutes les deux à trois semaines. Ils atteignent l'âge adulte aux alentours de deux ans et demi.
M. norvegica peut produire à chaque cycle de grandes quantités d'œufs, le nombre d’œufs étant proportionnel à la taille de la femelle, avec un nombre moyen de 1 000-1 200 œufs. La taille des œufs et des nauplii est d'environ 0,5 mm.
La vie du krill atlantique est très liée au phyto et zooplancton dont il fait partie.
M. norvegica est parfois infectée par des parasites externes ou ectoparasites comme, par exemple, le bopyre Branchiophryxus nyctiphanae Caullery, 1897.
Le krill atlantique est un maillon essentiel du réseau trophique* des océans et il est une source importante de protéines (70 %). Ses prédateurs sont très nombreux et divers : on compte les poissons (harengs, thons), les calmars, les crustacés décapodes, les pingouins et autres oiseaux marins, les phoques, les baleines, etc.
Lorsqu'il se sent en danger, le krill atlantique adopte un système de fuite en arrière propre aux crustacés. Il doit constamment agiter ses pattes pour se maintenir à flot : cela représente 40 % de sa dépense énergétique.
Les Euphausiacés ne sont pas des Décapodes. Par commodité, nous avons inclus ces organismes dans les "Malacostracés Décapodes", groupes des "crevettes et apparentées", à cause de leur ressemblance avec les crevettes.
Les Euphausiacés (= "krill sensu lato") font partie du début de la chaîne alimentaire marine. C’est une biomasse très importante, évaluée très approximativement entre 200 et 800 millions de tonnes. Le krill est considéré comme une ressource importante de substances de grande valeur au niveau alimentaire et pharmaceutique comme des pigments, des enzymes, des peptides, des acides aminés et de la chitine, mais aussi des antioxydants et des acides gras.
Le krill est devenu un enjeu économique et une manne très attractive pour les industriels de la pêche, alimentant essentiellement le marché des farines animales. Jusqu’à maintenant, il était relativement épargné car, étant très fragile, il s’abîmait dans les filets. De nouvelles techniques de pêche ont été mises au point et elles risquent de compromettre cette relative tranquillité, en mettant à mal la pérennité de l’ensemble de ces espèces planctoniques.
Le krill agit comme pompe biologique : il se nourrit de phytoplancton et ainsi absorbe du dioxyde de carbone qu'il exportera vers les fonds marins sous forme d'excréments ou de rejets d'agrégats. Il est donc important pour le bon fonctionnement du cycle du carbone.
Krill : mot d'origine norvégienne, kril.
Meganyctiphanes : du grec [mega] = grand, [nyctos] = la nuit et [phanos] = visible, clair ; cet animal est en effet visible de nuit, grâce à ses organes bioluminescents*.
norvegica : qui vient de Norvège.
Numéro d'entrée WoRMS : 110690
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Arthropoda | Arthropodes | Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette. |
Sous-embranchement | Crustacea | Crustacés | Arthropodes à exosquelette chitineux, souvent imprégné de carbonate de calcium, ayant deux paires d'antennes. |
Classe | Malacostraca | Malacostracés | 8 segments thoraciques, 6 segments abdominaux. Appendices présents sur le thorax et l’abdomen. |
Sous-classe | Eumalacostraca | Eumalacostracés | Présence d’une carapace recouvrant la tête et tout ou partie du thorax. |
Super ordre | Eucarida | Eucarides | Présence d'un rostre. |
Ordre | Euphausiacea | Euphausiacés | |
Famille | Euphausiidae | Euphausiidés | |
Genre | Meganyctiphanes | ||
Espèce | norvegica |
Baie des Anges, en pleine eau
Cette belle photo, en pleine eau, met en évidence la transparence du corps de M. norvegica et ses gros yeux protubérants. La zone rouge sous les yeux correspond à la bouche et à l'estomac tandis que le moulin gastrique est la zone jaunâtre en arrière des yeux. Les points rouges sur les côtés du céphalothorax et ceux semblant à la base des pléopodes* sont les photophores.
Baie des Anges, Antibes (06), 10 m
07/2009
Proche du fond
Son corps transparent est parsemé de zones pigmentées rouges, notamment sur le dessus des métamères* abdominaux. La ligne claire à l'intérieur de l'abdomen correspond à l'intestin.
Baie des Anges, Antibes (06), 10 m
07/2009
Nage active
Le krill atlantique doit constamment agiter ses pléopodes* pour se maintenir à flot. Cela représente 40 % de sa dépense énergétique. Le thorax abrite ventralement de nombreux appendices longs et fins regroupés vers l'avant lors des déplacements natatoires.
Ce cliché pourrait représenter le dernier stade larvaire (ou Cyrtopia) ou alors, un premier stade juvénile.
Photo prise en laboratoire, avec le matériel de Christian Sardet, à la suite d’un retrait de plancton effectué de nuit dans la rade de Villefranche.
Baie de Villefranche-sur-Mer (06), 2 m, de nuit
04/2014
Parmi le plancton
Le krill atlantique appartient à la grande famille du zooplancton*.
Photo prise en laboratoire, avec le matériel de Christian Sardet, à la suite d’un retrait de plancton effectué de nuit dans la rade de Villefranche.
Baie de Villefranche-sur-Mer (06), 2 m, de nuit
04/2014
Gros plan
Cette grosse masse jaune devrait être l'ovaire.
Cagnes-sur-mer (06), 8 m, de nuit
11/03/2012
Trop, c'est trop !
Commentaire du photographe : « Attiré par la lumière du phare, en quelques secondes, la concentration de krill était si importante que toute prise de photo fut impossible et que la plongée a dû être écourtée faute de visibilité. »
Cap Gros, Antibes (06), 36 m, de nuit
07/2006
Nuage de krill
M. norvegica vit en large banc dense, appelé aussi essaim ou nuage.
Cap Gros, Antibes (06), 36 m, de nuit
07/2006
Rédacteur principal : Alain MAYOUX
Rédacteur : Maud MAYOUX
Correcteur : Pierre NOËL
Responsable régional : Sylvie DIDIERLAURENT
Casanova B., 1970, Répartition bathymétrique des Euphausiacés dans le bassin occidental de la Méditerranée, Revue des Travaux de l'Institut des Pêches Maritimes, 34(2), 205-219.
Cuzin-Roudy J., 2010, Reproduction in Northern krill (Meganyctiphanes norvegica Sars), Marine Biology, 57, 199-230.
Le Roux A., 1974, Observations sur le développement larvaire de Meganyctiphanes norvegica (Crustacea : Euphausiacea) au laboratoire, Marine Biology, 26(1), 45-56.
Mauchline J., 1966, Thalassomyces fagei, an ellobiopsid parasite of the euphausiid crustacean, Thysanoessa raschi, Journal of the Marine Biological Association of the United Kingdom, 46(3), 531-539.
La page de Meganyctiphanes norvegica dans l’Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN