Colonies de forme arbustive
Couleur généralement brunâtre
Taille des colonies de 2 à 10 cm
Branches fines (maximum 1 mm d'épaisseur)
Hydraire d'eau douce
Freshwater hydroid (GB), Keulenpolyp Affenharr, Brackwasser-Keulenpolyp (D), Brakwaterpoliep (NL)
Tubularia cornea Aghardh, 1816
Cordylophora lacustris Allman, 1844
Cordylophora albicola Kirchenpauer in Busk, 1861
Cordylophora americana Leidy, 1870
Cordylophora whiteleggi von Lendenfeld, 1886
Bimeria baltica Stechow, 1927
Cordylophora otagoensis Fyfe, 1929
Asie du Sud-Est, Europe, Etats-Unis, Amérique du Sud et Australie
Zones DORIS : ● Eau douce d'Europe, ● Atlantique Nord-OuestCette espèce est invasive et en pleine expansion. Les bateaux sont le principal vecteur de dispersion, suivis par la dérive passive et les animaux migrateurs.
Europe : originaire de la mer Caspienne, elle a utilisé des corridors migratoires (coques de bateaux) pour, via nos rivières, se retrouver en mer du Nord et en mer Baltique, et ensuite coloniser nos lacs. Mer Caspienne, mer Noire, pays côtiers de la mer du Nord, pays côtiers de la mer Baltique et tous les pays compris entre la mer Caspienne et les mers du Nord et Baltique (la Bulgarie, la Roumanie, la Pologne, l'Allemagne, la France, la Belgique, la Hollande, mais aussi la Russie).
Etats-Unis : Californie, Floride, la région des grands lacs, le long des côtes de l'état de Washington et certaines rivières.
Canada : le lac Érié.
Amérique du Sud.
Australie.
Asie du Sud-Est.
C. caspia se développe aussi bien dans les eaux douces que dans les eaux franchement saumâtres. On la retrouve généralement dans des zones à courant calme, à nul. Elle affectionne particulièrement les eaux avec de fortes concentrations planctoniques. Son développement maximal se fait à des températures comprises entre 10 °C et 26 °C et entre 0 m et 3 m.
C. caspia est un animal benthique. On le retrouve fixé sur différents types de supports rigides, tels des pierres, des branches, des moules zébrées, …
C'est un Hydrozoaire colonial. La colonie, d'une taille de 2 à 10 cm, a une forme d'arbrisseau (arborescente), chaque individu croissant à partir d'un système de tubes ramifiés ou hydrorhize, ancrant la colonie au substrat (système dit stolonaire - voir stolon* au glossaire).
Les tissus vivants (cœnosarc) du système stolonaire forment une enveloppe externe transparente et dure, appelée périsarc. Le périsarc protège également les tiges, ainsi que les branches de la colonie, mais ne recouvre pas les polypes. Il aide donc à maintenir la colonie en position dressée. C'est ce film qui donne la couleur brunâtre observée.
Les individus se spécialisent soit dans la fonction de nutrition (hydranthe*), soit dans la fonction de reproduction (gonophore*). La colonie est donc constituée de deux types d'individus, mais seuls les hydranthes ressemblent à une hydre de par leur structure.
L'hydranthe se présente sous la forme d'un polype* muni de 12 à 16 tentacules entourant la bouche.
Le gonophore est dépourvu de tentacule (donc il ne ressemble pas à une hydre) et a la forme d'un sac contenant les gamètes.
Sans un examen attentif, on peut confondre C. caspia avec Fredericella sultana qui est un bryozoaire d'eau douce arbustif.
La colonie se nourrit principalement du plancton présent dans l'eau et plus spécifiquement du zooplancton. Elle le capture grâce à ses individus spécialisés dans la fonction de nutrition, à savoir les hydranthes*.
La colonie est produite au début par bourgeonnement soit d'un individu issu d'une reproduction sexuée soit d'un individu transporté. Le bourgeon grandit en formant de longues tiges portant les individus.
Reproduction sexuée
Elle a lieu en automne. Elle se fait au départ des individus spécialisés dans la fonction de reproduction, à savoir les gonophores*. Ils libèrent une forme larvaire (larve planula*) libre et apte à nager pour ensuite se fixer sur un support dur.
Reproduction asexuée
Le restant de l'année, la reproduction est assurée de manière asexuée. Un fragment de colonie peut en effet régénérer une colonie complète. C. caspia se caractérise dès lors par un fort pouvoir de régénération.
Ce second type de reproduction lui offre une possibilité quasi illimitée de pouvoir atteindre de nouveaux territoires et de les coloniser.
Podocysts (voir infra)
C. caspia dispose en outre d'un état de résistance sous forme de « petits œufs » lui permettant de survivre à des températures trop froides ou trop chaudes.
Remarques :
- il n'existe pas chez C. caspia de stade méduse
- la colonie disparaît en hiver.
(*) Podocyst est un terme anglais qui, à notre connaissance, n'a pas d'équivalent en français.
On retrouve souvent C. caspia en association avec la moule zébrée utilisée comme support.
Cette espèce est décrite comme euryhaline* originaire de milieux saumâtres ! Elle nécessite une concentration minimum en sels dissous tels les chlorures, les sels de calcium, de sodium et de potassium indispensables à sa croissance.
A titre d'exemple, la salinité de la Moselle était suffisante pour lui permettre de suivre ce couloir migratoire.
Les activités nautiques sont mises en cause dans la dispersion de cet animal. Certains lacs déconnectés de tout cours d'eau ont été colonisés par cette voie. Par exemple, aux lacs de l'Eau d'Heure en Belgique où le club nautique a introduit cette espèce sans s'en rendre compte.
Il semble qu'un simple nettoyage des coques de bateau au jet d'eau suffirait à lutter efficacement contre la dispersion de cette espèce. Des peintures anti-fooling sont également de bons dispositifs de lutte.
Au Etats-Unis, la colonisation de certains lacs trouve son origine dans les rejets de sociétés spécialisées dans l'aquariophilie.
Une autre origine de la dispersion dans des lacs fermés (barrage) est peut-être les oiseaux migrateurs. Cependant, cette thèse est assez controversée compte tenu du caractère universel et millénaire des migrations. La prolifération est, en effet, nouvelle et trois grandes routes de dissémination ont été décrites par le Vlaams Instituut Voor de Zee.
La première apparition en Suède a été décrite en 1810. Mais c'est au XXeme siècle que C.caspia fait vraiment son apparition sur les côtes et les estuaires des pays du nord de l'Europe.
Elle a été signalé dans l'estuaire de la Loire dès 1901.
Premier signalement en Belgique à Nieuport en 1905. Depuis, ses colonies se sont répandues dans tout le pays.
En Moselle allemande, C. caspia est observée à Triteniem en 1957, puis en 1973 à Grevenmacher.
Cordylophore de la Caspienne est un nom attribué par DORIS (traduction du nom scientifique).
Cordylophora = du grec [kordyl-] = bosse, tumeur (ou alors têtard) et du grec [-phor-] = qui porte en avant, qui pousse.
caspia : endroit ou l'animal a été décrit pour la première fois, à savoir la mer Caspienne qui est également son lieu d'origine.
Numéro d'entrée WoRMS : 117428
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Cnidaria | Cnidaires | Organismes aquatiques (marins pour la plupart) libres ou fixés, carnivores, principalement à symétrie radiaire, caractérisés par des cellules urticantes : les cnidocytes. Deux morphologies principales : le polype et la méduse. La larve est une planula. |
Classe | Hydrozoa | Hydrozoaires | Cnidaires dont le cycle de vie est alterné, mais de façon inconstante, par deux phases différentes : le polype et la méduse. Présence d’un velum dans la méduse (dite craspédote), gonades ectodermiques, perte des septes, perte des cnidocytes endodermiques. Coloniaux ou solitaires. Quelques espèces d’eau douce. |
Sous-classe | Hydroidolina | Hydroïdes | Hydrozoaires dont le cycle de vie présente toujours une phase polype. |
Ordre | Anthoathecata | Anthoathécates | Hydraires dont la phase polype est dépourvue de thèques protectrices rigides. Phase polype presque exclusivement benthique, quelques espèces tropicales sécrétant un exosquelette calcaire (coraux de feu). Méduse avec ombrelle haute possédant des ocelles, les gonades se développent autour du manubrium. |
Sous-ordre | Filifera | Filifères | Hydroïdes coloniaux, tentacules des polypes filiformes, anthoméduses, quelques espèces sécrètant un squelette calcaire (Hydrocoralliaires). |
Famille | Oceanidae | Océanidés | |
Genre | Cordylophora | ||
Espèce | caspia |
Identification
Colonie de forme arbustive et d'une taille de 2 à 10 cm
Couleur généralement brunâtre
Branches fines (maximum 1 mm d’épaisseur)
Polypes munis de 12 à 16 tentacules entourant la bouche
Lac de l’eau d’heure (Platte Taille), Belgique, 12 m
10/10/2010
Colonie sur une branche
Colonie bien développée et possédant les deux types d’individus (hydranthes* et gonophores*).
Lac de l’eau d’heure (Platte Taille), Belgique, 2 m
15/12/2009
Colonie sur une moule zébrée
Cette colonie est petite mais caractéristique de l’association entre les deux espèces. La petitesse de la colonie est due à la profondeur.
Lac de l’eau d’heure (Platte Taille), Belgique, 34 m
22/07/2010
Parmi les moules zébrées
On la retrouve généralement dans des zones à courant calme, à nul. Elle affectionne particulièrement les eaux avec de fortes concentrations planctoniques.
Lac de l’eau d’heure (Platte Taille), Belgique, 21 m
05/10/2010
Zoom sur la colonie
Dans les cadres rouges, les polypes nourriciers de la colonie équipés de tentacules urticants (hydranthes*).
Dans les cadres foncés, les gonophores* assurant la reproduction.
Les "tubes jaunes" constituent l'hydrorhize*, grâce auquel tous les polypes sont en constante communication, et connectés à un stolon commun.
Lac de l’eau d’heure (Platte Taille), Belgique, 2 m
05/12/2009
Hydranthe
L’hydranthe se présente sous la forme d’un polype* muni de 12 à 16 tentacules.
Lac de l’eau d’heure (Platte Taille), Belgique, 2 m
06/12/2009
Hydranthe sous un autre angle
Cette image a nécessité un travail sur la lumière et sur la photo afin d’obtenir ce résultat.
Lac de l’eau d’heure (Platte Taille), Belgique, 2 m
06/12/2009
Zoom sur l’hydranthe
L'hydranthe* est un individu spécialisé dans la fonction de nutrition.
Lac de l’eau d’heure (Platte Taille), Belgique, 2 m
06/12/2009
Gonophore
Cet individu est le siège de la reproduction sexuée.
Lac de l’eau d’heure (Platte Taille), Belgique, 2 m
06/12/2009
Gonophore mâle
Détail d’un gonophore mâle. Un hydrante est présent au sommet de la même branche de la colonie.
Fjord Comau (Chili), 17-21 m
21/01/2006
Gonophores femelles
La taille est approximativement de 1 mm.
Fjord Comau (Chili), 17-21 m
21/01/2006
Couloirs de dispersion
En Europe, la dispersion de l’espèce a suivi trois couloirs principaux tels qu’illustrés sur cette carte. L’activité humaine est clairement responsable de ce phénomène.
Les pays sont identifiés par leur code international de plaque minéralogique.
Carte dessinée à partir des informations du Vlaams Instituut voor de Zee.
N/A
23/05/2010
Colonie sud-américaine
Cette espèce, originaire de la mer Caspienne, est invasive et en pleine expansion.
Fjord Comau (Chili), 17-21 m
21/01/2006
En mer
C. Caspia est un animal invasif présent aussi bien en mer qu’en eau douce.
Cette colonie est très bien ramifiée. Il semble que les conditions marines favorisent un développement plus important qu’en eau douce, du nombre et de la longueur des branches.
Fjord Comau (Chili), 17-21 m
21/01/2006
Rédacteur principal : Pierre BOUXIN
Vérificateur : Jean-Pierre COROLLA
Vérificateur : Michel KUPFER
Correcteur : Horia GALEA
Responsable régional : Jean-Pierre COROLLA
Folino C., 2000, The freshwater expansion and classification of the colonial hydroid Cordylophora (Phylum Cnidaria, Class Hydrozoa, pp 139-144, in : Pederson J. (ed.), Marine Bioinvasions : Proceedings of the First National Conference, January 24-27, 1999, Massachusetts Institute of Technology Sea Grant College.
Geimer A. & G., 1990, Notice sur les Bryozoaires du lac d'Echternach et du lac de la Haute-Sûre ainsi que sur la présence de l'Hydrozoaire Cordylophora caspia (Pallas, 1771) dans la Moselle allemande et luxembourgeoise, Bulletin de la Société des Naturalistes Luxembourgeois n°90, 163-168.
Massard J.A., Geimer G., 1987, Note sur la présence de l'Hydrozoaire Cordylophora caspia (Pallas, 1771) dans la Moselle allemande et luxembourgeoise, Bulletin de la Société des Naturalistes Luxembourgeois n°87, 75-83.
VLIZ Alien Species Consortium, 2008, Brakwaterpoliep - Cordylophora caspia, Niet-inheemse soorten
van het Belgisch deel van de Noordzee en aanpalende estuaria, VLIZ Information Sheets, 19, Vlaams.
Instituut voor de Zee (VLIZ), Belgium, 5p.
La page sur Cordylophora caspia dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN