Corps allongé, jusqu'à 8 cm
Extrêmement agile : se tortille dans tous les sens
Couleur plutôt rose et beige, sans taches noires au bout de la queue
La 2e patte thoracique est transformée en grande patte ravisseuse à 5 dents
2 larges écailles antennaires
3 paires de petites pattes locomotrices transparentes
Yeux allongés très mobiles
Galère, mante de mer
Mantis shrimp (GB), Heuschreckenkrebs (D), Mantis garnaal (NL), O camarão louva-a-deus (P), Mantisräka (S), Shako (J)
Squilla desmaresti Risso, 1816
Meiosquilla desmaresti (Risso, 1816)
Atlantique européen, Méditerranée, Manche, mer du Nord
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Cette espèce se rencontre dans l'Atlantique européen, la Méditerranée, la Manche et la mer du Nord. Elle est présente sur toutes les côtes de France métropolitaine.
La squille de Desmarest est une espèce benthique* qui vit sur des fonds sédimentaires de gravier, de sable ou de vase, et se cache sous les blocs rocheux. En Manche et en Atlantique, elle a souvent été signalée dans des herbiers de zostères. En Méditerranée, elle est présente dans les posidonies et les graviers côtiers profonds.
Elle se rencontre habituellement dans l'étage infralittoral* entre la côte et 80 mètres de profondeur. Elle serait également présente dans l'étage circalittoral* sur le plateau continental jusque vers 500 m de profondeur.
La squille de Desmarest est une espèce de taille moyenne, au corps allongé, mesurant habituellement jusqu'à 8 cm de longueur totale (et exceptionnellement 12 cm). La carapace* ne représente qu'un quart de la longueur. Le corps est un peu aplati dorso-ventralement. Les yeux sont pédonculés, transversalement allongés, très mobiles. Les écailles antennaires sont larges. La patte ravisseuse qui est la 2e des 5 pattes-mâchoires a un dactyle* à 5 dents y compris la dent apicale* qui se rabat contre l'avant-dernier article de la patte comme chez les mantes religieuses. Les trois pattes suivantes sont locomotrices étroites et biramées*. Les pléopodes* sont natatoires et ont les lobes larges, ils portent une branchie sur la rame externe. Les uropodes* forment avec le telson* un éventail caudal très épineux.
La couleur générale est beige plus ou moins uniforme, avec des marbrures plus sombres sur le dessus et sur les côtés de l'abdomen. Il y a souvent une barre sombre transversale au niveau du quart postérieur de la carapace. Le dactyle des pattes ravisseuses est incolore. Les pleurites* abdominaux ont une marque blanche sur leur marge ventrale. Les soies sur l'exopodite* des uropodes* sont souvent rosées. La marge du telson* est jaune. Les femelles mûres ont l'intérieur du corps de couleur rose (c'est la couleur de l'ovaire en vitellogenèse*). Il n'y a pas de taches foncées sur le telson.
L'autre espèce de squille relativement commune sur les côtes méditerranéennes de métropole est la squille ocellée Squilla mantis. C'est la seule à posséder 2 ocelles* noirs jointifs à la base du telson. Avec une longueur qui peut atteindre 18 cm, elle est deux fois plus grande que la squille de Desmarest. Elle a 6 dents au dactyle de la patte ravisseuse. Sur les côtes françaises, elle n'est présente qu'en Méditerranée.
Six autres espèces de petites squilles existent en Europe et peuvent se rencontrer sur les côtes de France mais elles sont rarement observées en plongée :
La squille de Ferussac Parasquilla ferussaci a le tiers distal des uropodes et le telson couleur brun-grenat. La patte ravisseuse n'a que 3 dents au dactyle. Sur les côtes françaises, elle n'est présente qu'en Méditerranée.
La squille pâle Rissoides pallidus a la même couleur que la squille de Desmarest. Elle vit habituellement entre 100 et 300 m de profondeur, donc trop profondément pour être observée par les plongeurs. Elle a 5 dents au dactyle de la patte ravisseuse et est difficile à différencier de la squille de Desmarest. Sur les côtes françaises, elle n'est présente qu'en Méditerranée.
La squille naine Nannosquilloides occultus est réellement petite pour une squille : 3 cm de longueur au maximum. Elle est de couleur blanc crème à orange. Elle a 8 ou 9 dents au dactyle de la patte ravisseuse. Son telson n'a pas de carène médiane. Elle vit habituellement entre 30 et 200 m de profondeur. Sur les côtes françaises, elle n'est présente qu'en Méditerranée.
La squille pieuse Platysquilla eusebia mesure jusqu'à 7 cm. Elle a les yeux verdâtres et le corps pointillé de brun. Elle a un joli peigne de 12 à 15 dents au dactyle de la patte ravisseuse. Son telson n'a pas de carène médiane. Comme la squille de Desmarest, elle est présente à la fois en Méditerranée et en Atlantique-Manche.
La squille de Cerisi Pseudosquillopsis cerisii est de couleur générale plutôt jaune, avec une petite dizaine de carènes orange très caractéristiques sur le telson. Il n'y a que 3 dents au dactyle de la patte ravisseuse. Sur les côtes françaises, elle n'est présente qu'en Méditerranée.
La squille africaine Allosquilla africana est minuscule : 3,6 cm de long au maximum. Son telson n'a pas de carène médiane. Elle a 5 dents au dactyle de la patte ravisseuse. Sur les côtes françaises, elle n'est présente qu'en Méditerranée.
Enfin, dans l'est de la Méditerranée, la squille lessepsienne Erugosquilla massavensis de grande taille (20 cm), est devenue très commune à faible profondeur. C'est une espèce originaire de mer Rouge-Indo-Pacifique et qui a migré par le canal de Suez puis s'est installée en Méditerranée.
La squille de Desmarest se nourrit de petite faune vagile, en particulier de crustacés. Il ne semble pas y avoir de données précises sur les proies : ces dernières sont capturées et maintenues avec la patte ravisseuse.
L'espèce est gonochorique*. Les femelles tiennent leurs œufs devant la bouche pendant l'incubation comme si elles allaient les manger. La morphologie des larves* varie en fonction des stades. Le développement total comporte neuf stades Alima*. Les larves qui se rencontrent dans le plancton* de mai à octobre mesurent de 3,6 à 22,5 mm de longueur totale, et les post-larves peuvent se rencontrer à partir de 16 mm.
Il ne semble pas y avoir de maladies ou de parasites connus chez cette espèce. Aucune espèce n'a été décrite comme habitant dans le même terrier que la squille de Desmarest.
L'étude du contenu stomacal des poissons côtiers renseigne sur les prédateurs de la squille de Desmarest. A en juger par le grand nombre d'espèces ayant ingéré ces stomatopodes, on peut penser que l'espèce n'est pas si rare que cela.
Les poissons concernés sont principalement des poissons osseux comme le tacaud commun Trisopterus luscus (Linnaeus, 1758), le merlan Merlangus merlangus (Linnaeus, 1758), la rascasse brune Scorpaena porcus Linnaeus, 1758, la petite rascasse rouge Scorpaena notata Rafinesque, 1810, le chapon Scorpaena scrofa Linnaeus, 1758, le pagre commun Pagrus pagrus (Linnaeus, 1758), le rouget de roche Mullus surmuletus Linnaeus, 1758, le serran à queue noire Serranus atricauda Günther, 1874, le chaboisseau commun Myoxocephalus scorpius (Linnaeus, 1758), la mostelle de roche Phycis phycis (Linnaeus, 1766).
Des poissons cartilagineux mettent également à leur menu des squilles de Desmarest : la raie circulaire Leucoraja circularis (Couch, 1838), le pocheteau noir Dipturus oxyrinchus (Linnaeus, 1758), la petite roussette Scyliorhinus canicula (Linnaeus, 1758), le requin hâ Galeorhinus galeus (Linnaeus, 1758) et l'émissole lisse Mustelus mustelus (Linnaeus, 1758).
Les grands crustacés et les céphalopodes sont également des prédateurs potentiels.
L'espèce, qui est extrêmement agile et se tortille dans tous les sens, vit dans un terrier qu'elle creuse dans le sédiment. Ce terrier a été étudié grâce à des moulages. Il a une forme de "U" et possède deux ouvertures. Le trou d'entrée a un diamètre de 3 cm environ tandis que le trou de sortie d'urgence est beaucoup plus petit et discret. La galerie en elle-même a un diamètre à peu près uniforme de 2,5 cm avec cependant une constriction centrale de 1,5 cm. La partie horizontale du terrier est environ à 15 cm de la surface du sédiment. Le terrier est fait dans du sable coquiller mêlé à de la vase, du sable et des éléments de maerl*. En approchant doucement de ces terriers en plongée, il est possible d'apercevoir furtivement la squille à l'entrée de son trou. Dans les endroits où la densité des individus est forte, il peut y avoir jusqu'à un terrier par m2. A l'extérieur de son terrier, l'animal peut se déplacer en marchant ou en nageant.
Le nom ''squille de Desmarest" est dérivé de squille, traduction française du nom latin ; Desmarest fait référence au nom d'espèce, cette dernière étant dédiée à Anselme Gaëtan Desmarest, zoologiste français (1784-1838), élève de Cuvier.
Le nom ''mante de mer'' est donné de longue date aux squilles par comparaison avec la mante religieuse, à cause des pattes ravisseuses de l'animal, pattes utilisées pour la capture des proies.
Rissoides : Genre dédié à Antoine Joseph Risso (1777-1845), naturaliste niçois.
desmaresti : espèce dédiée à Anselme Gaëtan Desmarest.
Numéro d'entrée WoRMS : 136135
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Arthropoda | Arthropodes | Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette. |
Sous-embranchement | Crustacea | Crustacés | Arthropodes à exosquelette chitineux, souvent imprégné de carbonate de calcium, ayant deux paires d'antennes. |
Super classe | Multicrustacea | ||
Classe | Malacostraca | Malacostracés | 8 segments thoraciques, 6 segments abdominaux. Appendices présents sur le thorax et l’abdomen. |
Sous-classe | Hoplocarida | Hoplocarides | 3 segments thoraciques libres en arrière de la carapace. |
Ordre | Stomatopoda | Stomatopodes | La 2e paire de pattes mâchoires préhensile, ressemblant à une patte de mante religieuse. |
Sous-ordre | Unipeltata | ||
Famille | Squillidae | Squillidés | Telson avec une carène médiane distincte et au moins 4 denticules intermédiaires de chaque côté de la marge postérieure. |
Genre | Rissoides | ||
Espèce | desmaresti |
Vue de profil
Au repos, la squille tient ses pattes ravisseuses repliées sous le céphalothorax. Les pléopodes sous l'abdomen sont souvent en mouvement car ils portent les branchies. Ils servent à la nage (pendant la nuit) et à la ventilation de la galerie lorsque la squille est au repos dans son terrier (le jour).
Plouézec (22), Pointe de Minard (pêchée dans un casier à 10 m de profondeur)
15/01/2007
Femelle en vue dorsale
Noter la "queue" environ trois fois plus longue que l'"avant" de la squille. Ici, la couleur rose correspond à l'ovaire en vitellogenèse. Ce dernier est constitué d'une glande impaire au niveau du telson qui se divise en 2 lobes accolés dans l'abdomen. Noter les yeux avec des cornées allongées transversalement.
Le Racou (66), herbier de posidonies, 7 m
04/03/1975
Recto-verso
Cette femelle est en pleine vitellogenèse comme en témoigne la couleur rose-carmin de son ovaire situé assez dorsalement au centre de son abdomen. Noter la couleur blanche des 3 paires de pattes locomotrices et les pléopodes arrondis.
Plouézec (22), Pointe de Minard (pêchée dans un casier à 10 m de profondeur)
15/01/2007
Vue latérale et vue ventrale
Cet individu trouvé en bas d'estran est de couleur brune ; les pinces sont légèrement orangées ; des marques blanches discrètes sont présentes sur les flancs de l'abdomen. Il s'agit probablement d'un mâle. La zone noire ventrale près de l'extrémité de l'abdomen correspond à l'intestin terminal prêt à émettre des fèces par l'anus, petit anneau blanchâtre que l'on distingue au centre du telson.
Îles Chausey (50)
2015
Rencontre rare en bas d'estran
La squille de Desmarest se rencontre rarement en bas d'estran sur les côtes de la Manche. Noter la couleur jaune orangé de ce spécimen sur la face dorsale et la transparence relative des téguments de la face ventrale. L'anus est visible sur la face ventrale du telson à proximité immédiate de son articulation avec le dernier segment abdominal.
Agon Coutainville (50), au plus bas de l'estran
02/03/2017
Exuvie bretonne
Remontée par un plongeur, curieux de savoir de quoi il s'agissait. Il est rare de trouver de telle exuvie de squille.
Saint-Quay-Portrieux (22), 17 m
05/06/2021
Planche ancienne en couleurs
Lors de la description d'une espèce par les scientifiques, la squille est représentée dans une position pas du tout naturelle : l'illustration est destinée à montrer les principaux caractères morphologiques. Ici, on voit nettement la forme des pattes ravisseuses avec les 5 dents de l'article terminal, les antennules terminées par 3 fouets ainsi que l'éventail caudal très étalé.
Dessin d'un individu des environs de Marseille (13)
Reproduction de documents anciens
1830
Dessin ancien
Ce dessin accompagnait la description originale de l'espèce en 1816. Il n'est pas très fidèle : par exemple, il n'y a pas le même nombre de dents sur l'article terminal des deux pattes ravisseuses (4 à gauche et 5 à droite) ; le telson est mal représenté. A l'époque, les dessins précis étaient rares et on imaginait beaucoup...
Environs de Nice (06)
Reproduction de documents anciens
1816
Rédacteur principal : Pierre NOËL
Vérificateur : Véronique LAMARE
Responsable régional : Véronique LAMARE
Paulmier G., 1997, Atlas des invertébrés du Golfe de Gascogne inventoriés dans les captures des chaluts - Campagnes Ressgasc 1992-1995 et Evhoe 1995. IFREMER éditeur, Nantes, RST/DRV/RH/97-12: 1-110.
Roux P., 1828-1830, CRUSTACES DE LA MEDITERRANEE ET DE SON LITTORAL. Éditions Levrault, Paris, et Marseille : i-iv + 176; texte non numéroté.
Vincent T., 2005, Quelques crustacés rares en Manche - Stomatopodes et Décapodes - des collections du Muséum d'Histoire Naturelle du Havre (Normandie, France) : Rissoides desmaresti, Nephrops norvegicus et Goneplax rhomboides, Bulletin Trimestriel de la Société Géologique de Normandie et des Amis du Muséum du Havre, 92(1), 23-32.
La page de Rissoides desmaresti dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN