Colonie orange clair quasi uniforme
Très enveloppante et peu adhérente
Consistance molle
Espèce du coralligène (au-delà de 20 m)
Didemnum drachi est la dénomination originale de son auteur, Françoise Lafargue, en 1975.
Méditerranée occidentale Nord
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]Didemnum drachi semble limité à la Méditerranée occidentale Nord, incluant les côtes françaises.
Espèce commune mais confinée dans la zone circa-littorale* à des profondeurs de 20 mètres et plus. Caractérisé par son fort pouvoir enveloppant, Didemnum drachi va recouvrir rapidement nombre de supports vivants verticaux dans les zones du précoralligène* et du coralligène* en formation, en particulier les algues pérennes et profondes (Codium bursa, Halimeda tuna, etc) et les parois verticales des bioconstructions du coralligène.
Didemnum drachi est une ascidie coloniale qui forme des colonies encroûtantes relativement fines. L'épaisseur est de l'ordre de 5 mm, la surface couverte par une colonie est souvent importante et peut atteindre plusieurs dizaines de décimètres carrés. Ce Didemnidé profond a une extrême capacité à envelopper tout type de support (roches, algues...) mais il est peu adhérent.
La couleur de cette espèce est orange clair, parfois bariolé de blanc.
La faible densité de spicules* calcaires présents dans les tissus donne une consistance molle à la surface de la colonie.
Les zoïdes*, bien visibles chez D. drachi, sont très régulièrement répartis à la surface de la tunique commune (le cormus*). Ils s'organisent en lignes radiantes au-dessus de petites veines surélevées. Ces veines sont une réunion des siphons exhalants de chaque individu (zoïde) de la colonie et elles convergent vers quelques siphons cloacaux extérieurs peu nombreux et discrets. Ces derniers ne sont pas cerclés de blanc comme c'est le cas pour d'autres espèces de Didemnidés ressemblants.
Toutes les ascidies de la famille très homogène des Didemnidés sont très difficiles à identifier avec certitude sous l'eau ou sur photo. Sachant qu'aucune colonie n'a été prélevée pour identification microscopique, toutes les photos des fiches traitant ces espèces sont à considérer comme "pouvant ressembler in situ à cela".
D. drachi peut facilement être confondu avec d'autre colonies de Didemnidés comme : Didemnum commune (également orange, mais avec des siphons cloacaux cerclés de blanc et bien moins profond), Didemnum fulgens, Didemnum pseudofulgens et Polysyncraton lacazei.
La confusion avec des éponges encroûtantes orangées et veinées est aussi possible, en particulier avec Crambe crambe, Spirastrella cunctatrix, Haliclona fulva, Clathria atrasanguinea...
Ces animaux sont des filtreurs microphages*. Ils se nourrissent de petites particules, depuis les molécules en suspension jusqu’aux débris et micro-organismes animaux et végétaux.
Les ascidies génèrent un courant d’eau (rentrant par les orifices inhalants individuels) pour capturer les particules en suspension. Les particules digérées et les déchets sortent ensuite par le siphon exhalant. Le regroupement de plusieurs de ces siphons forme un cloaque commun qui débouche, via un réseau de veines, à la surface de la colonie par une grosse ouverture.
La reproduction peut être asexuée et sexuée.
Reproduction asexuée : formation et extension de la colonie par bourgeonnement à partir de l’individu souche.
Reproduction sexuée : les représentants de la famille des Didemnidés sont hermaphrodites*, la fécondation est interne et le développement indirect.
Les gonades se trouvent dans le post abdomen et c’est là qu’a lieu la fécondation. Le développement embryonnaire amène à la différenciation des organes internes, de la chorde* et de la queue pour former une larve nageuse ressemblant à un têtard. Ces larves nageuses sont libérées dans le milieu par le siphon cloacal des zoïdes. La vie pélagique est très courte et les larves* se fixent au substrat par des papilles adhésives. A partir de là commence la métamorphose* qui donnera un individu adulte.
Les ascidies coloniales de la famille des Didemnidés sont souvent parasitées par des copépodes de la famille des Notodelphyidés. Ooneides amela peut parasiter en grand nombre Didemnum drachi. On a pu observer une trentaine d'individus dans une colonie de D. drachi de 10 cm de diamètre.
Description microscopique de Didemnum drachi :
Les spicules sont étoilés, leur distribution dans la tunique est dense et régulière.
Les organes spiculogéniques (responsables de la fabrication des spicules), situés entre la troisième et la quatrième rangée de stigmates*, sont surmontés d'un petit tube et en position verticale.
Détermination des Didemnidés :
Une dissection est toujours nécessaire pour une détermination fiable des ascidies. Pour les représentants de la famille des Didemnidés (Didemnidae), elle est basée sur la morphologie des larves et la forme des spicules calcaires étoilés présents le plus souvent dans la tunique. La seule observation des spicules n'est pas suffisante. Effectivement, leur forme proche d'une espèce à l'autre et leur densité parfois très variable au sein d'une même espèce rend ce critère insuffisant pour une bonne identification.
Les ascidies de la famille des Didemnidés sont caractérisées par les critères suivants :
- ascidie toujours composée (coloniale) dont les zoïdes sont inclus dans une tunique commune (cormus*),
- le corps est divisé en deux parties : branchie d'un côté (thorax) et tube digestif avec gonades de l'autre (abdomen),
- le tube digestif est situé sous la branchie,
- la totalité des gonades est incluse dans l'anse intestinale,
- la branchie est plane sans papilles internes ni sinus longitudinaux,
- estomac sans diverticules hépatiques,
- pas de vésicule rénale,
- le bourgeonnement se fait par la fusion de deux bourgeons œsophagiens (l'un est à l'origine de la branchie, l'autre de l'abdomen, voir le schéma dans la fiche Didemnum coriaceum).
Les espèces du genre Didemnum sont caractérisées par les critères suivants :
- quatre rangs de stigmates*,
- spermiducte courbé,
- 1 ou 2 testicules,
- siphon branchial à 6 lobes,
- présence de spicules calcaires (sauf exception).
Les espèces du genre Polysyncraton présentent les mêmes caractéristiques que celles du genre Didemnum, sauf :
- plus de deux testicules,
- languette bifide bien développée au siphon cloacal (le plus souvent).
Les espèces du genre Trididemnum sont caractérisées par les critères suivants :
- trois rangs de stigmates,
- spermiducte courbé,
- un testicule,
- nombreuses ouvertures cloacales communes surmontées d'un tube.
Les espèces des genres Diplosoma et Lissoclinum (très proches) sont caractérisées par les critères suivants :
- spermiducte droit,
- siphon cloacal avec simple trou, sans tube ni appendice (languette).
Didemne orange du coralligène est une proposition du site DORIS.
Didemnum : [di-] = deux et [demnion] = matelas, lit, dans le sens ici de "logette". En effet, dans le premier de ses "Mémoires sur les animaux sans Vertèbres", Savigny, le créateur de ce nom, décrit ainsi le genre Didemnum : "Polype occupant deux loges, abdomen pédiculé" ; par opposition au genre Aplidium : "Polype occupant une seule loge, abdomen et ovaire sessiles".
drachi : en l'honneur du professeur Pierre Drach, 1906-1998, directeur du Laboratoire Arago à Banyuls.
Numéro d'entrée WoRMS : 103566
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Urochordata / Tunicata | Urochordés / Tuniciers | Chordés marins fixés (ascidies) ou pélagiques (thaliacés), solitaires ou coloniaux. Epaisse tunique cellulosique. Deux siphons, pharynx bien développé, la chorde larvaire régresse chez l'adulte (sauf chez les Appendiculaires). |
Classe | Ascidiacea | Ascidies / Ascidiacés | Tuniciers fixés. Solitaires ou coloniaux (seuls capables de bourgeonnement). Chorde uniquement au stade larvaire. Siphon inhalant au sommet, proche du siphon exhalant latéral. Souvent en eau peu profonde. |
Ordre | Aplousobranchia | Aplousobranches | Ascidies coloniales. |
Famille | Didemnidae | Didemnidés | Aplousobranches avec thorax et abdomen. Zoïdes très petits et courts formant de fines colonies encroûtantes. Incrustations calcaires étoilées. (Ce n'est pas le cas du genre Diplosoma). |
Genre | Didemnum | ||
Espèce | drachi |
Didemnidé orange uniforme et peu calcifié
Didemnum drachi est commun au-delà de 20 m et dans le coralligène où il enveloppe largement le substrat. Ici, ce sont les algues Codium bursa et Halimeda tuna qui sont recouvertes partiellement par ce Didemnidé envahissant.
Visuellement, la ressemblance avec une éponge encroûtante et veinée est flagrante !
Tamaris, Côte Bleue (13), 30 m
05/07/2008
Didemnidé flasque et enveloppant
Cette espèce profonde est typique du coralligène à partir de 20 m de fond ; ici elle a quasiment recouvert ce buisson de Halimeda tuna.
Tamaris, Côte Bleue (13), 30 m
05/07/2008
Plus bas que les posidonies
Au-delà de la limite basse de l'herbier à posidonie, ici dans la zone du précoralligène et sur une petite bioconstruction naissante, Didemnum drachi est en compagnie de l'étoile de mer rouge Echinaster sepositus.
Tamaris, Côte Bleue (13), 28 m
06/09/2008
Détail : surface veinée
Les zoïdes sont très régulièrement répartis à la surface de la tunique commune. Ils s'organisent en lignes radiantes qui convergent vers les deux discrets siphons cloacaux. Ces petites veines surélevées correspondent au trajet des canaux d'évacuation des siphons cloacaux de chaque zoïde.
Tamaris, Côte Bleue (13), 30 m
05/07/2008
Nette préférence pour les surfaces verticales
Ce didemne a une préférence affirmée pour les surfaces verticales.
Tamaris, Côte Bleue (13), 30 m
05/07/2008
Rare par petits fonds
C'est dans une zone où les eaux de surface restent froides presque toute l'année (forte exposition aux vents et aux courants) qu'a été observée cette belle ascidie coloniale orangée.
Carro, Côte Bleue (13), 6 m
10/06/2012
Rédacteur principal : Frédéric ANDRÉ
Vérificateur : Alain-Pierre SITTLER
Responsable régional : Frédéric ANDRÉ
Lafargue F., Laubier L., 1978, Anoplodelphys G. NOV., copépode notodelphyidae parasite de didemnidae (ascidies aplousobranches) en Méditerranée, Crustaceana (E.J. Brill, Leiden), 35 (3), 596-612.
Lafargue F., Wahl M., 1987, The didemnid ascidian fauna of France, Ann. Inst. océanogr., 63 (1), 1-46.