Tête rappelant celle des tortues
Robe crème à gros anneaux noirs à complètement noire
Grosses écailles
Petits fonds coralliens en zones calmes
Emydocéphale annelé, serpent marin annelé
Turtle headed sea snake, egg-eating sea snake (GB), Eierfressende See-Schlange (D)
Emydocephalus tuberculatus Krefft 1869
Aipysurus chelonicephalus Bavay 1869
Timor, Nouvelle-Guinée, Nord Australie, Nouvelle-Calédonie
Zones DORIS : ● Indo-PacifiqueL'émydocéphale annelé est très abondant sur toutes les côtes nord de l'Australie en incluant celles de la mer de Corail (Nouvelle-Guinée) et de la mer du Timor, sa limite est de distribution inclut la Nouvelle-Calédonie et les îles Loyauté.
Souvent rencontré en nombre, Emydocephalus annulatus fréquente les zones sablonneuses calmes, peu profondes (fonds de 0 à 15 mètres) et parsemées de petits massifs coralliens dans le lagon. Ce sont les secteurs où les petits poissons viennent pondre. Sauf pendant les phases respiratoires (remontée en surface de quelques secondes), ce serpent marin est le plus souvent très près du fond.
Ce serpent marin au dos foncé présente le plus souvent de larges bandes claires (beige ou crème) donnant un aspect annelé, mais ces anneaux ne sont pas systématiques, parfois la robe est entièrement noire (voir photos) et toutes les nuances intermédiaires sont possibles.
Sa taille moyenne va de 75 à 90 cm (105 maximum).
Sa lèvre supérieure est modifiée pour racler les pontes dont il se nourrit. Sa tête a une forme rappelant celle des tortues, d'où son nom. Le masque rostral (écailles du museau) permet de distinguer les deux sexes, celui du mâle est reconnaissable à la pointe conique qui prolonge sa mâchoire supérieure.
Les écailles sont grosses et imbriquées, au milieu du corps on en compte 15 à 17 en circonférence, et elles dessinent des zigzags à la jonction entre les zones noires et crème chez les individus annelés. Elles sont le plus souvent tachées de sombre sur la face dorsale et, à l'opposé, elles contribuent à la formation d'une carène longitudinale ventrale.
Emydocephalus ijimae Stejneger, 1898 est fort ressemblant, mais sa distribution est différente : elle englobe le sud-est asiatique du Japon aux Philippines, Chine et Taiwan compris. Sa taille est de 50 à 90 cm.
Contrairement à tous les autres serpents marins qui se nourrissent de petits ou gros poissons (le plus souvent anguilliformes, comme les murènes), Emydocephalus annulatus a la particularité de se nourrir exclusivement de pontes de poissons demoiselles, de blennies et de gobies.
Les poissons géniteurs et gardiens de ces pontes essayent très souvent en vain de repousser violemment, par des coups de tête ou en le mordant, ce serpent qui va minutieusement racler la zone de ponte avec sa lèvre supérieure pour décoller les œufs, puis il ira les avaler en pleine eau. Il peut rester en chasse pendant près de 30 minutes avant de revenir respirer en surface.
Les parades nuptiales peuvent être observées à la saison fraîche, le mâle est plus petit que la femelle. L'accouplement a lieu dans l'eau, sur le fond pour E. annulatus qui est une espèce plutôt craintive.
Les femelles produisent, en période de reproduction, un stimulus fort qui attire souvent plusieurs mâles.
Les femelles donnent naissances à des jeunes (2 à 5) parfaitement formés.
En Nouvelle-Calédonie, les femelles sont gestantes au début de la saison humide (décembre).
Ce serpent marin a la particularité de se nourrir exclusivement de ponte (œufs) de petits poissons, ce qui explique l'absence de dents sur ses mâchoires, c'est une caractéristique unique chez les serpents marins. Sans doute aussi lié à son mode de nutrition, son appareil venimeux est très atrophié, et son venin est très peu toxique. C'est le seul serpent marin considéré comme inoffensif.
En Nouvelle-Calédonie, les individus annelés sont plus fréquents aux îles Loyauté et dans l'extrême sud du lagon. Ailleurs, on observera souvent des individus à la robe entièrement noire (voir photo de Nouméa). Toujours en Nouvelle-Calédonie, où ils sont actifs toute l'année, on les rencontrera moins profond au début de l'hiver qu'à la fin du printemps. Pendant l'hiver, les mâles cessent de se nourrir, sans doute pour se consacrer à la cour des femelles qui, elles aussi réduisent, sans l'arrêter complètement, leur alimentation.
Le serpent marin à tête de tortue est principalement actif le jour, il se déplace lentement et inspecte chaque anfractuosité avec sa tête et détecte avec les cellules sensorielles de sa langue mobile les pontes.
La nuit, il se repose dans 1 à 2 m d'eau, ne bougeant que pour venir respirer en surface, à intervalles réguliers. Aucune prédation nocturne n'a été observée.
Ses apnées peuvent atteindre exceptionnellement une heure, et lorsqu'il vient expirer son air en surface, il émet un son audible.
Généralités sur les serpents marins :
Les serpents marins appartiennent tous à la famille des Elapidae (anciennement divisée en Hyhiinae et Laticaudinae). Ils ne sont présents que dans la partie tropicale et sub-tropicale des océans Indien et Pacifique et absents dans l'océan Atlantique. Une seule espèce n'est pas marine dans cette famille, il s'agit de Hyhis semperi qui n'est présent que dans un lac d'eau douce aux Philippines. Malgré tout, certaines espèces marines peuvent remonter les rivières, parfois sur plusieurs kilomètres.
Les représentants du genre Laticauda (tricots rayés) sont un peu à part, ce sont les seuls serpents marins amphibies. Ils passent un grande partie de leur vie sur la terre ferme où ils digèrent, se reposent, muent et pondent (ils sont ovipares*, contrairement à tous les autres serpents marins qui sont vivipares*). Les Laticauda spp. vont dans la mer pour se nourrir.
Tous les autres genres ont une vie totalement aquatique.
Ils sont actifs et présents toute l'année. La majorité possède une petite tête adaptée à leur mode de prédation dans les anfractuosités du corail.
Les serpents marins sont obligés de remonter à la surface pour respirer, ils sont tous munis de poumons. Leurs plongées se déroulent donc en apnée et vont de quelques minutes à plusieurs heures. Ils sont pour la plupart côtiers (lagons, récifs, pentes externes). Une seule espèce est pélagique et quasi circum mondiale, il s'agit de Pelamis platura qui est également le seul serpent marin à chasser en pleine eau.
Leur queue est aplatie verticalement pour leur permettre une nage plus efficace. Le corps est recouvert d'écailles.
Ils se nourrissent de poissons et de crustacés. Une exception, Emydocephalus annulatus, ne mange que des œufs de poissons. Tous venimeux, leurs venins peuvent être extrêmement toxiques. Toute manipulation par le plongeur est à proscrire.
Emydocephalus : du grec [emy -d] = tortue et de [cephal] = tête.
annulatus : du grec [annul] = cercle, anneau.
Serpent annelé à tête de tortue.
Numéro d'entrée WoRMS : 344036
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Classe | Reptilia | Reptiles | Groupe paraphylétique incluant les vertébrés tétrapodes "rampants" à la peau sèche et écailleuse : tortues, serpents, crocodiles et lézards. |
Ordre | Squamata | Squamates | Reptiles au corps allongé et munis d’une longue queue, revêtus d’écailles cornées : lézards et serpents. |
Sous-ordre | Serpentes | Ophidiens | Groupe des serpents. |
Famille | Elapidae | Elapidés | Serpents aquatiques. |
Genre | Emydocephalus | ||
Espèce | annulatus |
Spécimen annelé
Si de loin on pourra de prime abord confondre ce serpent avec un tricot rayé (Laticauda sp.), l'irrégularité des bandes sombres et claires, le corps plus massif, le déplacement lent et la forme de la tête permettra d'identifier facilement Emydocephalus annulus.
Nouvelle-Calédonie, Nouméa, 3 m
15/12/2007
Spécimen noir
Il n'est pas rare de voir ce serpent à tête de tortue arborer une robe entièrement noire comme ici.
Nouvelle calédonie, îlot canard, Nouméa, 2 m
04/2006
A la recherche de ponte, le jour
Taille : 80 cm.
Nouvelle calédonie, îlot canard, Nouméa, 2 m
04/2006
Mue entière
Les serpents marins muent relativement souvent (6 semaines), plus pour favoriser une bonne respiration cutanée que pour des raisons de croissance.
Nouvelle-Calédonie, Nouméa, 4 m
02/09/2005
Emydocephalus annulatus aux Philippines
Un publication récente (Rasmussen & Ineich, 2010) indique que cet individu des Philippines serait bien Emydocephalus annulatus.
Emydocephalus ijimae une autre espèce est très proche de E. annulatus mais dont la distribution est différente, n'existe que dans l'est Pacifique, du Japon aux Philippines. Ce serpent est absent de la Nouvelle-Calédonie. Très souvent ce serpent se tient sous un organisme ramifié : corail, alcyon...
Philippines, 20 m
24/04/2006
Emydocephalus ijimae ou annulatus ? deux espèces très proches
Noter les grosses écailles à la couleur quasi uniforme (claires ou foncées), ce qui crée des motifs en zigzag à la limite des anneaux.
Un publication récente (Rasmussen & Ineich, 2010) indique que cet individu des Philippines serait bien Emydocephalus annulatus.
Philippines
2008
Emydocephalus annulatus, Philippines
En nage active, le corps entier de ce serpent.
Un publication récente (Rasmussen & Ineich, 2010) indique que cet individu des Philippines serait bien Emydocephalus annulatus.
Philippines, 20 m
24/04/2006
Rédacteur principal : Frédéric ANDRÉ
Vérificateur : Cédric MITEL
Responsable régional : Michel PEAN
Gail R., Rageau J., Mai-Juin 1958, Introduction à l'étude des serpents marins (Ophidiens Hyhiidae) en Nouvelle-Calédonie, Bulletin de la Société de Pathologie exotique, extrait du tome 51, n°3, pages 448 à 459.
Greer, A.E. 2006. Encyclopedia of Australian Reptiles. Australian Museum Online, http://www.amonline.net.au/herpetology/research/pd..., Version date: 7 August 2006.
Rasmussen A.R., Ineich I., 2010, Species Diversity in the Genus Emydocephalus Krefft, 1869 (Serpentes, Elapidae, Hydrophiinae): Insight from Morphology and Anatomy, Herpetological Review , 41 (3)
La page d'Emydocephalus annulatus dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN