Nageoire dorsale en 3 parties
Corps jaune et tête noire chez le mâle en reproduction
Tons bruns chez la femelle et le mâle hors reproduction
Larges barres brunes le long du corps
Tache noire sur le pédoncule caudal des femelles et jeunes mâles
Triptérygion à bec jaune
Yellow blackfaced blenny (GB), Peperoncino giallo (I), Moma nariguda (E), Gelber Dreiflossen-Schleimfisch, Gelber Spitzkopf-Schleimfisch (D)
Tripterygion xanthosoma Zander & Heymer, 1970
Tripterygion delaisi delaisi Cadenat & Blache, 1970
Tripterygion delaisi xanthosoma Zander & Heymer, 1970
Tripterygion atlanticus Wheeler & Dunne, 1975
Méditerranée, Atlantique Est des îles Britanniques au nord du Sénégal
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Cette espèce se rencontre couramment dans toute la Méditerranée mais on pourra aussi la rencontrer en Manche et sur les côtes Atlantiques depuis les îles Britanniques jusqu'au nord du Sénégal, ainsi que le long des côtes des îles de Macaronésie composées des archipels des Açores, de Madère, des îles Canaries et des îles du Cap-Vert.
C'est une espèce benthique* qui vit sur les fonds rocheux peu éclairés, recouverts d'algues. On la rencontre le plus souvent entre 3 et 20 m mais elle peut être observée jusqu'à 40 m de profondeur. En Méditerranée, ce poisson fréquente les habitats obscurs (surplombs, entrée de grottes…). Au delà de 10-20 m, il se montre plus à découvert. Cela est peut-être dû à une compétition pour l'espace avec le triptérygion rouge (Tripterygion tripteronotum) qui vit dans les mêmes milieux, mais dans les zones éclairées plus proches de la surface. En Atlantique Nord, il semble préférer les zones découvertes bien éclairées.
Ce petit poisson a une taille de 8 à 9 cm maximum pour les mâles. Il possède un museau assez pointu et une nageoire dorsale en 3 parties. Les femelles et les mâles non territoriaux sont plus petits et portent la même livrée : brun clair, gris brun ou brun rouge, avec de larges barres verticales sombres sur le dos et quelques taches blanchâtres à la base des nageoires dorsales.La dernière des barres forme une tache foncée sur le pédoncule caudal. En période de reproduction le mâle a le corps jaune avec la tête noire. Le premier rayon des première et deuxième nageoires dorsales peut être allongé et bleuâtre au bout.
Un fin tentacule* se trouve au-dessus de l'œil.
Les femelles et les jeunes mâles peuvent être confondus avec ceux du triptérygion rouge, Tripterygion tripteronotum. Néanmoins, la femelle du Tripterygion delaisi possède une tache à la base de la queue. Par ailleurs, T. tripteronotum vit moins profond que T. delaisi et ne fréquente pas les côtes de l'Atlantique.
Cette espèce se nourrit de petits invertébrés vivant sur le fond, et en particulier de minuscules crustacés.
La période de reproduction commence au printemps vers mi mars, et dure 3 mois. A cette période les mâles sont territoriaux et arborent la couleur jaune d'or pour le corps et noire pour la tête. Chaque mâle défend un territoire d'environ 1 m². Une petite surface à l'intérieur de ce territoire, recouverte d'algues, est utilisée pour le nid. Par des parades sophistiquées et par sa couleur vive, le mâle y attire les femelles gravides. Les œufs y sont déposés, attachés un à un aux algues. Ils sont ensuite fécondés par le mâle au cours de mouvements de tremblements côte à côte avec la femelle.
La surveillance et les soins aux œufs sont prodigués par le mâle. Les larves* sont planctoniques*.
Les petits mâles sexuellement matures ne participent pas ou peu à la reproduction, contrairement aux mâles de l'espèce Tripterygion tripteronotum. Il semblerait que les mâles de T. delaisi deviendraient des mâles territoriaux à l'âge de 2 ans, soit sensiblement plus jeunes que ceux de T. tripteronotum.
Ce sont des animaux que les plongeurs rencontreront uniquement le jour. Ils sont faciles à approcher, et les mâles sont bien visibles en période de reproduction.
Le genre Tripterygion comprend trois espèces, toutes les trois présentes en Méditerranée où elles occupent des habitats différents tant en profondeur qu'en éclairement : T. delaisi vit entre 3 et 40 m, T. tripteronotum vit entre 0 et 6 m. et T. melanurus entre 0 et 18 m.T. delaisi préfère les endroits sombres, alors que les deux autres espèces préfèrent les petites grottes. Les trois espèces ont un comportement territorial pendant la reproduction, les mâles assurent les soins aux œufs benthiques*, et les larves* ont une phase planctonique de durée très similaire. Seul T. delaisi est présent en Atlantique et en Méditerranée. Cette spécificité a été à l'origine de nombreux travaux scientifiques afin de comprendre le processus ayant conduit à la spéciation* du genre Tripterygion.
Concernant T. delaisi, deux sous-espèces ont été identifiées dans les années 70 : T. d. delaisi en Méditerranée et T. d. xanthosoma en Atlantique. Cependant des travaux récents, s'appuyant sur des analyses moléculaires, ont montré qu'il existait bien deux sous-espèces (ou clades), mais que leur répartition est différente de celle précédemment annoncée. Les individus présents dans les îles de Macaronésie formeraient une sous-espèce différente des individus présents en Méditerranée et sur les côtes de l'Atlantique des îles Britanniques au Sénégal. Affaire à suivre ....
Le nom français est issu du nom scientifique. Jaune désigne la couleur du mâle en période de reproduction.
Tripterygion : du grec [tri-] = trois et [pterygion] = petite nageoire, petite aile. Le nom signifie poisson à trois nageoires (dorsales).
delaisi : dédié à Delais. Cadenat et Blache l'ont nommé ainsi afin de rendre hommage à M. M. Delais qui captura, à l'aide d'une sorte de petit trident, la presque totalité des spécimens qui ont été examinés lors de leur étude.
Numéro d'entrée WoRMS : 127090
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Super classe | Osteichthyes | Ostéichthyens | Vertébrés à squelette osseux. |
Classe | Actinopterygii | Actinoptérygiens | Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées. |
Sous-classe | Neopterygii Teleostei | Néoptérygiens Téléostéens | Poissons à arêtes osseuses, présence d’un opercule, écailles minces et imbriquées. |
Super ordre | Acanthopterygii | Acanthoptérygiens | Rayons épineux aux nageoires, écailles cycloïdes ou cténoïdes, présence d'une vessie gazeuse et pelviennes thoraciques ou jugulaires, sans être systématiquement présents, sont des caractères que l'on ne rencontre que chez les Acanthoptérygiens. |
Ordre | Perciformes | Perciformes | Nageoires pelviennes très rapprochées des nageoires pectorales. |
Sous-ordre | Blennioidei | Blennioïdes | |
Famille | Tripterygiidae | Triptérygiidés | |
Genre | Tripterygion | ||
Espèce | delaisi |
Mâle
Ce petit poisson possède un museau assez pointu et une nageoire dorsale en 3 parties. En période de reproduction le mâle a le corps jaune avec la tête noire. Le premier rayon des première et deuxième nageoires dorsales peut être allongé et bleuâtre au bout. Un fin tentacule se trouve au-dessus de l'œil.
Grisgione (2B), 30 m
03/05/2014
Un spécimen de Méditerranée
Ce mâle surveille son territoire d'une superficie d'environ 1 m².
La Seyne-sur-Mer (83), 15 m
16/05/2009
Couple breton
Un couple de triptérygions jaunes : le mâle crève la photo, les nageoires dorsales dressées et joliment bordées de bleu. La femelle est plus discrète.
Bizeux, St Malo (35), 18 m
14/05/2006
Prédation
Cette petite femelle vient de capturer une girelle juvénile. Apparemment, les petits vertébrés font partie du menu.
Cap d'Antibes, 06, 12 m environ
06/08/2017
Un spécimen des côtes bretonnes
Un triptérygion mâle dans les corynactis et les bryozoaires. On remarquera les cinq barres sombres sur le dos. Il se peut que sa transformation en mâle territorial soit récente.
Bizinanou, Baie de Morlaix (29), 21 m
21/05/2009
Femelle ou jeune mâle
Ce spécimen se cache dans son environnement en Bretagne sur une épave. La tache noire sur la queue permet de le reconnaître.
Aboukir, Carantec (29), 25 m
21/07/2006
Un juvénile
Caché dans les padines, un jeune Trypterygion delaisi. Les barres sombres sur le dos, ainsi que la tache noire sur le pédoncule caudal commencent à apparaître.
Galéria, Corse, 39 m
20/07/2010
Dans les algues
Ce spécimen est de couleur claire. C'est peut-être un jeune. Les deux petits tentacules au-dessus des yeux sont bien dressés.
Golfe Juan (06), 15 m
11/08/2009
Détail d'un mâle
On distingue bien le tentacule sur l'œil. Le liseré bleu n'est pas présent sur la seconde nageoire dorsale.
La Ciotat (13), 16 m
05/08/2007
En rade de Brest
Tripterygion delaisi vit sur les fonds rocheux recouverts d'algues. En Atlantique Nord, il semble préférer les zones découvertes bien éclairées.
Rade de Brest (29), 5 m
06/06/2009
Détail d'une femelle ou jeune mâle
Beaucoup plus discrète avec sa couleur brun roux. On distingue bien les tentacules oculaires.
St Raphaël (83), 10 m
06/2000
Encore une, pour le plaisir
Ce spécimen a de belles couleurs vives.
Galéria, Corse, 28 m
21/07/2010
Rapprochés
Ce couple de T. delaisi, ainsi rapprochés, semble en activité de reproduction.
Port Cros (83), Pointe de la Galère, 14 m
30/05/2009
Un dernier couple
Ces deux triptérygions sont certainement en train de frayer ou prêts à le faire.
Dinard (35), 23 m
10/07/2011
Rédacteur principal : Nathalie FUSS
Vérificateur : Anne CHARLET
Vérificateur : Bernadette PICHON
Responsable régional : Denis ADER
Responsable régional : Sylvie HUET
Cadenat J., Blache J., 1970, Description d'une espèce nouvelle, Tripterygion delaisi sp. nov., provenant de l'île de Gorée (Sénégal) (Pisces, Clinidae), Bulletin du Museum National d'Histoire Naturelle, 2ème série, 41, 1097-1105.
De Jonge J., Videler J.J., 1989, Differences between the reproductive biologies of Tripterygion tripteronotus and T. delaisi (Pisces, Perciformes, Tripterygiidae): the adaptive significance of an alternative mating strategy and a red instead of a yellow nuptial colour, Marine biology, 100, 431-437.
Domingues V.S., Almada V.C., Santos R.S., Briot A., Bernardi G., 2007, Phylogeography and evolution of the triplefin Tripterygion delaisi (Pisces, Blennioidei), Marine biology, 150, 509-519.
La page sur Tripterygion delaisi sur le site de référence de DORIS pour les poissons : FishBase
La page de Tripterygion delaisi dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN