Colonies en coussinets, en boules ou en fuseaux, fongueuses, souvent > 10 cm de diamètre
Tubes complètement soudés les uns aux autres
Zoïdes de 1 à 5 mm et aucun ne dépasse le niveau général
Lophophore en forme de fer à cheval, avec 50 à 70 tentacules ciliés
Grand nombre de statoblastes
Fungoid bryozoan (GB), Klumpen-Moostierchen, Klumpenmoostierchen (D)
Tubularia fungosa Pallas, 1768
Alcyonium fluviatile Bruguière, 1792
Alcyonella stagnorum Lamarck, 1816
Alcyonella fluviatilis Raspail 1828
Alcyonella fungosa Van Beneden, 1848
Alcyonella flabellum Van Beneden, 1848
Plumatella polymorpha var. fungosa Kraepelin, 1887
Plumatella repens var. fungosa Vangel, 1894
Amérique du Nord, Europe, nord de l'Asie
Zones DORIS : ● Eau douce d'Europe, ● Atlantique Nord-OuestP. fungosa est une espèce holarctique* (Amérique du Nord, Europe, nord de l'Asie).
En Europe, on la trouve du Royaume-Uni à l'Oural et du sud de la Finlande jusqu'en Italie (y compris Sardaigne).
Elle est signalée un peu partout en France, en Belgique, au Luxembourg, en Allemagne et en Suisse. C'est une espèce fréquemment présente.
De même, on la trouve un peu partout au Québec : lac Macdonald, lac Carruther, île Perrot, lac St-Louis, lac Hertel, parc d'Avignon.
Rencontré de la surface à plusieurs mètres de profondeur, ce bryozoaire dulcicole fongueux fréquente les lacs, les canaux et les eaux à courant lent et calme. Espèce sciaphile* modérée, elle sera observée sur les mêmes substrats* que les autres espèces de Plumatella sp., sur et sous les pierres, sur les branches d'arbres immergées et plus particulièrement sur les plantes aquatiques (potamots, nénuphars, ...).
Elle aime particulièrement les eaux eutrophes* (= richement chargées en éléments minéraux) et supporte assez bien la pollution.
Elle est présente dans les eaux douces du niveau de la mer jusqu'à une altitude de 2100 m.
Les Bryozoaires sont de minuscules animaux coloniaux dont les individus se présentent sous la forme d'une petite logette souple ou calcifiée appelé cystide* dans lequel se trouve le reste du corps (polypide*) qui comprend un grand estomac en U, une couronne de tentacules* appelée lophophore*, et un ganglion* nerveux cérébroïde*.
Les colonies (ou zoaria*) ont la forme de massifs, de coussinets intimement soudés au substrat*. Elles peuvent toutefois être gazonnantes, en croûte ou fusiformes. Elles peuvent dépasser un diamètre de 10 cm (exceptionnellement 30 cm) et présentent de très nombreux individus (les zoécies*) accolés dont les logettes s'ouvrent toutes au même niveau. Les colonies dont les polypes sont rétractés et les colonies mortes ont un aspect en rayons de miel en miniature.
Chaque individu, long de 1 à 5 mm, s'abrite dans un tube linéaire, à section irrégulière et sans carène*. L'enveloppe extérieure (ou ectocyste*) est chitinisée*, résistante, généralement opaque brunâtre ou grisâtre, devenant plus claire voire transparente au sommet du tube. Les tubes au centre de la colonie ne sont pas incrustés et sont soudés entre-eux de leur base jusqu'à leur apex*, alors que ceux de la périphérie présentent une légère incrustation. Les cloisons entre chaque individu (= septa*) sont irrégulièrement présentes et peuvent être visibles par transparence. Le lophophore* est typiquement en forme de fer à cheval et comporte de 50 à 70 tentacules* ciliés*.
Il y a un grand nombre d'éléments opaques et ovoïdes visibles au microscope par transparence : ce sont des bourgeons dormants appelés statoblastes* (voir § Reproduction).
Plumatella repens : tellement ressemblante lorsqu'elle se présente sous une forme massive que, pendant longtemps, les scientifiques se sont demandés s'il ne s'agissait pas de la même espèce ; la génétique et l'étude des flottoblastes sous le microscope électronique à balayage ont permis d'établir qu'il s'agissait bien d'une espèce proche mais distincte ; les branches de la colonie sont très ramifiées et rayonnent irrégulièrement autour d'un centre (lieu de départ de la colonie) ; les dernières ramifications de chaque branche peuvent être couchées ou légèrement dressées ; les logettes ne s'ouvrent pas toutes au même niveau, les flottoblastes sont moins grands et ont un anneau pneumatique lisse.
Plumatella emarginata : se présente parfois sous une forme compacte ressemblant alors à une colonie de P. fungosa ; se distingue par l'échancrure hyaline (= transparente comme du verre) de la partie antérieure des cystides et la forme des flottoblastes dont l'anneau recouvre davantage la capsule.
Plumatella casmiana : peut se présenter sous forme de colonies compactes rappelant un rayon de miel ; se distingue par ses flottoblastes plus petits et la présence d'un type spécial de flottoblastes (leptoblastes) presque transparents, pourvus d'un anneau pneumatique étroit et peu développé.
P. fungosa se nourrit de toutes les particules qui peuvent passer par l'ouverture de la bouche des polypides*, essentiellement du phytoplanction* et des bactéries. L'alimentation se fait aussi bien par filtration à l'aide des cils que par utilisation active des tentacules du lophophore.
Les colonies participent ainsi au filtrage de l'eau et au recyclage des nutriments.
Les bryozoaires se reproduisent par voie asexuée suivant deux modalités, et par voie sexuée.
P. fungosa a une reproduction principalement asexuée.
Elle peut se faire par accroissement de la colonie qui produit des nouveaux individus à partir de bourgeons d'accroissement.
Le deuxième mode est la production de statoblastes. Ce sont des organes de résistance qui se développent dans la partie basse de l'animal. Ces statoblastes sont fondamentalement de deux types : les flottoblastes* (statoblastes libres à anneau pneumatique entourant la capsule hébergeant le matériel germinatif) et les sessoblastes* (statoblastes fixés au substrat avec un anneau réduit à une lame chitineuse ne jouant pas le rôle de flotteur).
Les flottoblastes sont de forme ovale à arrondie, assez grands (environ 425 x 300 µm, et comportent un anneau étroit et une capsule bombée ventralement. Flottants, ils sont emportés par les courants mais également par les oiseaux aquatiques (attachés aux pattes ou dans l'intestin quand les colonies sont mangées) et probablement par les poissons.
Les sessoblastes, de couleur brun foncé, sont de forme ovalaire à arrondie (environ 500 x 400 µm) et comportent un anneau mince.
Les flottoblastes sont expulsés par le pore vestibulaire ou libérés après destruction du cystide ; les sessoblastes restent en place sur le substrat après destruction partielle ou totale de la colonie.
Quand les conditions environnementales redeviennent favorables, les enveloppes des statoblastes s'ouvrent et donnent naissance à un jeune zoïde : l'ancestrule*.
La reproduction sexuée a lieu au printemps. L'espèce est hermaphrodite* et vivipare. Chaque individu possède ovaire et testicule. L'œuf fécondé s'installe dans un bourgeon modifié en poche incubatrice. Il en sort une larve ciliée* et nageuse d'un millimètre de longueur sur un demi-millimètre de largeur. Cette larve est un zoïde primaire qui, lors de son installation sur le substrat*, se transforme en quelques minutes en zoïde.
Cette espèce peut servir d'hôte au parasite Buddenbrockia plumatellae qui appartient à la classe des myxozoaires (classe longtemps placée dans les protozoaires et qui est désormais classée dans l'embranchement des cnidaires).
P. fungosa arrive à se débarrasser des dépôts de vase. En effet, bien que le substrat environnant soit couvert de vase, la colonie est propre. Peut-être que la manière dont les zoécies sont groupées dans la colonie, favorise la création d'un courant d'eau qui maintient la colonie propre. Cependant, dans les situations où trop de vase se dépose sur la colonie, elle ne survit pas.
La colonie n'est pas non plus envahie par les algues ou les cyanobactéries. Cela pourrait-il indiquer une certaine forme de guerre chimique ?
Le système nerveux est rudimentaire et se réduit à un ganglion cérébroïde, situé à la base du lophophore, et à quelques fibres nerveuses qui en partent.
La respiration se fait par la peau, en particulier au niveau des tentacules.
Nom proposé par DORIS, traduction française du nom scientifique.
Plumatella : du latin [pluma] = duvet, plumule
fungosa : du latin [fungosus] = fongueux, spongieux.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Bryozoa / Ectoprocta | Bryozoaires / Ectoproctes | Petits animaux coloniaux filtreurs aquatiques fixés à un substrat. Tous les zoïdes sont en continuité physique et issus de bourgeonnement à partir d’un individu unique. Chaque zoïde porte un lophophore rétractile et est abrité dans une logette. |
Classe | Phylactolaemata | Phylactolèmes | Exclusivement en eau douce (sans vase excessive). Les zoïdes sont cylindriques et le lophophore est en forme de fer à cheval (sauf chez Fredericella). Les zoécies ne sont pas calcifiées et les zoïdes sont tous identiques. |
Ordre | Plumatellida | Plumatellides | |
Famille | Plumatellidae | Plumatellidés | Colonies cornées ou charnues, tubuleuses, constituant des zoaria de formes variables, mais surtout étalés et rameux, quelquefois dendroïdes ; ces zoécies sont soudées entre elles ou bien tout à fait libre les unes des autres, sauf à leur point d'origine. Vers la fin de leur vie on les rencontre ordinairement plus ou moins remplies de statoblastes dépourvus d'épines marginales; ces statoblastes sont libres et fixes, ou simplement libres. |
Genre | Plumatella | ||
Espèce | fungosa |
Colonie
Les colonies (ou zoarium) ont la forme de massifs, de coussinets intimement soudés au substrat. Elles peuvent toutefois être gazonnantes, en croûte ou en fuseau. Elles dépassent souvent un diamètre de 10 cm (exceptionnellement 30 cm) et présentent de très nombreux individus (les zoécies*) accolés dont les logettes s'ouvrent toutes au même niveau. Les colonies dont les polypes sont rétractés et les colonies mortes ont un aspect de rayons de miel en miniature.
Pays-Bas
N/A
Individus
Chaque individu, long de 1 à 5 mm, s'abrite dans un tube linéaire, à section irrégulière et sans carène*. L’enveloppe extérieure (ou ectocyste*) est chitinisée, résistante, généralement opaque brunâtre ou grisâtre, devenant plus claire voire transparente au sommet du tube. Les tubes au centre de la colonie ne sont pas incrustés et sont soudés entre-eux de leur base jusqu'à leur apex*, alors que ceux de la périphérie présentent une légère incrustation. Les cloisons entre chaque individu (= septa) sont irrégulièrement présentes et peuvent être visibles par transparence. Le lophophore* est typiquement en forme de fer à cheval et comporte de 50 à 70 tentacules ciliés.
Pays-Bas
N/A
Dessins anciens
Ces dessins sont issus de divers auteurs anciens (Borg, Kraepelin et Allman) et regroupés ici dans l'ouvrage de Marcel Prenant & Geneviève Bobin sur les Bryozoaires (Faune de France n° 60).
In Prenant M., 1956, Faune de France, Bryozoaires, fig. 66
Reproduction de documents anciens
1956
Rédacteur principal : Jean-Pierre COROLLA
Vérificateur : Frédéric ANDRÉ
Correcteur : Gaby GEIMER
Correcteur : Jos MASSARD
Responsable régional : Jean-Pierre COROLLA
Responsable régional : Michel KUPFER
Canning E., Curry A., Okamura B., 2008, Early development of the myxozoan Buddenbrockia plumatellae in the bryozoans Hyalinella punctata and Plumatella fungosa, with comments on taxonomy and systematics of the Myxozoa, Folia Parasitologica, 55, 241-255.
Geimer G., Massard J.A., 1987, Note sur les caractères distinctifs de Plumatella repens (Linné, 1758) et de Plumatella fungosa (Pallas, 1768) (Bryozoa, Phylactolaemata), Archives de l'Institut Grand-Ducal de Luxembourg, Sect. des sciences, N.S. 40, 41-46.
Massard A., Geimer G., 2008, Global diversity of bryozoans (Bryozoa or Ectoprocta) in freshwater: an update, Bulletin de la Société des naturalistes luxembourgeois, 109, 139-148.
Mundy S., Thorpe J., 1979, Biochemical genetics and taxonomy in Plumatella fungosa and P. repens (Bryozoa: Phylactolaemata), Freshwater Biology, 9(2), 157–164.
Ricciardi A., 1992, Taxonomy, distribution and ecology of the freshwater sponges (Porifera: Spongillidae) and bryozoans (Ectoprocta) of Eastern Canada, Department of Entomology McGill University Montreal, Quebec, 162p.
Rogick M., 1939, Studies on Fresh-Water Bryozoa VIII. Larvae of Hyalinella punctata (Hancock, 1850), Transactions of the American Microscopical Society, 58(2), 199-209.
Troyer J., Mildner P., 1987, Beitrag zur Kenntnis der Moostierchen (Tentaculata: Bryozoa) Kärntens, Carinthia II, 177(97), 131-144.
La page sur Plumatella fungosa dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN
La page sur Plumatella fungosa sur le site Nederlandse zoetwater bryozoën (mosdieren) - Dutch freshwater bryozoans (moss animals) : www.bryozoans.nl