Linuche

Linuche unguiculata | (Schwartz)

N° 219

Caraïbes, Indo-pacifique tropical et subtropical

Clé d'identification

Petite méduse en forme de dé à coudre
Ectoderme transparent moucheté de très nombreuses petites verrues
Endoderme et organes internes teintés de brun
Un sillon transversal apical qui divise l'ombrelle en deux parties
Ombrelle échancrée en 16 lobes (en forme de "baba au rhum")
8 petits tentacules et 8 rhopalies alternés à l'aisselle de chaque lobe
Nage active
En bancs parfois immenses

Noms

Autres noms communs français
Méduse dé à coudre
Cette méduse est aussi appelée "kea kea" aux Tuamotu
Noms communs internationaux
Thimble jellyfish, sea thimble, sea lice (GB), Fingerhutqualle, Däumchenqualle (D)
Synonymes du nom scientifique actuel
Linuche aquila Haeckel, 1880
Linuche draco (Haeckel, 1880)
Medusa unguiculata Schwartz, 1788
Linerges mercurius Haeckel, 1880
Liniscus ornithopterus Haeckel, 1880

Distribution géographique

Caraïbes, Indo-pacifique tropical et subtropical

Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ● Caraïbes

Il s'agit d'un espèce commune du Pacifique tropical et subtropical, et de l'Atlantique tropical.

Biotope

Cette méduse affectionne les eaux chaudes tropicales. On la trouvera juste sous la surface et dans les premiers mètres.

Description

Linuche unguiculata est une petite scyphoméduse de 1,7 cm de diamètre maximum pour une hauteur de 2,5 cm. Semblable à un dé à coudre, elle présente un ectoderme transparent moucheté de nombreuses et minuscules verrues et un endoderme teinté de brun. L'ombrelle est divisée en deux parties par un sillon transversal, caractéristique des scyphozoaires coronates. Ce sillon est peu profond et se situe au sommet de l'ombrelle. Seize échancrures divisent l'ombrelle en autant de lobes: cette méduse ressemble à un minuscule "baba au rhum". A l'aisselle de chaque lobe alternent huit petits tentacules et huit rhopalies*.
Ces méduses sont d'actives nageuses qui se contractent une à deux fois par seconde. Elles forment le plus souvent d'immenses bancs.

Espèces ressemblantes

Cette méduse caractéristique ne peut en principe être confondue avec une autre.

Alimentation

Les tentacules de cette méduse, garnis de cnidocytes, permettent de capturer le zooplancton environnant, essentiellement des petits crustacés comme les copépodes, mais aussi des larves de mollusques et des foraminifères. Les minuscules verrues qui parsèment l'ombrelle contiendraient également des cellules urticantes.
La symbiose avec les zooxanthelles procure à la méduse un apport supplémentaire en matière organique.

Reproduction - Multiplication

Les sexes sont séparés. Après émission des gamètes* dans l'eau par les méduses mâles et femelles, la fécondation donne une larve planula qui mène une vie pélagique pendant 3 à 4 semaines avant de tomber sur le fond et de se développer en une colonie de nombreux polypes non ramifiés. Ces polypes, très petits, vivent fixés aux rochers ou sur les coraux. Après strobilisation*, ils libèrent chacun de manière asexuée jusqu'à une quarantaine de minuscules éphyrules*.

La phase asexuée du cycle de reproduction de la linuche débute la nuit qui suit la troisième pleine lune chaque année et se poursuit jusqu'à la fin de l'été.

Vie associée

Les tissus des linuches sont presque systématiquement colonisés par des zooxanthelles, des algues unicellulaires, qui confèrent alors à la méduse une teinte brune. Cette association est symbiotique.

Divers biologie

La larve de cette méduse ainsi que la jeune méduse sont beaucoup plus urticantes que l'adulte. Le contact avec les tentacules provoque une éruption cutanée importante appelée "seabather's eruption", mot-à-mot l'éruption du baigneur. Elle se manifeste par une sensation de brûlure et l'apparition de cloques rouges accompagnées d'importantes démangeaisons qui peuvent persister une dizaine de jours. En anglais d'ailleurs, cette méduse est aussi appelée "sea lice" (poux de mer). Cette irritation reste bénigne. Toutefois la brûlure peut être très vive si la larve ou la jeune méduse est piégée sous un vêtement. Certains cas isolés font état de dermatites sévères et de lésions cutanées. Une baignade dans un nuage de linuches peut aller jusqu'à provoquer un choc anaphylactique chez les personnes les plus sensibles. Le contact avec la méduse peut aussi provoquer des maux de têtes, des nausées et des vomissements, ainsi que de la fièvre. Tous ces symptômes sont amplifiés chez les jeunes enfants.

Il n'existe aucun antivenin. Il ne faut surtout pas frotter ! Les capsules urticantes (cnidocystes), avant d'être retirées, doivent être désactivées en versant deux litres de vinaigre sur la partie du corps brûlée, pendant au moins 30 secondes. On peut ensuite rincer à l'eau de mer, et appliquer une crème antihistaminique.

Informations complémentaires

Ces méduses peuvent former des bancs de plusieurs centaines de milliers d'individus ! Ces bancs peuvent atteindre plusieurs mètres d'épaisseur, et s'étendre sur 300 kilomètres. La surface de la mer n'est alors plus visible par le plongeur ! Le nuage de linuches est tel que les rayons du soleil ne passent plus. Pour le plongeur, c'est la nuit en plein jour (voir les photographies) !

Origine des noms

Origine du nom français

Linuche : nom vernaculaire directement tiré du nom scientifique Linuche,
méduse "dé à coudre", à cause de sa taille et de sa forme.

Origine du nom scientifique

Linuche vient directement du grec et signifie "rétiaire", un type de gladiateur armé d'un glaive et d'un filet.

unguiculata
: du latin [unguis] = ongle, griffe. La linuche a la taille d'un ongle, d'une phalange, et sa forme en dé à coudre épouse celle d'un bout de doigt. D'où le nom vernaculaire allemand "Fingerhutqualle" qui signifie mot à mot "méduse chapeau sur le doigt".
Autre solution: la marge crenelée de l'ombrelle comprend 16 petits lobes incurvés en forme d'ongle. Chaque petit lobe associé à un tentacule évoque une petite griffe.

Classification

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Cnidaria Cnidaires

Organismes aquatiques (marins pour la plupart) libres ou fixés, carnivores, principalement à symétrie radiaire, caractérisés par des cellules urticantes : les cnidocytes. Deux morphologies principales : le polype et la méduse. La larve est une planula.

Sous-embranchement Medusozoa Médusozoaires Cnidaires présentant une phase méduse acraspède (le plus souvent libre et pélagique) dans leur cycle de reproduction. Scyphoméduses, cuboméduses et stauroméduses.
Classe Scyphozoa Scyphozoaires Méduses vraies (ou acraspèdes). Phase polype réduite à absente. Le plus souvent strobilisation du polype (de petite taille) pour produire des méduses pouvant atteindre une grande taille. Cavité gastrale cloisonnée en quatre.
Ordre Coronatae Coronates Scyphoméduses présentant un sillon coronal qui divise l'ombrelle en deux. La plupart en eau profonde.
Famille Linuchidae Linuchidés
Genre Linuche
Espèce unguiculata

Nos partenaires