Caractérisé par ses deux couleurs : noir et jaune
Queue jaune, marquée de taches noires plutôt verticales
Corps très comprimé latéralement
Espèce pélagique du large
Pélamide bicolore, serpent grenouille
Yellow-bellied sea snake, pelagic sea snake (GB), Serpente marino pancia-gialla (I), Serpiente-marina culebra-amarilla (E), Plättchen-Seeschlange (D)
Pelamis platurus (Linnaeus, 1766) synonyme sans doute plus fréquemment rencontré que le nom valide...
Pelamis bicolor Daudin, 1803
Hyhis (Pelamis) bicolor Fischer, 1856
Océans Indien et Pacifique
Zones DORIS : ● Indo-PacifiqueCette espèce est largement répandue dans les parties tropicales des océans Indien et Pacifique.
C'est le seul serpent marin qui peut être rencontré à l'est du Pacifique central, il est présent jusqu'aux côtes d'Amérique centrale.
Pelamis platura est véritablement une espèce pélagique des eaux tropicales : ce serpent se rencontre normalement entre les isothermes 18-20 °C nord et sud. Il peut arriver que des courants marins éloignent des individus hors de cette zone géographique, dans des eaux plus tempérées, mais alors ils ne sont plus dans leurs zones de nourrissage et de reproduction.
C'est le serpent marin qui a le mode de vie le plus pélagique de tous les serpents marins, il peut vivre toute sa vie très éloigné de toute côte ou de tout récif. Toutefois, de jeunes individus (moins de 23 cm) ont déjà été observés dans des mangroves, ce qui laisse à penser que certains peuvent vivre dans la zone intertidale*.
C'est probablement le seul reptile n'ayant jamais l'occasion de toucher un substrat dur : ni le rivage, ni le fond de la mer, il est par ailleurs le moins côtier des serpents marins puisqu'il peut se rencontrer souvent au-delà de la zone océanique recouvrant le plateau continental.
En plein océan, il peut y avoir de grands rassemblements de Pelamis platura vivant sous des "radeaux naturels" constitués de toutes sortes de débris que des courants marins convergents ont formés.
Ces rassemblements de débris de toutes sortes peuvent atteindre des dimensions considérables : dans le Pacifique Est, ils peuvent former des structures de plusieurs kilomètres de long sur 1 à 300 m de large.
On ne sait pas si les serpents rejoignent ces radeaux flottants activement ou s'ils sont transportés vers eux de manière passive.
Comme son nom l'indique, ce serpent est caractérisé par ses deux couleurs : noir et jaune. Noir ou brun foncé en partie dorsale, et jaune en partie ventrale et remontant assez haut latéralement. Des variations de teintes sont possibles selon les secteurs géographiques. Certains individus peuvent être presque entièrement jaunes, avec une bande noire étroite sur le dos. La queue est jaune, marquée de taches noires plus ou moins importantes s'étendant verticalement depuis le haut ou le bas du corps, et se terminant de manière arrondie.
Le corps, et la queue davantage encore, sont très comprimés latéralement.
La tête est triangulaire, allongée et aplatie, noire au-dessus et jaune en dessous, comme le reste du corps. Les narines sont en position supérieure.
Les plus grands individus peuvent atteindre 1,13 m mais les tailles maximales les plus fréquentes sont pour les mâles de 0,72 m et pour les femelles de 0,88 m. Un autre dimorphisme sexuel est présent et concerne le nombre des écailles des individus, mesuré en certains points significatifs. Il est plus important chez les femelles.
Les couleurs particulières de ce serpent devraient éviter toute confusion avec une autre espèce.
Le serpent marin noir et jaune ne se nourrit que de poissons, essentiellement de petite taille, et donc souvent des larves de poissons. En captivité il peut être nourri de poissons morts ou de morceaux de poissons, ainsi que de grenouilles...
Son mode de vie sous des radeaux flottants lui est très favorable dans la mesure où nombre de poissons sont attirés naturellement par ces structures, ils aiment à s'y réfugier dessous. (Cette particularité est d'ailleurs utilisée par des pêcheurs qui créent avec des câbles et des toiles des "DCP" - dispositifs de concentration de poissons - pour augmenter leurs chances de capture.)
Sous ces structures, on ne les a vu que se nourrir, aucune activité de reproduction n'y a été observée.
A lui seul, le corps du serpent reposant sous la surface a une action attractive sur des petits poissons !
Un brusque mouvement vers l'avant permet ensuite au serpent de capturer sa proie.
Toutefois, on ne sait pas si le repos sous la surface est une stratégie adaptative pour se nourrir ou s'il résulte d'une autre nécessité.
Sa queue ayant un motif coloré qui semble attractif pour certains poissons, il lui arrive de nager en marche arrière pour les capturer.
La saison de reproduction doit varier selon les régions. Sur les côtes du Queensland australien, des femelles gravides* ont été trouvées échouées entre le 25 mai et le 13 juin ; sur les plages proches de Sydney ce fut le cas en juin-juillet. Dans le Pacifique Est, c'est depuis novembre jusqu'en avril que des femelles sont trouvées gravides. Dans l'océan Indien, cette saison doit s'étendre de septembre à mai.
Il semble qu'une température d'au moins 20 °C soit nécessaire au comportement de reproduction.
Durant l'accouplement, la partie postérieure du corps de chaque serpent est enlacée à celle du partenaire.
D'après des observations en captivité, la gestation doit durer au moins cinq mois. Cette espèce est bien sûr vivipare*. A la naissance, les petits font une vingtaine de centimètres de long et sont capables de se nourrir dès leur premier jour.
Comme c'est le cas pour d'autres serpents, Pelamis platura peut avoir pour parasites internes des nématodes et des cestodes.
Bien qu'il ait un rythme de mues élevé, ce serpent peut servir de support pour des hydraires (Obelia longissima), des bryozoaires, des gastéropodes (Atlanta inclinata), des cirripèdes (Lepas anatifera, Conchoderma virgatum, Platylepas hexastylos) ou d'autres crustacés (crevettes, crabes...) et même a des ascidies (Ascidia ceratodes...). Comme il peut le faire pour muer (voir ci-dessous), il peut faire avec son corps des "noeuds" de manière à se débarrasser d'un organisme qui serait sur son tégument, une balane par exemple.
Ce sont des ondulations de tout le corps qui permettent la nage de ce serpent. Il est capable de se déplacer en marche avant ainsi qu'en marche arrière. Il est capable d'accélérations brutales pour atteindre 1 m par seconde pour plonger, fuir ou capturer sa nourriture. Il n'a jamais été vu nageant contre le courant, et, pour se déplacer rapidement, il lui arrive de sortir la tête hors de l'eau. A cause de la forme aplatie latéralement de son corps, il ne parvient pas à se déplacer correctement sur la terre ferme !
Il peut passer de longues périodes sous la surface, en totale inactivité.
La respiration cutanée, également présente chez les autres serpents marins, est particulièrement importante chez le serpent marin noir et jaune. Ce type de respiration lui permet d'effectuer de très longues apnées : des immersions de deux heures ont été observées en milieu naturel (un record de 3 h 33 mn a été observé à une occasion !). Cette respiration concerne surtout l'élimination du dioxyde de carbone, presque intégralement évacué à travers la peau. Pelamis platura ne possède qu'un seul poumon qui, rempli d'air, occupe près de 10 % du volume total du corps. Il est disposé tout en longueur, depuis l'avant jusqu'à l'arrière du corps. Sans respiration cutanée, ses apnées ne pourraient pas dépasser une durée de 20 mn !
Les serpents marins doivent d'ordinaire venir à terre afin de trouver des supports solides contre lesquels ils se frottent pour éliminer leur vielle peau, ce qui doit aider au processus de mue. Pelamis platura, serpent pélagique tout au long de sa vie, a développé une technique originale pour éviter de devoir venir à terre : il "fait des nœuds" ! Il effectue en effet des boucles avec les anneaux de son corps pour les frotter les uns aux autres en les entrelaçant ! On l'a déjà vu effectuer ce comportement pendant plusieurs heures de suite.
Certainement afin d'avoir un tégument en excellent état, la mue est très fréquente. En captivité, elle a lieu plus d'une fois par mois.
En captivité, la durée de vie maximale observée a été de 2 ans et 4 mois.
On ne connaît pas de prédateurs à ce serpent, bien que des études aient été menées à ce sujet.
Son activité est essentiellement diurne.
Le venin de ce serpent peut être fatal pour l'Homme. Si certains individus ne mordent pas lorsqu'ils sont saisis en main, d'autres le font très rapidement.
Des échouages (hors zones de vie habituelle parfois) ont été mis en relation avec des périodes de vents violents ou de tempêtes.
Le serpent marin noir et jaune est probablement l'un des reptiles, sinon le reptile, le plus abondant sur la planète.
Ce nom reprend l'allure de ce serpent marin qui possède un patron de couleurs original.
Pelamis vient du grec et signifie "thon". Ce terme pourrait être en référence avec le milieu de vie de ce serpent ou avec une proie présumée (à tort pour les thons adultes).
platura : du grec [platys] = plat et [oura] = queue, parce que sa queue est particulièrement aplatie.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Classe | Reptilia | Reptiles | Groupe paraphylétique incluant les vertébrés tétrapodes "rampants" à la peau sèche et écailleuse : tortues, serpents, crocodiles et lézards. |
Ordre | Squamata | Squamates | Reptiles au corps allongé et munis d’une longue queue, revêtus d’écailles cornées : lézards et serpents. |
Sous-ordre | Serpentes | Ophidiens | Groupe des serpents. |
Famille | Elapidae | Elapidés | Serpents aquatiques. |
Genre | Pelamis | ||
Espèce | platura |
Enlacés
Une photo aussi rare qu'intéressante représentant un accouplement de serpents noirs et jaunes.
Puerto-Escondido (Oaxaca), Mexique (côte Pacifique)
22/01/2012
Accouplement
Ces deux serpents sont, pour leur accouplement, très enlacés.
Puerto-Escondido (Oaxaca), Mexique (côte Pacifique)
22/01/2012
En nage active
Le flash en deuxième rideau donne un certain rendu au mouvement latéral du serpent ... au détriment du "piqué" du cliché !
Maldives, 3 m
15/04/1998
Crustacé parasite
Ivan INEICH, spécialiste des serpents marins au MNHN, a remarqué sur ce cliché la présence d'un crustacé parasite.
Puerto-Escondido (Oaxaca), Mexique (côte Pacifique)
22/01/2012
Depuis la surface
On imagine le plaisir d'un spécialiste de la mécanique des fluides à nous expliquer la genèse des ondes créées par la nage du serpent et visibles en surface...
Puerto-Escondido (Oaxaca), Mexique (côte Pacifique)
22/01/2012
Rédacteur principal : Vincent MARAN
Vérificateur : Cédric MITEL
Vérificateur : Frédéric ANDRÉ
Responsable régional : Frédéric ZIEMSKI
Responsable régional : Vincent MARAN
Greer A.E., 2006, Encyclopedia of Australian Reptiles. Australian Museum Online, http://www.amonline.net.au/herpetology/research/pdf/hyhiidae.pdf, Version date : 7 August 2006.
Pfaller J.B., Frick M.G., Brischoux F., Sheehy C. M., Lillywhite H.B., 2012, Marine Snake Epibiosis: A Review and First Report of Decapods Associated with Pelamis platurus, Integrative and Comparative Biology, 1–15