Corps discoïde de taille importante (50 à 300 cm)
Nageoires dorsale et anale, de bonne taille, triangulaires, reculées et opposées
Absence de queue, remplacée par une simple frange
Occurrence surface
Pélagique du grand large (rarement près des côtes)
Môle commune, môle
Sunfish, ocean sunfish, headfish, moonfish (GB), Pesce luna (I), Mola, pez luna (E), Mondfisch, Schwimmender kopf (D), Maanvis, Klompvis (NL), Peixe lua (P)
Tetraodon mola
Orthagoriscus mola
Cosmopolite des mers tropicales à tempérées
Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ● Caraïbes, ● Atlantique Nord-Ouest, ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]La môle est présente dans toutes les mers tropicales, subtropicales et tempérées.
Pour l'Europe, elle est présente en Méditerranée, ainsi qu'en Atlantique jusqu'à la Scandinavie où le Gulf Stream la ramène parfois.
Dans l'Atlantique Ouest, les observations vont du Canada (Newfoundland), au golfe du Saint-Laurent en été à l'Argentine.
Dans le Pacifique, elle est aussi rencontrée en Asie, Australie et Amérique (mais aucune observation connue en Nouvelle-Calédonie).
Son peuplement en faible densité n'empêche pas certains rassemblements dans certaines zones bien précises, par exemple en hiver au large des côtes catalanes (falaises d'Escala).
Tout pélagique qu’il soit, on peut l’observer près des côtes sous l’eau, vertical en nage lente, la nageoire dorsale émergée près de la surface tel un aileron de requin, ou couché sur le flanc affleurant la surface se laissant porter par les courants. Il est généralement admis qu’il reconstitue alors ses réserves thermiques en se faisant « dorer au soleil » ce qui lui vaut le nom de sunfish dans les pays anglo-saxons. Il peut sonder jusqu'à plus de 400 m de fond (filmé à 480 m en 2005).
Le poisson-lune est le plus grand représentant des poissons osseux, même si son squelette est incomplètement calcifié, il peut atteindre 3 m de longueur pour quelques tonnes. Il est généralement plus petit (55 à 100 cm) et c’est par sa silhouette particulière qu’on remarquera ce singulier poisson.
Ce poisson de corps quasi circulaire, comprimé latéralement forme un disque ovoïde caractéristique. Très apparentes, les deux nageoires dorsale et anale, triangulaires, reculées et opposées (placées en vis-à-vis du disque corporel), lui servent de rames verticales synchrones. On compte de quinze à dix-huit rayons mous dorsaux et de quatorze à dix-sept rayons mous pour la nageoire anale. Le corps est plus allongé chez les jeunes adultes où la longueur fait environ 1,5 fois la hauteur, le corps ne devient quasi circulaire que chez les individus âgés.
A tous âges, la hauteur, nageoires dorsale et anale comprises, est supérieure à la longueur chez ce poisson-lune.
Une frange fait office de nageoire caudale. Chez Mola mola on peut noter l’absence de cellules de Mauthner (au niveau du nerf crânien VII) dont l’activité joue un rôle important dans la locomotion. Sa région caudale réduite lui confère une nage lente, même s'il est capable de démarrage soudain grâce à une grande amplitude de courbure corporelle. Les nageoires pectorales sont petites, rondes et peu visibles sous l’eau et les pelviennes absentes ce qui lui vaut parfois la qualification de apode.
Les ouvertures branchiales petites, en pores, sont situées en avant de la base des nageoires pectorales.
Le Mola mola appartient à l’ordre des tétraodontiformes car ses dents et les mâchoires sont soudées en un bec formé de deux lames dentaires. Plus en arrière dans la gorge il possède des arcs de dents griffues sur plusieurs rangées. Sa bouche est de petite taille et peu fendue.
En ce qui concerne les téguments, les Molidés ne possèdent, en apparence, pas d’écailles (elles existent, mais sont très petites et non imbriquées). Le derme est épais, rugueux, parsemé de petits tubercules et recouvert d’un mucus abondant. Sa coloration est dans les tons gris bleuté, et gris-blanc ou marron clair plus ou moins marbré, les nageoires plus foncées, le ventre plus clair. Il présente parfois des taches claires.
Il ne possède pas de vessie natatoire malgré des déplacements en profondeur importants.
On ne connaît que trois (quatre avec le rarissime Mola alexandrini (Ranzani, 1839) espèces de molidés dans le monde, dont deux sont présentes en Méditerranée (Mola mola et Ranzania laevis) :
- Ranzania laevis : beaucoup plus petit (taille 80 cm), corps plus allongé (deux fois plus long que haut), caudale jaune, peau assez lisse et lignes argentées sur la tête. Espèce souvent grégaire présente en Méditerranée et en Atlantique tropical jusqu'aux îles Britanniques.
- Masturus lanceolatus : semblable au poisson-lune commun, ce proche cousin taché de gros points argentés en diffère par une pointe au centre de la queue tronquée et sa distribution est limitée à l'Atlantique tropical jusqu'aux Açores et Madère.
- Mola alexandrini (anciennement M. ramsayi) : semblable au poisson-lune commun (3 m maximum), distribution incertaine, probablement présent dans les eaux tempérées et tropicales de l'hémisphère sud. Très rare.
La nourriture du Mola mola est variée et témoigne de sa présence aussi bien en surface que dans les eaux profondes. Ses proies les plus communes sont les méduses, les cténophores, les salpes, les calmars, les crustacés, les éponges et le zooplancton essentiellement constitué de larves, ainsi que de petits poissons : la taille de sa bouche étant petite comparée à celle de son corps. Un grand nombre de larves d'anguilles est souvent présent dans son estomac.
C’est l’une des espèces les plus fécondes des Téléostéens, la femelle pond 300 millions d’ovocytes chaque année pour un peuplement de faible densité. Leur nombre est en raison inverse de leur taille puisque les œufs n’ont un diamètre que de 0,2 mm.
Les larves se développent en deux phases : d’une forme commune, elles perdent brusquement leur région caudale et se couvrent de fortes épines qui servent à la fois à les soutenir et les protéger. Après quelques temps de vie pélagique, les épines tombent et le bourrelet caudal ou frange se reforme. Le petit poisson lune est alors semblable à l’adulte mais ne mesure que 2 cm.
Les jeunes adultes se regroupent souvent en larges bancs puis deviennent solitaires avec l'âge.
L’épais derme de Mola mola est recouvert d’un mucus abondant et abrite une quantité importante de parasites. Aussi bien internes qu’externes, un seul poisson peut abriter une quarantaine d’espèces de parasites. Il semblerait que les plongées à grandes profondeurs (jusqu'à plus de 400 m) qu’il effectue lui permettent de se débarrasser d’une partie de ses hôtes. Il est aussi aidé en cela par des petits poissons (en particulier la girelle commune, le crénilabre à queue noire, les sars, ...) qui se nourrissent de ses parasites et peuvent aussi nettoyer ses plaies et le débarrasser de ses peaux mortes. Pour accéder à ces stations de nettoyage, ce poisson du grand large vient donc occasionnellement à la côte.
Mola mola est inoffensif et connaît peu de prédateurs. Les juvéniles sont des proies faciles pour les requins et les lions de mer (ces derniers peuvent pratiquer l'ablation de la nageoire dorsale pour conserver une proie vivante à portée de dents).
Son approche en plongée n'est pas facile, il s'éloigne dès que l'on s'en approche, sauf dans de rares cas, où, on ne sait pas pourquoi (phase de déparasitage?), il se laisse accompagner quelques minutes. On aura la chance de le rencontrer en plongée principalement dans la zone des 30/40 mètres près de gros reliefs isolés au large : épaves (ex. : Donator à Porquerolles), tombants ou secs éloignés de la côte. Mais c'est du bateau de plongée et en scrutant la surface que vous aurez le plus de chance de l'observer.
Nageoire dorsale avec quinze à dix-huit rayons mous, anale avec quatorze à dix-sept rayons mous.
En Asie ce poisson essentiellement aqueux est une délicatesse. A Taiwan, le prix d’un unique Mola mola peut atteindre 600 $.
En Europe il n'est commercialisé (frais) qu'à Chypre et rejeté partout ailleurs.
Poisson-lune : sa forme ronde suggère celle de la pleine lune.
Môle : nom féminin, autre nom commun du poisson-lune, du grec [mola] = meule.
Mola : du grec [mola] = meule de moulin.
Numéro d'entrée WoRMS : 127405
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Super classe | Osteichthyes | Ostéichthyens | Vertébrés à squelette osseux. |
Classe | Actinopterygii | Actinoptérygiens | Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées. |
Sous-classe | Neopterygii Teleostei | Néoptérygiens Téléostéens | Poissons à arêtes osseuses, présence d’un opercule, écailles minces et imbriquées. |
Super ordre | Acanthopterygii | Acanthoptérygiens | Rayons épineux aux nageoires, écailles cycloïdes ou cténoïdes, présence d'une vessie gazeuse et pelviennes thoraciques ou jugulaires, sans être systématiquement présents, sont des caractères que l'on ne rencontre que chez les Acanthoptérygiens. |
Ordre | Tetraodontiformes | Tétraodontiformes | Groupe hétérogène mais absence d'écailles imbriquées, ouvertures branchiales réduites, bouche très peu fendue, pelviennes anormales ou absentes. |
Sous-ordre | Tetraodontoidei | Tétraodontoïdes | Mâchoires et dents transformées en "bec de perroquet". |
Famille | Molidae | Molidés | Pédoncule caudal inexistant, caudale atrophiée et réduite à une frange, surface ventrale du corps non extensible. |
Genre | Mola | ||
Espèce | mola |
Un étrange profil
Des nageoires bien curieuses : deux rames opposées et verticales, une frange à l’arrière du corps à la place de la queue, deux petites pectorales arrondies et une toute petite bouche !
Epave du P38, La Ciotat (13), 38 m
16/07/2004
Station de nettoyage
Le poisson-lune à besoin de se faire régulièrement déparasiter. Sa position verticale indique qu'il est arrêté à une station de nettoyage où, ici, ce sont des crénilabres à queue noire, Centrolabrus melanocercus (non visibles sur cette photo), qui se chargent de débarrasser le mastodonte de ses nombreux parasites.
Taille : 50-60 cm de long et 40-50 cm de haut sans les nageoires.
Les Moyades, îles de Marseille (13), 40 m
15/08/2007
Jeune adulte proche de la surface
Bizarrement, le poisson-lune se laisse parfois approcher pendant quelques minutes, quand il est rencontré en surface, avant de sonder vers le fond. Taille estimée : 60 cm de long.
Escala, Costa Brava (Espagne), pleine mer en surface
17/07/2006
Une môle coursée par deux sars
Admirez l'aspect discoïdal du Mola mola. On a déjà vu des sars nettoyer le Mola mola, animal souvent fort parasité.
Grand tombant du large à Carro, Côte Bleue (13), 33 m
03/09/2005
Juste sous la surface
Seul l'aileron dépasse de l'eau, le spectacle est sous la surface avec ce très beau jeu de reflets par temps calme.
Marseille (13)
07/03/2005
Aileron en vue
Nous connaissons tous ceux qui ont cru au requin...
Méditerranée
2000?
Môle à la dérive
Couchée sur le côté en surface, la môle se laisse dériver au gré des courants. Ce comportement est fréquent, est-ce pour se réchauffer ?
Carapègue, Marseille (13), en surface
07/07/2004
Bretagne sud, en surface
Ce petit poisson lune de 45 centimètre de long a été observé en surface entre l'île de Groix et Lorient.
Ile de Groix (56), en surface
22/08/2011
Individu breton
Voici le même poisson lune que celui de la photo précédente en vue sous marine.
Ile de Groix (56), sous la surface
22/08/2011
De face
Noter la petite bouche du poisson-lune.
Taille : 60 cm de long.
Escala, Costa Brava (Espagne), pleine mer en surface
17/07/2006
De dos
Ce poisson indolent est mauvais nageur.
Les Moyades, îles de Marseille (13), 40 m
15/08/2007
Plus haut que long
La hauteur, nageoires dorsale et anale comprises, est supérieure à la longueur chez le poisson-lune.
Taille : 60 cm de long sur 90 cm de haut (nageoires comprises).
Escala, Costa Brava (Espagne), pleine mer en surface
17/07/2006
La tête
Petite bouche, œil bien mobile, ouverture branchiale petite et en avant de la pectorale arrondie caractérisent l'avant du corps du poisson-lune.
Le haut du corps est plus foncé que le reste.
Escala, Costa Brava (Espagne), pleine mer en surface
17/07/2006
Recherche de nourriture
Ce Mola parcourt la surface à la recherche de nourriture (voir photo suivante).
Large de l'île de Porquerolles
29/05/2011
Repas
Le poisson-lune affectionne tout particulièrement les cnidaires de surface : méduses, physalies, porpites et, comme ici, les vélelles.
Large de l'île de Porquerolles
29/05/2011
Triste spectacle malheureusement fréquent
Il y avait, ce jour là à la Pierre du levant, 4 Mola mola vivants qui se pavanaient à proximité d'un filet sur lequel il y avait 3 autres Mola mola morts. Ce spectacle est malheureusement très courant.
La Ciotat, Pierre du Levant, 50 m
06/06/2010
Squelette osseux
Le poisson-lune est le plus gros représentant des poissons osseux, même si son squelette est incomplètement calcifié ; il peut atteindre 3 m de longueur pour quelques tonnes. Voici la preuve en image ! Le plus long poisson osseux semble être Makaira nigricans, le marlin bleu, qui peut atteindre 5 m pour 820 kg.
M.H.N. de Vienne (Autriche), collection publique
10/2005
Gravure ancienne
Cette magnifique illustration est tirée du tome 4 (Naturgeschichte Ausländischer Fische I, 1786), de l'Histoire Naturelle des Poissons (Allgemeine Naturgeschichte der Fische) de Marcus Élieser Bloch.
Image provenant de la Biodiversity Heritage Library.
N/A
Reproduction de documents anciens
1786
Vidéo : Mola mola infecté par Pennella sp. au nettoyage chez Coris julis
Un poisson-lune arrive à une station de nettoyage où il est rejoint par des girelles (Coris julis), qui commencent rapidement à le nettoyer.
On peut remarquer plusieurs pennelles sur la face ventrale du poisson-lune.
Prise de vue réalisée conjointement avec Odile MAROT.
La Gabinière ouest (83), 40 m
08/07/2017
Déparasitage par un oiseau
Une photo très intéressante prise sur nos côtes : le déparasitage d'un poisson-lune par un goéland argenté (Larus argentatus). Dans le même secteur, plusieurs poissons-lunes étaient déparasités par des goélands argentés. Au moins 5 poissons-lunes différents ont ainsi été observés, chacun se faisant nettoyer par plusieurs goélands.
Saint-Jean-de-Luz (64)
05/09/2015
Un bond spectaculaire !
Après la séance de déparasitage par des oiseaux illustrée par la photo précédente, un des poissons-lunes a jailli hors de l'eau. Ce phénomène s'observe rarement et il est interprété comme un complément d'action de déparasitage.
Saint-Jean-de-Luz (64), surface
05/09/2015
Rédacteur principal : Priscille FROISSART
Vérificateur : Michel PEAN
Vérificateur : Frédéric ANDRÉ
Responsable régional : Michel PEAN
La page sur Mola mola sur le site de référence de DORIS pour les poissons : FishBase
Le site en anglais dédié aux "sunfishes" (recherche, marquage, liens, etc.) : oceansunfish.org