Capitulum constitué de 5 plaques striées
Plaque blanche bordée d'orangé en ventral
Plaque à stries radiales et arcs de croissance
Pédoncule rétractile, lisse, court et orange foncé
6 paires de cirres doubles (= 24), courbes et pointus
Anatife strié (dans la littérature, ce nom correspond à plusieurs espèces)
Goose barnacle, goose-neck barnacle (GB), Lepade oca (I), Gekielde eendemossel (NL)
Lepas anserifera Linnaeus, 1767
Cosmopolite (hors mers polaires)
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ○ [Méditerranée française], ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge], ● CaraïbesCette espèce de haute mer, épipélagique*, est présente dans toutes les mers à l'exception des mers polaires.
Les anatifes nonnettes se fixent sur des supports solides flottant à la surface de l'eau, comme du bois, mais aussi sur des coques de bateau, des bouées, toutes sortes de déchets flottants et encore sur des tortues marines. On dit que cette espèce est sessile*.
Des concentrations de milliers d'individus sont rapportés sur de gros objets flottants.
Ce cirripède pédonculé* est composé d'une carapace* constituée de 5 plaques calcaires striées, fines et plates, blanches bordées de jaune-brunâtre au niveau de l'ouverture ventrale, qui abrite le corps de l'animal. La partie protégée par ces plaques, nommée capitulum*, peut mesurer jusqu'à 4 cm de longueur et est très comprimée. Les valves sont jointives entre elles, sans tissu mou visible lorsque l'anatife est contracté.
Chacune des plaques scutales* et tergales* est relativement large à la base, marquées par un maillage de stries radiales et de cannelures de croissance en arcs concentriques. Les plaques supérieures (tergum*) sont trapézoïdales, plus striées que les inférieures (scutum*), quadrangulaires. Le bord occluseur du scutum est arqué et protubérant ; son bord libre est très saillant en avant. Le scutum droit porte une forte dent alors qu'il ne s'agit que d'une arête interne sur le scutum gauche (caractère non visible sans dissection). La carène*, soit la cinquième plaque en position dorsale (opposée à l'ouverture par où sortent les cirres*), est relativement large, souvent courbe et terminée en fourche à sa base.
Le corps lui-même est composé d'une tête, avec une sorte de bouche, labre* à 5 dents, d'un thorax, portant les maxillipèdes* et les cirres, et d'un abdomen atrophié. Il comprend encore un pédoncule* rétractile, lisse, pouvant atteindre 4 cm de longueur. Celui-ci est marron orangé chez les adultes, avec un cercle plus clair juste sous le capitulum, et translucide chez les jeunes. Il peut être entièrement caché dans le capitulum. Une glande spéciale sécrète une substance permettant au pied* d'adhérer à un support.
Par l'entrebâillement ventral du capitulum, situé entre les quatre plaques scutales et tergales, s'extirpent 24 cirres (12 paires d'appendices : 6 paires de chaque côté, chacun se dédoublant en deux cirres) foncés, robustes et rétractables, qui filtrent l'eau environnante en quête de nourriture et d'oxygène. Ils s'agitent comme des fouets et portent des soies. Il sont courbés et pointus.
Il existe plusieurs centaines d'espèces de cirripèdes pédonculés. Un examen simple ne permet pas toujours de discerner ces espèces et une dissection peut être nécessaire pour valider une identification. Néanmoins certaines espèces plus caractéristiques sont identifiables, avec un faible risque d'erreur, sur photo ou en plongée. Parmi les cirripèdes du même genre et armés de grandes plaques :
- Les plaques de Lepas anatifera, l'espèce la plus commune, sont lisses, de forme oblongue et donc moins trapues, bordées d'une ligne rouge sombre. Le pédoncule est violacé à noir, d'une longueur de 4 à 8 cm. Les tentacules sont noirs eux-aussi.
- Les plaques de Lepas pectinata sont beaucoup plus petites (capitulum de 1,5 cm). Les stries radiales sont profondes, les cirres souvent plus clairs. On les trouve fréquemment fixés sur des sargasses. Ces deux espèces, L. pectinata et L. anserifera, d’aspect très ressemblant, sont souvent difficiles à distinguer, sachant que chez les deux espèces des formes avec ou sans stries et denticules* marqués sur la carène coexistent.
Ces animaux se nourrissent de zooplancton* qu'ils capturent en ratissant l'eau environnante au moyen de leurs cirres déployés en mouvement. Leurs proies sont constituées de particules organiques en suspension, de toutes sortes de petits crustacés, ainsi que d'œufs et de larves* diverses. Ces cirres permettent également aux anatifes de respirer.
C'est grâce au cycle de reproduction, et notamment grâce à l'étude des larves, que l'on a pu rapprocher les anatifes des crustacés.
Ils sont hermaphrodites* et produisent les deux types de gamètes*. Au moment de la reproduction se développe un pénis qui permet à l'animal d'émettre son sperme. La fécondation est croisée et interne. Les œufs sont alors incubés dans la carapace. Au moment de l'éclosion, les larves se transforment en nauplius* et sont libérées. Les nauplius mènent une vie pélagique* et se transforment en larves cypris*, caractéristiques des crustacés cirripèdes, qui développent une carapace bivalve ainsi que des cirres. Ces larves finissent par se fixer à un substrat flottant, grâce à leurs antennules*. La partie du corps située juste derrière ces antennules va ensuite s'allonger et former un pédoncule.
On peut retrouver des anatifes nonnettes fixés sur des tortues marines ou des baleines.
D'autre part, on les rencontre souvent en compagnie de la balane Tetraclita radiata.
Les plaques de la forme fossile Lepas orbignyi sont très semblables à celles de Lepas anserifera.
Selon la croyance, au Moyen-âge, à cause de la forme du capitulum qui évoque un bec de canard, on pensait que les anatifes donnaient naissance à certains oiseaux comme les bernaches et les canards ! Il existe même des gravures anciennes qui montrent les anatifes en train d'engendrer des oies. Celles-ci sont fixées en grappe par le bec sur un support. Au bout du long cou (le pédoncule), se trouve le corps blanc avec les ailes repliées, et puis on voit ces oiseaux se détacher du support et s'envoler. Au XIIe siècle, les règles de religion autorisaient donc de manger ces oiseaux pendant le carême car cela n'était pas considéré comme de la viande.
Les anatifes sont comestibles mais rarement consommés, contrairement aux pouce-pieds.
Le terme anatife est directement dérivé du nom latin d'espèce anatifera, donné à l'espèce proche, plus répandue : Lepas anatifera ;
nonnette : le capitulum ressemble à une coiffe de nonne. C'est une proposition du site DORIS, par analogie avec la tête de la bernache nonnette.
Lepas : du grec [lepas] = rocher : bon nombre de crustacés cirripèdes comme les balanes vivent fixés aux rochers ;
anserifera : du latin [anser] = oie et du latin [ferre] = porter : jadis on pensait que les anatifes donnaient naissance aux oies Branta leucopsis, ou bernache nonnette, que l'on n'avait jamais vu pondre, ni couver.
Numéro d'entrée WoRMS : 733347
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Arthropoda | Arthropodes | Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette. |
Sous-embranchement | Crustacea | Crustacés | Arthropodes à exosquelette chitineux, souvent imprégné de carbonate de calcium, ayant deux paires d'antennes. |
Classe | Maxillopoda | Maxillopodes | Absence d'appendices abdominaux. 6 segments thoraciques maximum, 4 segments abdominaux maximum. Carapace réduite. |
Sous-classe | Thecostraca Cirripedia | Thécostracés Cirripèdes | Les Cirripèdes sont des crustacés marins, présentant des stades larvaires (larve nauplius à cornes fronto-latérales ; larve cypris bivalve) et un stade adulte pendant lequel ils vivent soit fixés de façon permanente à un substrat, soit adpatés à la vie parasitaire. Leurs paires d'appendices thoraciques biramés sont nommées cirres. |
Super ordre | Thoracica | Thoraciques | Cirripèdes fixés au stade adulte, ayant 6 paires d’appendices thoraciques biramés à l'origine de 24 cirres.. |
Ordre | Lepadiformes (ex Pedunculata) | Lépadiformes (ex Pédonculés) | Cirripèdes possédant un capitulum plus ou moins globuleux et un pédoncule par lequel ils sont fixés à un support. |
Sous-ordre | Lepadomorpha | Lépadomorphes | |
Famille | Lepadidae | Lépadidés | |
Genre | Lepas (Anatifa) | ||
Espèce | anserifera |
Laisse de mer, forme à carène denticulée
Belle enfilade fixée à de la pierre ponce échouée sur la plage, en compagnie d'un bryozoaire encroûtant.
Le capitulum est protégé par 5 plaques calcaires à stries radiales, fines et plates, blanches bordées de jaune-brunâtre vers l'ouverture ventrale. Cette carapace peut mesurer jusqu'à 4 cm de longueur et est très comprimée.
Poindimié, Nouvelle-Calédonie, laisse de mer
22/11/2013
Echoués
Chaque plaque est relativement large à la base, marquée par un maillage de stries radiales et de cannelures de croissance en arcs concentriques. Les plaques supérieures sont trapézoïdales, plus striées que les inférieures, quadrangulaires. Le bord libre de celles-ci est très saillant en avant.
La Réunion (974)
12/04/2014
Détail du pédoncule
Les anatifes sont fixés à un support par un pédoncule rétractile, lisse, pouvant atteindre 4 cm de longueur. Celui-ci est orange foncé chez les adultes.
La Réunion (974)
12/04/2014
Forme à plaques lisses
Les stries sont peu prononcées et la carène sans denticule sur ce spécimen.
Laisse de mer sur un plage, Mayotte, canal du Mozambique
08/05/2012
Sur un roseau en Méditerranée
Forme lisse. Identification toujours difficile sur simple photo.
Laisse de mer, Le Levant, Port Cros (83)
05/2013
Anatomie externe
Vue par sa face gauche.
Dessin ancien modifié
Reproduction de documents anciens
N/A
Détails de l'anatomie interne d'un anatife
Cette planche montre une espèce (Anatifa laevis, Lamarck). Il doit s'agir du classique Lepas anatifera.
Extrait du Dictionnaire Universel d'Histoire Naturelle de Charles d'Orbigny (1806 - 1876). Atlas de zoologie, Tome 2, Reptiles et poissons, Paris.
Reproduction de documents anciens
1861
Planche comparative
Planche 44.
Extrait de Annual report of the New Jersey State Museum, 1911, Smithsonian Institution Libraries.
Cette planche présente L. anserifera, L. anatifera, L. pectinata et Dosima fascicularis (= L. fascicularis).
N/A
Reproduction de documents anciens
1911
Planche comparative
PL. VIII du bulletin n°60, édité par U.S. National Museum. Cette planche présente Lepas anserifera, L. pectinata et L. hillii.
Bulletin of the New York State Museum
Reproduction de documents anciens
1907
Rédacteur principal : Sylvie DIDIERLAURENT
Vérificateur : Frédéric ANDRÉ
Responsable régional : Sylvie DIDIERLAURENT
La page de Lepas anserifera dans l’Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN.